26. EMBUSCADE

𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre vingt-six —— Embuscade
« Tuer ou être tués. »









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— Les enfants, tonna une voix grave dans la pénombre, vous arrêtez immédiatement ce que vous faites et vous posez ce que vous venez de prendre.



Karma était légèrement avancé, avait placé son bras face à Emilia, comme pour l'interdire de s'approcher de ces inconnus. De toute façon, la jeune fille ne comptait pas une seule seconde les voir, et jamais elle ne leurs donnerait le véritable téléphone d'Adella. Mais s'ils commençaient à menacer Karma de le tuer, est-ce qu'elle maintiendrait son idée ? Non, évidemment que non. Elle était folle, mais pas à ce point-là.



— Ce n'est pas à vous, finit par répondre Emilia en serrant plus fort encore l'objet en question. Pourquoi est-ce que vous le voulez ?

— Taisez-vous et donnez-le nous ou nous tirons, ordonna une nouvelle la même voix. Vous ne nous croyez pas capable de vous tuer ? Nous le ferons, et très vite si vous n'agissez pas maintenant.



Un long silence glaçant planait dans la petite ruelle sombre. L'atmosphère était tendue entre les collégiens et les inconnus. Emilia tentait d'identifier ses agresseurs, mais impossible tant qu'ils restaient dans l'ombre au bout de l'allée. Elle pouvait cependant distinguer environ quatre silhouettes, et se doutait que chacune devaient tenir dans leurs mains une arme, prêtes à tirer dès le moindre refus de coopération.



Emilia ne bougeait pas, incapable d'agir. Elle ne savait que faire, jamais encore elle ne s'était retrouvée dans une situation aussi délicate. Son regard bascula sur Karma, comme pour lui demander ce qu'ils pouvaient faire. Le garçon continuait de fixer d'un regard haineux leurs agresseurs. Il semblait déterminé à protéger son amie et à partir avec le seul indice qu'Adella avait laissé pour elle. Sans savoir pourquoi, Emilia se sentait heureuse que quelqu'un la protège de cette façon, cela lui faisait plaisir de savoir que quelqu'un tenait autant à elle.



Soudain, le visage sérieux de Karma se décrispa en un instant. Il arbora un sourire moqueur, puis finit par lancer aux inconnus :



— Vous voulez quoi au fait ? Parce que nous, on n'a rien trouvé de spécial.

— Arrête de jouer au plus malin toi, coupa sèchement un autre d'un ton sans appel. C'est la dernière fois qu'on vous le dit : donnez-nous ce que vous avez trouvé.

— Ils ne savent pas ce qu'a laissé Adella, murmura Emilia, presque avec un rire.

— T'es prête ? lui demanda subitement Karma.

— Prête ? Prête à...



Emilia n'eut pas le temps de finir sa phrase. D'un coup bref, Karma renversa devant lui la poubelle qui se trouvait près de la jeune fille. Celle-ci n'eut pas le temps de réagir, elle entendit des coups de feux retentirent face à elle. Elle voulut se boucher les oreilles et fermer les yeux, faire comme si elle n'était pas là, comme si elle disparaissait tant le bruit lui était insupportable. Mais au lieu de cela, elle fut entraînée par Karma qui la cacha avec lui derrière la poubelle. Il la recouvra d'un bras protecteur, puis tous deux attendirent que les balles cessent.



Emilia avait peur. Peur de mourir, peur d'avoir entraînée Karma avec elle dans un aller sans retour vers la mort. Et si elle donnait simplement le téléphone à ces gens ? Elle commençait lentement à se dire que la vie de Karma valait bien plus qu'un indice d'Adella.



Au bout de plusieurs secondes et après plusieurs rafales de balles, l'homme arrêta de tirer : il devait sûrement se retrouver à court de munitions. Emilia voulait courir, s'enfuir vite avec Karma tant qu'ils le pouvaient encore. Mais la jeune fille savait qu'elle ne pouvait pas sortir, car les autres agresseurs, eux, devraient toujours avoir leur arme chargée. Tout se mélangeait dans sa tête, elle ne parvenait pas à trouver une solution, un moyen de sortir indemne de cette embuscade. Elle était serrée fort contre Karma, qui de même, n'arrivait pas à chercher un plan de fuite.



Pourtant, en un instant, Emilia fut frappée par une idée. Une idée complètement folle, mais réaliste. Il y avait toujours de l'essence au sol, pile là où se trouvait les hommes. Et de son côté, elle avait toujours le briquet que Karma lui avait donné. Rapidement, elle sortit de sa poche l'objet en question et le montra à son ami, comme pour lui expliquer tout son plan sans à avoir besoin de lui parler. Lorsqu'il le vit, il comprit immédiatement où elle voulait en venir. Mais s'ils réalisaient ce plan, alors il y avait de très fortes chances que les inconnus mourraient brûlés.



Est-ce qu'on les tue ? C'était ce que le regard d'Emilia demandait à Karma. Il ne répondit pas tout de suite, visiblement très hésitant. Après tout, il s'était déjà battu de nombreuses fois et avait infligé des tas de blessures graves à ses ennemis. Et pourtant, il n'avait encore jamais tué quelqu'un. Assassiner Koro, un être vivant d'une espèce inconnue était une chose, assassiner un humain en était une autre. Mais avait-il réellement le luxe de refuser ce que l'adolescente lui proposait ? Pas vraiment. Alors il hocha lentement la tête à Emilia, signe qu'elle pouvait lancer le plan de fuite.



Les coups de feu retentirent une nouvelle fois. A chaque balle tirée, le cœur d'Emilia bondissait dans sa poitrine. Ses mains tremblaient, refusaient de passer à l'acte. De là où elle se trouvait, elle pouvait clairement imaginer les futurs cris d'agonies et de souffrances des agresseurs qui parviendraient jusqu'à elle, résonneraient dans ses oreilles jusqu'à qu'il ne leur reste plus aucune trace de vie sur leur visage.



C'est tuer ou être tués. Voilà ce que signifiait l'approbation de Karma. Emilia continuait de le regarder, s'excusait en silence de l'avoir embarqué dans ses problèmes, qu'il ne méritait pas d'être avec elle, d'être dans une situation aussi critique qui allait peut-être lui coûter la vie. A sa grande surprise, le garçon lui souri t juste, l'air de dire que ce n'était rien, qu'il la suivrait où qu'elle aille, qu'il l'aiderait peu importe les épreuves, qu'il l'écouterait se plaindre ou pleurer pour ensuite la réconforter et la serrer dans ses bras. Alors, sans savoir réellement pourquoi, sans vraiment réfléchir, elle lui prit la main, le regarda droit dans les yeux, et lui murmura :



— Je crois... que je t'aime.



Emilia ne savait pas pourquoi elle lui avait dit ça, peut-être car elle se retrouvait avec lui, au point de commettre un meurtre ? Peut-être sous l'adrénaline et la tension, elle s'avouait enfin ses propres sentiments ? Elle se savait sincère. Durant tout ce temps, elle s'était persuadée qu'elle ne l'aimait pas, que ce n'était qu'un garçon banal, comme les autres, qui l'aimait seulement pour sa beauté et sa fausse identité. Mais en le voyant la regarder avec tendresse de ses yeux ambre, la protéger au péril de sa vie, cela avait déclenché quelque chose en Emilia qu'elle ne saurait expliqué. Elle s'était avouée que c'était bel et bien ce qu'elle ressentait pour Karma.



Peu importait comment toute cette histoire allait se terminer, elle l'aimait. Peu importait si elle allait mourir ou non, elle lui avait avoué ce qu'elle avait sur le cœur.



— Moi aussi, lui souffla Karma, un fin sourire aux lèvres.



Elle étira ses lèvres à son tour. Le monde autour d'elle semblait disparaître tant elle était heureuse et apaisée, elle en oubliait presque la situation dans laquelle elle se trouvait et les coups de feu qui retentissaient aux alentours. De longues secondes passèrent durant lesquels Karma et elle s'échangèrent des regards pleins de tendresses. Et même si la jeune fille souhaitait de tout cœur que ce moment dure pour l'éternité, elle devait agir.



Elle resserra le briquet qu'elle tenait dans sa main, relâcha à contrecœur celle de Karma, puis, alors qu'elle s'apprêtait à jeter le briquet allumé derrière elle et à enflammer le sol de la ruelle, les salves de balles cessèrent en un instant. Emilia se stoppa net dans son élan, troublée. Les hommes étaient-ils en train de recharger leurs armes ? Impossible, les revolvers ne s'étaient pas vidés tous au même moment.



— Heureusement que je suis arrivé à temps, j'ai bien fait de vous suivre durant votre rendez-vous ! rit joyeusement une voix.









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CHAPITRE 26 TERMINÉ
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