Chapitre 9 - 2/2


Marche après marche. Descendre les escaliers dans un rythme soutenu n'avait rien de difficilement. Mais lorsque vos pieds glissaient à cause des semelles de vos chaussures imbibés de sang, une rambarde à laquelle s'accrocher n'aurait sans doute pas été de trop. Pourquoi en était-on démuni ici ?

Dernier pas. La cave se tamisait d'une lumière inquiétante, étrange, offrant une ambiance inquiétante. Cet état d'esprit ne pu m'atteindre. Pourquoi l'aurait-elle fait lorsque l'élément le plus dangereux ne se trouvait pas en cette ampoule suspendue, ni même dans cette cage fermée par une porte blindée ? Le danger, je le connaissais, je le côtoyais, et mieux encore, je le créais.

Quelques pas supplémentaires. Tout ce qu'il me fallut pour atteindre la porte afin de m'y poster. Une main dans les cheveux pour rapidement recoiffer ce qu'il n'était pas nécessaire de parfaire, je m'appuyais contre l'entrée. Ma bague se posa sur l'ouverture.

Sokafy.

Il y eut un cliquetis. Alors mes doigts se posèrent, frappant à la porte.

Lorsqu'elle s'ouvrit, lentement, un homme se dessinait dans l'obscurité vacillante. Un homme ne connaissant rien de la patience. Il l'avait trop souffert pour se torturer à la supporter une seconde de plus. Sa main saisi fermement mon bras, m'arrachant de ma liberté pour nous enfermer dans une cellule inviolable. Les loups-garous en frénésies ne pouvaient sortir. Comment aurions-nous pu défier cette force ?

Un corps toujours sculpté mais à la robustesse ne s'y dessinant plus. Un éclat renaissant dans son regard, Hunter donnait l'impression de ne pas avoir mangé depuis des jours, de ne pas avoir croisé les rayons du soleil depuis toujours. S'il n'était pas lycanthrope, tout amènerait au vampire.

Il s'avança, je reculais. Une fois le mur devenu barrage de toute fuite, il apposa violemment sa main contre ce dernier, proche de mon visage. Son autre main s'approcha, plus lentement. Les doigts tremblant n'osèrent pas toucher, ses yeux observaient sans se permettre de croire. Il avait peur.

— Tu empestes le sang, huma-t-il avec intérêt.

— Ce n'est pas le mien.

— Tu... Pourquoi est-ce que ton odeur est faite de sang ?

Dans son monologue fermé à toute réponse, il ne tremblait que davantage. Le plus effroyable se révéla lorsque l'Alpha faisant si souvent étalage de sa puissance, flancha. Les genoux en tension, un regard paniqué, il n'était pas difficile de deviner sa pensée.

M'emparant de son visage de mes deux mains, je l'attirais à ne regarder que moi.

— Hunter, ce n'est pas mon sang. Je n'ai rien.

— Tu n'as... Tu n'es pas blessée, soupira-t-il, rassurée.

Je l'attirais à moi, le prenant dans mes bras pour continuer de border et rassurer un homme terrifié. Sans doute que le coup de supprimer mon téléphone après avoir envoyé un message ambiguë ne devait pas avoir aidé.

— Où étais-tu ?

— Ce n'est pas important.

Il resserra son étreinte, se refusant à me laisser de nouveau partir.

— Ne m'abandonne pas.

Mes joues rougirent. Il ne s'écarta que de quelques centimètres seulement pour briser cet espace d'un baiser. Mon corps plaqué contre le mur, à la merci de ses lèvres et de la langue brûlante, il ne faisait pas que me bécoter. En affamé, il voulait se rassasier. Mordant ma lèvre, il logea de nouveau sa langue dans ma bouche, une recherche de fusion qui ne le satisferait pas.

Ses yeux ayant virés de couleur indiquaient sans subtilité qu'il ne s'agissait pas simplement de nourrir un homme habitué par la faim de ces derniers jours, mais également un animal enfermé dans le corps d'un être sexy, en manque de sa compagne.

Les mains se laissèrent aller et bientôt, l'esprit embrouillé, mon corps retrouva une chaleur ne m'ayant pas semblé aussi importante jusqu'alors.

Les retrouvailles habillées de passion sont un délice à ne pas rejeter.


***


Les tremblements n'étaient pas toujours illustratrices d'une peur réelle. Ils pouvaient être l'image d'une forte excitation, parfois d'une grande fatigue, une réaction du corps à un environnement auquel il ne s'habituait pas.

Dans le cas de Lettie, chaque loup pouvait le sentir. Alors que la meute se sentait de mieux en mieux à mesure que la censure faisait son rôle dans la cave, les loups reniflaient l'odeur ayant très vite envahi le manoir. L'oiseau de joie ne se contentait pas de trembler ou de ressentir une puissante émotion, elle répandait cette dernière, alertant nombres de métamorphes présents ici.

Quel qu'ait pu être cette émotion, Lettie était sous le choc et il fallait la rassurer, la ramener à elle. Le regard dans le vide, un corps tremblant comme une feuille, elle s'enveloppait de ses bras. Le geste aurait pu être celui d'une femme désirant se réchauffer. Le dos courbé indiquait bien autre chose. Elle formait ainsi une barrière, une carapace. Elle voulait se protéger. Et les légers balancements appuyaient l'hypothèse. Elle avait peur, pour autant elle ne craignait rien. A fleur de peau, lorsque Michael s'approcha pour poser sa main sur son épaule, elle s'écarta brusquement, le regardant de la même manière que l'on observerait le Diable. Le résultat s'empira alors qu'elle ne se recroquevillait que davantage.

Mais bien plus empathique et sympathique que sa jumelle malgré ce qu'il voulait faire croire à travers un comportement de bad boy presque macho, Michael n'abandonna pas. Il posa un genou à terre, se plaçant sous Lettie. Un geste que les loups ne faisaient entre eux que pour démontrer leur infériorité. Mais face à l'oiseau de joie, personne ne le prit ainsi.

Il attendit qu'elle pose ses yeux sur lui avant de poser à nouveau sa main, sur son genou cette fois-ci. Les tremblements cessèrent presque aussitôt, et Lettie pleura.

Il fallut attendre encore un peu avant que l'odeur nauséabonde disparaisse enfin.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? questionna alors Oanelle, prenant le relais tandis que son frère se relevait pour se tenir à distance, les bras croisés.

Lettie sécha ses larmes, regardant alors ses mains. Elle ferma un instant les yeux, serrant les poings. Et soudain, quelque chose d'étrange se produisit, laissant chacun perplexe. Oanelle osa malgré elle, comme un instinct dont elle ne connaissait rien, se servir de ses yeux de louve. Elle rendit compte qu'elle n'était pas la seule affectée. Une teinte se formait comme une fumée, une lueur autour de Lettie. Une base sombre se dégradant vers la lumière blanche, douce. Non, dorée. L'immaculé se dorait, ne prenant pas une couleur jaune mais d'or. Ses cheveux cendrés semblaient alors s'éclaircirent sous ce bain de lumière.

Et elle rouvrit ses yeux au bleu sir clair que même les pupilles disparurent en aveugle.

— Je ne suis pas humaine, je suis un monstre.

Oanelle ne savait toujours pas ce qu'il s'était passé, mais une chose était certaine. Aujourd'hui, l'oiseau connaissait sa nature. Le phénomène était suffisamment rare pour interpeler.

« Bon sang, mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? »


***


Retrouver les gens était son métier. Ou tout du moins, l'un de ses rôles. Frédéric ne travaillait dans la police que pour avoir des accès plus grands dans le monde humain sans éveiller les soupçons des Hommes sur leur monde. Mais en dehors de ça, il s'agissait surtout de son rôle en tant que druide. Pour le Chêne.

Pourtant, celle qui se faisait appeler Lettie lui avait posé particulièrement problème.

Pour retrouver une âme ne souhaitant pas attirer l'attention sur elle, rien de plus simple. Frédéric n'avait qu'une seule chose à faire. Se rendre sur cette frontière d'énergie qui ne portait pas de nom, bien que les Hommes, et leurs chamans, appréciaient en donner. Lui n'en ferait rien.

Dans ce domaine, chaque esprit se reliait. Les âmes ne se liaient pas entre elles, bien sûr, mais se liaient avec le territoire sans nom. Après avoir fait la consommation de plusieurs plantes et fumer d'autres ingrédients mêlés à la magie, il pouvait librement errer en esprit. Se laisser porter, chercher et trouver.

Or, cette Lettie n'étant pas une humaine, le tri avait été plus rapide. Trouver parmi toutes les fenêtres celles qui ne montraient rien mais irradiaient de lumière était peu fréquent. Entrant par effraction, visitant l'intérieur de ce que ces fenêtres renfermaient comme monde ou intérieur de maison, il était finalement parvenu à trouver le lieu désiré.

Les fenêtres des Oiseaux de Joies se repéraient facilement et de très loin. Lorsque l'on tentait d'en observer l'intérieur, rien n'apparaissait si ce n'était les ténèbres totales ou les lumières aveuglantes. Ouvrir une fenêtre pour y pénétrer était la réelle difficulté, surtout lorsque les créatures à qui elles appartenaient savaient les protéger. Raison pour laquelle Frédéric était l'un des meilleurs. En quelque sorte, les violations de vie privée étaient sa spécialité. Parfois, des fenêtres étaient déjà grandes ouvertes, facilitant grandement la tâche.

Mais pour celle de Lettie, la difficulté avait été... différente.

Pas de ténèbres, pas de lumière. Il avait été confronté à des chaînes et un cadenas.

Habituellement, ce genre de système de sécurité était imposé par la personne possédant la fenêtre. Pas par un autre individu !

Il toucha le cadenas. Crocheter serait facile, mais stupide. La serrure était simplement un leurre. S'il forçait l'accès, il détruirait son unique chance d'avoir accès à l'intérieur.

Son regard tenta de visionner l'intérieur. Rien à faire, tout était vide.

Il passa son pouce sur le nom « Lettie » écrit sans plus de détails sur l'écriteau. Pas de nom de famille, pas de surnom comme il était parfois amusant à relever. Juste ce prénom.

— Attends, est-ce que... ? comprit-il alors.

Il ne s'agissait pas d'empêcher un étranger à pénétrer dans les lieux. Ces chaines empêchaient tout autre chose.

Tu ne devrais pas faire ça.

Une femme apparaissait, toute en or. Un drap fin ne cachant que les parties impudiques de l'apparence, ses grandes ailes toutes aussi richement colorées se déployèrent dans son dos. Il aurait pu s'agir de la fameuse apparition de l'Oiseau de Joie perçu par son client. Mais la femme ici était svelte. Une poitrine plate, un corps sans graisse, juste du muscle. Rien d'attirant à la luxure envers une créature maternelle.

— Qui es-tu ?

Tu ne devrais pas faire ça.

Un autre système de sécurité apparemment. Elle n'était pas réelle, simplement un avertissement bienveillant. Mais lorsque par derrière un bras le traversa pour en arracher son « cœur », il y vit surtout un autre leurre venu le piéger.

La femme disparu à la manière d'une hallucination.

— Ne vient pas nous emmerder, vieillard, le prévint celui qui le tenait.

La voix d'un homme...

Mais Frédéric était loin d'être stupide. Pas au point de se faire avoir par quelque chose d'aussi classique comme piège.

—Mon cœur n'est pas ici.

Le bras se retira et Frédéric pu faire face à un homme plutôt ordinaire. A un détail près. Malgré tous les efforts qu'il avait fourni pour le faire croire, il n'était pas humain. Yeux indécis dont le vert empiétait sur le doré, ils étaient simplement sombre et d'une teinte acier. Son corps, robuste, svelte, renseignait sur son passé, bien plus transcriptible de son regard.

— Tu es un guerrier.

Et lorsque ce dernier voulut retenter de faire disparaitre Frédéric de ce monde-ci, le druide se saisit du cadenas.

Fosgail le, prononça-t-il de son accent.

Aussitôt, Frédéric fut aspiré à l'intérieur, se retrouvant devant la fenêtre depuis l'autre côté. Il observa l'homme qui médisait avant de partir. La voie était libre et le druide se tourna. Le monde auquel il dû faire face l'obligea à froncer les sourcils de surprise. Habituellement, les mondes derrière la fenêtre étaient plein de vie. Parfois de cauchemars. Mais pas de... rien.

Hors, c'était exactement dans quoi il se trouvait en ce moment. Pas même de lumière, pas même de ténèbres.

Juste... une télévision, bloqué sur de la neige et son grésillement.

— Il ne reste aucun chocolat, se plaignit une voix.

Il se tourna brusquement à l'entente de cette voix sans écho. Une femme se trouvait recroquevillée sur elle-même. Maigre, regard vide, il était pourtant persuadée que ses yeux bleus seraient magnifiques avec un peu de vie.

— Quel est ton nom ?

— Lettie Duschenes, répondit à sa place un autre individu.

L'homme de tout à l'heure. Il tendit un sac rempli de chocolat à Lettie. La ressemblance entre les deux était flagrante. Ils étaient de la même famille.

— Tu es immortel. Mais pas elle.

— Parce que je ne sais pas comment l'aider.

Il pointa la fenêtre enchainée.

— Je l'empêche simplement de mourir pour l'instant en lui interdisant de sortir.

Il rabattit sa main devant ses yeux pour cacher le désespoir furtivement parut sur son visage. La main de Lettie se glissa dans la sienne.

— Tu ne dois pas pleurer.

— Je ne pleure pas.

Et elle se remit à manger.

—La personne qui la cherche pourrait bien en savoir plus que toi, lui confia alors Frédéric.

Aussitôt, l'espoir naquit dans le regard de cet homme malheureux de voir un membre de sa famille dépérir.

— Il s'agit d'un dragon. Si puissant et ancien que les humains le connaissent dans le monde entier.

Plus un individu était ancien, plus il y avait de chance que son expérience de vie et sa sagesse comportent des réponses même aux questions les plus résistantes.



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Hey !!

Deuxième publication de la semaine, ne vous y habituez pas trop. Le rythme reviendra à une publication par semaine dès la semaine prochaine x) 

Dans ce chapitre... De nouveaux des questions et si peu de réponse...

On ne vas pas se mentir, je m'amuse beaucoup. Surtout parce que je me souviens de certains d'entre vous persuadés que ce chapitre donnerait des réponses. Quoique, vous devez suffisamment me connaitre maintenant pour savoir que j'aime voir l'espoir pour pour m'en saisir et l'émietter petit à petit...

Mais bon, vous m'aimez et je vous aime, raison pour laquelle à chaque question une réponse apparaitra tôt où tard ^^ Enfin, presque toutes les questions x)

Sinon, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ??

Je suis heureuse de pouvoir reprendre l'écriture et la publication de cette histoire et j'espère sincèrement que nous partageons cette joie tous ensemble !!! :D

Bref, je ne vous retiens pas davantage x) Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite des aventures d'Hella ^^


Bye Bye ^^

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