𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre quinze —— Dans la Forêt
« Observe, déduis, puis agis. »

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Un étrange silence planait dans la forêt. Seuls les chants des oisillons et les bruissements des feuilles venaient remplir l'atmosphère d'un calme presque apaisant. Et pourtant, parmi le décor calme et insouciant de cette nature luxuriante, et coloré de jolies fleurs de printemps, une tension planait dans l'air.

L'exercice avait commencé depuis déjà quinze bonnes minutes. Comme Emilia s'y attendait, sa classe était tous parfaitement silencieux. Venant de personnes qui devaient assassiner quelqu'un, la jeune fille n'en attendait pas moins.

Et même si cela lui faisait mal de le reconnaître, ces cancres excellaient dans le camouflage. Elle n'avait pas encore pu observer leur capacité du maniement des armes, mais elle se doutait aisément qu'ils maîtriseraient cette partie-là également.

Emilia marchait dans le plus grand des silences, aux aguets du moindre bruit qui pourrait trahir la présence d'un autre élève. Ses pas étaient légers, sa respiration contrôlée, et ses yeux balayaient les alentours par de rapides coups d'œil.

Elle ne s'attendait pas à ce que les arbres soient aussi hauts et la nature aussi abondante. Tous ces éléments créaient une ambiance parfaite pour être au calme et s'endormir, baigné par les rayons du soleil qui inondait la clairière.

Les trois autres membres du groupe se trouvaient aux côtés d'Emilia : Karma devant elle, et les deux autres derrière. Ces trois-là aussi se débrouillaient bien lorsqu'il s'agissait d'être discret et de garder son sang-froid.

Emilia soupira intérieurement, ennuyée. Elle en avait déjà marre de cet exercice. Elle désirait juste reprendre l'ordinateur portable de sa sœur et poursuivre sa petite enquête. Et malgré ça, elle se retrouvait à jouer aux derniers survivants avec des cancres de bas étage.

Elle leur avait pourtant proposé de se poser dans un buisson et d'attendre que des élèves passent près d'eux pour ensuite les éliminer. Mais tous les trois avaient refusé catégoriquement de le faire, disant qu'il fallait prendre des risques s'ils voulaient survivre.

Enfin, Emilia comprenait ce point de vue. Il n'empêchait qu'elle n'était pas bonne en matière d'assassinat, que la petite du groupe semblait fragile, tout comme son ami Nagisa. Seul Karma semblait tenir la route. Après tout, il s'était déjà battu, alors il devait être dans son élément, en ce moment-même.

Mais surtout, la brunette avait aperçu deux des cancres équipés d'un sniper. Si le groupe venait à croiser ces deux-là, il était sûr qu'au moins deux membres seraient éliminés dès qu'ils seront dans leur champ de vision. Au moins, Emilia aura terminé rapidement cet exercice.

Pourtant, malgré sa forte envie de tout plaquer et de rejoindre le bâtiment de son côté, sa fierté venait entraver cette idée. Hors de question qu'elle perde contre des cancres. Même si elle était exécrable en sport, encore plus en assassinat, elle n'allait pas abandonner et donnerait le meilleur d'elle-même, même si tout cela allait lui coûter quelques efforts.

Quelle tête pourrait bien tirer Karma si je le bats dans sa matière favorite ? se demanda-t-elle avec malice. Enfin, ça ne va pas être facile. Mais les cancres restent des cancres, ils sont juste bêtes et bons en force brute.

Soudain, Karma se stoppa et fit signe au groupe de s'arrêter. Comme Emilia détestait recevoir des ordres ! Encore plus lorsqu'il s'agissait de personnes inférieures à elle. Mais elle ne dit rien, retint sa rage contre le collégien, et observa les alentours, attentive. Pourquoi s'arrêtaient-ils ?

Et c'est là qu'elle perçut un léger bruit de pas. Presque inaudible, imperceptible, mais Emilia l'avait réellement entendu. Au vu de la manière dont le bruit était produit, quelqu'un devait se trouver une trentaine de mètres plus loin, derrière les gigantesque chênes.

D'un signe de la main, Karma ordonna au groupe de prendre de la hauteur. En quelques secondes, les trois cancres se tenaient sur une branche d'un arbre. Emilia lança un regard noir au chef, qui lui, arborait un air moqueur. Évidemment, il savait pertinemment qu'elle ne savait pas monter aux arbres.

Elle se cacha rapidement un buisson et sortit discrètement sa mitrailleuse, les mains légèrement tremblantes. D'un rapide coup d'œil, elle détailla son arme et saisit son maniement. Les pas se rapprochaient d'elle. Celle-ci pouvait discerner deux personnes, où étaient les autres membres ?

Ils se seraient séparés ? Ou bien est-ce qu'ils tendent un piège ? réfléchit Emilia, soucieuse.

Cette situation la stressait terriblement. La tension était palpable dans l'air, les bruits aux alentours semblaient être de plus en plus fort. Le cœur de la jeune fille s'emballait dans sa poitrine, elle sentait son corps pétrifié sur place, ses doigts se crisper. Et pourtant, elle allait devoir agir.

Kayano descendit silencieusement de son arbre pour se poser aux côtés d'Emilia, un franc sourire aux lèvres. La brunette aurait souhaité lui demander pourquoi est-ce qu'elle était descendue, pourquoi cette idiote n'était pas restée postée en hauteur ? Mais elle se retint et ne dit rien, observant le visage rayonnant de la petite.

Est-ce qu'elle est vraiment descendue parce qu'elle ne voulait pas me laisser seule ? se demanda Emilia, légèrement surprise.

Kayano était parfaitement calme, gardait son sang-froid et se concentrait sans aucun mal. A côté, Emilia se sentait terriblement pitoyable de paniquer d'une telle sorte face à des cancres, cela ne lui ressemblait. Alors elle prit une grande bouffée d'air, calma les battements de son cœur frénétiques, et sortit son corps de sa torpeur.

Hors de question que je perde, se dit-elle avec une étrange détermination.

Alors Emilia prit les devants. Même si elle sous-estimait beaucoup les cancres, ils n'étaient pas totalement idiots et bons à rien. D'après elle, ils tendaient un piège en utilisant deux membres du groupe comme appât. Les deux autres devaient sûrement être postés en haut d'arbres non loin.

Si Karma et Nagisa s'occupaient des deux cancres en hauteur, alors Kayano et Emilia élimineraient l'autre moitié du groupe au sol. La jeune fille jeta un rapide coup d'œil à Karma, visiblement concentré en direction des pas, son arme en mains.

Est-ce que c'est son plan ? Est-ce que c'est ce qu'il a prévu ? se demanda Emilia, songeuse.

Mais alors qu'elle allait s'avancer, le sifflement d'une balle la traversa. Il provenait du côté droit, et semblait se diriger droit vers Kayano. Sans réfléchir, Emilia poussa sa camarade, et esquiva de justesse la projectile.

— On est repérés, pesta la brunette.

— Merci, je ne l'avais pas vu arriver, souffla Kayano.

— Ne crois pas que je l'ai fait par sympathie. Je veux juste que notre groupe reste complet, et surtout, je n'aime pas être redevable.

Avant que la petite collégienne répondit quoique ce soit, Emilia perçu une seconde balle, à sa gauche cette fois-ci. Elle se leva d'un bond, et entraîna Kayano avec elle. Il fallait absolument qu'elle trouve l'endroit où était posté les deux autres élèves.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Kayano avec une pointe de panique dans sa voix. On ne sait pas où sont les tireurs, et les élèves au sol vont bientôt nous tirer dessus !

— On va faire exprès de tomber dans leur piège. On va d'abord se diriger vers les élèves au sol et les éliminer, sauf qu'on les attirera derrière de grands arbres. Avec ça, les tireurs devront sortir de leur cachette, et à ce moment-là, Karma et l'autre pourront leur tirer dessus.

— L'autre c'est Nagisa ! Et comment comptes-tu éliminer les membres au sol ? On a perdu l'effet de surprise, puisque les tireurs ont fait vachement de bruit !

— Je vais faire l'appât. Pendant ce temps, tu les contourneras pour leur tirer dessus. J'espère que tu réussiras cette simple tâche.

Les deux jeunes filles s'élancèrent en direction des deux élèves au sol, le souffle court. Elles slalomèrent entre les différents arbres, esquivant toujours les balles des deux tireurs. Enfin à l'abri, la fusillade s'arrêta. Les deux ennemis se trouvaient désormais qu'à une quinzaine.

— Bien sûr que j'y arrivera, compte sur moi ! murmura Kayano avec un grand sourire aux lèvres.

Emilia ne savait pas pourquoi ni expliquer comment, mais sûrement pour la première fois de sa vie, elle faisait confiance à quelqu'un.

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CHAPITRE 15 TERMINÉ
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