Chapitre 21 - J'ai appris que tu me trompais
Dans le chapitre précédent : Kelly est allée dans l'entrepôt désaffecté et se retrouve piégée par un homme. Elle reçoit une balle, mais réussit à se téléporter.
Complètement épuisée, je rouvris les yeux et fus confuse par le décor de la pièce. Les meubles étaient anciens. On aurait dit que j'étais dans un musée. Ou une vieille demeure comme chez mes parents. J'espérai me tromper.
Une voix cria mon nom avant de me toucher. Telle une poupée, je me laissai faire. Je n'avais plus du tout de force pour pouvoir bouger. Mais j'étais sauve. Au moins l'un d'entre nous était sauf. Depuis que j'avais rencontré Damien, j'étais devenu son compagnon de mission. Toujours deux Verndaris pour une mission. Pour que l'un puisse brûler le corps de l'autre s'il mourait. Et c'était ce qu'il venait de se produire.
La douleur grandissante au niveau de mon cœur signifiait la mort de mon ami, d'un de mes frères.
Damien était mort.
***
Mes pieds foulèrent la terre à une vitesse folle. Ma respiration erratique et ma vision presque brouillée ne me facilitaient pas la course. Je butai sur les branches qui traînaient dans ces bois. Mais je ne pouvais pas m'arrêter. Je devais courir. Je devais leur échapper.
Papa m'avait dit de courir sans me retourner et c'était ce que je faisais. Je courrais.
Je pouvais les entendre. Ils étaient derrière moi. Tout près. Ils ne me lâchaient pas. Ils ne me lâcheraient jamais.
Les loups me suivaient. Ils foulaient les mêmes pas que les miens. Ils me rattrapaient. Leurs grognements étaient de plus en plus forts alors que ma peur grandissait. À cette allure, ils allaient me rattraper et me tuer, comme ils avaient tué mes parents quelques minutes plus tôt.
Papa. Maman.
Comme dans un mauvais film, je trébuchai sur une racine. Je lâchai un cri avant que mon visage ne rencontre douloureusement la terre. C'était fini. Ils allaient me tuer. Je ne pouvais plus arrêter mes pleurs.
Fatiguée, je réussis à me relever à l'aide de mes bras. Je m'assis et attendis qu'ils viennent me dévorer. Les monstres. Des loups aux longues dents acérées et aux regards de prédateurs, ils allaient me manger comme ils avaient mangé maman et papa.
Je pleurai encore plus. Je voulais qu'ils viennent me sauver, mais ils étaient déjà morts.
Soudain, ils étaient là. Les trois loups grognèrent d'un air satisfait. J'étais toujours assise et tremblais sous la fraîcheur de la nuit.
Un liquide rouge coulait de leurs gueules. Le sang de mes parents. Ils les avaient tués. C'était vraiment fini. D'un coup, j'hurlai ma douleur. Je criai ma tristesse. Épuisée, je me couchai sur l'herbe sèche.
« Je suis désolée, Papa. Je ne peux plus courir. »
Alors qu'un loup marcha lentement vers moi en savourant ma soumission, une ombre passa devant mes yeux. Confuse, j'essuyai mes yeux et ne vis plus les loups. Juste leurs corps qui étaient allongés et qui ne bougeaient plus.
Je n'entendais plus leurs battements de coeurs, mais j'entendais le souffle d'un homme. Il faisait trop sombre pour le voir clairement, mais il était grand. Très grand.
Il me prit dans ses bras et déposa un baiser sur mes cheveux bruns. Un sentiment de sécurité se propagea dans tout mon corps. Je me laissai submerger par la fatigue et fermai doucement les yeux. La dernière chose que je vis était la pierre rouge scintillante attachée à son cou. Comme celle de papa.
Et celle de Damien.
Soudain, une présence me fit sortir de mes songes. Mes paupières s'ouvrirent avec difficulté, mais la clarté de la pièce me fit cligner plusieurs fois. Une salle blanche. La panique commença à m'envahir. J'étais dans un hôpital. Le moniteur et les différents fils collés à mon bras confirmèrent mes pensées.
Je devais sortir d'ici. Je voulus m'assoir, mais une immense douleur au ventre me coupa le souffle.
« Arrête de bouger, tu vas rouvrir ta blessure, » annonça une voix profonde et sévère.
« Gabriel ? » croassai-je. Une toux survint de suite.
Gabriel s'approcha du lit aux draps blancs, et m'installa confortablement pour boire un verre d'eau. Le liquide coula difficilement à travers ma gorge brûlante, mais elle m'apaisa.
« Où suis-je ? » demandai-je en lui tendant le verre vide.
« À l'hôpital. »
« Comment j'ai atterri ici ? »
« Je t'ai emmené ici parce que tu es arrivée, je ne sais comment, dans mon appartement d'hôtel avec une balle dans les côtes, » stipula-t-il énervé.
J'ouvris grand les yeux à sa déclaration. Comment avais-je pu atterrir là alors que je pensais à Thomas ? Ce lien entre âme-sœur semblait plus fort que je ne le pensais. J'aurais peut-être dû penser à Emily plutôt qu'à son mari.
Avant que je ne réponde, mes parents rentrèrent dans la chambre avec un air affolé. Mon père souffla de soulagement quand il me vit éveillée tandis que ma mère laissa couler des larmes. Je la pris dans mes bras en lui répétant que j'allais bien.
« Que s'est-il passé ? Tu as reçu une balle en argent ! Bonté divine ! » s'écria ma mère.
« Je... »
« Excusez-moi, » intervint le docteur qui n'était nul autre que Thomas. « J'aimerais examiner ma patiente. »
Tout le monde le fixa avec colère, mais Thomas ne fléchissait pas. Au contraire, il fit comme s'ils n'existaient pas. Il était ainsi. Dès qu'il voyait une personne blessée, il oubliait tout ce qui était autour de lui pour se préoccuper seulement du blessé.
Le docteur fit plusieurs tests, puis il regarda et toucha le bandage au niveau de mes côtes.
« Bien la balle n'était pas très profonde donc la blessure va bien cicatriser. Il faudra que tu prennes un traitement pour la douleur. »
Je hochai la tête et le remerciai. Avant de quitter la pièce, il m'envoya un regard lourd de sous-entendus. J'avais complètement raté cette mission en me faisant remarquer ainsi. J'en étais consciente. J'étais blessée et j'étais dans un hôpital. Deux choses qui ne devaient strictement pas arriver.
« Kelly, que s'est-il passé ? » exigea mon père qui me fixa les bras croisés sur sa poitrine, lui donnant un air menaçant.
Je me retrouvai coincé entre quatre murs avec pour compagnie des loups-garous. Ils me regardaient tous en attendant une réponse. Je déglutis avec peine, ne sachant que dire. Malgré le fait qu'ils étaient sous forme humaine, ils dégageaient tous cette aura dangereuse qui faisait d'eux des êtres à part.
« Kelly, qui t'a tiré dessus et pourquoi ? » demanda doucement ma mère en posant une main sur la mienne. Elle avait sûrement senti mon appréhension face à la situation.
« C'était une balle perdue. J'étais au mauvais endroit, au mauvais moment, c'est tout. »
Plusieurs personnes soupirèrent. Ils voulaient plus d'informations, mais je ne souhaitais pas en divulguer davantage.
« Parfois les secrets sont nécessaires, surtout si on veut protéger des êtres chers, » chuchotai-je.
« Et c'est ce que tu fais ? Tu protèges des personnes en ne nous disant rien, en ne nous laissant pas t'aider ? » questionna ma mère. Je ne dis rien. Ils ne comprenaient pas. Personne ne comprenait.
« Chérie, pour protéger ton père, j'ai gardé un lourd secret concernant mon passé, mais c'était une erreur. Je me suis peu à peu éloignée de lui en pensant le protéger, mais ça n'a qu'ouvert des blessures encore plus profondes. Heureusement, ton père ne m'a jamais abandonnée. »
« Je t'aimais, » dit son mari, comme si c'était une raison suffisante. Et en soi, ça l'était.
Je souris à leur amour qui scintillait toujours autant dans leurs yeux. Je regardai ensuite Gabriel. Pouvais-je tout lui révéler sans qu'il ne le répète à tout va ?
Quand il me regarda avec une intensité nouvelle, je clignai rapidement des yeux et détournai mon regard. Je ne le connaissais pas assez pour savoir ce qu'il ferait de mon secret. Je l'ai révélé une fois à un homme, et ça avait été la plus belle de toutes mes erreurs. Je ne pouvais pas tomber dans ce piège une nouvelle fois.
« Kelly, comment es-tu arrivée dans l'appartement de Gabriel ? Comment sais-tu où il vit ? »
Je ne savais pas du tout où il vivait, mais je ne pouvais pas leur dire que je m'étais téléportée chez lui parce qu'il est mon âme-soeur. Et que ce lien était plus puissant que je le pensais.
« Je sais beaucoup de choses, » répondis-je comme un sage. Un sage aux réponses stupides. J'avais juste envie de me cogner la tête contre le mur.
Je fermai brièvement les yeux puis les rouvris quand quelqu'un entra. Thomas plissa des yeux en me fixant. Il semblait contrarié.
« Tu as besoin de repos. »
« Je vais bien, ne t'en fais pas. Tu as dit à Emily que je suis là ? »
« Non, tu lui causes assez de souci comme ça. Je ne peux pas lui dire que tu es à l'hôpital parce que tu te prends pour un superhéros, » stipula-t-il avec dédain. Je roulai des yeux face à son ton. Je savais bien qu'il allait recommencer à me parler avec sarcasme.
« Pourquoi t'es-tu pris cette balle ? » demanda Thomas en me prenant par surprise.
« Parce que je n'étais pas attentive, » répondis-je en repensant à la scène.
« Et pourquoi n'étais-tu pas attentive ? »
« Parce que... » Parce que Damien était mort.
Mes yeux s'humidifièrent à cette pensée. Je me retins de pleurer devant tout le monde et me tus. Quand je relevais ma tête, plusieurs personnes étaient sorties de la chambre. Seuls mon père et Gabriel étaient restés avec moi. Même si la plupart des loups-garous étaient sortis, ces deux-là étaient plus intimidants que jamais. Contrairement à ce que je pensais, les deux hommes soupirèrent puis sortirent de la chambre. Ils refermèrent la porte en me laissant confuse.
Je me ruai sur mon portable et aperçus plusieurs messages d'Eli. Il me demandait si je pouvais venir le voir ce soir. À cela, je répondis par l'affirmative. Même si j'avais déjà rendez-vous avec Gabriel, la mission était ma priorité. Quitte à m'éloigner de mon âme-sœur.
« Qui êtes-vous ? » entendis-je Gabriel crier derrière la porte.
Soudain, des cris étouffés me parvinrent. Paniquée, je me levai avec difficulté. Mes jambes lourdes tremblaient à chacun de mes pas, mais je parvins jusqu'à la porte de ma chambre. J'ouvris la porte et vis Raphaël retenant un Gabriel très en colère. Mon père était de leurs côtés, tandis que de l'autre côté se trouvait un homme aussi blond que Damien, mais ce n'était pas lui. L'homme leva ses mains en signe de paix, mais mes parents le regardaient avec méfiance.
Je restai bouche bée par cet homme qui me fixait avec des yeux rieurs. Ses fossettes se creusaient, lui donnant un air beaucoup plus charmeur que Damien notre frère.
« Eh bien, chérie, je ne savais pas que tu me trompais. »
« Moi, je te trompe ? Et toi alors ! » lui envoyai-je. Il éclata de rire. Un rire que je n'avais plus entendu depuis quelques années maintenant.
« Joshua, » soufflai-je. Je voulais le toucher pour voir s'il était réellement là. Devant moi. Je m'avançai vers lui, mais mes jambes cédèrent. Heureusement, Joshua me rattrapa.
Il me porta comme si j'étais une enfant et je m'accrochai à lui en passant mes bras autour de sa tête. Je lui barrai la vision et il n'attendit pas avant d'envoyer une de ses répliques sans gêne.
« Tes seins m'étouffent, même s'ils n'ont pas grossi depuis la dernière fois que je t'ai vu. »
Je m'écartai de lui et virai au rouge. Il avait vraiment le don de m'embarrasser.
« Tais-toi et laisse mes seins tranquilles, » boudai-je.
Il rit, ce qui me fit sourire. Il n'avait pas changé, il était toujours aussi beau.
Il voulut me déposer sur le lit, mais je voulais aller aux toilettes. Il me déposa donc sur la cuvette et referma la porte. Il me reprit dans ses bras et m'installa sur le lit.
« Ça va ta blessure ? » Je hochai la tête.
Nous nous regardâmes pendant quelques secondes qui semblaient interminables. Je n'en revenais pas. Joshua était là. À mes côtés. Ce Verndari voyageait souvent pour trouver une personne chère à son cœur. Du coup, on ne se voyait pas souvent. Damien et Joshua étaient les deux seuls Verndari purs que je connaissais. On était si peu...
« Alors, j'ai appris que tu me trompais ? » relança-t-il cette discussion.
« Qui moi ? » dis-je faussement outrée. « Je ne te ferais jamais une chose pareille ! »
« Oui, toi avec un certain Gabriel. Je suppose que c'est l'homme qui a essayé de me tuer à l'instant. »
« Comment tu peux savoir... Ah Damien ! » m'exclamai-je.
« Oh! Tu ne le nies même pas. Tu sais que tu viens de briser mon petit coeur, » dit-il en mettant une main sur sa poitrine.
« Arrête, » envoyai-je en tapant son bras. « Alors, tu l'as retrouvé ? »
« Oui, » annonça-t-il avec un grand sourire.
J'ouvris grand les yeux sous la surprise et lui sautai dans les bras.
« Mais c'est génial !Tu es enfin avec elle ! Ah, les papiers de divorce sont dans notre coffre en banque. Et ils sont déjà signés. Tu peux les prendre, comme ça tu pourras être avec l'amour de ta vie, » annonçai-je avec une joie immense.
« Je ne veux pas divorcer maintenant. »
« Pourquoi ? » demandai-je confuse. Il me sourit tendrement sans me répondre.
« Je ne peux pas m'occuper de mon frère, » m'annonça-t-il. Je compris que c'était à moi d'aller retrouver le corps de Damien afin de le brûler.
« Pourquoi tu ne peux pas y aller ? » demandai-je quand même.
« Je suis déjà occupé autre part. Je suis venu voir comment tu allais, mais je dois repartir tout de suite. »
J'acquiesçai de la tête. Il était sûrement sur une autre mission. Étant venu par téléportation, il devait donc repartir ainsi.
« Kelly, » résonna durement la voix de mon père qui était toujours dans la chambre. « Qui est cet homme ? »
Je levai mon regard et regrettai instantanément ce geste. Mon père et Gabriel ne montraient que de la fureur. Je déglutis avec peine et avouai d'une petite voix.
« Joshua est mon mari. »
Voili voilou ! Je suis de retour de mon voyage :3 Je pense que je vais poster une nouvelle histoire qui sera en fait plusieurs petits récits de mes aventures en Inde ^^
Concernant ce chapitre, Damien est mort et ce ne sera pas le dernier mort dans l'histoire alors accrochez-vous ! Ensuite, il y a l'entrée de ce nouveau personnage qu'est Joshua, un Verndari tout comme Damien. Vous en saurez plus sur le pourquoi Josh et Kelly se sont mariés dans le prochain chapitre ^.^
Après j'ai l'impression qu'il manque quelque chose à ce chapitre... vous ne trouvez pas ?
Bref, merci encore pour tous vos votes et commentaires qui me touchent vraiment !!! Merciiii ! <3
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