𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre vingt-trois —— Eriko
« L'important dans la vie, c'est d'être honnête et sincère. »

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Emilia fut la seule à recevoir le programme de l'année, normalement distribuée à toutes les classes par le président du conseil des élèves. Évidemment, la classe E restait à l'écart et la source des moqueries. Emilia le savait : il fallait que les élèves dénigrent cette classe pour leur donner un objectif, celui de ne pas rejoindre ces cancres. Si elle n'avait pas atterrit ici, elle les aurait évidemment rejoint dans leurs moqueries et aurait trouvé cela très drôle. Mais plus maintenant.

L'irruption du professeur Koro — déguisé en humain — jeta un froid aux autres classes. L'assemblée se déroula sous cette atmosphère jusqu'à la fin. Une fois terminée, avant de repartir vers leur bâtiment respectif, la classe E avait quelques minutes accordées pour faire ce qu'ils voulaient ici. Emilia se dirigea immédiatement au distributeur et demanda une brique de lait à la fraise. Depuis que Karma le lui en avait donné, elle adorait ça. Mais surtout, elle attendait qu'une certaine personne la rejoigne : Eriko.

Et seulement après quelques secondes qu'elle ait récupéré sa boisson, Eriko fit irruption derrière elle, un grand sourire aux lèvres. Immédiatement, Emilia l'imita avec un certain goût amère. Comme elle détestait désormais les gens hypocrites. Eriko et elle n'avaient absolument plus à rien en commun : son "amie" souhaitait être populaire avec la carte de l'hypocrisie, tandis qu'Emilia cherchait à garder sa popularité en étant une meilleure personne et la plus sincère possible dans ses actions et ses pensées. Et elle allait commencer ce changement dès maintenant.

— Emilia, ça fait trop plaisir de te revoir après tout ce temps ! commença gaiement Eriko.

— On dirait pas puisque tu ne m'as envoyé aucun message, lui sourit l'intéressée. Enfin, heureusement parce que je n'aurais pas eu envie de te parler.

Eriko écarquilla grand les yeux et la bouche, faisant sûrement semblant de faire l'étonnée de cette réaction. Emilia leva les yeux au ciel, déjà agacée par la discussion.

— Tu n'es pas obligée de faire semblant, il n'y a personne qui nous écoute, poursuivit la brunette avec indifférence.

— Tu as changé, c'est parce que tu es allée en classe E ! s'exclama Eriko avec une pointe de mépris dans sa voix. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait pour que tu deviennes aussi méchante avec moi ?

— Oh, tu me fatigues. Tu sais que je suis en réalité comme ça et toi aussi. Tu joues très mal la comédie d'ailleurs, mais assez pour que les débiles ne remarquent rien. Bref, passons au véritable sujet de notre discussion. Alors comme ça, tu essayes de me piquer ma place ?

Le visage d'Eriko s'assombrit immédiatement après ces mots. Alors Emilia avait visé juste, avait touché un point faible. Ses lèvres s'étirèrent en un rictus, elle poursuivit :

— Comme tu as pu le voir dès mon entrée, les gens ont et auront de yeux que pour moi, peu importe la classe où je suis. La sale réputation ne me tâchera pas. Alors oublie ton idée de me surpasser, tu seras toujours inférieure à moi.

— On a pourtant les mêmes objections, on est pareils.

—Ne me compare pas à toi, car comme tu as dis, j'ai changé. Tu utilises toujours l'hypocrisie pour parvenir à tes fins, alors que moi, j'ai enlevé ce masque pour finalement être moi-même. Je me sens plus heureuse depuis, et je me suis faite quelques connaissances que j'apprécie réellement. Ils m'ont ouvert les yeux, et maintenant, je vais changer pour devenir une meilleure personne. Tu devrais faire la même chose.

— Tu sais aussi bien que moi que les gens n'aiment pas ce que nous sommes réellement. Ils veulent voir une personne parfaite, sans défauts, qu'ils admireront et voudront un jour atteindre. En étant toi-même, tu renonces à ton rôle d'idole, et dans ce cas, c'est moi qui le reprendrais.

— Est-ce que je t'ai dit que je renonçais à ma popularité ? Ne me fais pas rire, jamais je ne l'abandonnerais. Tu verras, je continuerais à être populaire en étant moi-même et en devenant ce que je veux être. Tu n'es pas quelqu'un de mauvais en réalité, c'est juste que le fait de vouloir être la plus populaire t'ait tellement monté la tête que tu as effacé ce que tu es réellement. Tu verras, lorsque tu me verras toujours être la plus populaire de ce collège en étant moi-même, peut-être que tu changeras d'avis.

Emilia ajouta avec un franc sourire aux lèvres donc elle n'avait pas l'habitude :

— Et peut-être qu'on pourra un jour se parler comme deux vraies... amies ?

Eriko ne répondit rien, restant plongée dans un profond silence. Mais Emilia pouvait clairement percevoir qu'elle réfléchissait à tout ce que la brunette venait de lui dire. A ce propos, celle-ci faillit lâcher une dernière réplique cinglante à son amie à propos de sa tenue, mais se retint de justesse et partit tout de suite après. Changer était dur, très dur, mais elle progressait petit à petit.

Une fois qu'Emilia ait rejoint la classe E, les élèves s'apprêtaient à repartir en direction du bâtiment, mais la jeune fille fut appelée de loin par une voix qui lui était inconnue. Curieuse, elle se retourna, et constata qu'une grande majorité des étudiants s'étaient réunis. Parmi eux, elle pouvait même discerner la silhouette d'Eriko.

— On voulait te dire qu'on pensait toujours à toi, même si tu es en classe E ! lança une voix masculine, légèrement tremblante et hésitante.

— On a hâte que tu reviennes dans notre classe ! s'exclama une autre, sûrement élève dans la 3-A.

— Reviens dans le bâtiment principal quand tu veux ! On va même lancer une pétition pour que tu reviennes parmi nous !

Auparavant, ces simples mots d'élèves qu'Emilia avaient considérés comme inférieurs à elle lui auraient fait pitié et elle se seraient moqués d'eux. Mais maintenant, à cet instant précis, elle sentait son cœur exploser dans sa poitrine. Elle n'avait jamais réellement pris conscience de ce que c'était, être aimée par les autres. Pour la première fois, elle les gratifia d'un regard, et leur lança avec la plus grande des sincérités :

— Merci infiniment à tous, vous êtes géniaux !

De nombreux cris d'excitation et de joie s'élevèrent dans la foule d'élèves. Elle leur sourit une nouvelle fois, avant de se tourner vers ses camarades de classe et de partir. Même si elle ne désirait plus réellement changer de classe désormais, elle savait qu'elle pourrait toujours compter sur les autres élèves. Cette assemblée lui avait fait terriblement du bien au moral.

Et bizarrement, elle avait de nouveau l'impression qu'elle avait fait un pas de plus vers son objectif, qui était de redevenir elle-même.

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CHAPITRE 23 TERMINÉ
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