Chapitre 2

La porte venait à peine de se refermer sur la furie qui me servait de soeur que les commentaires fusaient déjà.

- Elle n'a pas l'air facile à vivre... remarqua Jin. C'est normal que ça me rappelle quelqu'un ?

- Au moins deux ans avec elle on va pas s'ennuyer. Puis elle est mignonne.

- C'est pas le moment de tomber amoureux Hoseok !

- Elle ne peut pas être aussi dure à supporter que son frère...

De tous les membres, seul Jungkook était resté de marbre, sans ouvrir la bouche ni même détacher la porte des yeux.
Il semblait comme irrationnellement envoûté par ce qui pourrait se cacher derrière celle-ci. Ou peut-être ce qui s'était caché...

J'ai passé ma main devant ses yeux pour qu'il cesse de penser à je-ne-sais-quoi et qu'il puisse m'écouter.

- Jung Kook ?

Ses yeux reprirent immédiatement leur éclat de malice. Mais derrière il cachait un autre sentiment indéchiffrable.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien. Tout va bien.

- Tu me semblais comme... fasciné...

- Tout va bien, Hyung, t'en fais pas.

Puis il tourna le dos et emporta avec lui toutes les réponses aux questions qui me grignotaient la tête.

***

- Tu ne trouves pas JungKook bizarre ces temps-ci ? Ai-je demandé à Suga une fois la suite de l'entraînement terminée.

Nous étions dans la chambre que nous partagions, nous débarrassant de ces bouts de tissus trempés de sueur que nous ne pouvions plus appeler "vêtements" désormais. Maintenant il s'agissait de simples chiffons mouillés en forme de tee-shirts.

- Comment ça bizarre ?

- Comme... distant. Ses pas étaient hésitants et lents, alors qu'il est usuellement le plus rapide à apprendre les nouvelles chorégraphies.

- C'est sûrement qu'une passade. Tu penses qu'il a été perturbé par l'apparition de ta soeur ?

J'ai hopine du chef.

- Après tout on a tous étés surpris par son arrivée, seul le manager le savait déjà. Peut-être que c'est l'idée d'une coloc qui l'effraie.

- Tas sûrement raison.

''Moi aussi ça m'effraie'' ai-je pensé.
Mais j'ai laissé ces mots trotter dans ma tête sans avoir le courage de les dire à voix haute.

***

Des myriades d'oiseaux aux couleurs tropicales virevoltaient déjà vers d'autres cieux quand il s'approcha du bord de la falaise.

Le sable avait cette particularité d'effleurer ses pieds sans jamais le brûler, comme une caresse dont il ne se lassait jamais.

Le vent soulevait ses cheveux, et soulevait son tee-shirt lui promettant mille et une choses.

Mais le clou du spectacle c'était ces eaux d'un bleu utopique comme il n'en existait que dans les films, qui l'attiraient plus que tout.

Soudain il n'avait plus qu'une envie : se jeter à l'eau, irrémédiablement.
Son tee-shirt et son bermuda atterrirent sauvagement sur le sol, le laissant simplement en maillot de bain.

Il s'apprêtait à sauter quand une voix le retint.

- Je ne ferai pas ça si j'étais toi JungKook.

C'était une voix féminine, qu'il était sûre de connaître, mais lorsqu'il se retourna il fut assailli par le doute.

La fille qui se tenait devant lui collait parfaitement à l'image qu'il avait de la beauté humaine, une complémentarité dans ses traits, et sa beauté lui faisait penser à un ange.
Des cheveux noirs comme la cendre, de la même couleurs que ses yeux abyssaux, et autour d'elle une robe blanche virevoltant comme si elle pouvait s'envoler à tout moment.

Il l'avait déjà vue quelque part, il en était sûr, mais où, il n'en avait plus la moindre idée.

Il ne se demanda pas comment avait elle pu arriver là sans qu'il ne l'entende, ni comment elle avait pu apparaître si soudainement. Il restait là, sans un mot, à la contempler, subjugué par tant de splendeur.

- Pourquoi ? Trouva-t'il simplement à répondre.

- Tu ne vois pas les rochers en bas ? Si tu sautes tu risques de mourir.

Il hesita soudain. Jusqu'alors, il n'avait eu qu'une envie : plonger ; mais à présent il hésitait.

Il crut discerner des traits familièrs chez elle. Il lavait deja vue. Oui c'était certain... mais où ?

"Cherche Jung Kook, allez..." Il se forçait à se souvenir. Puis tout-à-coup la réponse lui vont en tête.

NamLee.
C'était elle.
Il ne se souvenait plus qui elle était, ce qu'elle représentait pour lui, ni où il l'avait rencontrée, mais ce simple nom s'imposa dans son esprit.

- Tu veux dire que...

Mais le temps d'un clignement d'yeux et devant lui ne se tenait que le bord de la falaise, comme si tout n'avait été qu'un rêve.

Puis il ouvrit les yeux dans l'obscurité, trempé de sueur.
La nuit rentrait par tous les ports de sa peau, lui rappelant qu'il était seul, au milieu de toute cette atmosphère engourdie.

"Ce n'était qu'un rêve", se dit-il, tandis qu'il fermait les yeux dans l'espoir de vite retomber dans un sommeil sans rêves, sans savoir que dans le petit appartement il n'était pas le seul réveillé dans la nuit noire.

***

Il prit le temps de laisser ses pensees vagabonder vers son enfance.

Dans la chambre, il se sentait seul, seul éveillé parmi tous ces dormeurs, seul tourmenté parmi les insouciants, seul prisonnier dans un monde de fugitifs.

Dans ces moment-là, la nostalgie l'accaparait et ses souvenirs lui revenaient en masse, sans meme qu'il puisse les retenir.

La poussière des livres de la bibliothèque.

L'odeur du désinfectant de l'hôpital.

La froideur de la neige sur son corps chaud.

Le goût d'une larme entre ses lèvres.

La neige qui tombait sur les toits, maculait les trottoirs et empêchait la foule de se regrouper.

Seul le silence répondant aux cris du vent.

Dans les rues, personne.

Personne ou presque.

Car dans le brouillard, si l'on y prêtait attention, on pouvait distinguer deux enfants.
Les flocons constellaient leurs corps, les faisaient se fondre dans le décor, comme si le souffle du vent pouvait les effacer, ces petites choses fragiles transies de froid, mais surtout glacées de peur.

Ils se demandaient si quelqu'un les remarqueraient, si le monde changerait, une fois que le leur se serait écroulé.

Ils se demandaient s'ils ne pouvaient pas exister autre part que dans leur monde.

Ils voulaient connaître la réponse autant qu'ils la redoutaient.

Souffle chaud contre vent froid.

Cheveux noirs contre poudre blanche.

Larmes contre flocons de neige.
Tristesse contre solitude.

Il ne se laissa pas attendrir d'avantage et refusa de ruminer ces sombres pensées, se laissant emporter par les rêves et il s'engourdit avant même de se rendre compte des perles qui maculaient son oreiller.

***

Des centaines de corps s'agitaient déjà sur le son de "I like That" quand je suis entrée dans la salle.

Ici, je me sentais enfin chez moi, loin de toute cette atmosphère tendue qui régnait chez les 7 inconnus que j'avais rencontrés cette après-midi.

Mes pieds avancèrent comme par réflexe vers le bar, comme si c'était le seul endroit vers lequel se diriger, et ma bouche se sentie le droit de commander deux bières sans même concerter mon cerveau.

Non, je n'étais pas accompagnée, mais je prenais toujours deux bières ici, ai-je répondu au nouveau serveur.

Oui, j'habitais le quartier.

Non je n'allais pas y rester toute ma vie.

Subrepticement j'arrive à m'éclipser dès que de nouveaux clients arrivent, me libérant ainsi de l'emprise du serveur.

Je ne sais pas vraiment où aller, parmi toute cette foule.

Je pourrais me mélanger aux autres, danser un bon coup, boire la bière puis rentrer, mais je ne suis pas vraiment sûre d'en avoir envie.
Je n'ai pas envie de grand-chose ces temps-ci.
Plus envie d'aller à la fac.
Plus envie de manger.
Plus envie de dormir.
Plus envie de rien.

Alors je me plaque contre un mur, dans l'espoir que personne ne me remarque, et je reste la, sans bouger.

Je n'ai aucune idée de pourquoi ; peut-être que je me dis que personne ne va me remarquer.

Peut-être que tout le monde va oublier, une fois que tout ce que j'ai connu disparaîtra, une fois que tout ce qui construisait mon monde s'effacera, je ne serai plus rien, rien qu'une fille anonyme.

''Respire, je t'en supplie respire Nam".

Il faut que je me calme.

"1, 2, 3..."

Les larmes envahissent mes yeux.

"Inspire."

Je sens que j'étouffe.

"Expire."

Est-ce qu'il est possible de mourir d'étouffement dans un endroit normalement constitué en oxygène ?

Je sens que je vais mourir, ici, que je vais tomber dans un précipice, que j'y suis déjà en fait, et que je ne suis rien.

Au fond, je ne suis rien. Je n'ai personne qui pourrait témoigner de la vie que je mène, pas d'amis, plus de famille, plus de...

"Rappelles-toi tu as Namjoon."

Mes mains tremblent à nouveau.

"Ton frère"

Ma gorge renferme trop de sanglot pour que je réussisse à respirer normalement.

L'odeur de renfermé de ces grandes salles blanches me revient.

Les bruits sourds des pas des femmes en blouse blanches, avec ces bonnets de nuit sur la tête.

Il faut que je sorte. Tout de suite.

Il faut que je coure.

Dans un élan de rapidité, mes jambes s'activent.

"Cours"

"Respire"

Je ne peux retenir ces larmes qui déambulent le long de mes joues.
Je ne peux contenir ces cris qui ne demandent qu'à sortir.
Je ne peux me retenir de tout en fait.

Je cris, je pleure, et une fois à la maison, je me promets d'oublier à nouveau.

"Respire."

Sur la table du salon, trône un petit carnet que mon père à dû laisser là lorsqu'il est rentré pour la dernière fois à la maison.

"1."
Ça me donne une idée.
Je m'installe à la table devant le carnet et m'empare du stylo.

"2."

De ma plus belle écriture, ordonne au stylo de frôler la page.

Comment rendre la vie impossible à son frère, en 10 étapes.

"3."

***

Voilà, avec ce chapitre, le début de l'histoire est vraiment lancé ! J'espère qu'il vous a plus, et dans les deux cas n'hésitez pas à me le dire.

Je voulais absolument poster ce chapitre aujourd'hui, car je veux le dédier à @nashiro-_ qui a trouvé le nom de cette fiction et m'aide énormément dans tous les chapitres. 😘😚😙
Donc pour ça, merci beaucoup !!! Aishiteiru (jsp comment on l'écrit...) 사랑해 ! 😗

Évidemment tu n'es pas la seule, mais c'est ton anniversaire aujourd'hui, et voilà mon cadeau ! 🎁 J'espère que tu recevras pleins de cadeaux (mieux que le mien) et que... ce chapitre te plaira (ça serait plus pratique !) 😆

Je vous conseille d'ailleurs de lire sa fiction qui ne dure d'un chapitre, mais est franchement hilarante : Servant of Potato

Je voulais poster à jour fixe, tous les jeudis, mais je poste aussi pour les anniversaires, je vais donc être obligée (^^) de poster le prochain chapitre le 12 septembre... parce que je dois quand même respecter mon bias !

Donc... n'hésitez pas à commentez, votez, critiquez et partager !

À bientôt !
Peace

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