Chapitre 8 - Douleur

« Alors du nouveau ? demanda Ethan tandis qu'il consultait un document.

– Non... Et ça fait des heures qu'on cherche, » dit Juliana agacée en se tournant vers lui.

Assis dans la salle des archives, ils avaient passé toute l'après-midi à chercher des informations concrètes à propos de ces chasseurs. Sauf que dans la documentation humaine, ces personnes ne sont pas mentionnées en tant que chasseur. Il fallait donc décrypter qui pouvait être chasseur de qui ne l'était pas.

Avec le temps, ils purent trouver deux personnes suspectes. Deux hommes. L'un était le propriétaire de la voiture, l'autre était le locataire de l'appartement où ils vivaient. C'était maigre, car les chasseurs étaient généralement en bande. Une dizaine au moins. Ils travaillaient comme une organisation. Structurée avec un chef et des hommes de main qui faisaient le sale boulot.

« Je ne comprends pas le rapport avec toi... Je peux comprendre que ce loup-garou soit mort à cause des chasseurs, mais votre accident, je ne sais pas pourquoi ils se sont attaqués à vous, déclara Juliana en fronçant des sourcils.

– Peut-être parce que je suis amie avec la fille d'un loup-garou ? Kelly a été adoptée par la famille Wolff, et des chasseurs ont dû trouver cette information et ont pensé que j'étais un loup-garou aussi ?

– Non, c'est impossible. Les chasseurs savent reconnaître les loups-garous. »

Cette affirmation soulagea Ethan. Celui-ci se sentait moins coupable. Il avait auparavant accusé Kelly d'être la raison de cet accident de voiture, mais il s'était repris assez rapidement. Cependant, la culpabilité de l'avoir accusé à tort était toujours présent. Maintenant, il était soulagé qu'elle n'avait rien à voir avec ces affaires.

« Ils se pourraient que Lise connaissait un de ces hommes... souffla Juliana avec délicatesse, car elle savait que c'était un sujet sensible pour Ethan.

– Non, ils ne se connaissaient pas, affirma-t-il en jetant la photo d'un des deux hommes sur la table d'un ton bourru.

– Ce n'était qu'une supposition... »

La voix de Juliana n'était qu'un souffle. Elle sentait comme un poignard dans son cœur avec Ethan qui jouait avec en l'enfonçant de plus en plus. Elle savait pourtant qu'il tenait encore à son ex-femme, mais elle ne put s'empêcher de ressentir cette douleur dès qu'il protégeait Lise. Elle pensait que ce ne serait pas si compliqué de résoudre cette affaire, mais plus ils se rapprochaient de la raison des meurtres, plus ils parlaient de Lise. Parler d'elle ne la dérangeait pas, mais qu'Ethan puisse encore ressentir des émotions fortes la concernant était douloureux.

Juliana le supportait de moins en moins. Sa louve n'arrêtait pas de grogner à chaque fois qu'Ethan ressentait un quelconque sentiment envers sa Lise. Le contrôle de Juliana était plus que bon, mais même la partie humaine flanchait. Elle croyait qu'elle pouvait attendre. Mais en réalité, elle ne tenait qu'à un fil qui devenait fin. Très fin. Elle allait tomber. Elle ne savait pas quand exactement, mais sa chute allait lui être fatale.

N'en tenant plus face au silence lourd, Juliana se leva et prétexta une envie pressante. Elle monta à l'étage et s'enferma dans les toilettes. Elle fit quelques exercices de respirations. Sa louve voulait sortir. Elle voulait hurler, courir, saccager des écorces, chasser. Mais Juliana l'en empêchait. Elle lui promit de se transformer ce soir, mais pas maintenant. La louve grogna n'entendant pas ses paroles. Juliana riposta comme elle put, mais la douleur était intense. Se combattre ainsi contre son côté bestial était rude. Encore plus rude aujourd'hui.

Ethan. C'était la seule personne qui pouvait l'aider.

Juliana sortit des toilettes et partit de nouveau vers la salle des archives au sous-sol. À la grande surprise d'Ethan qui était resté assis en pleine réflexion, la jeune femme se jeta sur lui. Elle l'enlaça avec force. Elle réussit à calmer sa louve avec la proximité de son corps et l'odeur rassurante de son âme-sœur.

« Juliana, tout va bien ? demanda-t-il, paniqué.

– Oui, désolée, ma louve voulait sortir, mais je vais mieux maintenant, avoua-t-elle, embarrassée tout en se mettant debout.

– Tu es sûre ?

– Oui, oui... Que faisons-nous maintenant ? »

Après un instant de silence où Ethan n'était pas convaincu de la véracité des propos de Juliana, il laissa tomber les questions sachant que les femmes étaient des êtres incompréhensibles. Et même les loups-garous femelles devaient être ainsi, car il ne savait même pas pourquoi Juliana s'était levée et partit comme une furie.

Pendant qu'elle était aux toilettes, il n'avait pas arrêté de repenser à ces paroles. Avait-il dit quelque chose de mal ? Il n'en avait pas l'impression. Mais justement, ce n'était qu'une impression. Alors il avait certainement dû prononcer une phrase qu'il ne fallait pas sans s'en rendre compte.

Son accolade avec la belle louve l'avait d'autant plus déstabilisé. Elle lui faisait ressentir tant d'émotions contradictoires qu'il ne savait pas comment réagir, comment agir avec elle. Chaque mot, chaque phrase sortant de sa bouche semblaient importants dès qu'elle se trouvait devant lui.

« Tu as peut-être raison sur le fait que Lise connaissait ces hommes... murmura Ethan avec sérieux.

– Vraiment ? Qu'est-ce qui te faire dire ça ? Tu as déjà vu ces hommes ?

– Non, je ne les ai jamais croisés, mais Lise étudiait dans une bibliothèque pas loin de son université. Ensuite, elle allait souvent dans un restaurant pour prendre un café. Et ces deux hommes travaillaient comme par hasard dans ce même restaurant en tant que serveur. Je me rappelle qu'elle m'avait parlé d'eux une fois, mais sans plus.

– Alors il se pourrait que Lise ait appris un de leur secret et c'est pour cela qu'ils ont préféré la tuer, soufflai-je tandis que les pièces du puzzle se mettaient en place.

– Elle ne m'en a jamais parlé... dit Ethan entre ses dents d'un air énervé.

– Peut-être qu'elle a découvert leur secret le jour de votre accident. Les chasseurs sont assez rapides pour ce genre de chose, expliqua-t-elle avec regret. Ce n'est pas de ta faute, Ethan. Tu ne pouvais pas savoir. »

Juliana pouvait sentir sa peine. La culpabilité qui le rongeait. Qui grappillait chaque centimètre de sa conscience.

« J'aurais dû la protéger. Ce jour-là, elle voulait me dire quelque chose, mais elle a voulu attendre qu'on soit à la maison pour me l'avouer. J'aurais dû être plus attentif. J'aurais dû le demander tout de suite ce qu'il n'allait pas, dit-il en serrant des poings tout en se levant de sa chaise.

– C'est du passé Ethan, il faut que tu la laisses en paix, » murmura Juliana en s'approchant de lui.

Elle leva la main pour lui caresser le visage avec tendresse. Elle s'enivra de son odeur tandis qu'Ethan ferma les yeux.

« Je ne peux pas, Juliana. »

Ces dernières paroles la figèrent sur place. Elle avait envie de pleurer et cette fois-ci, elle laissa la colère de sa louve prendre le dessus. Avec rapidité, elle s'éloigna d'Ethan pour laisser sa peine s'exprimer. C'était la chute dont elle craignait, mais dont elle ne voulait pas y croire. Elle avait espéré. Jusqu'à la fin. Maintenant que Juliana savait qu'Ethan ne l'aimerait jamais, elle avait envie de partir. Pour toujours.

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