24. Catriona

Que pensait-il, ce ... mmh, s'énerva-t-elle en tapant des pieds.

Cela faisait plusieurs secondes maintenant qu'elle tournait en rond, les mains dans ses cheveux, incapable de se mettre en tête que l'unique solution pour éteindre ce maudit feu était de se soulager dessus. Comment pouvait-elle y remédier ? Le tissu de sa robe prendrait feu en un instant. Mais soudain, elle eut une idée, elle fouilla le paquetage qu'Aileas et Mairhead lui avaient préparer, accroché à l'arrière de la selle de Sauvage. Elle y trouva sa brosse à cheveux, des rubans, mais aussi du pain et du vin. Elle prit une grosse gorgée pour se donner du courage, et vida le reste du contenu par terre, avant de se rendre au petit ruisseau en contre bas.

Plus elle faisait d'aller-retours pour amener l'eau de sa petite gourde, plus le feu s'éteignit jusqu'à en mourir totalement.

Alors qu'enfin aucune fumée ne s'envolait plus dans les airs, la jeune femme poussa un soupir de soulagement tout en levant la tête vers le ciel et monta sur Sauvage pour reprendre sa route. Mais elle était remplie de noisetiers, encombrée de branches mortes et d'un épais tapis de feuille que le sol n'avait pas encore absorbé. Catriona comprit très rapidement qu'elle devrait poursuivre à pied. À intervalle régulier, elle tira sur les rênes de son étalon pour le faire avancer tout en déclamant, énervée et anxieuse :

— Je sais me débrouiller toute seule. Je suis Catriona Loveday, fille de Seumas Loveday, conseiller du Roi Jacques V. Je peux le faire !

Soudain, Sauvage secoua la tête, poussa des hennissements farouches et se mit à piétiner, à danser sur le semblant de sentier en soulevant un tourbillon de feuilles. Au même-moment, le bas de la robe de la jeune femme se prit dans les ronces et se déchira d'un coup sec. D'un juron qui en ferait pâlir plus d'un à la Cour, la brune regarda l'état dans lequel les épines l'avaient laissé et entrepris de calmer son étalon.

Contrariée, mais loin d'être découragée, elle tira sur sa bride, pourtant celui-ci n'était pas d'accord avec la direction choisie, qui, sans conviction, repartit avec hésitation, faisant quelques pas avant de laisser totalement tomber l'ordre de la jeune femme.

— Avance, tu veux ? Je n'ai pas envie de m'éterniser ici.

Pour unique réponse, le cheval baissa la tête en secouant sa crinière et mangea la mousse devant lui, comme s'il voulait l'agacer davantage. Catriona tira une fois de plus sur les rênes, mais il ne bougea pas, raide comme un piquet, il préférait vaquer à ses occupations.

— On va se faire manger par un ours ou un loup si nous restons ici, raconta-t-elle à la bête, comme si cela avait une quelconque influence face à ses brins d'herbes.

Soudain, un craquement sonore résonna au loin et le cheval redressa brusquement la tête en poussant des hennissements plaintifs. Elle le caressa longuement pour l'apaiser.

Finalement, ils avancèrent dans cette forêt dense qui ressemblait en tout point à un labyrinthe entre les jeunes arbustes et les buissons de genévriers qui mêlaient leurs feuillages aux autres conifères. Elle ne savait pas très bien où elle se rendait, elle priait pour que ce soit la bonne direction, car ses pieds n'allaient plus tenir encore bien longtemps.

Tout à coup, elle trébucha violemment sur une branche plus épaisse que les autres et tomba de tout son long sur le sol. Une douleur vive foudroya sa cheville, la faisant gémir.

Comme une enfant, les sanglots s'emparèrent immédiatement de son visage, alors qu'elle massait son pied.

— Pourquoi suis-je si bête ? Pourquoi n'en n'ai-je fait qu'à ma tête ?

Ses pleurs devinrent plus intenses, incontrôlables. Elle espérait que quelqu'un sorte miraculeusement de derrière un arbre pour la sauver de cette situation catastrophique.

— Je vous maudis, Evrard le Gall, je vous maudis tous ! hurla-t-elle, d'une voix stridente, à bout de nerfs. C'est grâce à moi qu'il respire encore et lui, il me laisse pour morte dans une forêt remplie de bêtes sauvages avides de sang, reprit-elle, en tapant férocement des poings autour d'elle.

Son regard se planta dans celui de son cheval, qui souffla.

— Ne me regardes pas comme ça, tu es loin d'être innocent, tas de viandes sur pattes.

Plusieurs minutes passèrent avant qu'elle puisse reprendre complètement ses esprits. Son calme revenu, elle réfléchit ; ce qui était certain, c'était qu'elle ne pouvait pas rester ici à se lamenter sur son sort, seule. Pour le moment, le soleil était encore haut dans le ciel, mais tôt ou tard, il n'allait pas tarder à céder sa place à la lune.

Obstinée, elle se remit debout et s'excusa auprès de son étalon. Bien que sa cheville lui fît encore mal, elle prit son courage à deux mains et continua de marcher en boitant légèrement. Après plus d'une heure, elle parvint à l'orée du bois où elle découvrit une petite prairie entourant une maison. Un grand sourire de victoire se dessina sur ses lèvres, tandis qu'elle remonta sur son cheval.

Le petit chemin pavé menait jusqu'à la chaumière dont les murs étaient blanchis à la chaux et surplombés d'un toit de tuiles ocres. Une clôture en bois encerclait la maison et l'écurie attenante.

— Quel beau gaillard, Madame !

— Pardon ?

— C'est un beau cheval, reprit l'homme, dans un reniflement abject.

— Merci, répondit-elle en caressant l'encolure de sa monture, fière.

— Je travaille avec l'aubergiste, vous restez pour la nuit ?

— Oui.

— Pour une modique petite somme, je peux m'occuper de votre monture jusqu'au matin, si vous le désirez.

— Merci, avec plaisir, accepta-t-elle en souriant. Il s'appelle Sauvage.

— Bien Madame.

Catriona lui donna les brides, sortit dix sols de sa petite bourse en cuir, et entra dans la taverne avec son paquetage. L'établissement était bas de plafond, certaines personnes devaient se baisser pour éviter les grands lustres en fer qui luisaient dans la pénombre. Des tables en bois et de vieux tonneaux sur lesquels des bougies scintillaient étaient éparpillés dans la salle.

Au centre de la pièce, un homme, accompagné de son luth, chantait les louanges à l'une des serveuses, qui brandissait son éventail sous ses yeux pour se donner une contenance. La deuxième s'empressait de voyager entre les clients pour les servir en boudant.

La noble s'avança jusqu'au comptoir.

— Bonjour, j'aimerai prendre une chambre, s'il vous plaît.

— C'est vingt sols la nuit, répondit le tavernier d'une voix forte pour couvrir la musique.

— C'est entendu.

Elle déposa le dû sur le comptoir et prit la clé qu'il lui tendit. Ereintée, elle monta à l'étage.

La chambre était rudimentaire, il n'y avait pas de baignoire, simplement une bassine d'eau froide à peu près propre pour se débarbouiller. Elle essaya de relativiser ; il y avait au moins une petite fenêtre et le lit semblait correct. Mais lorsqu'elle se laissa tomber dessus, un grincement perçant, sortit tout droit des enfers, tua définitivement ses dernières secondes de motivation.

Nikkih & Kratzouille29

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