Chapitre 30 - Je t'aime, mon amour
Dans le chapitre précédent :
N'étant pas allée de nouveau dans leur planque, je n'avais pas trouvé la solution pour que les loups-garous les sentent de nouveau. Il fallait vraiment que je trouve un moyen d'enlever ce maudit parfum étrange qui masquait leurs vraies odeurs.
Sans protestation, Gabriel me déposa en bas de mon immeuble. Il voulut monter avec moi, mais je l'en empêchais.
Je me précipitai dans mon appartement, et fermai la porte à clé. Rien n'avait changé à l'intérieur, sauf ce son que j'entendais. Une machine. Je reconnus le son que faisait une caméra. Les chasseurs avaient sûrement dû truffer mon appartement pendant que je n'étais pas présente.
Épuisée par la situation, je me dévêtis de mon manteau et de mes chaussures et commençai le ménage de mon appartement comme si de rien n'était. J'espérai simplement que l'après-midi passerait vite et que je trouve rapidement un plan pour contre-attaquer.
***
Après un rangement intensif qui dura quelques heures, je saisis mon portable pour taper un message à Eli. Je lui annonçai que j'étais désolée et qu'un ami à moi était décédé hier. Je n'en dis pas plus et laissai l'appareil sur le lit. Je partis dans la cuisine pour vérifier le contenu du réfrigérateur. Je bus du jus de pomme d'une traite puis repartis dans la chambre. J'attendais la réponse d'Eli, mais elle ne vint pas. Peut-être qu'il me répondrait plus tard. Ou peut-être qu'il me regardait en ce moment même à travers l'une des caméras planquées dans mon appartement. Je soupirai d'exaspération.
Être épiée ne me dérangeait pas plus que cela. Ce n'était pas la première fois que des chasseurs s'amusaient à poser des caméras et micros dans les différentes maisons de Damien. De nous deux, c'était lui et sa carrure de sportif qui effrayait le plus les chasseurs, et donc qui les poussaient à le suspecter d'être un loup-garou alors que mon cher Damien ne l'était pas du tout. Damien m'avait appris à contrôler mes actions quand nous étions surveillés. Et j'étais plutôt douée pour cela.
Soudain, mon portable vibra. Je reçus un appel d'un numéro masqué. J'hésitai à décrocher, mais peut-être que c'était Joshua ou Alpha Paul qui m'appelait ? Les vibrations s'arrêtèrent avant que je ne puisse y répondre.
Des toquements à la porte d'entrée me firent sursauter. Je me dirigeai vers l'entrée et regardai à travers le judas, mais ne vis personne. J'ouvris tout de même sachant, grâce à mon ouïe, qu'il n'y avait plus personne derrière la porte. Sur le paillasson se trouvait un papier. Quelqu'un m'avait visiblement laissé un mot.
Je le pris et refermai la porte à clé. J'ouvris le bout de papier et restai pétrifiée par les mots écrits.
Pauvre Jack. C'était un bon ami, n'est-ce pas ? Dommage qu'il a fourré son nez dans nos affaires aussi. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop. Mes hommes se sont occupés de lui et d'autres personnes, mais parfois ils sont de vrais incapables...
N'oublie pas que je serais toujours là pour toi. Tu m'as abandonnée, mais moi je ne t'abandonnerais jamais.
Je t'aime mon amour.
Ton seul et unique J.
La feuille tremblait sous mes mains. Je reconnaissais cette écriture. Je pouvais presque imaginer sa voix me susurrer ces mots dans mes oreilles. Cet homme était la seule personne avec qui j'avais partagé mon secret. Le seul homme à qui j'avais avoué ma nature de demi-Verndari.
Pourtant Damien m'avait avertie de ne révéler notre nature à personne. Surtout pas aux humains. Mais à l'époque, j'étais jeune et tellement amoureuse de lui que je lui aurais décroché la lune pour qu'il continue de m'aimer. J'étais naïve et je regrettai lui avoir avoué un tel secret. Mon secret. Je m'étais dit que je le regretterais toute ma vie. Et c'était la vérité. Je regrettai chaque moment passé avec lui, chaque mot d'amour que j'avais pu lui dire, chaque câlin que j'ai pu lui donner...
Cet homme de mon passé était revenu me hanter. Maintenant, si je ne faisais pas ce qu'il me demandait, il me ferait sûrement du chantage. Ou pire, il réussirait à me tuer. Car depuis que j'avais appris qu'il détestait les loups-garous, il m'avait manipulée pour parler de mes parents adoptifs afin de les tuer. Damien l'avait compris et avait fait en sorte de m'éloigner de cet homme.
Avant je ne savais pas qu'il était un chasseur, mais maintenant, cela me paraissait logique. Je croyais qu'il m'aimait, mais il ne faisait que me manipuler dès le début de notre relation. Je le haïssais. Je devais avoir peur qu'il soit réapparu dans ma vie, et qu'il sache où j'étais, mais la colère était le sentiment qui dominait.
Je jetai le papier par terre et serrai les poings sous la colère. Toute cette mascarade pour me faire du mal ou pour toute autre raison. Je n'en pouvais plus.
Sans plus attendre, je laissai ma colère s'abattre sur les objets de mon appartement. Je pris mon réveil et le balançai contre le mur. La table de chevet fut retournée juste après. Mes poings s'attaquèrent à la télévision. Les éclats de verre devinrent rouges, mais je ne m'en souciais pas. Mon lit était sur le chemin, alors je pris les draps et couvertures et les arrachai en laissant une couleur sang les tacher. Les déchirures semblaient faire le même son que ceux de mon être.
Je n'en pouvais plus. Je pleurai et criai sans faire attention à qui pouvait m'entendre.
Essoufflée, je me laissai tomber à terre en reprenant doucement respiration. Je me rendis compte qu'un liquide rougeâtre colorait mes bras. Les éclats. Je tâtai ma peau en cherchant ces bouts de verres. J'en retirai quelques-uns et m'aperçus avec étonnement que la douleur n'était pas mauvaise. Au contraire, je ressentais un bien fou.
J'avais éprouvé cette même sensation avec l'eau brûlante touchant ma peau. J'aurais dû ressentir les brulures qu'elle me provoquait, mais je n'avais senti que du bien.
Le sang n'arrêtait pas de couler, et je ne faisais rien pour l'en empêcher. Il traçait son chemin sur mes avant-bras pour s'écraser avec brutalité sur mes cuisses. Mon pantalon étant déchiré à cet endroit, le liquide n'eut pas de mal à tacher la couleur bleue du jean. En fait, le sang n'avait jamais de mal à tacher n'importe quel être.Qu'il soit bon ou mauvais.
J'étais maintenant épuisée par toute cette agitation. Mes paupières lourdes se fermèrent et je me plongeai dans un silence et un noir complet.
« Kelly ! » entendis-je crier avant de sombrer pour de bon. Était-ce un rêve ou la réalité ? Je pense que je ne le saurais pas avant quelques heures.
***
"On est en train de la perdre !"
"Merde ! Non ! Elle doit vivre !"
"Non, pas ma fille..."
"Je ne la laisserais pas mourir ! Elle est à moi !"
Les voix crièrent à tour de rôle dans le cahot de mes pensées. Elles semblaient me tiraillaient de l'intérieur, mais je savais qu'elles provenaient de l'extérieur. Mes oreilles savaient très bien que les voix de Gabriel, de mon père et les sanglots de ma mère étaient réels.
J'essayai d'ouvrir les yeux, mais mes paupières refusèrent. J'essayai de parler, mais ma bouche ne faisait que respirer. Mes membres, mon corps ne me répondait plus. J'étais devenue un pantin.
Soudain, une chaleur moite s'attarda sur mon cou. Elle était si chaude, qu'elle me relaxait. Mais ensuite, je perçus un souffle puis un objet froid et dur. Sa rigidité appuya sur ma nuque sans même s'arrêter. Je commençai à paniquer dans mon esprit. Je ne savais pas ce que c'était, mais c'était gênant.
L'objet me perça la peau. Je criai. Enfin.
J'hurlai ma douleur à qui voulait bien m'entendre. Mais personne ne semblait m'aider. La douleur ne s'atténua pas, au contraire elle devint de plus en plus forte et destructrice.
Était-ce ma punition pour n'avoir pas réussi à sauver Jack ? Pour n'avoir pas réussi à protéger Damien ? Pourquoi me faisait-on vivre après toutes ces épreuves ? Ne pouvais-je pas mourir tout simplement ?
Je n'en pouvais plus. Je ne voulais ressentir plus aucune douleur.
L'objet dur et froid s'éloigna, mais mon cou était toujours endolori. J'entendis une dernière parole avant que je ne sombre de nouveau dans un abysse de tortures sombres.
"Pardonne-moi, Kelly. Mais je ne veux pas que tu meures."
***
Respirant lentement, j'ouvris mes yeux sans effort. Le moniteur à ma gauche émettait des sons qui ne m'enchantaient pas. Je ne voulais plus l'entendre.
En levant le bras, j'aperçus que des fils y étaient attachés. Sûrement des vitamines et des antidouleurs. Je regardai à ma droite pour apercevoir le ciel dégagé. Les nuages étalés cachaient le soleil et ses doux rayons.
Je me souvins avoir cassé presque tout mon appartement sous la colère, et de cette voix qui prononçait mon nom avant que je ne tombe dans les pommes.
Soudain, la porte s'ouvrit à la volée, ce qui me fit sursauter. Je reconnus mon père suivi de ma mère.
"Oh, ma chérie, tu es réveillée..." chuchota ma mère. Elle prit ma main et me caressa la joue. J'appréciai sa douceur.
"Où suis-je ? Ce n'est pas l'hôpital."
Je savais comment étaient les meubles et les différents appareils de l'hôpital, et ce n'était pas des commodes et des armoires en bois massif de la Renaissance.
"Tu es encore à la maison. Te rappelles-tu de la journée d'hier ?" demanda ma mère, les joues creusées par la fatigue.
"Oui," dis-je en essayant de me relever. Je n'avais plus mal nulle part, ce qui était très étrange. Ces antidouleurs marchaient à merveille, ce qui était aussi très étrange. Gabriel m'aida à placer le coussin derrière mon dos et leva la tête de lit.
Sa proximité était dérangeante. J'avais l'impression qu'il avait changé. Son odeur semblait plus musquée et appétissante tout comme sa beauté me touchait beaucoup plus. J'avais envie qu'il me touche, qu'il me prenne dans ses bras, qu'il m'embrasse...
Ce n'était pas normal de ressentir autant d'attirance alors que j'avais tout fait pour ne pas tomber amoureuse de lui. J'avais mis cet écart entre nous, et là, ce mur invisible semblait avoir éclaté. Machinalement, je mis une main sur mon cœur pour essayer de ralentir le rythme de mes battements, mais rien n'y faisait. Je regardai vers ma poitrine et ne vis plus le pendentif.
La panique s'empara de moi. Je regardai partout dans la chambre en espérant tomber dessus.
"Kelly, calme-toi. Que cherches-tu ?" La voix envoûtante de Gabriel me tira de ma panique.
"Mon, mon pendentif rouge. Tu l'aurais vu ?" demandai-je avec espoir. Mais son regard interrogatif me démontrait le contraire.
"J'ai dû le faire tomber dans mon appart'... Il faut que j'aille le récupérer !" lançai-je en enlevant la couverture. Je posai mes pieds au sol, mais les bras de Gabriel m'emprisonnèrent la taille avant que je n'atteigne la porte en bois.
"Gabriel !" m'exclamai-je en me débattant.
Je sentis ensuite la pierre bleue à mon cou.
"Logan l'avait gardé jusqu'à ton réveil. Je lui ai pris pour te le rendre. Pourquoi tiens-tu autant à ce collier acheté dans une boutique ?" entendis-je Gabriel demander. Je ris.
"Il est comme celui de Damien," dis-je en souriant. Cette pierre était celle de Damien, mais personne ne savait que j'étais allée le voir pour le brûler.
Gabriel avait toujours les bras entourés autour de ma taille. Son pouce me caressa doucement le ventre tandis que je regardais le joyau avec un grand sourire. Damien allait bientôt revenir, j'en étais sûre. Et à ce moment-là, je devrais lui rendre sa pierre bleue qui redeviendrait rouge à son contact.
Une belle chaleur traversa tout mon être quand les lèvres de Gabriel se déposèrent sur mon cou. Je gémis contre lui en lui donnant plus d'accès.
"Gabriel," gémis-je alors qu'un feu ardent me consumait de l'intérieur.
Je me retournai vers lui, et vis dans ses yeux, le désir brut. Un désir passionnel. Je mis ma main sur sa mâchoire et m'approchai pour l'embrasser. Quand nos lèvres se touchèrent, je sentis mon monde exploser en un millier de saveurs exotiques. Le goût de ses lèvres, de sa langue.
Il rapprocha encore plus mon corps du sien et d'un coup, le froid total.
"C'est bon ça suffit !" s'écria Logan qui m'avait enlevée des bras de Gabriel.
Mon âme-soeur était aussi sous le choc. Il grogna contre mon frère et était prêt à se battre, mais Raphaël essaya de faire entendre raison son Alpha.
Je restai derrière Logan en tentant de reprendre mon souffle après ce voluptueux baiser.
"Et toi Papa ! Tu aurais pu les arrêter non ?!"
"Ta mère n'a pas voulu !" s'excusa-t-il en levant les mains. "Mais ce n'était pas l'envie qui me manquait."
Mon père regarda Gabriel avec un regard menaçant.
"Waouh !" lâchai-je en chuchotant, toujours sous le choc. Je n'avais pas ressenti autant de sentiments la première fois que je l'avais embrassé. C'était moins perturbant. Et moins intense.
Un sentiment d'euphorie total envahissait mon être. J'étais comme heureuse de l'avoir embrassé. Et je voulais goûter de nouveau à ces lèvres, sa bouche. Que m'arrivait-il ?
"Oui, c'est plutôt intense non ?" annonça Alice, la femme d'Alpha Paul en riant. Je me contentais d'hocher la tête.
"Tu vas bien ?"
J'hochai de nouveau la tête complètement dans mon monde.
"Tu es sûre ?"
J'hochai encore en regardant le sol. Quelque chose n'allait pas. Toutes ces émotions brutes et sauvages...
"Kelly ?" demanda encore la femme d'Alpha Paul en me prenant la main. Je la regardai dans les yeux où transparaissait l'inquiétude.
Lentement, je tendis ma main vers mon cou. La peau n'était plus lisse et était plus sensible qu'à l'habitude. Je sentis une boursouflure qui me gênait. Puis, je me souvins de cet objet froid et pointu qui m'avait percé la peau à ce même endroit.
Je rivai mon regard dans celui de mon âme-sœur et vis l'inquiétude, mais aussi la peur et un sentiment désolé. Je fixai ensuite sa bouche et ses dents. Pointues. Froides. Tout se mit en place. Une marque. Sa marque.
Mon âme-sœur m'avait marquée. Gabriel m'avait marquée.
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