Chapitre 25 - Qu'as-tu fait ?

Dans le chapitre précédent :

« Les loups-garous existent ! » criai-je. Seules les quelques personnes près de moi se retournèrent choquées par ce que je venais de dire.

« Vous êtes tous des loups-garous ! » m'écriai-je, une nouvelle fois. Enfin, ils s'arrêtèrent tous de parler et me fixèrent complètement choqués par ma révélation subite.

Je souris, mais cela dû ressemblait plus à une grimace qu'à autre chose. Ils ne dirent rien pendant quelques minutes, et je commençai à avoir peur.

Peur qu'ils me rejettent parce que, pour eux, j'étais humaine et, non une louve, comme eux.

***

« Ma chérie ? » demanda ma mère, confuse.

« Eli, le gars dont vous n'arrêtez pas de dire être mon ami est un chasseur. Hier soir, j'ai pu enfin aller dans sa planque. Eli n'est qu'un pion, il a un patron, mais je ne l'ai encore jamais vu. Donc, hier soir, je suis allée dans leur planque, mais il m'a mis un bandeau donc je ne sais pas où il est exactement. Et... »

« Ma fille, » me coupa Chloé.

« Quoi ? »

« Ma fille, elle était là-bas ? Vous l'avez vu ? » demanda-t-elle avec empressement.

Je sentais qu'elle allait recommençait à pleurer. J'allais lui demander qui était sa fille, mais j'étais une idiote pour ne pas voir la ressemblance flagrante.

« Une fille aux cheveux blonds comme vous, avec des yeux bleus comme vous, et... »

« Oui, oui ! Vous l'avez vu ! Comment va-t-elle ? » s'écria-t-elle.

« Elle va bien. Ils ne font rien aux enfants. Ils sont bien traités d'après ce qu'Eli m'a dit. »

La jeune femme soupira de soulagement comme d'autres personnes dans l'assemblée.

« Tu... tu savais tout ? » demanda mon père encore sous le choc. « Comment ? »

« J'ai vu Logan se transformer peu de temps après que vous m'ayez adopté, » avouai-je en grimaçant.

Logan lâcha un juron, tout comme mon père.

« Mais pourquoi n'avoir rien dit jusqu'à maintenant ? » demanda ma mère, confuse en s'approchant de moi.

« J'attendais que vous me le disiez. J'attendais que l'un d'entre vous me dise quelque chose sur les loups garous, mais personne n'a parlé, » dis-je en mettant la faute sur eux, alors que c'était clairement la mienne.

Ma mère dû s'asseoir sur le fauteuil tellement elle était abasourdie. Je me mordis la lèvre ne sachant que dire.

« Alors tu sais qui je suis pour toi ? » me questionna Gabriel avec une pointe d'espoir.

« Je crois ? » dis-je plus comme une question. J'avais peur de me tromper sur toute la ligne. Peut-être que cet homme n'était pas mon âme-sœur et que mon imagination avait inventé toute cette histoire de lien et de sentiments.

« Tu es son âme-sœur Kelly. Comme moi et ton père, » annonça ma mère. Je soupirai de soulagement.

« Alors on est vraiment âme-sœur, » dis-je vers Gabriel. Nos regards se capturèrent. Mes yeux d'un brun commun observaient ses prunelles bleues avec ce cercle doré.

Gabriel caressa doucement ma joue en souriant. Je mis ma main sur la sienne et lui rendis son doux sourire. J'étais aussi heureuse que lui. C'était palpitant, mais tellement apaisant. Comme si rien ne pouvait nous déranger. Mais nous étions quand même devant mes parents et surtout mon frère qui haussa de la voix.

« Bon ça suffit, Kelly viens ici, » ordonna Logan.

« Pourquoi ça ? » défia Gabriel, en me prenant dans ses bras. Logan commença à s'énerver.

« Relâche-la. C'est ma sœur. Elle vient à côté de moi si je veux. »

« Elle est à moi, » répliqua mon âme-sœur.

Je ris discrètement comme ma mère et Eléonore. Ils agissaient comme de vrais gamins. Vu comme cela, on pouvait sincèrement douter qu'ils avaient plusieurs siècles.

« Kelly, » prononça Chloé. « Je suis tellement désolée de t'avoir accusée. »

Sa sincérité me toucha. Soudain, toutes les autres personnes répétèrent leurs excuses en baissant la tête.

« Je... ne vous en faîtes pas pour ça. Je voulais que l'on croie que j'étais une chasseuse. Mais vous voir, vous et Gabriel vous crier dessus ainsi m'a donné une sorte de déclic, » lui expliquai-je.« En tous cas, votre fille va bien ainsi que les deux autres petits garçons. »

Je souris, puis me rappelai qu'il n'y avait que des adultes dans la pièce.

« Où sont tous les enfants ? » demandai-je, inquiète.

« Ils vont bien, on les a envoyés dans un endroit sécurisé. Au sous-sol, » déclara mon père, dissipant ainsi mon inquiétude.

Je hochai la tête, heureuse qu'ils soient saufs.

D'un coup, un magnifique bâillement sorti de ma bouche. Je n'avais pas bien dormi hier soir et je voulais me reposer ce matin, mais Gabriel m'avait embarquée sans me demander mon avis.

« Va te reposer dans ta chambre, je te réveillerai pour le déjeuner. On pourra discuter tranquillement à ce moment-là, » dit ma mère en souriant. Je la remerciai et lui fis la bise, avant de prendre mon père dans les bras.

Je me dirigeai vers les escaliers tout en baillant encore. Mes paupières étaient vraiment lourdes. Je ne m'étais pas rendue compte, mais toute cette scène m'avait encore plus fatiguée.

Soudain, j'entendis Logan crier sur Gabriel, mais j'étais trop dans le brouillard pour écouter leurs chamailleries.

J'entrai dans ma chambre et enlevai rapidement mes chaussures. Je sentais encore la présence de Gabriel. Le lien semblait se renforcer au fur et à mesure des jours. Je partis fermer la porte et allai me déshabiller, mais un raclement de gorge me fit arrêter net. Toujours le haut à moitié levé, je me retournai pour voir Gabriel, assis sur mon lit, avec un sourire amusé. Je me pressai de remettre mon haut, et m'empourprai.

« Tu aurais dû continuer. J'admirais le spectacle. »

J'ouvrais grand la bouche et pris une de mes chaussures pour le lui envoyer à la figure. Bien sûr, il l'esquiva.

« Sors de ma chambre! » criai-je en souriant. Il rit.

« Pas question. »

Je croisai les bras en secouant la tête, et partis me changer en lui tirant la langue. En me regardant dans le miroir, je vis mon sourire stupide. J'avais l'air heureuse. C'était bizarre. Avais-je le droit d'être heureuse alors que des personnes se faisaient torturées en ce moment même ? Soudain, mon sourire flétrit. Je soupirai. Je m'étais bien sapée le moral toute seule.

Je ressortis de la salle de bain avec un débardeur et un short. Je me faufilai sous les couvertures de mon lit. Gabriel était toujours là. Je le vis s'allonger à côté de moi, mais sur les couvertures. Il joua avec mes cheveux jusqu'à ce que je m'en dorme avec un sourire pendu à mes lèvres.

Je me réveillai sous les bruits ou plutôt les cris de certains. Je regardai l'heure pour m'apercevoir qu'il était déjà seize heures. Ma mère ne m'avait pas réveillée comme elle me l'avait dit. Gabriel n'était plus à mes côtés non plus.

Je restai glander quelques minutes de plus au lit, et ouvris mon ouïe.

« Pourquoi ? Pourquoi est-il venu nous voir ? Je ne comprends pas, » maugréa mon père.

« Je ne sais pas non plus... » souffla ma mère.

Toujours dans mon lit, je fronçai des sourcil ne sachant pas de qui ils parlaient. Heureusement, Logan sembla lire dans mes pensées puisqu'il posa la question.

« De qui est-ce que vous parlez depuis tout à l'heure ? » demanda mon frère. Je pouvais imaginer son air renfrogné par la frustration.

« Cet homme est un puissant loup-garou qui a combattu pendant de nombreuses guerres. Après la dernière guerre contre des sorcières il y a des siècles de cela, nous n'avons plus jamais entendu parler de lui. Certaines personnes disent qu'il est mort, d'autres disent qu'il est grièvement blessé... Je sais qu'il a trouvé son âme-sœur, et qu'il vit paisiblement avec elle. Par contre, je ne sais pas ce que sont devenus les membres de sa meute... » raconta mon père.

« Et personne ne sait pourquoi il vient nous rendre visite ? » demanda Logan. Tout le monde se tut.

J'ouvris les yeux, complètement réveillée. Je me dirigeai dans la salle de bain. Je pris une douche rapide et repartis dans le salon. J'étais curieuse de savoir pourquoi ce loup-garou très puissant était là, mais j'étais aussi affamée.

Mon estomac le fit bien comprendre à tout le monde une fois la porte de la salle à manger passée. Des mets plus qu'appétissants trônaient sur l'immense table. Ma mère, mon frère, Luke et Chloé étaient les seules personnes à table. Les autres personnes semblaient être reparties et mon père dont j'avais entendu la voix quelques minutes plus tôt, n'était plus présent aussi. De plus, je ne vis pas Gabriel, ce qui m'inquiétait un peu.

Je m'installai à table et commençai à manger tellement j'avais faim. Depuis que j'étais là, personne ne parlait. Ce qui avait le don de me mettre mal à l'aise.

« Hmm ça va ? » demandai-je, au bout d'un moment.

« Oh oui, bien sûr, » annonça ma mère avec un grand sourire. « Désolée, je n'ai pas vu le temps passée, mais on t'a préparé de bon petit plat pour ton réveil. »

« Oui, je vois ça, » dis-je en regardant la table débordant d'aliments.

« Par contre, je ne pourrais pas tout manger. »

« Oh ne t'en fais pas pour ça.... » répliqua ma mère.

« Cela suffit ! Peut-on passer aux choses sérieuses. Ce n'est pas l'heure pour des broutilles de ce genre ma dame, » annonça un homme dont je ne reconnais ni le visage ni la voix.

Vêtu d'un costard ancien et d'une cape noire le recouvrant presque entièrement, il s'assit en gardant la tête haute. En fait, même pour s'asseoir un homme de main vint prendre une chaise de la table pour la déposer derrière l'homme à l'air hautain. Son aura criait la puissance. Il devait être l'Alpha très âgé dont mon père parlait plus tôt. Et donc, je lui devais un grand respect.

Mais ses façons de faire et de parler me firent rire. Ma mère me réprimanda avec de grands yeux. J'arrêtai mes rires. Ou tout du moins essayai. Ma mère me donna une tape sur mon bras en me regardant avec des yeux menaçants. Je roulai des yeux à sa réaction que je trouvais disproportionnée.

« Je vous présente Kelly Wolff, fille d'Angus Wolff et aussi mon âme-sœur, » dit Gabriel en me tendant la main. Je la pris avec un sourire crispé. Je ne comprenais pas du tout la situation, mais cet homme semblait quelqu'un de très important pour les loups garous. Après m'être levée, Gabriel resta près de moi, main dans la main.

« Quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'il se passe ? » exigeai-je. Je regardai ma mère puis Logan. Ils allèrent parler, mais mon père arriva à ce moment-là.

« Ma chérie, je te présente Alpha Paul," présenta mon père.

« D'accord, mais ça n'explique pas pourquoi il est là. »

Mon père soupira. « Veuillez excusez les manières de ma fille. »

L'homme hocha distraitement la tête. « Ne vous en faites pas pour cela. Je... »

Soudain, un fracassement se fit entendre. La cuisinière qui passait de temps en temps pour reprendre les plats avait fait tomber des assiettes. Elle se confondit en excuse, et se pencha pour ramasser les débris à la main. Je me précipitai vers elle et l'aidai malgré ses protestations.

En étant si près d'elle, je pus voir ses tremblements. Elle avait peur. Terriblement peur. Je regardai ensuite ma mère pour lui dire que quelque chose n'allait pas. Mais, ma mère avait cette allure distante. Elle ne regardait même pas vers nous.

D'habitude, elle se serait précipitée comme moi, pour aider la cuisinière. Je compris que c'était ce nouvel Alpha qui lui faisait peur, au point de faire peur aux autres personnes aussi. Mais pas moi.

Une colère profonde grandit. Ce pouvoir de dominance qu'il exerçait sur les autres me mettait hors de moi. Mais j'essayai de ne pas le montrer. Je continuai de ramasser les débris de verre. Mais elle prit mes mains et secoua la tête. D'autres personnes vinrent rapidement pour balayer et essuyer le sol. Elle me remercia et donc, je me relevai. Je vis que mon collier était ressorti de mon t-shirt. Je pris la pierre rouge et la rangeai à l'intérieur.

« Intéressant, » murmura Alpha Paul. Je me retournai vers lui sous la surprise, comme la plupart des personnes. « Vous possédez une belle pierre. »

Je mis une main sur ma poitrine comme pour la protéger.

« Merci, » répondis-je d'une manière crispée.

« C'est la vôtre ? »

« Oui, je l'ai acheté il y deux jours. »

Il hocha la tête en réfléchissant. Cet homme était âgé donc il devait connaître notre nature. Je le regardai avec méfiance, j'espérais qu'il ne révélerait rien.

« Vraiment ? » insista-t-il en arquant le sourcil.

« Oui. »

A ma réponse, l'homme sourit un très court instant en passant une main dans sa chevelure noire. Je ne trouvais pas du tout la situation amusante. Je le regardai dans les yeux, alors que j'étais sensée ne pas le fixer car il était plus dominant que quiconque. Mais, en ce moment, je ne faisais plus attention à cela.

« Très bien, ma chère. Allons discuter dans un autre endroit. »

Il me tendit son avant-bras. Comme on le faisait autre fois pour une dame. J'étais étonnée. Il semblait garder mon secret. Je soupirai, et mis mon bras sur le sien.

Gabriel me regarda d'un air choqué qui se transforma vite en un visage dénué d'expression. Alpha Paul me guida jusqu'au bureau de mon père. Apparemment, il repérait bien les lieux même s'il n'était jamais venu ici.

J'entendis les pas des autres personnes, nous suivant à quelques mètres. Du stress résidait en moi. La simple présence et la proximité de cet homme était stressant. Il n'avait encore rien dit sur le pourquoi il était dans cette maison. L'homme aux regards durs s'installa sur un grand fauteuil tandis que je pris place sur une chaise quelconque. Je laissai à mon père l'autre fauteuil moelleux et confortable qui trônait près de la cheminée. Les autres s'assirent aussi. Cependant Logan resta debout et croisa les bras en me regardant bizarrement. J'étais devenue une véritable surprise pour lui.

« Je suis venue sous la demande de ma femme, elle voudrait vous remercier pour ce que vous avez fait. »

Tout le monde me fixa étrangement.

« Qu'as-tu fait ? » osa demander Gabriel.

« Qu'ai-je fait ? » répétai-je à l'homme en question, surprise.

« Vous nous avez sauvés la vie, » répondit une jeune femme qui entra dans la pièce.

Alpha Paul se leva et fit un sourire qui le rajeunissait, et surtout qui enlevait cette aura de pouvoir. Elle était sûrement sa femme, son âme-sœur. La femme blonde sourit. Elle tenait, dans ses bras, un bébé. Un nouveau-né endormi.

Je ne comprenais vraiment plus rien à la situation. Je repassais des scénarios dans mon esprit. Des scènes où je l'avais peut-être sauvé avec Damien. Mais rien. Je ne les avais jamais vues. Ni Alpha Paul, ni son âme-sœur. Pourtant, la femme me regardait avec un grand sourire amicale.

La journée allait être longue.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top