46. Catriona

Après avoir marché pendant des heures en évitant les villages, ils s'arrêtèrent dans un petit bois isolé. Leurs affaires, restés au domaine des De Ferrand, n'effrayait en rien Evrard, qui se hâta à réunir des brins et des petites bûches pour en faire un feu. Pendant ce temps, Catriona, secouée par les événements précédents, s'éclipsa pour explorer les lieux afin de se changer les idées.

Ses mains, encore enduites du sang du mercenaire, tremblaient des atrocités de la matinée. Sa robe n'avait plus de façon, encrée par le souvenir d'un drame, de la chute d'un homme et il résidait dans ses cheveux une couche grisâtre de cendres.

Alors que la jeune femme marchait sans but précis, un fleuve se dessina sous ses yeux. Celui-ci était le bienvenu pour se rafraîchir et se débarbouiller. Elle retira ses chaussures, releva le bas de sa robe et y glissa un orteil. L'eau était bonne, bien qu'un peu fraîche. Elle se pencha et se frotta vigoureusement les mains, puis le visage et s'assit sur la petite grève.

Quelques minutes avaient passées lorsqu'elle entendit la voix grave d'Evrard l'appeler au loin. Bien qu'elle lui semblât inquiète, la noble n'avait pas envie de briser ce silence qui lui faisait tant de bien après ces derniers jours tumultueux. Un soupir las s'échappa tandis qu'elle essayait de se recentrer sur le chant des oiseaux et le bruissement de l'eau. Malgré tout, le son des lourdes bottes de son guide resonnèrent dans sa direction et l'homme apparût dans la foulée. Elle lui sourit et son visage crispé s'apaisa instantanément.

— Venez-vous chercher un peu de calme, vous aussi ?

— Je vous cherchais, répondit-il avec sérieux.

— Voyez-vous, je suis là.

Il prit une grande inspiration. Elle put presque voir son inquiétude s'envoler.

— D'habitude, vous restez au camp, pesta-t-il.

— C'est vrai, répliqua-t-elle. Vous faisiez-vous du mouron pour... moi ? ajouta-t-elle d'une voix mielleuse.

« Comme d'habitude ... », crut-elle entendre.

Le Chevalier s'approcha de la rivière, délassa ses chaussures, remonta son pantalon au-dessus de ses genoux et grimaça légèrement lorsque ses pieds rentrèrent en contact avec l'eau froide.

— Que faites-vous ? se hâta-t-elle de demander.

— Je cherche notre dîner. Il y a bien quelqu'un qui doit le faire, rechigna-t-il.

Un saumon s'élança dans les airs devant lui, mais il le manqua de peu. La jeune femme le regarda d'un air moqueur, tandis qu'un autre sauta dans la figure d'Evrard, qui, d'un mouvement rapide, tenta de l'attraper. Mais le poisson, vile créature bien trop gluante, ne se laissa pas faire. Il glissa hors de ses doigts, le Chevalier perdit l'équilibre et tomba de tout son long.

— Vous avez enfin trouver un adversaire à votre taille, gloussa-t-elle.

Pour la faire taire, il gicla la jeune femme, qui n'apprécia pas de voir sa robe s'imbibée de gouttelettes. Penchée sur la source, elle s'affaira à lui renvoyer, en trombe, de l'eau pour se venger de ses méfaits, mais elle ne remarqua pas qu'il s'approchait dangereusement, indifférent aux éclaboussures. Toujours penchée, deux bras entrèrent dans son champ de vision et lui attrapèrent les genoux. Elle protesta quand il la jeta sur son épaule comme un sac de farine.

— Lâchez-moi !

— A vos ordres, railla-t-il en la propulsant dans le fleuve.

La jeune femme revint à la surface et prit une grande respiration.

— Vous n'êtes qu'un mareau ! lança-t-elle avant de se jeter sur lui pour le faire tomber à la renverse dans l'eau.

Mais son plan ne fonctionna pas. Le Chevalier était bien trop grand et bien trop lourd pour le faire chavirer. Il riposta en l'attrapant par la taille, la souleva comme une plume et la catapulta à nouveau, un sourire narquois sur les lèvres.

— Vous ne faites pas le poids contrairement à ce poisson !

Cette fois-ci, la jeune femme ne réapparut pas toute suite. Elle tenta tant bien que mal de reprendre pieds et lorsqu'elle revint à la surface, ce fût pour tousser et cracher une bonne quantité d'eau. Une quinte de toux secoua ses épaules, manquant de l'étouffer. Elle sentit Evrard la soulever et la maintenir hors de l'eau.

— Ne savez-vous donc pas nager ?

Catriona passa ses bras autour de son cou dans un petit hoquètement pendant que le Chevalier lui tapotait le dos pour la faire reprendre ses esprits. Ils se regardèrent longuement, leurs corps étaient si proches qu'elle pouvait ressentir son souffle sur son visage, et cela la rendait étrangement sereine.

Avec délicatesse, ses doigts s'entremêlèrent aux cheveux d'Evrard pour dégager une petite mèche trempée de son œil. Le regard de la jeune femme avait changé en un éclat nouveau. Et l'étincelle qui s'illumina dans les prunelles d'Evrard la fit inconsciemment entrouvrir les lèvres.

Il laissa courir sa main sur le long de sa tempe pour effleurer son visage, avant de glisser sur son cou, sa clavicule et descendre dans son dos pour l'attirer tout près de lui.

Un frisson de désir embrasa soudainement ses reins, une sensation qu'elle n'avait jamais connue auparavant. Puis, Evrard s'écarta d'elle, à peine, mais cela était déjà trop pour elle, qui protesta d'un vigoureux hochement de tête négatif.

D'un sourire envoûtant, il cueillit son visage dans sa paume. Et sans qu'il s'y attendait, la noble posa ses lèvres sur les siennes avec tendresse. Son cœur loupa un battement lorsqu'elle vit la surprise dans ses iris bleues. Il recula légèrement la tête, mais très rapidement, ses lèvres retrouvèrent celle de la jeune femme. Elle était prête à forcer la barrière, à mêler sa langue avec la sienne et il n'opposa aucune résistance, ses bras resserrèrent même l'étreinte.

Du bout de ses doigts, il frôla d'un geste léger sa joue, qui s'empourpa à son contact.

— Catriona, gémit-il.

Il fit courir sa main sur son épaule, puis s'engouffra dans l'eau pour la poser sur sa hanche. Chaque frôlement suscitait un spasme, le corps tout entier de Catriona s'embrasait. Il l'enserra d'avantages, et elle ne broncha pas.

De ses mains tremblantes, il s'immisça sous sa robe pour parcourir sa cuisse dénudée. Dans un frisson, elle mordit sa bouche avec sensualité, cambrant le bassin dans sa direction. Il attrapa sa jambe, la maintenant contre lui pour l'approcher davantage.

D'un geste hésitant, presque timide, Catriona glissa sa petite main sous sa chemise et toucha son ventre, elle le sentit tressaillir lorsque ses doigts s'aventurèrent sur sa cicatrice, mais elle remonta rapidement sur son torse pour ne pas le perturber.

Evrard quitta sa bouche pour déposer de doux baisers dans son cou, lui arrachant de petits halètements de plaisir. Elle le serra encore plus, pressant sa poitrine contre lui. Inconsciemment, son bassin se frotta à son entre-jambe, lui provoquant un soupir lascif.

En parfaite harmonie, leurs corps dansèrent, crépitèrent, échappant à leurs contrôles.

D'une extrême lenteur, ses phalanges se faufilèrent sous la dernière couche de tissu ; sur son pubis. Un supplice pour elle, qui se cambra encore plus pour lui laisser de l'espace.

Evrard, dans un léger grognement, se ravisa soudain, sûrement étais-ce pour lui donner une dernière chance de revenir sur sa décision. Mais pour seul réponse, Catriona plaqua ses lèvres sur les siennes avec rudesse et approfondit le baiser. Leurs langues s'enlacèrent dans une audace agile.

La passion la dévorait toute entière. Mais son excitation qui se pressait contre le bas de son ventre la rappela soudainement à l'ordre, la replongeant dans une réalité bien terne. Catriona se rendit compte de ce qu'ils s'apprêtaient à faire et mit subitement fin au désastre en s'excusant de toute ses forces. Elle recula précipitamment pour remettre une distance convenable entre eux. Le regard du Chevalier, rempli d'incompréhension et de déception, la scruta tandis qu'elle déblatérait inlassablement ses regrets.

— Ce n'est pas grave, la coupa-t-il. Je comprends.

Sans plus attendre, il prit la fuite. Il regagna le rivage, essora sa chemise et s'éclipsa sous l'œil incrédule de Catriona qui se retrouva seule dans l'eau, hébété.

Nikkih & Kratzouille29

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