𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre un —— Un Réveil Habituel
« Vous qui entrez dans le bal de la vie, choisissez bien votre masque. »

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— EMILIA, IL VA FALLOIR que tu te lèves !

La voix de sa grande sœur tira la jeune fille de son doux rêve. Enroulée dans sa couverture, la tête enfouie dans son oreiller, elle refusait de se lever et souhaitait simplement replonger dans ses songes. Malheureusement, elle savait que son plus grand rêve restait impossible, alors elle se résigna.

Encore un peu endormie, elle se frotta les yeux d'un geste nonchalant et se releva de son lit. Déjà ? C'était comme si sa nuit n'avait duré que quelques secondes.

Avec paresse, elle ouvrit péniblement les yeux. Presque instantanément, son regard croisa immédiatement celui de sa sœur, assise au bord du lit. Celle-ci lui adressa un regard tendre, ses yeux verts brillant d'affection.

— Bien dormi ? Maman m'a demandé d'aller te réveiller, puisqu'elle est occupée à préparer le petit-déjeuner, commença-t-elle avec entrain. Tu devrais te dépêcher, ou je risque de tout manger !

— Adella, tu n'as déjà pas faim le matin, alors tu ne vas certainement pas prendre ma portion, pouffa Emilia.

— Tu me connais que trop bien !

À ces mots, Adella se leva puis sortit de la pièce d'un pas pressé. Emilia jeta un coup d'œil à son réveil : six heures. Il lui restait seulement deux heures, elle allait devoir se dépêcher. L'adolescente se leva lentement et tira d'une traite les rideaux de sa chambre. Presque immédiatement, la pièce fut baignée par les rayons du soleil.

Celui-ci se dessinait déjà sur l'horizon et commençait à s'élever. Les nuages avançaient paresseusement dans le ciel bleu, poussés par la brise matinale. Emilia ouvrit la fenêtre pour sentir l'air frais sur son visage. Il faisait doux dehors, le mois de mai s'annonçait plutôt bien.

Voilà un mois que la rentrée d'Emilia s'était déroulée, et à merveille, comme toujours. Elle avait atterri dans la 3-A, la meilleure des classes de troisièmes. Emilia faisait partit de l'élite et elle le savait, elle méritait de loin sa place dans cette classe.

Tous ses amis étaient avec elle, et même que le fils du proviseur était dans sa classe. Il était d'ailleurs très gentil à son égard. Aussi, Emilia avait retrouvé toute sa popularité. Elle recevait des tas de compliments de la part de presque tout le collège, ça lui avait terriblement manqué durant les vacances.

— Je me demande si je trouverais l'amour cette année, s'amusa-t-elle, rêveuse.

De nombreux garçons lui avaient déclaré son amour l'année dernière, mais encore aucun n'étaient sortis avec elle. Il fallait dire que la jeune fille ne traînait pas avec n'importe qui, et ne sortirait jamais avec un garçon juste banale, elle visait bien plus haut. Ses goûts et ses envies étaient extrêmement précis, tellement que, d'après elle, aucun garçon du collège ne lui arrivait à la cheville.

Sur son bureau un peu plus loin, son téléphone vibra, signe que quelqu'un venait de lui envoyer un message. Même si, étrangement, Emilia était bien curieuse de savoir qui pouvait bien venir lui parler à une heure pareille, elle devait d'abord se préparer pour aller en cours.

Elle sortit de sa chambre, dévala les escaliers, puis entra dans l'immense pièce qu'était la salle à manger. Sa mère était là, en train de préparer des churros avec du chocolat. L'odeur enivrante du petit-déjeuner creusa l'appétit de la collégienne.

— Bonjour maman ! salua-t-elle en se mettant à table.

— Buenos días, Emilia. Je t'ai préparée des churros, mais si tu préfères, je peux te les garder au chaud et tu pourras les manger à la récréation, comme ta sœur !

— Non, ne t'inquiète pas, ça ira !

Juste à côté d'Emilia, Adella buvait son café au lait tout en révisant ses fiches de cours. Il devait y en avoir au minimum une dizaine, et toutes portaient sur le même sujet : le droit et la justice. La mère servit les churros à sa fille, puis débarrassa ce qui traînait sur la table avec empressement.

— Tu rentres à quelle heure, Emilia ? questionna soudainement la grande sœur en ne détournant pas le regard sur ses fiches.

— Alors... réfléchit l'intéressée, en prenant une bouchée de son petit-déjeuner. Aux alentours de dix-huit heures le temps que je rentre, pourquoi ?

— C'était pour savoir... Je pensais qu'on pourrait aller ensemble faire les boutiques, mais il sera trop tard.

Adella avait répondu d'un ton calme et posé, décontracté comme à son habitude. Emilia fronça les sourcils, pas vraiment satisfaite de cette réponse.

Sa sœur venait d'intégrer une école de droit. Elle rentrait toujours très tard et passait souvent ses nuits à faire ses devoirs ou à réviser. L'entendre qu'elle pensait aller faire les boutiques en pleine semaine était impensable et inimaginable.

Néanmoins, Emilia n'insista pas auprès de sa sœur. Même si elle se doutait qu'Adella lui avait menti, elle ne préférait pas la questionner davantage. Peut-être qu'elle finissait plus tôt ? Dans tous les cas, peut-être qu'elle et Emilia pourraient faire les magasins ce week-end plutôt ?

— Papa rentre à quelle heure ? poursuivit Adella en changeant complètement de sujet.

— Il m'a dit que son avion atterrirait à vingt-deux heures. Et d'ailleurs, Emilia, tu devras prendre tes clés, il n'y aura personne à la maison, l'informa sa mère en sortant de la cuisine.

Emilia et Adella terminèrent rapidement leur petit-déjeuner, avant que chacune aille se préparer dans leur chambre respective. Emilia fit sa toilette avant d'enfiler l'uniforme du collège. Une fois totalement prête, elle fila se voir dans son miroir.

Ses longs cheveux bruns, parfaitement lissés, retombaient gracieusement sur ses épaules. Sa jupe grise, sa chemise et sa veste étaient impeccables. Emilia prit la cravate qui pendait sur un cintre, puis la noua autour de son cou et la rentra dans sa veste. Pour finir, elle se parfuma et s'admira une énième fois, un fin sourire aux lèvres.

En tant que personne populaire, elle se devait de garder cette image irréprochable, alors le moindre détail comptait énormément. De nature perfectionniste, l'adolescente veillait toujours à ce que chaque chose soit parfaite. Elle jeta un dernier coup d'œil à son réveil, il était temps qu'elle y aille.

Emilia empoigna son sac de cours et son téléphone, puis sortit de la pièce. Elle passa devant la chambre de sa sœur, puis se stoppa net dans sa marche. Elle allait oublier de lui demander si elle voulait faire les magasins ce week-end !

La jeune fille ouvrit la porte avec le sourire aux lèvres. Cela faisait presque un mois qu'elle n''était pas sortie avec sa sœur, ça allait lui faire du bien de passer un peu de temps avec elle.

Mais lorsque Emilia entra dans la pièce, son regard croisa celui d'Adella. Horrifiée, ses yeux étaient écarquillés. Avant que la collégienne ne puisse faire le moindre mouvement, l'étudiante se précipita sur son ordinateur, posé sur son bureau, et l'éteignit net.

Surprise par l'attitude de sa sœur, Emilia demanda :

— Tu me caches quelque chose ?

Ce n'était même pas une question, elle connaissait déjà la réponse. Mais contre toutes attentes, Adella lui répondit joyeusement :

— Non, rien du tout, tu voulais me dire quelque chose ?

— Pourquoi est-ce que tu t'es affolée en me voyant ? Il y a quelque chose que je ne dois pas voir sur l'ordinateur ?

Adella mit quelques secondes avant de répondre :

— C'est quelque chose de très important pour moi.

À l'entendre, la jeune étudiante paraissait mélancolique. Emilia haussa simplement les épaules, n'ayant pas vraiment l'envie d'en savoir plus. Ça ne l'intéressait pas, et de plus, elle allait finir par arriver en retard si elle ne partait pas bientôt.

— Emilia, tu sais que, peu importe ce qu'il pourrait arriver, tu n'abandonnerais jamais, pas vrai ? Que peut importe ce qu'il peut m'arriver, tu ne m'abandonneras pas, hein ?

Cette question n'étonna pas vraiment Emila. Elle savait que sa sœur pouvait se montrer lunatique, parfois même illogique ou juste niaise dans ses propos ou ses questions.

— Euh... bien sûr. Après tout, tu es ma sœur, pourquoi est-ce que je t'abandonnerais ? Même si plus rien ne va, je garderais espoir et je continuerais à avancer.

— Oui, tu as raison. Tu étais venue pour quelque chose en particulier ?

Légèrement déroutée par ce changement de sujet, Emilia expliqua :

— C'était juste pour te dire qu'on pourrait aller faire les magasins ce week-end ? Ça fait longtemps qu'on n'est pas sorties ensemble, proposa la collégienne avec un sourire.

— Ce week-end... Je ne peux pas, je vais être très chargée durant les prochaines semaines. Oh, mais tu as vu l'heure ? Allez viens, on doit y aller ou on va être en retard !

Avant qu'Emilia ne puisse dire quoique ce soit, sa grande sœur la poussa hors de la chambre, et elles descendirent ensemble jusqu'au rez-de-chaussée.

Même si Emilia était légèrement inquiète du comportement soudain de sa sœur, elle n'y prêta pas plus attention. Elle était juste comme d'habitude. Et puis, si cela ne la concernait pas, alors elle s'en fichait.

Juste avant de refermer la porte d'entrée, elle prit les clés posées sur le meuble du couloir, et s'en alla.

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CHAPITRE 1 TERMINÉ
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