𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre vingt-sept —— Shiro
« L'air est plein de poignards. »

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— Je rêve ou le poulpe vient de nous sauver ? s'étonna Emilia.

— Tu ne rêves pas, lui confirma Karma.

Une taille démesurée, un visage anormalement rond et clair, un nez difforme et de courts cheveux, la jeune fille devina aisément celui qui se cachait derrière cette apparence douteuse :  leur professeur principal. Il se tenait devant eux, ses tentacules tenant chacun un assaillant qu'il venait tout juste d'assommer. Emilia ne parvenait pas à le croire : ce monstre avait résolu le problème en un battement de cil, avant même qu'elle n'ait eu le temps de mettre son plan à exécution. Et heureusement d'ailleurs, elle se sentait soulagée, son cœur plus léger.

— Merci Monsieur, sans vous, je me serais sentie mal pendant longtemps, remercia Emilia avec un léger rire nerveux.

— Il n'y a pas de quoi. Tu es mon élève, il est évident que je me dois de vous aider lorsque ça ne va pas, lui répondit chaleureusement le professeur Koro en relâchant les inconnus.

— Qu'est-ce qu'on va faire d'eux ? On les ramène à la police ou on les interroge nous-mêmes ?

— Je partirais plus sur la deuxième option, intervint Karma avec un étrange sourire. J'ai de quoi leur faire parler dans mon sac de cours.

Il se retourna un instant pour retourner à l'endroit où il l'avait laissé, mais il semblerait qu'avec tout ce qui venait de se passer, il avait disparu. Son sac avait sûrement été dû balayer par les coups de feu et envoyé valser dans les airs.

— Je t'en payerai un autre, avec tous les objets de torture que tu portais dedans, lui sourit Emilia, légèrement moqueuse.

— Tu devras m'acheter des sauces piquantes alors.

— Je vais les attacher et on va les laisser là, interrompit Koro en désignant les quatre hommes au sol. Les amener à la police ne serviraient probablement à rien, et je ne pense pas que vous ayez le temps d'en plus vous occupez de témoigner contre eux.

— Oh, d'ailleurs, en parlant de police, vous savez qu'on peut aller les voir parce que vous nous avez suivi ? coupa subitement Karma avec amusement, à l'attention de Monsieur Koro.

Emilia se tourna machinalement vers son professeur, celui-ci prit d'une soudaine panique. Il semblait bien gêné d'avoir dû se dévoiler alors qu'il les suivait discrètement et avec brio. De plus, il avait réussi jusque-là à ne pas être découvert, il devait être quelque peu déçu.

— C'est vrai ça ! Qu'est-ce que vous faisiez à nous suivre ? interrogea la jeune fille, légèrement en colère. Vous passez pour un obsédé ! Enfin, vous en êtes déjà un.

— Je n'en suis pas un ! se défendit Koro, dépité de ces remarques. Je voulais juste voir le premier couple de la classe se former, il n'y avait rien de malsain ! Je vous le jure, je vous en prie croyez-moi !

— Vous êtes horrible. Mais vous nous avez sauvé, alors je ne m'énerverais pas.

— C'est vrai que tu dois faire peur en colère, ajouta discrètement Karma, plus pour lui-même.

— Je t'ai entendu ! C'est juste que je ne m'énerve juste pas pour des choses futiles.

Ils s'échangèrent un regard complice, tous deux avec un fin sourire aux lèvres. Emilia repassait en boucle la réponse de Karma de sa déclaration dans sa tête, et elle aimait l'entendre. Ils n'avaient pas besoin d'en parler à nouveau, de revenir sur ce qu'ils s'étaient dit : ils savaient ce qu'il s'était passé et que leur relation avait encore évolué pour atteindre un nouveau stade. Et e y repensant, Emilia pouvait sentir son cœur faire des bonds dans sa poitrine.

Désirant retourner à la situation actuelle, elle sortit le téléphone d'Adella de sa poche et l'observa d'un peu plus près. Il avait été impeccablement conservé depuis le temps. Elle décida de l'allumer, alors elle pressa longuement la touche latérale. Mais au bout de plusieurs secondes, aucune réaction ne se produisit. Emilia resta figée quelques instants, prise d'une soudaine panique. 

— Il ne doit plus avoir de batterie, se rassura-t-elle dans un soupir.

— Je me demande ce que tu vas découvrir avec ça, se demanda Karma à voix haute.

— Peut-être un mot de passe ? Je dois absolument en trouver un pour débloquer un dossier sur l'ordinateur. Oh, mais où est mon sac...

Son sang ne fit qu'un tour. Elle balaya les environs du regard, à la recherche de son sac de cours qui contenait l'ordinateur portable d'Adella. Son cœur manqua un battement : aucune trace autour, elle l'avait perdu. Elle écarquilla les yeux de stupeur, se tourna vers Karma, puis murmura avec effroi, son teint devenu livide :

— Je crois... que j'ai oublié mon sac au restaurant où on est allés à manger.

Et à peine elle prononça ces mots, la silhouette du professeur Koro disparut en un éclair. Une légère vague de poussière se souleva à son départ, qui laissa Emilia et Karma perplexes. Mais ils n'eurent pas le temps de s'échanger ne serait-ce qu'un mot : leur professeur était déjà de retour, tenant dans un tentacule le sac d'Emilia, d'un autre un homme qui se débattait avec frénésie.

— Lâchez-moi immédiatement ! ordonnait-il en essayant vainement de se libérer.

Si Emilia le jugeait à son apparence il devait très probablement faire parti de l'équipe de personnes qui venaient de l'attaquer elle et Karma. Monsieur Koro donna le sac à Emilia qui le gratifia du regard, puis il s'adressa à l'inconnu :

— Nous voulons des réponses, pour qui travaillez-vous ? Parlez, ou je vous ferais regretter d'être encore en vie devant moi.

Il avait pris une voix grave à glacer le sang, sa tête était devenue aussi rouge qu'une tomate, et cela montrait à quel point il était en colère. L'homme hésita un instant à répondre, mais face au professeur et à sa fureur, il abandonna rapidement et lui répondit simplement :

— Shiro, ça devrait te dire quelque chose.

La couleur rouge du visage du professeur disparut instantanément pour revenir à sa couleur naturelle. Il ne poursuivit pas la conversation, et malgré qu'aucune émotion ne se reflétait sur son visage, Emilia semblait percevoir en lui une certaine panique. Alors monsieur Koro connaissait ce nom ?

— C'est lui qui s'occupait d'Itona, remarqua Karma, songeur.

— C'est son père ? demanda Emilia, légèrement perdue.

— Tu n'étais pas là, mais avant, Itona avait pour but de tuer Monsieur Koro. Il avait lui aussi des tentacules à cause de nombreuses expériences et obéissait aux ordres d'un certain Shiro. Mais heureusement, notre cher prof' lui a détruit ses tentacules et le libéra de l'emprise de Shiro.

— J'ai clairement raté quelque chose. Mais je ne comprends pas ce que ce Shiro vient faire dans l'histoire de ma sœur. Je ne connais pas ce type et ne l'ai jamais vu, alors comment Adella le pourrait ?

— Ta sœur avait tout découvert, c'était normal qu'on s'occupe d'elle avant qu'elle aille voir la police ! poursuivit l'inconnu en riant. Mais on ne pensait pas qu'elle aurait laissé des traces de sa disparition à sa petite sœur et qu'elle serait aussi intelligente. T'es la prochaine sur la liste à...

— Et toi, tu es le prochain à rejoindre tes copains, le coupa brutalement Koro, son visage soudainement devenu noir.

Il assomma d'un coup bref l'homme et l'envoya valser au sol avec puissance. Celui-ci perdit immédiatement connaissance. Koro se chargea ensuite de ligoter les assaillants à l'aide d'une corde trouvée par terre, puis les envoya tous les cinq dans une poubelle.

— Ils ne nous embêteront plus, soupira-t-il de soulagement.

— Je ne comprends plus rien... finit par dire Emilia, les sourcils froncés et le visage de nouveau pâle. Qu'est-ce qu'elle avait découvert de si important qui concernait ce Shiro ? Et qu'est-ce qu'il voulait dire par "on s'occupe d'elle" ?

— Je ne pense pas que tu ais du soucis à te faire, lui assura Karma, presque avec tendresse. Tu l'as entendu ? Il a aussi dit qu'ils ne la pensaient pas aussi intelligente. Tu veux mon avis ? Je suis sûre qu'Adella a réussi à leur échapper, et que maintenant, ils se retrouvent à retrouver les indices éventuels qu'elle aurait laissé sur sa position. Ça veut dire qu'elle t'attend toujours, qu'elle est toujours vivante.

Emilia put seulement répondre par un hochement de tête, tout de même convaincue par la théorie de Karma. Après tout, de nombreux points se confirmaient si elle se fiait à cette hypothèse. Tout de même, elle préférait ne plus y penser, car les pires situations et idées revenaient hantées son esprit lorsqu'elle songeait aux paroles de l'inconnu. Koro la regardait du coin de l'œil, silencieux.

— Ça ne sert à rien de se torturer avec des hypothèses pour le moment, finit-il par dire, comme pour la rassurer. Vous avez récupéré un précieux indice, vous devriez rentrer maintenant. Il se fait tard, et vous avez cours demain. Emilia, tu devrais te reposer de tout ça, tu pourras avancer avec l'esprit clair de cette façon.

Les deux collégiens hochèrent vivement la tête, éreintés. Emilia ne s'était pas rendue compte de la fatigue qu'elle avait accumulé et de la soirée qui commençait lentement à se pointer. Ils se saluèrent chacun, avant que Koro ne les téléporte chez eux. En une fraction de seconde, la jeune fille se retrouva dans sa chambre, silencieuse. Emilia ne parvint pas à faire grand-chose durant le soir, et de plus, sa nuit fut mouvementée à cause de trop nombreux cauchemars à propos de sa sœur.

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CHAPITRE 27 TERMINÉ
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