𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre trente-deux —— Infiltration
« Si le plan ne fonctionne pas, change le, mais ne change pas ton but. »

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— Tout ne s'est pas passé comme je l'avais prévu. Ils m'ont retrouvée, je suis prise au piège. Au moins, je suis certaine que toi et papa et maman ne sont plus recherchés. Je sais que ce que je vais te demander est débile, après tout, c'est moi la grande sœur, je devrais te protéger et te sauver, mais je n'arriverais pas à m'enfuir seule. Je vais avoir besoin de toi. Ils vont me kidnapper, et j'ai réussi à déterminer où. Prépare de quoi noter, je vais te dicter les coordonnées de l'endroit.  Je t'en prie, je veux te revoir, Emilia.

La voix d'Adella persistait en Emilia, elle hantait ses pensées. La brunette ne pensait pas qu'elle aurait été aussi émotive en entendant le message, elle se croyait pourtant avoir un cœur de pierre. Emilia avait aisément deviné qu'Adella lui avait juste laissé un message pré-enregistré, que son plan n'avait pas totalement marché, et qu'elle allait avoir besoin d'aide. Mais ce qu'Emilia n'avait pas prévu, c'était d'y aller juste après, accompagnée de toute la classe E et des professeurs.

Même sa professeure d'anglais, Madame Pouffe, avait accepté de l'aider. Enfin, Emilia soupçonne qu'elle ne souhaitait simplement pas se retrouver à l'écart, toute seule. Quant à Monsieur Karasuma, faisant parti du Ministère de la Défense, il se sentait très concerné par cette histoire de kidnapping.

Depuis une vingtaine de minutes, les élèves de la classe E marchaient à grandes vitesses en direction de l'endroit indiqué par le téléphone. Il ne restait plus que quelques mètres avant de l'atteindre. La cachette se trouvait bien isolée de la ville et de la route : après avoir traversé une étendue d'arbres, s'apparentant presque à une forêt, la classe E finit par suivre un grand chemin de terre.

— Il y a des traces de pneus sur la route, plusieurs voitures ont du passé ces derniers temps, conclu Monsieur Karasuma.

— Et on ne pouvait pas prendre une voiture pour aller à ce fichu laboratoire au lieu d'y aller à pieds ? s'agaça Madame Pouffe, de plus en plus impatiente.

— Voyons, nous n'aurions pas été très discret, répondu Monsieur Koro avec un léger rire.

— Surtout que nous n'aurions pas eu assez de voitures pour toute la classe, rétorqua Terasaka. Mais c'est vrai que l'endroit est si loin qu'il est hyper isolé, et que personne ne risque de passer par là.

Emilia approuva par un hochement de tête. Elle n'aurait jamais réussi à trouver cet endroit sans les coordonnées d'Adella : elle se serait limitée à chercher en ville, celle-ci déjà assez grande.

— Ritsu, est-ce que tu peux analyser le bâtiment, les points de surveillance et nous indiquer environ le nombre de gardes ? demanda Kaede, son téléphone en main.

— D'acc' ! Attendez quelques instants.

Il ne lui fallut qu'à peine quelques secondes pour afficher sur l'écran un plan détaillé en 3D du territoire ainsi que du bâtiment en face.

— Comme vous pouvez le voir, il y a l'entrée principale où les voitures passent, elle est surveillée par quatre soldats armés. Si vous tentez de les assommer, les caméras vous repéreront et vous serez tout de suite repéré. Vous pouvez faire le tour pour passer par l'entrée arrière. Il n'y aura que deux gardes. Mais attention, vous devrez d'abord les attirer dans un angle mort, car il y aura des caméras sur ses poteaux-là.

Tout en gardant un rythme d'élocution clair et précis, Ritsu accompagnait ses paroles en montrant certains détails du plan de l'endroit. Dans ce genre de moment, Ritsu se retrouvait être la meilleure élève de la classe. Sans ses capacités et ses analyses, Emilia n'aurait jamais pu comprendre tout le système de surveillance.

— Attention par contre à quand vous contournerez la zone, il y a de nombreuses patrouilles de soldats. J'ai calculé, vous aurez aux environs de huit minutes pour vous faufiler jusqu'à l'arrière du bâtiment. De plus, le terrain ne sera pas dégagé, vous devrez passer par la gauche, traverser la forêt quelques minutes, et vous faufiler à travers le grillage installé. Vous pourrez le percer sans problème.

— Monsieur Koro ne pourrait pas juste assommer tous les gardes ? demanda Nakamura.

— Il y en a trop. Shiro a dû prévoir que, tôt ou tard, nous viendrons. Les caméras installées sont extrêmement performantes. Le temps que le professeur assomme tout le monde, les caméras l'auront déjà détecté et sonnées l'alerte.

— Ça veut donc dire que les armes doivent aussi être faites de munitions anti-profs, ajouta Monsieur Karasuma. Le problème va être le temps. Il va falloir tout faire en moins de huit minutes. Vous vous en sentez capables ?

Toute la classe hocha vivement la tête, visiblement motivée et déterminée. Emilia se demandait encore si elle avait bien fait d'avoir embarqué ses camarades dans son sauvetage. Après tout, ils risquaient tous leur vie en ce moment-même. Mais elle n'avait plus le temps de se poser ce genre de questions, Adella l'attendait, et elle devait se dépêcher avant que ce ne soit trop tard pour la sauver.

— Faites attention, avertit soudainement Itona avec sérieux. Shiro est un homme fourbe, il serait bien du genre à mettre des pièges.

— Effectivement, approuva Ritsu. Après une analyse de sous terre, il se pourrait que certains endroits soient plus sensibles que d'autres, cela pourraient être des déclencheurs. Restez très vigilants lorsque vous traverserez la forêt.

— Ne vous déplacez pas en groupe, en duo à la limite. Montez aux arbres, ce sera mieux pour ne pas enclencher de pièges, expliqua Karasuma, et se tourna ensuite vers Emilia. Je sais que tu as des difficultés en ce qui concerne l'escalade, fais-toi accompagner de quelqu'un pour t'aider en cas de problème.

Immédiatement après, une main vint se poser sur l'épaule de la concernée. Avant qu'elle n'ait pu réagir et découvrir qui se tenait à ses côtés, une voix presque moqueuse répondit :

— Je resterai avec elle, elle n'est pas assez douée pour ce débrouiller toute seule.

— Karma ! Arrête un peu ! Je pourrais très bien avancer sans ton aide ! répliqua la jeune fille.

— C'est ce qu'on verra.

Mais même si Emilia ne l'aurait jamais dit à voix haute, elle se sentait toujours en sécurité lorsque Karma était près d'elle et la surveillait.

***

Le silence planait dans la forêt luxuriante, dénudée de tout bruit. Les gestes des élèves de la classe E n'émettaient aucun son, et les oiseaux avaient subitement arrêtés leur chant. Seule la légère brise du matin caressait le feuillage des arbres. Enfin, le silence aurait du prospérer encore longtemps, si Emilia ne faisait pas craquer les branches à chaque saut qu'elle effectuait.

— Arrête ça, tu fais trop de bruit, lui murmura Karma, la tenant par la main. Tu peux pas essayer d'être plus discrète ? Ou de te faire un peu plus légère ?

— Dis que je suis grosse tant que tu y es ! s'énerva l'intéressée à voix basse. Je sais pas comment tu fais pour ne pas faire de bruit, t'es pourtant plus lourd que moi.

— Faut croire que le plus talentueux de nous deux, c'est moi.

— Dans tes rêves...

Emilia était persuadée que si elle se concentrait réellement, elle arriverait à ne plus faire aucun bruit lors de son passage. Elle inspira profondément, se mit sur la pointe de ses pieds, et commença à marcher à et à sauter de cette manière. En un instant, les bruit de craquements des branches s'effacèrent.

— Tu vois, quand tu veux vraiment, finit par lui chuchoter Karma, légèrement moqueur.

— Occupe-toi de me rattraper quand je saute.

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CHAPITRE 32 TERMINÉ
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