𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre dix —— Monsieur Koro
« Une réalité peut être difficile à croire. »

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𝐋𝐄 𝐒𝐎𝐔𝐅𝐅𝐋𝐄 𝐂𝐎𝐔𝐑𝐓, Emilia pénétra à l'intérieur de la pièce. Il y régnait un silence pesant, signe que tout le monde attendait de découvrir qui était la nouvelle élève. S'attendaient-ils à un assassin ? Enfin, ils s'attendaient à voir n'importe qui, sauf la fille la plus populaire du collège.

La tête haute, l'air hautain habituel, la jeune fille daigna enfin à faire face à la classe, agacée de la situation. Elle détestait être épiée et observée de la tête aux pieds de la sorte, telle une vulgaire bête sauvage.

Les nombreux élèves la fixaient, un air ahuris au visage. En effet, ils ne s'attendaient pas à la voix en classe E. À cet instant, des cris de surprise s'élevèrent dans la pièce, alors que certains murmures furent échangés dans toute la classe.

— C'est Emilia ? s'étonna une jeune fille aux cheveux verts, ses yeux ambre pétillant d'admiration.

— Mais qu'est-ce qu'elle fiche ici ? demanda un autre garçon, étonné.

Emilia les regardait un à un, le regard dur. Ils avaient vraiment l'air de cancres, tous plus bête les uns que les autres. Ils méritaient leur place dans cette classe. Mais pas Emilia. Elle n'avait rien à faire ici, et le simple fait de se rappeler cela lui apportait une insupportable douleur dans sa poitrine.

Elle avait perdu.

— Un peu de silence, s'il vous plaît, intervint subitement monsieur Karasuma en entrant à son tour. Peux-tu te présenter ?

Il venait de se tourner vers l'adolescente, qui laissa échapper un soupir d'ennui de ses lèvres. Pourquoi se présenter ? Tout le monde la connaissait. Mais visiblement, elle n'avait pas vraiment le choix.

D'ailleurs, où est passé le monstre ? se demanda-t-elle en regardant les alentours. C'est bien ce que je pensais, ce n'était qu'un pauvre délire.

— Je suis Emilia Alvar, la meilleure élève de ce collège et qui est largement supérieure à vous tous, commença la jeune fille, non sans cacher sa modestie. Ne venez pas me parler ou de tenter de faire ami-ami avec moi, je ne discute pas avec des gens comme vous. Je ne vais pas rester avec vous longtemps, ce n'est qu'un transfert temporaire.

Plusieurs cris d'indignation s'élevèrent immédiatement dans la salle. Et voilà, Emilia se doutait bien qu'ils n'allaient pas vouloir entendre la vérité. Tous les élèves semblaient bien énerver contre elle. Tant mieux, ils ne viendraient pas lui parler.

— Également, votre blague est de très mauvais goût, ajouta Emilia à l'intention de Karasuma. Sérieusement ? Un monstre qui va à mach vingt ? Qui croirait des conneries pa...

Mais l'adolescente ne put finir sa phrase. Elle fut interrompue par une rafale de vent en pleine face, alors qu'elle n'était pas dehors. Comment était-ce possible ? Une chose inconnue passa tout près de son visage, sans qu'Emilia n'arrive à la distinguer.

— C'était quoi ça... murmura-t-elle, déboussolée.

— Ah, notre prof' est revenu ! lança gaiement un élève.

Inquiète par ce qu'il venait de passer tout près d'elle, Emilia tourna lentement la tête sur sa droite, en direction du bureau. Ce qu'elle vit la tétanisa sur place.

Debout, face à elle, un monstre de trois mètres de hauteur tenait dans ses tentacules une glace en bâtonnet. Il arborait un grand sourire sur son visage rond, alors que ses petits yeux noirs détaillaient la nouvelle élève. Il était jaune, entièrement jaune, excepté la longue tunique noire qu'il portait et sa cravate.

Emilia n'arrivait pas à le croire. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle voyait. Ce n'était pas possible, elle était en train de rêver. Oui, sûrement. Un tel monstre ne pouvait pas exister. Et pourtant, Emilia avait beau cligné plusieurs fois des yeux et se persuader de se réveiller, rien à faire, elle se trouvait toujours face à lui.

— Bien le bonjour ! Je suis le monsieur Koro, le professeur principal de la classe E, se présenta-t-il comme si de rien n'était. J'ai eu le temps de faire un petit tour à la supérette pour t'acheter une glace en guise de bienvenu !

— Vous êtes hideux, lâcha-t-elle après quelques secondes de silence. Alors c'est vrai, c'est vous qui avez fait explosé et qui va faire exploser la Terre en fin d'année ? Vous faites vraiment peur.

Enfin, ce n'était pas réellement de la peur. Ce monstre n'était pas menaçant ni effrayant, mais Emillia ne pouvait s'empêcher d'éprouver un sentiment de méfiance vis-à-vis de lui.

— Vous voyez, je vous l'avais dit que vous lui ferez peur ! s'exclama le même élève que tout à l'heure, en riant bien fort.

Ignorant le duel qui s'installait entre les élèves et le professeur, Emilia se dirigea au fond de la classe, vers la place libre, près de la fenêtre. Quelques adolescents se retournèrent à son passage, mais elle les ignora royalement. Après sa présentation, elle était sûre que personne ne viendrait la déranger.

— Emilia ! Je suis vraiment vexée que tu penses ça de moi, poursuivit le professeur en se déplaçant instantanément. Tu verras, je suis sûr que tu t'entendras bien avec tout le monde et que vous réussirez à me tuer avant la fin de l'année !

— Ne viens pas me parler, le monstre, contra Emilia en lui jetant qu'un bref regard. Je ne compte pas m'entendre avec des cancres, je ne parle pas à des gens aussi bas. Et puis, ne venez pas me mêler à votre histoire de vous tuer avant que vous ne fassiez exploser la Terre, je laisse les débiles de cette classe s'occuper de ça.

— Les débiles, comme tu dis, empocheront une belle prime pour la mort du prof', répliqua un élève, un grand brun avec un air d'abruti. Alors t'as raison, ne viens pas te mettre en travers de mon chemin.

— Terasaka, s'il-te plaît, l'interrompit monsieur Koro.

Il se tourna ensuite vers Emilia, toujours ce même sourire collé à son visage.

— Je sais que tu viens d'arriver dans cette nouvelle classe et qu'il est normal que tu méprises mes élèves. Tu ne les connais pas et durant ta scolarité, tu les as rabaissé, comme tout le monde. Cependant, je sais que tu es assez intelligente pour comprendre que ce ne sont pas des cancres, mais des personnes, comme toi. Tu vas bien vite te rendre compte.

— Peu importe ce que vous me direz, je continuerai de penser que je suis supérieure à eux car c'est la vérité, que vous l'acceptiez ou non. Personne dans cette classe n'arrivera à vous tuer. Sérieusement, vous y avez vraiment cru ?

Elle venait de se tourner face à la classe E, un rictus aux lèvres.

— Vous n'allez pas me dire que vous avez l'espoir de le tuer ? Ce monstre se déplace à mach vingt. Si des adultes n'ont pas réussi à le tuer, alors c'est certainement pas vous qui allez le faire. Ça ne sert à rien d'essayer, autant abandonner tout de suite. Comme moi, j'ai abandonné le fait de revoir un jour ma sœur. Il n'y a plus qu'à attendre patiemment la mort.

Mais alors qu'elle s'attendait à voir des têtes se baisser et des regards se voiler, tout le contraire se produisit. Les yeux de ces cancres brillaient d'une forte détermination, leurs lèvres dessinaient un grand et fin sourire. Emilia resta bouche bée face à cette réaction. Mais qu'est-ce qu'il leur prenait ?

— Comme tu le peux le voir, mes élèves ne sont peut-être pas les meilleurs du collège, mais eux, ils ne baissent pas les bras comme toi, rit le professeur Koro, des traits verts apparaissant sur son visage. Emilia, je ne peux rien te dire au sujet de la mort de ta sœur. Mais j'ai moi-même perdu un être cher qui ne méritait pas la mort non plus. Et pourtant, j'ai décidé de continuer à vivre, de ne pas laisser la tristesse m'envahir. Car cette personne n'aurait pas souhaité que je renonce à vivre.

À ces mots, il tourna les talons pour se diriger vers le tableau, et lança joyeusement à ses élèves :

— Bien, reprenons le cours de mathématiques.

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CHAPITRE 10 TERMINÉ
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