𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre vingt-quatre —— Rendez-vous
« Difficile de s'avouer la vérité quand on la connait. »

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Emilia commençait lentement à s'impatienter. Il était évident que ce que faisait Itona était difficile et devait lui prendre beaucoup de temps, néanmoins, la jeune fille s'impatientait : chaque jour qui passe aurait dû être passé avec sa sœur. Mais elle prenait son mal en patience, tant bien que mal. Et pendant ce temps, une routine s'installait dans sa vie.

Elle se réveillait chaque matin, avec des bons et des mauvais jours, où la mauvaise humeur et la tristesse prenaient le dessus. Aujourd'hui, elle n'avait pas vraiment le moral. Lorsqu'elle descendit prendre le petit-déjeuner, comme toujours, ses parents ne se préoccupaient pas vraiment d'elle, la laissaient de côté pour simplement se concentrer sur leur train-train quotidien maussade. Depuis le temps, Emilia avait appris à vivre avec : leur bonheur familial ne lui manquait plus. Enfin, c'était ce qu'elle se persuadait. En vérité, elle espérait de tout cœur qu'au retour de sa grande sœur, tout pourrait redevenir comme avant. 

Puis, elle partit au lycée, comme d'habitude. Avant, soit elle n'y allait pas, soit elle arrivait en retard, car elle flânait, passait par des routes qu'elle ne connaissait pas pour changer un peu de paysage, ou bien s'arrêter dans quelques boutiques pour regarder les produits. Maintenant, elle veillait à toujours arriver à l'heure. Et même que depuis quelques temps, Karma l'accompagnait. Il en avait décidé ainsi, du jour au lendemain, sans prévenir. Maintenant, il l'attendait chaque matin devant sa maison avec son inlassable rictus aux lèvres.

Ce n'était pas pour déplaire à Emilia : elle trouvait la compagnie du garçon agréable, même si son côté moqueur était parfois trop prononcé à son goût. Enfin, c'était aussi en partie ce qui faisait son charme, même si elle refusait de se l'avouer. Ils parlaient de tout et de rien, n'avaient pas vraiment de sujet de conversation en particulier, et cela plaisait à Emilia. Elle se sentait plus elle-même avec Karma, avait l'impression qu'elle pouvait être naturelle avec lui, dire des choses sans être jugée ou moquée.

Ils arrivèrent au lycée ensemble, sous tous les regards curieux et taquins habituels de la classe E. Cela agaçait et gênait toujours Emilia, et elle avait pourtant beau leur dire qu'il n'y avait rien entre elle et Karma, les mêmes regards et remarques étaient lancés à leur propos. Emilia avait depuis longtemps abandonné de leur prouver le contraire.

Le professeur Koro arriva à son tour, il semblait particulièrement de bonne humeur aujourd'hui. Et bien souvent, lorsqu'il était dans cet état d'esprit-là, il s'amusait avec les élèves sur la relation entre Karma et Emilia. Ces jours étaient particulièrement lourds et embêtant pour la jeune fille, mais comme les remarques, elle avait appris à faire avec. 

L'appel des élèves commença. Presque immédiatement, sous ordre de Nagisa, les élèves envoyèrent une salve de tirs contre le professeur. Le bruit des détonation résonna dans les oreilles d'Emilia, qui elle, préférait ne pas prendre parti à l'assassinat de son professeur. Aucune balle ne toucha monsieur Koro, c'était à peine si cela le gênait durant l'appel. Les élèves ne lâchaient rien, maintenaient leur position, criblaient leur professeur de leurs tirs. Au bout d'un long moment, une fois l'appel terminé, tout s'arrêta en un instant. Le professeur ressortit indemne, comme toujours.

Aujourd'hui promettait d'être un journée particulièrement ennuyeuse : aucun cours en extérieur n'étaient prévus. Les matières et la journée s'enchainaient avec monotonie, et malgré la bonne ambiance générale de la classe, Emilia n'arrivait pas à trouver les cours passionnants : ils n'étaient pas de son niveau, et même si elle tentait d'être plus modeste, elle pouvait clairement affirmer qu'elle connaissait déjà les leçons et les chapitres sur le bout des doigts. Même l'anglais, enseignée par Madame Pouffe, était d'un niveau bien bas. Seuls ses cours sur la sociologie et la manipulation étaient intéressants.

— Itona, tu as finis ? lui demanda Emilia à la pause déjeuner, sans réel espoir d'avoir enfin une réponse positive.

— Je pense que j'aurai terminé demain, lui répondit-il en posant le regard sur elle. Désolé d'avoir mis autant de temps, c'était très complexe. Ça devrait beaucoup t'aider.

Sur le moment, Emilia crut qu'il blaguait, alors elle ne réagit pas. Mais en voyant l'air très sérieux d'Itona, elle sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine et la joie prendre immédiatement possession d'elle. Elle le remercia presque en bégayant, et se rassit à sa place, incapable d'attendre jusqu'à demain. Voilà une bonne nouvelle qui illuminait sa journée !

— Ça te dit qu'on aille manger quelque part après les cours ? lui proposa Karma, l'air de rien. J'imagine que tu vas sûrement être trop occupée demain pour venir en cours.

— Tu imagines bien ! Et c'est d'accord pour sortir, je suis de trop bonne humeur pour refuser quelque chose ! lui sourit Emilia.

Le reste de la journée passa lentement d'après Emilia. Mais une fois que la cloche sonna, la jeune fille sortit gaiement du bâtiment, accompagnée de Kaede et Karma. La petite verte salua rapidement ses deux amis, prétextant avoir un rendez-vous urgent, et laissa ses deux amis seuls à seuls. Depuis, le trajet entre Emilia et Karma se déroula bien. Les discussions ne manquaient pas, Emilia passait un très bon moment avec le garçon.

Ils s'arrêtèrent tous les deux à un café et s'assirent à l'intérieur pour prendre leur goûter. Emilia demanda une pâtisserie et un soda, Karma, lui, n'ayant pas vraiment d'appétit, préféra prendre lui aussi un soda.

— Et bien alors ? Tu ne bois pas ton cher lait à la fraise ? se moqua Emilia. C'est la première fois que je te vois boire autre chose.

— Tu crois vraiment que je ne bois que ça ? Il faut bien changer un peu.

Il poursuivit la conversation en changeant complètement de sujet :

— Je me rappelle, la première fois que tu es arrivée en classe E, tu disais que ton transfert n'était que temporaire et que tu ne nous adresserais jamais la parole.

— Disons que vous êtes bien plus sympathiques que la 3-A, se justifia Emilia, gênée de se souvenir de ce temps-là. Et puis, je suis heureuse d'avoir changé, j'ai l'impression que c'est grâce...

À toi ? Pourquoi est-ce que je me sens bizarre tout d'un coup en y pensant, songea subitement Emilia. Pourquoi est-ce que sens mon cœur plus fort quand je pense à...

Elle posa son regard sur Karma, qui lui sourit immédiatement.

— Oui, je t'en prie continue ta phrase, que c'est grâce à qui ?

Emilia se sentit bête face à lui, à quoi songeait-elle ? Elle, amoureuse de lui ? N'importe quoi, c'était insensé de penser cela. Karma et elle étaient de simples bons amis, rien de plus... Mais en était-elle vraiment sûre ? N'était-elle pas en train de se mentir à sois-même ? De se persuader qu'il n'y avait rien entre eux ? Alors pourquoi Karma se rapprochait-il de plus en plus d'elle ces dernières semaines ? Il avait toujours été là pour elle, et malgré son sarcasme et ses moqueries, Emilia savait qu'il tenait à elle.

— Grâce à... moi-même ! lui répondit la brunette avec empressement. Après tout, c'est moi qui me suit forcé à changer. Après, chacun de la classe a aussi participé.

— Ah oui ? Même moi ?

— Oui... Enfin... (elle cherchait désespérément les bons mots pour parler de ce qu'elle ressentait) J'ai l'impression que c'est... grâce à toi que j'ai... voulu changer ? J'imagine.

Alors que Karma allait poursuivre, le téléphone d'Emilia sonna. La jeune fille s'empressa de décrocher, soulagée que cette discussion ne continue pas. Elle resta un instant pétrifiée face au numéro de téléphone d'Itona qui s'affichait sur son écran, mais après quelques secondes, elle décrocha.

— Allô ?

— C'est Itona. J'ai décryptés les donnés plus vite que prévu.

Emilia resta muette de stupeur.  Son cœur bondit dans sa poitrine à l'entente de cette nouvelle, elle était partagée entre la joie de découvrir la solution de l'énigme, mais aussi entre la peur de découvrir ce qui s'y cache. Elle déglutit, posa de nouveau son regard vers Karma, et lui indiqua avec qui elle était au téléphone. Le garçon comprit immédiatement et prit un air extrêmement sérieux.

— Alors... ça dit quoi ? demanda Emilia avec une grande hésitation.

— Ce sont des coordonnées qui indique un emplacement en ville. Je te les envoie immédiatement pour que tu puisses y aller. Je te conseille de ne pas y aller seule, il semblerait que d'autres personnes...

Mais Emilia n'écoutait déjà plus, elle restait tétanisée face à l'idée qui lui était subitement arrivée en tête : et si les coordonnées indiquaient l'emplacement d'Adella ?

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CHAPITRE 24 TERMINÉ
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