28. Catriona
— Pouvons-nous nous arrêter un instant ? S'il vous plait.
Evrard tira sur les rênes de son cheval, roulant des yeux.
— Qu'est-ce qu'il y a encore ? demanda-t-il d'une voix calme, avant de prononcer un juron, presque dans un murmure.
— Je dois...vous savez... satisfaire une envie pressante.
— Allez-y.
Catriona descendit du cheval et donna les brides au Chevalier avant de s'enfoncer dans les bois.
— N'allez pas trop loin !
— Il n'y a pas d'arbre assez épais pour me cacher. C'est hors de question que vous me voyiez.
— C'est d'accord, bougonna-t-il, mais n'allez pas trop loin tout de même.
Elle s'enfonça dans les bois jusqu'à ne plus le voir, et trouva un buisson épais derrière lequel se cacher. Certaine de ne pas être vu, elle se tortilla pour relever son jupon et se soulagea avec un soupir de contentement. La jeune femme se redressa, remit sa robe en place, et revint lentement sur ses pas, profitant du calme de la forêt.
Sur sa gauche, un craquement sonore retentit la faisant sursauter.
— Qui est là ? clama-t-elle d'une voix forte.
Personne ne lui répondit. Le cœur battant, ses yeux balayèrent désespérément les feuillages pour guetter l'origine du bruit. Etait-ce le fruit de son imagination, ou sentait-elle réellement une présence inconnue rôdant autour d'elle ?
— Evrard ? appela-t-elle. C'est vous ?
Nouveau silence, plus oppressant que le précédent.
— Qui que vous soyez, montrez-vous !
— A vos ordres, souffla une voix rauque dans son dos.
Avant qu'elle n'ait le temps de pousser une exclamation de surprise, une paume rugueuse se plaqua brusquement sur sa bouche. Une odeur de tourbe s'insinua dans ses sinus. Un frisson d'horreur parcourut son corps et l'adrénaline prit possession d'elle.
La brune se débâtit, essayant de pousser un cri pour alerter Evrard, mais la main de son agresseur étouffait le moindre son. Elle tenta alors de le mordre, mais il était à tout point de vue bien plus fort qu'elle. La poigne de l'homme serra brusquement sa gorge.
— Restes tranquille si tu ne veux pas mourir, cracha-t-il. Où est Guislain ?
Le souffle court, son coude frappa les côtes de l'inconnu et son talon lui écrasa le pied. Catriona se débattit à nouveau, de toutes ses forces : Elle chercha à repousser ses bras en se tordant comme un ver, mais ne parvint toujours pas à s'échapper. Puis, quelque chose de glacial se colla à sa gorge, la lame qui effleurait sa trachée la rendit soudainement plus docile.
— Tout doux, ma belle ! lui intima-t-il. J'obtiens toujours ce que je désire, même si je dois employer la force. Où est Guislain ?
La jeune femme secoua la tête, horrifiée, elle ne savait pas qui était ce Guislain qu'il recherchait à tout prix.
— Parle, ordonna-t-il en appuyant davantage le couteau contre sa trachée.
— Je ne connais pas de Guislain, bredouilla-t-elle.
Les doigts de son agresseur effleurèrent son ventre au gré de sa respiration, remontant par le sternum, suivant sa clavicule avant de rejeter sa tresse dans son dos.
— C'est bien dommage, murmura-t-il dans son oreille. Pourtant, une petite voix me dit le contraire.
Dans un dernier accès de désespoir, Catriona se débattit avec hargne et parvint à lui mordre si fort un doigt qu'il hurla. Du sang se mélangea rapidement avec la crasse qu'il avait sur les mains. Sous la douleur lancinante, il lâcha légèrement sa prise sur la jeune femme qui profita pour s'échapper en criant à pleins poumons. Mais l'homme la rattrapa et la saisit violemment par le bras. Du revers de son autre main, il la gifla, si fort qu'elle s'écroula dans les feuilles mortes. Etourdie, elle distingua dans le flou l'homme en face d'elle : Grand aux cheveux bruns, une brigandine couvrait sa veste de cuir noir clouté. Il se pencha sur elle, son regard laissait paraître une sorte de frénésie qui lui glaça le sang. Un sourire cruel naissait sur ses lèvres, alors qu'il persistait dans sa demande :
— Si tu recommences ça, je te tue. Où est Guislain ?
Pour toute réponse, La jeune femme lui donna un coup de pied implacable dans le tibia, l'oppresseur perdit l'équilibre sous un torrent de jurons. Tremblant de tout son être, elle s'empressa de ramper le plus loin possible de lui. Au moment où elle voulut se redresser sur ses jambes, il s'abattit sur son dos comme un ours sur sa proie. D'un mouvement sec, il la retourna, immobilisa ses poignets, une jambe de chaque côté de son bassin pour la maintenir au sol. Catriona cria désespérément, se démenant sous le corps de son tortionnaire qui remonta un genou pour l'appuyer sur son ventre.
— N'essayes plus de me frapper !
Epuisée, elle obéit. Reprendre son souffle devenait de plus en plus difficile, l'air commençait à lui manquer.
— C'est que tu es une vraie dure à cuire, commenta-t-il en enserrant sa gorge dans une main.
Les forces commençaient cruellement à lui manquer, mais sa petite main poussa frénétiquement sur l'avant-bras de son assaillant pour récupérer ne serait-ce qu'un brin d'oxygène.
— Inutile, je suis bien plus fort que toi, ma douce.
Elle suffoquait.
— Dis-moi où est Guislain !
Il allait la tuer, elle en était certaine et elle ne pouvait plus rien y faire. Sa bouche s'entrouvrit mais aucun son n'en sortit, pourtant elle voulait lui dire à quel point elle était désolée de ne pas le connaître, à quel point elle aurait voulu l'aider, juste pour qu'il relâche la pression sur son estomac, sur sa cage thoracique. Elle était prête à tout inventer pour un peu d'air. Ses doigts griffèrent le visage de l'inconnu, qui s'emporta davantage. Avec cruauté, sa main serra avec force sa trachée.
Ses yeux se fermèrent un instant. Un râle sortit de sa bouche, puis un sanglot et plus rien, elle cessa de s'agiter.
Il eut un bruit sourd, un grognement de douleur et subitement l'inconnu la libéra. L'air s'engouffra à nouveau dans ses sinus, sa gorge, jusqu'à ses poumons. Son corps roula sur le côté pour reprendre une grande inspiration. Catriona toussait, haletait. Ses doigts massèrent son cou endolori, la jeune femme se concentra longuement sur son souffle. Entre deux toussotements, la brune retrouvait gentiment ses esprits.
Devant elle, Evrard faisait face à son tortionnaire, il l'avait entendu. L'intensité dans leurs yeux ne présageait rien de bon, mais elle était soulagée qu'il soit présent.
— Ah, tu es là...savoura l'inconnu. Je te cherchais.
Catriona ne bougeait pas, les observant à contre-cœur. Les deux hommes se défiaient du regard, l'épée à la main.
Nikkih & Kratzouille29
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