Chapitre 11 - 1/3


« On soutient ce que l'on est contre ceux que l'on souhaiterait être. Autrement dit, par jalousie tu voudras toujours me détruire. Mais devine quoi ? Personne ne gagne contre moi. »

paroles de Hella


Logan, tel était le nom de mon kidnappeur ayant reçu mon consentement pour être enlevée. Un homme séduisant. Un homme banal. Mais un homme familier. Son regard à l'affût, ses mimiques tues, ses automatismes dus à des acquis devenus instincts, à des habitudes, à une discipline enseignée durant des années pour devenir un trait de caractère. Voici tout ce que je voyais en cet instant, m'apportant de nombreuses informations sur l'individu. Suffisamment pour savoir à qui j'avais à faire.

Nous attendions, devant une grande porte en bois. Interdiction d'y toucher. Interdiction d'entrer. Le château de la Soveraineté se cachait dans des montagnes. La Roumanie, je ne connaissais pas. Au moins ce pseudo kidnapping m'aura permis de voyager.

Le château n'était pas le domaine touristique de Dracula, ce qui était dommage. Quitte à vivre dans un vieux château d'un style sortant tout droit de Castlevania, pourquoi ne pas directement choisir l'une des plus grandes attractions touristiques d'un pays dont je n'entendais parler que par cette seule légende mondialement connue, à savoir Dracula ? Vraiment, s'en était décevant. La Soveraineté baissait dans mon estime. Je ne m'attendais à rien, et pourtant je me retrouvais tout de même déçue.

Enfin bon, le voyage avait été gratuit. C'était déjà pas mal. Logan était malheureusement peu bavard. Et depuis plusieurs longues minutes, ou peut-être bien des heures, nous restions plantés là comme des idiots, non loin d'une secrétaire plus clichée qu'un cliché. Lunettes et tailleur, jolie minois, poitrine et formes sexy. Cheveux sombres, mais des yeux virant étrangement au violet de temps à autre. Elle était aussi bavarde que Logan.

— Et sinon, toi aussi t'as des griffes en aluminium ?

Il tourna enfin son visage vers le mien.

— Hella.

Oh, monsieur parlait enfin ! Et il souriait.

— C'est de l'adamantium.

— Quelle différence ?

— Je ne suis pas Wolverine.

— Mais tu es une bête. Je peux voir ton aura. Tu sais ? Avec mes yeux de super-sorcière, déclarais-je en dessinant sa silhouette de mon doigt pointé sur lui, occupé à réaliser des ronds pour le cibler.

Une bête assez impressionnante d'ailleurs. Tout comme Hunter possédait un loup assez imposant, Logan s'enveloppait d'un animal. Ou un genre d'animal. Bien plus balèze de celui des loups ceci-dit.

— Tu es un métamorphe toi aussi ? Un genre d'homme-animal ? Est-ce que c'est pour ça que tu me renifles le derrière depuis des années ?

Il fronça les sourcils, étonné par ma question.

— Comment est-ce que tu le sais ?

Mon visage devait être terrible à voir puisque, me retenant de rire, chacun de mes traits formait une grimace différente. Il ne fut pas difficile pour Logan de soupirer en comprenant.

— Tu ne le savais pas, n'est-ce pas ?

— Jusqu'à il y a quelques secondes, je n'en avais pas la moindre idée. Depuis combien de temps ?

— Des années.

Il eut un regard pour moi, de travers alors que tout son corps se tournait vers la porte.

— Je connais ton passé, si c'était ta question suivante. Ton nom, tes origines... Tout.

— Je voulais surtout savoir si tu triquais sur moi ou ma mère pour être si taré puisque, disons-le, suivre une mère et sa fille durant des années, seul un cinglé le ferait. Mais du coup, si tu es si doué, réponds à une autre question. Est-ce que je suis celle désignée par la Banshee ?

Il hésita un instant, ayant des regards furtifs tout autour de lui. Ses bras se croisèrent et se décroisèrent, ses mains plongèrent dans ses poches puis en sortirent. Puis il prit sa décision.

— Ce n'est pas à écarter. Tout dépend de ce que t'as dit la Banshee en visitant tes pensées avant son hurlement.

— Ouah, t'es vraiment pervers mec. T'es même au courant de ça. Est-ce que tu m'espionnes aussi lorsque je m'envoie en l'air avec mon mec ?

— Je garderai cette information confidentielle.

— T'as sérieusement un problème. Si tu veux, mon amie était psy. Si je lui dis que tu es un cas désespéré, peut-être qu'elle t'offrira une consultation.

— Lettie Duschenes ? Dépressive et manipulatrice, lumière et ombre à la fois. Un cocktail explosif. Autant me passer la corde au cou directement, on gagnera du temps.

— N'insulte pas Lettie.

— Alors tu ne sais vraiment rien, n'est-ce pas ? Je te pensais pourtant plus intelligente que ça, Hella.

Les portes choisirent ce moment exact pour s'ouvrir en grand.

Je n'avais pas pour habitude d'avoir peur ou même d'être facile à intimider. Un peu entre témérité et courage, sans doute mêler à de l'arrogance cent pour cent naturelle, mon instinct de survie se reposait sur mes compétences et les guidait en cas de pépins urgents à corriger. Autrement dit, je me savais être la meilleure en tout, à tout instant, et en toute situation.

Aussi, lorsque ce même instinct me poussait à la fuite comme seule moyen de survivre, je ne pouvais que me soumettre à l'inquiétude.

Entrant dans l'immense pièce sombre et à l'ambiance médiévale, je dû lever le visage pour me rendre compte de la présence de sept personnes. Des hommes, des femmes. Et même un adolescent.

Mais celui qui créait le sentiment intimidant de ne pas avoir le contrôle sur soi en ces lieux se trouvait être l'individu sur le trône. Pas de couronne sur la tête, ni de tenue princière. Le costard, même sans cravate, habillait sa prestance. Ses longs cheveux semblaient avoir été disposés pour un shooting alors que son regard d'une teinte de brume se fixait droit sur son objectif. Sur moi.

Une peau claire, et des cheveux lilas, personne n'oserait se moquer de la couleur peu naturelle. Pas même moi. Pourtant, ce n'était pas les blagues de mauvais goût qui me manquaient.

Logan posa un genou à terre. Je n'y parvenais pas. Ses yeux dans les miens étaient un maléfice qui me dissuadait de lui manquer de respect en se détournant. Bientôt, il n'y eu rien d'autre que lui pour envahir mes pensées et mon espace... Jusqu'à ce qu'une alarme se déclenche dans ma tête. Mes ongles taillés en griffe tranchèrent d'eux-mêmes ces liens étranges qui tentaient de m'étouffer. De la magie. Ces créatures produisaient malgré elles de la magie qui influençait les esprits non-habitués.

Une influence qui dissipa le brouillard, la peur et la fascination naissante au moment où mes doigts détruisirent ce qui souhaitait me dominer. Et lorsque ces nouvelles énergies s'essayèrent à retourner à la charge, mon aura de sorcière forma un bouclier menaçant.

L'homme à la prestance singulière se tourna vers l'adolescent. Il secoua négativement de la tête, répondant apparemment à une question silencieuse.

— Ainsi donc, en plus d'être une emmerdeuse particulièrement irritante, tu possèdes quelques aptitudes intéressantes.

Il se leva, et mon misérable bouclier disparu en fumé sans laisser de trace. Chacun dans la pièce eu un mouvement de recul, moi comprise, au moment où sa présence envahit les lieux avec une puissance qui ne devait pas être à son maximum. Descendant une à une les quelques marches qui surélevaient les sièges des soverains, il arriva bientôt à moi. Sa main se leva, prête à agir. Il aurait pu faire n'importe quoi, mon corps était pétrifié d'effroi.

— Mikail, je t'en prie, intervint alors l'adolescent, dont la perle pendant à une mèche de ses cheveux se balançait doucement de gauche à droite.

— Une sorcière qui aurait dû mourir enfant pour infraction aux règles de la sorcellerie. Une sorcière se fichant des règles de notre monde. Je ne m'embêterai pas à énumérer l'ensemble de ce que tu es puisque ce que tu es me répugne, avouait-il avec le plus grand des calmes, un sourire sur le visage.

L'homme s'apprêtait à abattre sa main sur moi, destinée à effleurer ma marque. Mes yeux se fermèrent, ne pouvant rien faire ni même résister. Pourtant, jamais ses doigts ne me touchèrent. Aussi, mes paupières s'autorisèrent à regarder.

Un dos se plaçait devant moi, une protection alors que ce nouvel individu s'était emparé de la main du Soverain sans aucune peur, sans aucune crainte. Loki, une expression sévère sur le visage, venait d'apparaitre pour empêcher Mikail de m'approcher d'un peu trop près. Mon familier alla même jusqu'à le repousser, le faisant alors reculer de quelques pas.

« Mon sauveur », m'illuminais-je de bonheur, décidant de ne pas faire la morale à Loki qui avait tout de même fait l'effort d'enfiler un pantalon pour seul vêtement.

— Est-ce que tout va bien ? s'inquiéta-t-il en tournant son visage de profils pour me lancer un regard bienveillant.

— Mieux maintenant que tu es là.

Reprenant une forme de renard, l'animal tourna autour de moi avant de se frotter à mes jambes pour y rester.

Les Soverains observèrent la scène silencieusement, sans rien interrompre. Mikail ne parut pas prendre l'intervention de Loki pour un affront, ce qui était déjà bien.

— Peu importe, décida-t-il en chassant l'incident d'un geste de la main. Aza s'est porté garant de toi. Mais souviens-toi qu'à mes yeux tu es un moustique particulièrement agaçant. Et si j'entends à nouveau ce bruit si atypique et agaçant sur mon territoire, je n'hésiterai pas à t'écraser de mes mains s'il le faut. Ton familier ne pourra alors rien faire.

Aussitôt sa menace donnée, il se détourna pour retourner à sa place.

— Aussi, qu'as-tu fait à Juliette et son assassin ? Quoique la démence de Juliette semble être dû à ton oiseau de compagnie.

— Mikail, intervint à nouveau l'adolescent. Il s'agit d'un acte de défense tout à fait...

Il se tut dès que Mikail leva la main pour le faire taire.

— Aza, ne me pousse pas à bout.

Après cette petite interruption, il reprit.

— Marie, de quel mal souffre-t-elle ?

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