Dans le chapitre précédent :

Damien ne perdit pas de temps et prit Nora dans ses bras ainsi que l'épée pour l'éloigner de Grendel. Elle protesta quand Colton s'avança du monstre avec le parchemin en main. Pour une fois, Damien avait confiance en Colton. Il ne savait pas à quoi il jouait, mais le magicien semblait déterminé. Il savait ce qu'il faisait. Alors Damien le laissa faire.

Grendel se jeta sur le parchemin avec un regard de fou. Son rire se répercuta dans les bois. Il déplia le rouleau tandis que Nora pleurait. Damien serra les dents en espérant sérieusement que sa félagi ne mourrait pas à cause d'une erreur de Colton.

« Enfin ! » cria Grendel avec un sourire immense sur le visage.

***

Nora pleura encore et encore quand Grendel lut le parchemin. Elle se rendait enfin compte qu'il allait mettre fin à ses jours dans la minute qui suivit. Elle allait mourir. Et cette fois-ci, elle ne reviendra pas à la vie comme avant. Elle mourra parce que Grendel aura effacé l'existence de Beowulf et donc son existence de l'Histoire.

« Reprends-toi, ce n'est pas encore terminé, » murmura Colton.

L'homme avait gardé un visage passif et déterminé à la fois. Nora renifla une dernière fois puis fronça les sourcils. Colton fixait Grendel, mais ne faisait rien.

« Je pense que Colton a un plan, il faut lui faire confiance, dit Damien par le lien.

– Et c'est toi qui dis ça ? Celui qui ne pouvait pas lui faire confiance justement ?

– Oui... Il sait ce qu'il fait. »

Nora regarda son mari avec confusion tandis que ses doigts essuyaient les joues de la jeune femme. Elle sentit la main de Damien lui donner la manche de l'épée. Nora resserra la prise, toujours dans l'incompréhension.

Soudain, le parchemin flotta et les lettres sortirent pour se mélanger dans l'air. Tout le monde regardait la scène, impressionné. Sauf qu'à ce moment-là, le loup-garou se jeta sur Grendel qui se laissa tomber en riant.

« Tu ne peux rien me faire sale chien, » déclara-t-il avec dégoût.

Après quelques secondes, le parchemin disparut. Tout simplement.

« Maintenant, » souffla Colton.

Nora était au-dessus de Grendel et lui enfonçait la lame dans le coeur alors que l'imposant loup de Paul le maintenait au sol. Trop abasourdi, Grendel n'avait pas bougé depuis que le parchemin s'était volatilisé. Même Nora ne comprenait pas ce qu'il venait de se produire.

« Le parchemin... L'Histoire... Où est-il ?! Pourquoi es-tu toujours vivante ?! hurla de rage Grendel alors que le sang s'écoulait.

– Je... Je ne comprends pas non plus, chuchota-t-elle en regardant Colton.

– Idiot ! balança Colton à la figure de Grendel tandis qu'il enleva l'épée de sa poitrine pour l'enfoncer de nouveau en son sein. Le parchemin n'a de magique qu'une incantation d'apparition et de disparition. L'histoire écrite sur ce papier n'avait rien de magique ! Nous t'avons fait croire pendant toutes ces années que réécrire le parchemin pouvait tuer Beowulf au commencement de sa vie, mais c'était faux ! Parce que l'histoire n'est pas sur le parchemin, elle est implantée autre part. »

Après ces mots, il regarda les yeux de Nora.

« Je suis désolé Maëlys, ton père nous avait interdit de te dire la vérité. Nous devions te faire croire aussi que c'était le parchemin qui était à protéger, mais en vérité c'était toi. Nous savions qu'il ne te tuerait pas, car tu possédais peut-être les informations qu'il voulait, en tous cas c'est ce que nous voulions qu'il pense. Et il est tombé dans le panneau.

– Elle aurait pu mourir à cause de vous, gronda Damien qui raffermit la prise sur la taille de sa félagi.

– C'était un gros risque, je sais...

– O-ù, où s-se t-trouve l'His-stoire ? demanda Grendel tandis que le sang s'imbibait dans la terre autour de son corps.

– Maëlys n'est pas née avec les yeux vairons. Elle a eu ces yeux particuliers après que Beowulf ait implanté son histoire sur la rétine de son bébé. Votre histoire est prisonnière et restera là à jamais. Ma famille et moi sommes là pour te protéger toi, pas le bout de papier qui servait à rien. »

Grendel s'éteignit avec un rire grave. Il avait perdu et s'en voulait. La rage était toujours présente dans ses yeux quand il regardait Nora, mais Damien fit tourner la tête de sa félagi pour éviter qu'elle le fixe encore. Après plusieurs secondes, la poitrine de Grendel ne se souleva plus. Il était mort.

« C'est fini ? osa demander Nora avec une petite voix.

– Oui, terminé. Enfin. »

La voix rassurante de son Verndari la fit éclater en sanglots. Toute la peur s'évacua. Paul allait bien même si la colère de son loup était encore présente. Colton était simplement fatigué tout comme Damien. Tout le monde était en vie sauf Grendel.

Son corps disparut dans la terre avec son sang. Il n'y avait plus aucune trace de son odeur dans l'air non plus.

Elle pouvait enfin vivre sa vie avec Damien sans se soucier de son passé, mais lui voudrait-il encore d'elle après tous ces événements ? Il lui avait dit qu'il resterait auprès d'elle, mais Nora ne put s'empêcher de penser que maintenant que tout était terminé avec son passé, il pourrait décider de la laisser. Seule.

Ces pensées néfastes avaient envahi Nora depuis qu'ils étaient rentrés dans le manoir de Paul. Le loup-garou les avait accueillis une nouvelle fois et les avait laissés se reposer dans une chambre. Nora était allongée sous les couvertures les yeux grands ouverts, mais la tête ailleurs.

Dos à elle, elle sentit la porte de la salle de bain s'ouvrir puis le lit se plier sous le poids de son Verndari. La jeune femme resta dos à lui. Elle ne savait pas comment affronter son regard. Elle ne savait pas quoi dire. Elle ne savait plus.

Soudain, un bras vint lui enserrer la taille et plaqua son corps contre celui de son âme-sœur. La chaleur et le bien-être les envahirent tous les deux alors qu'ils poussaient un soupir de soulagement.

« Tu aurais pu mourir, gronda Damien en mettant son nez contre son cou.

– Toi aussi, répliqua-t-elle. Kelly n'aurait pas pu venir jusqu'ici pour te brûler si elle est avec son bébé. Et je t'aurais perdu pour toujours.

– Tout est terminé maintenant. Je suis là et tu es là, souffla-t-il avec douceur tout en lui caressant la cuisse.

– Tu vas rester ? demanda-t-elle quand même avec une certaine appréhension.

– Nora, clama-t-il en la retournant face à lui. C'est plutôt moi qui devrais te demander si tu souhaites rester avec moi après que j'ai échoué à te protéger.

– Quoi ? Non ! Tu n'as échoué à rien du tout ! Je t'aime ! Jamais je ne partirai loin de toi ! Plus jamais... »

La bouche de la jeune femme fut refermée par celle de Damien. Pendant des heures, rien de sortit d'entre ses lèvres à part des gémissements et des mots d'amour. Damien la caressait de telle sorte qu'elle n'eut plus la notion du temps. Elle ne percevait que l'amour qu'ils se donnaient.

Elle espérait que ce moment se reproduise encore et encore à l'avenir.

FIN