J'étais inquiet
« Kelly ? demandai-je à travers l'appareil.
– Gabriel ? Comment as-tu eu mon numéro ? demanda-t-elle, surprise.
– Ton père a bien voulu me le donner.
– Bien sûr, qui d'autre ! railla-t-elle, ce qui me fit rire.
– N'en veut pas à ton père. Je l'ai bien forçé.
– Pourquoi tu m'appelles ?
– Pour te parler. J'ai besoin qu'on se voie. Je voudrais... apprendre à te connaître. Comme des amis. On pourrait aller au restaurant pour dîner... entre amis, tentai-je.
– Pas ce soir. J'ai des choses à faire, mais demain peut-être ? m'annonça-t-elle.
– Très bien, demain alors !
– D'accord. »
Pendant quelques minutes, personne ne parle ni ne raccrocha. J'attendais qu'elle le fasse.
« Tu raccroches ? » dit-elle d'une petite voix. Je ris avant de raccrocher.
Après avoir enfin décroché ce rendez-vous comme les humains le faisaient. Je ne pus empêcher la fierté m'envahir. C'était complètement stupide, mais cette femme me faisait perdre mon bon sens. La journée se passa sans encombre, j'essayai de trouver le moyen de piéger l'ami chasseur de Kelly. Je passais la journée dans l'appartement de Raphaël en espérant trouver des informations supplémentaires tout en concoctant des stratégies pour attraper les chasseurs. Au bout d'un moment, Raphaël bailla à s'en décrocher la mâchoire. Je lui dis de se reposer tandis que je restais encore un instant penché sur les papiers grisés.
Soudain, je sentis une douleur au niveau de la poitrine. Je me tins le cœur en pensant directement à Kelly. Il lui était arrivé quelque chose. J'en étais sûr. Et je ne savais même pas ou elle était. Je me précipitai le cœur battant vers ma chambre d'hôtel poussé par une force invisible et aperçus une personne au sol.
« Kelly ! » criai-je avant de me précipiter vers son corps inerte.
Paniqué, j'essayai d'arrêter l'hémorragie. Trop de sangs. Mon loup hurlait dans mon esprit. Je pouvais l'entendre, le sentir vouloir sortir de ce corps. Je résistai comme je le pus, et pris mon âme-sœur dans mes bras. Avec une vitesse prodigieuse, je courus vers l'hôpital de la ville.
Un homme d'une trentaine d'années qui semblait connaître Kelly demanda à ce que je la pose sur le lit pour l'emmener au bloc opératoire.
« Hors de question ! Je viens avec elle ! criai-je, la rage obscurcissant mes sens.
– Écoutez, elle perd trop de sangs ! Vous devez la laisser nous en charger ! Je connais Kelly, alors laissez-là moi, » dit-il en me regardant droit dans les yeux avant de les détourner. Personne n'avait le droit de regarder un Alpha dans les yeux. Surtout pas un humain.
À contrecœur, je la lâchai pour qu'ils la soignent.
Elle ne pouvait pas mourir. Elle ne devait pas mourir. Je venais à peine de la rencontrer. Pas maintenant. Tandis qu'elle était dans le bloc, je marchai de droite à gauche devant la porte. Ses parents et Raphaël vinrent peu après en me posant des questions.
« Comment a-t-elle atterri là ?
– J'en sais rien ! criai-je en me passant la main dans les cheveux.
– Gabriel, tu devrais te laver un peu. Tu as du sang partout, » m'indiqua Raphaël.
En regardant mes mains, je vis le sang rouge de Kelly. Le sang de mon âme-sœur. La nuit passa et elle était toujours endormie dans ce foutu lit sans bouger ne serait-ce qu'un peu. Et je restai assis sur une chaise à regarder mon âme-sœur. J'attendais. J'attendais comme un idiot. Je ne pouvais rien faire et ça me mettait hors de moi.
J'avais de plus en plus de mal à contrôler mon loup. Je me levai d'un coup, déposai un baiser sur ses cheveux bruns puis sautai par la fenêtre pour me diriger vers la forêt. Je laissai peu à peu mon loup prendre contrôle de mon corps. La rage augmenta tandis que la fourrure me recouvrit la peau. Je courus, lacérai les écorces, hurlai avec force ma peine, ma colère, mon envie de tuer.
Après quelques heures, je réussis à calmer le feu qui bouillonnait mon loup, et repartis vers sa chambre d'hôpital. Je voulais revoir ses yeux. Ressentir son odeur. Je voulais qu'elle se réveille.
La fenêtre fermée, je toquai à la vitre pour que le médecin présent m'ouvre. Il le fit en me regardant de travers, puis toucha Kelly au cou et prit des notes en regardant les différentes machines où des fils les reliaient à mon âme-sœur. Après cela, il partit sans même m'adresser une parole... Le salaud. Je serrai les poings et le laissai s'en aller. Pour aujourd'hui.
Je regardai ma belle endormie et fus étonné de voir ses paupières s'ouvrir. Mon loup hurla de joie, et j'étais moi aussi soulagé, mais elle avait reçu une balle en argent. Elle me devait une explication sur l'endroit où elle se trouvait ainsi que la façon dont elle s'était retrouvée avec une balle. Une putain de balle en argent. Encore désorientée, Kelly voulut s'assoir, mais je pus sentir sa douleur pendant la tentative.
« Arrête de bouger, tu vas rouvrir ta blessure, » annonça ma voix sévère. J'étais en colère contre moi pour ne pas l'avoir suivie, j'étais en colère contre elle pour m'avoir caché où elle allait, j'étais juste inquiet. Pour elle. Un sentiment que jamais je n'avais eu à ressentir jusqu'à maintenant. Cette femme serait sûrement ma mort d'ici quelques années.
« Gabriel ? » croassa-t-elle. Une toux survint de suite.
Je m'approchai du lit aux draps blancs tandis qu'elle but un verre d'eau. Je pouvais voir son visage s'apaiser grâce au liquide qui soulageait sa gorge sûrement en feu.
« Où suis-je ? demanda-t-elle en me rendant le verre vide.
– À l'hôpital, lui répondis-je avec une mine sombre.
– Comment j'ai atterri ici ? se questionna-t-elle, complètement déboussolée, mais je ne me laissais pas amadouer par sa mine triste.
– Je t'ai emmené ici, parce que tu es arrivée, je ne sais comment, dans mon appartement d'hôtel avec une balle dans les côtes, stipulai-je, énervé et très inquiet, mais je ne le montrais pas.
Ses yeux s'agrandirent de surprise sous ma déclaration. Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais ses parents arrivèrent dans la chambre. Je leur laissai de l'intimité en restant en retrait dans la pièce. Ma colère ne partait pas, et j'espérai qu'elle allait nous expliquer comment elle avait eu cette balle en argent dans les côtes, surtout qui lui avait mis cette balle. Je le tuerai dès qu'elle me dira son nom. Personne ne s'en prenait à mon âme-sœur. Surtout pas un chasseur.
La suite au chapitre 21 de Battements :)
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