Chapitre 12 - 1/2
« Méfiez-vous de la sorcière bienveillante et encore plus de la sorcière altruiste. Une sorcière est autant altruiste qu'un Diable vous promettant une vie merveilleuse. Il y a toujours un prix. Mais à la différence d'une sorcière, le Diable vous en donnera les conditions avant de vous proposer un pacte. »
paroles des Druides
Les mensonges avaient une date de péremption. Dès lors qu'ils naissaient, ils étaient destinés à périr un jour. Sa durée de vie pouvait être courte ou très longue selon le talent du créateur en ce domaine. Et si Frédéric n'avait pas été particulièrement doué pour débusquer les mensonges et trouver la vérité que ces derniers tentaient de cacher, cette Lettie lui aurait glissé entre les doigts. Ça et l'aide inestimable d'un proche de la femme.
Celui qu'il avait vu dans la tête de la femme, ce membre de la famille, était un homme plus jeune qu'elle. Ni son père, ni son oncle. Pas même un cousin. Il s'agissait de son frère. Aussi, ce dernier lui avait donné une adresse. Une première adresse qui ne lui plaisait pas. Un appartement. Ce n'était pas tant l'appartement qui posait problème que le bâtiment dans lequel il se trouvait. Un grand immeuble propre et visuellement agréable à observer, sans tomber dans l'excès d'un luxe appréciable au regard de certains. Son principal soucis en ce moment, c'était le territoire. Ce lieu appartenait à une race particulièrement casse-pieds. Les Amazones.
Il ne pourrait pas rentrer. Tout du moins s'il tenait à sa vie et surtout à ses testicules. Lorsque les humains parlaient de sexisme, ils y voyaient là seulement l'aspect discriminant de l'homme supérieur à la femme. Mais dans le monde surnaturel, sous-estimer une femme était biologiquement une erreur dans certaines espèces. Si les hommes parmi les sirènes plus en plus parvenaient à faire entendre leur voix, il était des femmes que l'on ne souhaitait en aucun cas imposer l'égalité homme-femme. Les Amazones en faisaient partie. L'espèce entièrement féminine ne voyait en l'homme qu'un objet reproducteur. Sans doute des exceptions existaient, mais Frédéric n'en avait jamais entendu parler.
Face à une seule Amazone, peut-être aurait-il eu ses chance, mais avec tout un groupe ? Inutile.
Mais ce lieu avait l'avantage de confirmer certaines choses. Les Amazones venaient en aide à toutes les femmes en détresse, à quelques espèces ou individus prêts. Mais non seulement Lettie avait bénéficié de leur aide et continuait d'en avoir recours puisqu'elle vivait sur leur territoire, mais le frère de ce dernier y avait également vécu avant de partir pour s'engager dans l'armée. Apparemment, les femmes l'avaient apprivoisé guerrier. Il était bien le premier homme aimé des Amazones que Frédéric rencontrait. Les Oiseaux de Joie étaient véritablement des miracles, capable de provoquer l'impossible.
Sachant qu'il ne pourrait approcher la femme aisément, il avait attendu. Et le deuxième endroit où la jeune femme l'avait mené était un autre endroit que Frédéric aurait voulu éviter. Franchement, si les Oiseaux de Joie étaient censés apporter le bonheur, pourquoi avait-il autant la poisse ?
Grande maison moderne avec plus de fenêtres que de murs, perdue au milieu des bois et accessible d'un chemin tracé par les soin du propriétaire, même s'il n'y avait jamais mit les pieds, Frédéric la reconnaissait comme étant celle de Jalil Katz et, par conséquent, de Hella.
Oh Frédéric était au courant de beaucoup de choses concernant l'ex de son frère. Notamment qu'elle avait oublié Martin pour un vulgaire chien ! Un loup-garou... Choisir d'oublier un druide pour une espèce aussi bestiale, c'était insultant. D'autant que la mort de Martin demeurait récente. Peut-être était-ce son point de vue de jumeau, mais cela demeurait son avis. Et pour avoir entrainé sa mort, Frédéric lui en voulait énormément. Qu'elle ait ou non poignardé son frère n'avait pas d'importance. A ses yeux, c'était tout comme. Il avait pourtant voulu le mettre en garde, lui donnant ses impressions concernant la jeune femme lorsqu'ils étaient encore étudiants. Comme toujours, Martin avait décidé de ne pas l'écouter et de suivre son cœur. Il avait délibérément ignoré ses instincts pour donner une chance à cette bonne femme de lui montrer une autre image d'elle.
Quel imbécile !
Finalement, Frédéric n'était pas mieux que son jumeau. Lui-même avait commencé à croire que peut-être son instinct l'avait mis en garde contre autre chose. Notamment contre le charme naturel entourant Hella. Il avait pu le voir comme une magie produite à la manière des certains êtres sylvestres ou d'espèces comme celle des Soverains. Une aura influente incitant à succomber pour eux...
Cette aura, Hella semblait aussi la posséder. Avait-elle conscience d'attirer hommes et femmes autour d'elle comme des papillons étaient attirés par le parfum d'une fleur ?
Il secoua de la tête. Il ne détestait pas tant que ça Hella. Il était simplement frustré par ses choix.
Soudain, Frédéric se figea. Lettie, une femme ayant visiblement trop abusé des chocolats, s'était tourné vers lui. Il était pourtant loin, très loin et surtout caché. Le regardait-elle vraiment ? L'avait-elle repéré ?
Oui, et son regard le pétrifia d'effroi. Un Oiseau de Joie était là pour apporter du bonheur, pas pour terrifier autrui. Mais non seulement Lettie côtoyait des Amazones, mais en plus elle se trouvait devant chez Hella, à frapper sans recevoir de réponse. Autrement dit, Lettie était entourée par des femmes dangereuses.
N'osant plus s'approcher, ni même retarder son rapport, il décida de sortir son portable.
— Je l'ai trouvé.
***
Son cœur battait à ton rompre. Il ne s'agissait pas de la peur ou de nervosité. Strix appréhendait alors qu'elle s'apprêtait à faire une demande vraiment répugnante. Fort heureusement pour elle, Hella était un aimant à problème, raison pour laquelle elle possédait une excuse pour justifier sa présence ici, sur le territoire de loups-garous.
Sans même avoir franchis les grilles imposantes de la demeure, elle sentait déjà l'odeur pestilentielle des loups, rappelant sans aucun doute le chien mouillé. Quoiqu'il aurait été plus agréable de sentir le cabot revenant de sous la pluie que les effluves d'un loup-garou. La sorcière avait en horreur ces monstres seulement bons à fournir des crocs, des griffes et d'autres ingrédients de plus ou moins bonnes qualités. La dernière fois qu'elle s'était retrouvé sur le territoire de ces cabots remontait à son adolescence alors qu'elle avait eu besoin des yeux d'un Alpha. Et de son sperme. Elle lui avait arraché les parties géniales, plus rapide et bien moins humiliant que de le masturber. Certaines sorcières liaient l'agréable au pratique. Strix trouvait cela dégradant et aussi répugnant, si ce n'était pire, que la zoophilie. Les loups-garous n'appréciant pas non plus les sorcières la plupart du temps, lorsque ces dernières ne leur lançaient pas de sort, la haine et le dégoût étaient donc réciproque.
« Pour Hella », se donna-t-elle le courage.
Alors elle poussa les grilles, pénétrant sur le territoire des loups. Le manoir était grand et, elle voulait bien l'admettre, vraiment somptueux. Sans doute pas assez sombre pour la gothique vivant en elle depuis des années. Certes, elle n'aimait pas les vampires et ne vénérait pas Satan, sans doute parce qu'il était un diable dévergondé tenant une bonne partie de Las Vegas. Elle n'était gothique que dans le style et la classe. Être une sorcière ajoutait seulement une légitimité aux yeux des humains qu'elle ne fréquentaient pas plus que nécessaire.
Son poing dressé, elle frappa à la porte imposante. Il fallut attendre un moment dehors, observée par deux ou trois loups à l'orée de la forêt du domaine, avant qu'on ne lui ouvre. Un homme, un Bêta. Il la reconnu sans doute comme étant une sorcière. Et bien plus...
— Strix Addams.
— Vixy le Bêta.
Sa meute avait souvent espionné son coven, les deux territoires étant suffisamment proches et les deux espèces suffisamment ennemis pour susciter une telle crainte entre les deux. Le coven de la grand-mère de Hella avait également mené ses investigations.
— Je ne suis pas là pour me battre.
Du moins, pas pour l'instant. Sa revanche, elle l'aurait. Mais Strix savait être patiente.
— Hella a des problèmes et j'ai besoin de l'aide de ton Alpha.
Elle aurait voulu cracher son venin mais être méprisante n'aurait pas été productif. Vixy hésita un instant, jusqu'à ce qu'apparaisse son véritable ennemi. Hunter.
Elle lui tendit aussitôt un mouchoir.
— Hella a été accusée d'une chose dont elle n'est pas coupable. Je suis sur le point de finir une potion. Baiser de l'oubli. Ça modifiera ses souvenirs.
— Je sais ce qu'est cette potion.
— Tu es un Alpha et sans doute le seul Alpha qui accepterait de m'aider pour venir en aide à Hella. Alors donne-moi un baiser.
Bien sûr, cela n'avait absolument pas pour but de modifier les souvenirs d'Hella. Membres du Convent, Strix savait de source sure qu'Hella serait bientôt délivrée. Un Soverain avait plaidé pour elle et cette dernière était déjà sortie de sa cellule.
Vixy retourna à l'intérieur, laissant les deux seuls sur l'ordre de son Alpha. Il prit le mouchoir sans méfiance, y déposant un baiser volontairement. Un baiser d'amour...
Elle récupéra son ingrédient, mais ne pu s'empêcher de laisser un mauvais présage avant de partir.
— Hunter, je ne t'aime pas. Mais je tiens suffisamment à Hella pour te mettre en garde. Agnès est de retour.
— Je ne la connais pas, répondit-il bien trop vite pour que cela ait été la vérité.
Elle l'observa un instant, heureuse de voir la confusion voiler son visage.
— Lorsque Hella sortira, et elle sortira, que crois-tu qu'Agnès fera ? Je suis au courant pour vous deux, pour ce qu'elle a fait et la signification de cette cicatrice sur ton corps.
Il grogna, mettant la sorcière en garde. Sans doute s'interrogeait-il du comment Strix avait obtenu autant d'information ? Légitime. Hella avait ouvert son cœur à deux personnes autres qu'elle. A Hunter et à Lettie. Si obtenir des informations sur la grosse avait été plus difficile, tout ce qui concernait Hunter avait été bien plus facile avec un peu de persévérance et surtout de la magie. Sa mère était très douée et les morts vraiment bavards.
Son baiser obtenu, il était tant pour Strix de repartir.
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