32. tempestas
Jimin regardait le paysage défiler, laissant silencieusement Jungkook suivre les recommandations du GPS jusqu'à leur prochaine destination. Ils avaient passé la journée à écumer les entrepôts et la journée avait été fatigante mentalement: la frustration de ne rien trouver, leur dispute...
A chaque hangar où ils s'aventuraient, ils avaient toujours le même espoir: celui de trouver un indice. Puis le même désespoir et la même désillusion.
De temps à autre, ils tombaient sur des hangars encore en activité et avaient même croisé des travailleurs. Le grade de Jungkook était un atout: leur permettant de fouiner même en présence de civils, même si Jimin préférait le silence des hangars où la poussière avait déjà eu le temps de recouvrir tout ce qu'ils gardaient précieusement depuis des années.
« On est bientôt arrivés à Punggok. », l'en informa Jungkook en souriant devant l'air absent du blond. « On y dort et on reprendra demain.
— Il risque de faire froid. », soupira Jimin.
« On s'en sortira. Tu as repris de quoi faire un feu ? »
Et le blond acquiesça silencieusement. Jungkook soupira. Même si le blond était plus égayé qu'en début de journée, il avait l'impression qu'il avait encore une once de tristesse en lui. Alors il quitta la route des yeux un instant, caressant la joue du blond avant de porter son attention sur la conduite. Il ne pouvait rien lui dire pour le moment, et cette sensation le frustrait.
Le bleu foncé du ciel de fin de journée se couvrait trop vite de gris et quelques timides gouttes venaient se perdre contre le pare-brise avant d'être dégagées par les lames des essuie-glaces. Jungkook le regardait d'un air méfiant: s'il devait pleuvoir en plus du froid latent, il craignait qu'il ne fasse trop humide.
Et la crainte de Jungkook fut justifiée lorsque le ciel devint aussi sombre que la cendre et que les gouttes tapaient maintenant sur le pare-brise avec véhémence, jusqu'à devenir un défilé chaotique qui l'empêchait de voir correctement.
Heureusement leur destination n'était plus très loin et Jungkook n'eut que quelques minutes d'enfer à conduire les yeux plissés pour y voir son chemin. Ils attrapèrent leurs sacs puis coururent rapidement se mettre à l'abri dans l'entrepôt. Quelques secondes à peine sous la pluie battante les avait pourtant trempés jusqu'à l'os.
« Putain... », lâcha Jungkook.
Son treillis était trempé bien que son haut ait davantage résisté. Il jeta un regard à Jimin dont les vêtements étaient dans un sale état.
« Qu'est-ce qu'on fait ? Tu vas attraper froid. On serait mieux de reprendre la voiture et retourner à BH pour la nuit.
— On va avoir une heure et demi de route, de nuit, sous cette pluie battante. Tu veux vraiment le faire ? »
Jungkook leva les yeux. Bien sûr que non, il aurait préféré éviter et passer un moment agréable au coin du feu avec le blond, mais il ne voulait pas qu'il attrape froid.
« Tu proposes quoi, alors ? Au pire des cas, on peut retourner dans la voiture même si c'est étroit.
— Commençons par allumer le feu. Ça ira. J'ai pris des couvertures.
— Ok. »
La bruit battait contre la tôle, résonnant dans leurs oreilles avec force, si bien qu'ils n'entendaient rien des crépitations du feu. Il n'y avait que la pluie, encore et encore.
Enfoui sous les couvertures, Jimin grelottait doucement, tentant de ne rien laisser paraître. Il s'était tant approché du feu, pour tenter de se réchauffer, que quelques centimètres de plus et il aurait plongé dedans.
« On dirait des scouts en galère. », s'amusa Jungkook.
Jimin tourna alors son visage vers lui et lui sourit, enfin. Puis il sortit un paquet humide de cigarettes de sa poche et en tendit une au châtain qui la considéra un instant avant de la coincer entre ses lèvres.
« Elles sont humides, tu crois qu'on va réussir à les allumer ?
— Ça ira, il suffit de la chauffer un peu plus pour la sécher et ça prendra. »
Alors ils fumèrent, silencieusement.
Il avait envie de toucher le blond, de l'approcher de lui et d'enfin prendre le temps de le toucher, mais lui aussi était encore trempé, et le blond commençait tout juste à se réchauffer sous les couvertures. Alors il abandonna l'idée.
« Plus tard. », lui murmura alors Jimin avec un faible sourire.
« Ok. »
Il inspira sur sa cigarette puis relâcha l'air toxique de ses poumons.
« Dis-moi... Nos téléphones sont dans la voiture... La voiture est à une vingtaine de mètres de nous. Nous avons un petit feu propice à nous raconter des histoires qui font peur... Est-ce que ça ne serait pas le moment de m'en dire plus sur toute cette surveillance et ton absence ?
— Tu as raison... En fait... A la base c'est parti de pas grand chose.
— C'est-à-dire ? »
Jimin relança sa cigarette en train de s'éteindre en l'approchant du feu. Ses yeux foncés fixaient les flammes qui dansaient au bout de ses doigts, se reflétant contre ses iris et contre sa peau.
« Nous sommes libres... Mais soumis à des règles.
— Pas si libres que ça, de toute évidence...
— Pas si libres que ça. », répéta tristement Jimin avant d'enchaîner, reportant la cigarette à ses lèvres. « Ils justifient ces règles en disant qu'il faut que nous soyons prêts au combat en toutes circonstances: la vérité est qu'ils ont peur de nous et préfèrent nous garder en laisse pour nous empêcher de faire quoi que ce soit contre eux.
— Le gouvernement ?
— Pas directement eux... L'Armée. Elle a une grande influence sur eux, ils vont l'écouter tant que leur opinion ne compromet pas leur intérêt, et leur intérêt réside dans l'opinion publique. Le problème de l'Armée est qu'elle ne veut pas de nous pour tout un tas de raisons, mais elle nous tolère parce que nous sommes utiles. Et... »
Jimin s'interrompit, posant un regard curieux sur Jungkook qui grimaçait.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je sais déjà tout ça...
— Ne sois pas si impatient, si je ne te repose pas le contexte, tu vas me mitrailler de questions dès que j'aurai fini ! »
Alors Jungkook ronchonna et attrapa la couverture sur ses épaules pour ne pas qu'elle glisse, se mettant contre la couverture de Jimin, dans son dos. Il passa ses bras autour de sa taille et ne cessa de ronchonner.
« Je suis pas impatient... », dit-il avec une moue amusante.
Il avait cet aspect si enfantin parfois, et tellement dominateur, impulsif et téméraire à d'autres moments. Mais de tous ces aspects, c'est bien celui-là que Jimin préférait: cet aspect naïf qui allégeait son cœur et son esprit de toutes les voix qui y résonnaient bien trop souvent.
Alors il offrit son sourire le plus sincère et déposa ses lèvres chaudes sur le nez froid et humide du châtain.
« Tu sens la fumée. », bougonna Jungkook en resserrant sa prise contre son ventre.
« On a allumé un feu et on fume, tu t'attendais à ce que je sente la rose ? », s'amusa le blond en se laissant basculer en arrière contre le cœur du plus jeune.
« Plutôt une odeur douce fruitée, et une arrière odeur atypique, comme de la lavande... Ça la relève, c'est unique. Tu sens bon... lorsque tu ne sens pas la fumée.
— Je comprends mieux.
— Hm ?
— Tu as un pouvoir, Kook. »
Les yeux de Jungkook s'écarquillèrent.
« J'ai un pouvoir ?!
— Oui. », fit Jimin en rigolant doucement sous sa couverture. « Tu as un nez de toutou. »
Jungkook soupira alors, prenant une expression blasée.
« Dire que je t'ai cru. Quelle naïveté.
— Les gens naïfs sont les gens qui font confiance. Ils font confiance parce que eux mêmes ne trompent pas les autres. Les gens naïfs sont les plus honnêtes. Ne change pas ce trait de ta personnalité parce qu'en avançant tu la considères comme un défaut. C'est celle que je préfère chez toi. »
Jungkook se perdit alors également à contempler le feu alors qu'il écoutait Jimin avec la plus grande attention. Il savait pertinemment que Jimin n'aimait pas le changement en lui, mais lui entendre dire était encore plus triste.
« Mais si je ne me méfie pas des autres, je me ferai avoir... Mais pour toi. Seulement envers toi, je continuerai de l'être. Pour les autres, ça relève de la survie, de corriger ce trait.
— Je sais... Tu n'aurais pas dû avoir à t'inquiéter de ce genre de choses...
— Pardon. », fit Jungkook en déposant ses lèvres parmi les mèches trempées de Jimin.
Ils s'étaient largement éloignés du sujet initial: qu'importe, la conversation était plaisante et ils avaient devant eux toute la nuit. Pourtant ce tournant peinait toujours Jungkook qui préféra les ramener à la discussion initiale.
« Et donc le Jungkook impatient, naïf, avec un odorat de chien, se demande bien où tu voulais en venir avec ton introduction.
— Ah ! J'en étais où ?
— L'armée vous trouve vilains mais vous tolère car vous êtes des vilains talentueux. Le gouvernement n'est qu'une pute qui pense aux élections mais sa confidente c'est la salope qui vous aime pas. Et dans tous les cas, elles vous utilisent mais ont peur de vous. »
Jimin rit alors et jeta son mégot dans les flammes qui le dévorèrent.
« Voilà, sur la théorie tu maîtrises. 10/10, excellent travail. On va pouvoir passer aux choses sérieuses... Ouvrez votre cahier, Sergent, nous allons entamer le chapitre deux !
— Je suis prêt à noter, maître ! »
Ils ne purent alors s'empêcher de prendre le temps de rire avant que le sourire de Jimin ne s'efface et ne laisse place au sérieux.
« L'Armée a demandé l'accès à tous nos fichiers de surveillance de BH et Namjoon pense qu'ils ont également mis sur écoute nos micro, sur les téléphones. Le Gouvernement a dit oui.
— Quoi ?! Mais pourquoi ? Vous êtes sous la responsabilité du p'tit gros, pas de l'Armée ! Même si vous avez des règles pour vous empêcher d'aller vous balader où vous voulez quand vous voulez et être prêts au combat, ça la regarde pas, elle !
— Ils ont des doutes sur la fiabilité de Bang.
— Pourquoi..?
— Parce qu'ils ont l'impression que Bang a couvert quelque chose en faisant disparaître certains enregistrements vidéos récentes, sur un contrôle surprise du système opéré par le gouvernement à la demande d'un certain Lee. Ils pensent maintenant que BH et nous complotons quelque chose.
— Lee ? Colonel Lee ?
— Je crois.
— .... Et Bang a-t-il vraiment fait disparaître ces vidéos..?
— Non... Namjoon l'a fait. »
Tant de questions brûlaient les lèvres de Jungkook, des questions qui se battaient pour savoir laquelle méritait d'être posée en première. Mais il avait peur de deviner la réponse de beaucoup d'entre elles, et il priait pour avoir faux.
« Qu'est-ce que c'était ? Les vidéos en question.
— La caméra de surveillance qui me filme quitter le building de BH en pleine semaine, un soir, tard, il y a un mois. La même caméra de surveillance qui me filme revenir le lendemain, tôt dans la matinée. La camera du parking quand je suis allé chercher la moto, et elle encore lorsque je suis sorti un samedi midi pour revenir un dimanche soir avec toi, alors que j'étais supposé être malade.
— ... Et c'est toi qui a demandé à Namjoon de les retirer...
— Non.
— Non ?
— Moi je ne savais même pas qu'il pouvait y avoir des contrôles de BH. Je me disais qu'au pire des cas Bang allait me sermonner, mais pas plus. Namjoon, en revanche, avait senti le coup venir, et je lui avais demandé de me couvrir alors... Il les a sectionnés et remplacés par un morceau ou rien ne se passait. En soit il n'y avait pas de trou, il n'avait pas trop le temps alors il a fait ça rapidement... Mais si le contrôle était en profondeur, alors le "loop" était visible. Personne ne pensait qu'ils allaient réellement regarder ça avec sérieux... Méfie-toi de Lee, Jungkook.
— Je m'en méfie déjà... », soupira-t-il en laissant sa tête basculée vers l'arrière regardant sans réellement y prêter attention la tôle contre laquelle l'eau continuait de cogner sans jamais se lasser. « Et Bang a couvert Namjoon ?
— Bang n'a pas été interrogé. Ils ne veulent pas que nous soyons méfiants. Ils essaient d'avoir une preuve que nous complotons. C'est Joon qui a remarqué une coquille et a découvert le pistage de l'Armée après le contrôle.
— Jimin...
— Hmmm ?
— Qu'est-ce qui arriverait s'ils n'ont pas d'éléments spécialement probant de trahison, mais juste une entorse aux règles ?
— S'ils considèrent qu'ils n'ont pas de preuves suffisantes, ils se contenteront de juger Bang pour faute, peut-être plus si on s'amuse encore à bidouiller le système et qu'ils le découvrent... Et si Bang n'est plus là, on passe sous la tutelle de l'Armée.
— Est-ce que c'est si grave que ça?
— Tu veux dire "Est-ce que c'est si grave en sachant pertinemment qu'elle préfère nous torturer pour effectuer des tests sur nous et comprendre la mécanique des pouvoirs et comment les procurer pour l'utiliser eux-mêmes sur des éléments fiables" ?
— Le gouvernement laisserait faire ça ?
— Tu crois qu'ils le leur diront ?
— Les gens suivent vos combats sur les médias, ils verront que vous avez disparu... Ce n'est pas ce que le gouvernement veut...
— Les gens se sont-ils posés des questions lorsque l'armée a pris le relais durant plus d'un mois ?
— Non, mais sur la longue je....
— Si l'armée parvient effectivement à trouver comment l'organisation nous a injecté des pouvoirs et créer des super-soldats plus fiables que nous capables de mieux les défendre, tu crois qu'on leur manquera ? Ou au contraire soutiendront-ils des super-soldats qui n'ont pas ravagés des quartiers entiers de Séoul, eux ? »
Le silence plana alors entre les deux. Jungkook s'en voulait. Jimin avait raison: toute cette situation était partie de rien, juste de eux deux qui mettaient le reste en danger. Juste d'un caprice. Mais il était trop tard pour faire marche arrière.
Il sera Jimin fort contre lui: qu'il soit ici relevait déjà d'un miracle. Il ne voulait pas qu'on le lui enlève. Tout paraissait subitement si précaire, si instable. Comme si la présence de Jimin ne tenait qu'à un fil qu'il avait inconsciemment remué.
« Je suis désolé...
— Ce n'est pas ta faute... C'est la mienne. Je n'ai pas réfléchi. Je n'aurais jamais dû aller te retrouver ce soir-là... Je n'aurais jamais dû te dire que s'échapper durant tout un week-end était possible... C'est moi qui ait été naïf. »
Il avait raison. Et pourtant ces mots crevaient le cœur de Jungkook.
« Dire que je t'en veux presque que tu aies des remords après avoir fait quelque chose qui m'a fait plaisir... Alors que c'est toi qui a raison... Je suis vraiment égoïste...
— La situation est bien trop complexe pour que je t'en veuille pour ça...
Alors Jungkook lui sourit. Un sourire amer. La discussion continua un peu, troublée par ce son infernal sur la taule. Malgré leur feu, l'humidité pénétra dans l'entrepôt, empêchant les vêtements de sécher. Et même s'ils avaient été secs, il était inconcevable de dormir ici.
Les jambes de Jungkook étaient si froides qu'il avait l'impression que sa peau le brûlait.
Il considéra Jimin du regard: le blond faisait comme si de rien n'était, emmitouflé dans sa couverture. Alors curieux, les doigts du châtain passèrent dessous, relevant le plaid, jusqu'à se poser sur les bras de Jimin. Ils étaient froids, glacés.
« T'as les mains drôlement chaudes, Jungkook... », fit le blond, surpris, en attrapant ses poignets, guidant ses mains jusque sur son ventre pour se réchauffer.
Pourtant les mains de Jungkook étaient pourtant très loin d'être aussi chaudes que son amant ne semblait le croire.
« Il faut qu'on bouge d'ici.
— Pourquoi ?
— ... Tu ne te rends pas compte que tu es gelé ?
— Ah, non. J'avais froid au début mais là ça va. »
Jungkook soupira. Il n'allait plus lui laisser le choix. Il allait faire ce putain de trajet retour pour mettre Jimin au chaud, et ce n'était pas une foutue tempête qui allait l'en empêcher.
Il se leva et attrapa le poignet de Jimin, le relevant.
« On y va. »
Le blond ne protesta pas, le suivant gentiment sans poser de question. Pourtant une fois dans le pickup les choses leur semblèrent plus chaudes, plus douces. Jungkook regarda Jimin. Ils avaient cette même expression qui indiquait cette même idée: dormir dans le véhicule.
L'humidité était légèrement rentrée, mais pas tant que ça. La chaleur du chauffage qu'ils avaient mis sur la route était encore présente dans l'habitacle. Nul doute qu'avec la chaleur de leurs corps, ils devraient tenir le coup.
L'autre problème en revanche, c'était celui de la place. Le pickup n'avait rien d'une limousine ou d'une voiture de luxe.
« Tu penses que les sièges se baissent ? », demanda Jungkook en cherchant à tâtons une quelconque poignée.
« Tu t'es cru en 1ère classe dans un avion ? C'est presque un véhicule militaire. », fit le blond en se frottant les mains pour se réchauffer. « Allume le moteur et mets le chauffage à fond pour faire remonter un peu la température pendant qu'on cherche une solution. »
Et après avoir rapidement acquiescé, le son du chauffage tournant à fond se mêla à celui de la pluie.
« Si rien ne se baisse, soit on reste dans les sièges de devant, soit on essaye de se mettre sur la banquette de derrière. »
Jimin jeta un regard en arrière. La banquette était fine, y dormir à une personne semblait déjà compliqué, mais deux...
« Vas-y, je reste devant, tu t'es blessé aux côtes récemment, c'est mieux que ce soit toi qui sois allongé. », finit-il par dire.
Jungkook hésita à rétorquer. Leurs téléphones étaient à proximité, et le système GPS et radio dont se méfiait Jimin également. Pouvait-il parler librement ?
Alors il se contenta de répondre par la pensée.
"Je n'ai pas peur que nos corps se touchent, si on doit se serrer, tu sais..."
" Ok. Mais c'est moi en dessous, alors. Je n'ai pas envie d'appuyer sur tes côtes par mégarde durant la nuit..."
"Ok." lui confirma Jungkook en lui faisant signe de passer.
Jimin se redressa alors de son siège et passa à l'arrière.
« Il faut que je me déshabille. Mes vêtements sont trop humides... »
Jungkook paniqua alors un peu en lui désignant les téléphones d'un bref mouvement des yeux. Le blond se retint de rire: "si on ne parle pas du tout c'est suspect aussi, tu sais... On peut parler... Tant qu'on ne dit rien de compromettant. En revanche... Si tu pouvais tourner les téléphones pour que la caméra ne nous observe pas dormir toute la nuit, ça serait pas mal..."
Jungkook acquiesça alors.
« Ok. »
Et aussitôt fait, Jimin commença péniblement à retirer ses vêtements. Le manque d'espace n'y était pas étranger. Pourtant la vision n'en était pas moins plaisante aux yeux du châtain: Jimin enlevant une à une les couches sur sa peau, le corps faiblement éclairé par la lumière de la veilleuse au plafond du véhicule. Les gouttes d'eau venaient fouetter les vitres puis s'étiraient en traces dans lesquelles la lumière, si faible soit-elle, venait se refléter, dévoilant leurs courbes: celles des gouttes, mais celles aussi de Jimin dont la peau était maintenant à nue devant les yeux quasi-émerveillés du châtain.
Pourtant sa contemplation fut de courte durée, car le blond s'enveloppa à nouveau de sa couverture. Alors il soupira et se leva à son tour. Il sentait sur lui les petits yeux malicieux de son amant qui venait de s'asseoir dans un coin de la banquette, relevant ses jambes contre son torse afin de lui laisser de la place.
Alors il lui répondit en soutenant son regard, alors que ses doigts débouclèrent le harnais qui tomba à ses pieds.
Ils jouaient, se cherchant du regard. Mais ils se savaient sur écoute et seraient sages ce soir.
« J'ai l'impression que tu deviens de plus en plus musclé à chaque fois que je te vois... », murmura Jimin d'une voix qui était plus sensuelle que ce qu'il n'avait prévu.
Jungkook allait lui répondre une banalité, quelque chose comme "c'est sûrement parce que ça fait longtemps que tu ne m'as pas vu" mais il se figea lorsque les doigts tièdes du blond passèrent sur les muscles de son ventre, bientôt rejoint par ces lèvres pulpeuses qui les embrassa lentement, puis décalant pour se poser près de sa plaie, avant de s'écarter: "Tu es beau..." résonna la voix de Jimin dans sa tête alors qu'il reprenait sa place initiale.
C'est à ce moment que Jungkook maudit plus que jamais la présence des micros, car c'est à ce moment qu'il se retint de se jeter sur le blond l'embrasser avec avidité, le toucher, le faire crier.
Il aurait adoré le faire crier dans cette voiture, perdue seule sur les quais, dans cette tempête. Un sourire amusé étira les lèvres du blond et le châtain soupira en comprenant qu'il se moquait de lui, lui et sa frustration.
C'est exaspéré qu'il enleva ses chaussures, son treillis, jusqu'à son boxer.
Il éteignit le moteur, coupant le chauffage, et Jimin s'allongea, relevant la couverture pour lui laisser une place directement contre lui, chose que Jungkook prit immédiatement.
Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas senti sa peau contre la sienne, pourtant les premières sensations n'étaient pas spécialement bonnes: elles étaient froides, leur provoquant des frissons involontaires jusqu'à ce qu'elles ne se réchauffent davantage.
"Si je murmure, est-ce que c'est bon?
— Je te dirais d'éviter...
— Dommage, j'aurais aimé te dire à quel point j'avais envie de t'embrasser, là, maintenant. "
Et à peine Jungkook eut-il fini sa phrase que le blond passa ses doigts dans son dos et posa ses lèvres sur son cou, remontant lentement jusqu'à l'angle de sa mâchoire, s'arrêtant à la commissure de ses lèvres.
"Est-ce que tu me cherches ?
— C'était ma manière à moi de te dire que j'ai très envie que tu m'embrasses aussi..."
Alors Jungkook sourit.
"Dommage, je n'ai pas bien compris. Tu peux me remontrer, encore ?"
Jimin soupira, remontant sa main du creux de son dos jusqu'à sa nuque, écartant les doigts pour caresser la joue de son amant du bout de son pouce. Ses lèvres reprirent leurs œuvres, taquinant celles de Jungkook en se rapprochant jusqu'à sentir leurs formes sans jamais se poser dessus.
Et Jungkook céda. Il évinça ce dernier centimètre qui le séparait de cette sensation d'extase qu'était la douceur des lèvres du blond contre les siennes. Il brûlait de la moindre de leur saveur tout en prenant garde à ne pas jouer avec le feu, car il savait l'effet qu'elles avaient sur lui, et il savait qu'ils ne pouvaient pas cette nuit.
Alors le baiser resta doux, langoureux, passionné, mais tendre. Juste un échange de sentiments, un acte d'une passion douce alors que leurs mains se caressaient et se retenaient inconsciemment.
Quelle torture qu'avoir le corps nu de Jimin sous lui et se refuser à le toucher. Il voulait le toucher. Il en crevait d'envie, qu'importe la manière dont il s'était retenu contre ses lèvres, sentir sa peau bouger sous lui, ne serait-ce que par sa respiration, était une tentation trop grande, une invitation à la caresser.
"Tout doux." le prévint Jimin en agrippant son poignet.
"Laisse moi juste un peu le plaisir de te retrouver...
— Je suis à ma limite, Jungkook... N'en fais pas plus, je t'en supplie...
— Eh bien supplie moi..." répondit-il du tac au tac sans réfléchir, dégageant sa main, la logeant dans ses hanches qu'il pressa légèrement avant de tourner jusqu'au creux de son dos, le pressant doucement pour que leurs corps ne se collent complètement sans quitter un seul instant ses lèvres.
Et lorsqu'il les délaissa, ce ne fût que pour reprendre ses baisers sur le reste de sa peau qui commençait à brûler.
Même en ayant fait exprès, ils n'auraient pas pu trouver meilleur moyen de remonter la température de leurs corps comme ils venaient de le faire.
Ils étaient passés de gelés à fiévreux en un battement de lèvres. Leurs membres s'étaient tendus et se pressaient, se frottaient au moindre de leurs mouvements. Mais ils tentèrent de les ignorer, dernière once de raison dans leurs actes irrésistibles.
Les dents de Jungkook pinçaient la peau dans le cou du blond qui se pinçait les lèvres, tel une chaîne évidente de causes et conséquences, et sa main pressait et caressait de plus en plus avidement ses hanches et côtes, dessinant leurs formes contre sa paume.
"Arrête... Cont-... Stop... Jungkook...
— Tu devrais mettre de l'ordre dans tes pensées, Hyung... Je n'ai pas bien compris...
— Encore..."
Et il était déjà trop tard lorsque Jimin se rendit compte de son erreur, de ce tour que son esprit lui avait joué. Les discussions télépathiques avaient toujours tendance à être plus honnêtes que la parole, après tout.
Jungkook sourit. Ses dents remontèrent jusqu'à ses lèvres, et sa main se glissa entre leurs corps saisissant leurs deux membres qu'il caressa ensemble un instant, juste le temps de récolter le fruit de leur frustration et de leur désir sous la forme de ce liquide crème qui s'écoulait déjà de la verge du blond sans attendre qu'il ne soit à son paroxysme.
Il le laissa souffler, le temps de faire le tour, passant ses doigts maintenant lubrifiés derrière sa jambe, levant sa cuisse. Un souffle qui fut court lorsqu'il caressa son antre et y inséra son majeur sur toute sa longueur, le reculant puis l'enfonçant plus profondément encore jusqu'à la butée de ses phalanges.
Il leva les yeux et le vit, mains pressées contre ses lèvres pour stopper des sons qu'il avait pourtant bien trop envie de faire. Paradoxalement, il se sentait excité par cette situation.
Ce danger l'excitait, et il rêvait de pousser le blond dans ses retranchements.
Alors il se courba pour embrasser son ventre et inséra un deuxième doigt. Immédiatement, les mains de Jimin se pressèrent davantage contre ses lèvres.
Alors il joua dans ses chairs, et traça des baisers sur sa peau brûlante jusqu'à pincer l'un de ses tétons du bout des dents.
Et cette fois, un petit cri de surprise s'échappa de ses lèvres.
Il voulait l'entendre mais ne pouvait pas se résoudre à l'empêcher de se protéger de ses mains. Jungkook connaissait les enjeux... Bien que cette fois le seul enjeu apparent était l'exposition de leur relation. Était-ce si grave ?
Était-ce si grave si le monde était au courant que Jimin lui appartenait ? Putain, il voulait que le monde sache que Jimin lui appartenait.
Alors il retira ses doigts et se redressa, glissant sa main sous la cuisse de son amant jusqu'à ses fesses, l'encourageant à relever son bassin. Il hésita... puis ses hanches se relevèrent.
"... sois... doux..."
La voix de Jimin dans son esprit semblait avoir peur, effrayée d'apparaître également dans la réalité. Alors Jungkook embrassa son cou.
"Ne t'inquiète pas. Je vais te faire l'amour tendrement, profondément...
— Je sais ce que tu veux... Mais ne me pousse pas à bout, s'il te plait..."
Suppliante. Exquise. Sensuelle. La voix de Jimin lui évoquait tant de choses alors qu'il lui embrassa le front.
"D'accord."
Il se redressa, se positionna, ajustant les hanches de Jimin contre son sexe, repassa rapidement un doigt en lui qu'il laissa écarter son entrée pour mieux s'y trouver sans cet habitacle obscur, puis il longea son doigt de son membre, se substituant à lui alors qu'il remplissait ses chairs.
Il lui avait tant manqué. Ce Jimin fiévreux si sensible, ce sentiment d'être bon pour lui, juste à sa taille, juste à son goût.
Il attrapa ses mains qu'il dégagea de sa bouche pour les enlacer dans les siennes, se courbant de temps en temps pour embrasser le corps de son amant.
Il ne laissait pas le rythme incessant de la pluie lui dicter le sien, se contentant de longs vas et viens en lui, aussi profonds que possible, aussi passionnés que possible.
Jimin avait laissé sa tête basculée en arrière sous cette sensation qui le comblait, sous cette ivresse chaude qui le rendait fou, comme un alcool qui coule dans la gorge, la brûlant et la chatouillant à la fois. Il se mordait la lèvre jusqu'au sang pour réprimer ses gémissements de plaisirs qui parvenaient quelquefois à prendre une timide forme sonore dont il ne voulait pas, et ses doigts s'accrochaient à ceux de Jungkook comme si sa vie en dépendait.
Il sentit le châtain se pencher sur lui, il sentit l'angle de son membre changer en lui, puis il sentit ses lèvres contre les siennes et sa langue rencontrer son âme-sœur, lui offrant un divertissement divin à la place de la morsure.
Et ils échangèrent ce baiser au goût métallique jusqu'à ce qu'il n'y ait plus lieu de camoufler leurs sons.
Jungkook reposa son corps contre celui du blond qui ne réagit pas, trop occupé à récupérer son souffle et ses esprits, allongé dans cette voiture à la chaleur lourde et aux vitres teintées par la condensation de leur respiration.
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