76. Doudou sur pattes
Le programme de la soirée concocté par Sarah et Adam se poursuit lorsque tous deux nous entraînent en direction d'un restaurant japonais situé à proximité de l'escape game.
Sur le moment, je dois admettre que je fais un peu la grimace à cette idée ; je n'ai jamais mangé japonais de ma vie, et je dois admettre que mon goût pour la nourriture exotique avoisine le zéro.
Je suis une française assez traditionnelle, vous voyez, j'aime les saveurs simples et basiques. Ma connaissance de la cuisine japonaise se limite aux sushis ; or le poisson ce n'est déjà pas ma tasse de thé, alors qui plus est, cru... !
J'ai beau essayer de garder la face, mon expression doit trahir malgré moi mon appréhension puisque, une fois installés à table, Adam, assis à côté de moi, s'enquiert doucement :
— T'es pas enchantée par le choix du resto, Nat ?
Mon penchant franc aurait, en temps normal, eu tendance à dire le fond de ma pensée sans prendre de gants.
Puis je me souviens qu'Adam et Sarah ont passé du temps à organiser la sortie tandis que moi, je glandais chez moi à jouer à la Switch, c'est pourquoi je décide de faire preuve de délicatesse en tâchant de mentir de manière crédible :
— Je... Si, si ! Aucun souci !
Adam a un rictus en coin ; amusé, il appuie son index contre ma joue en me réprimandant :
— Menteuse... Je te connais, hein ; depuis le temps, je sais quelle tête tu fais quand t'es pas contente !
Sarah fronce les sourcils :
— T'aimes pas la nourriture jap, Nat ? s'étonne-t-elle.
— Hum, je déglutis. Non, c'est pas mon truc, en prin-
— Mais pourquoi tu l'as pas dit quand je t'ai envoyé le programme de la sortie hier soir, alors ? s'agace-t-elle.
— Je parie qu'elle a lu en diagonale ton message et qu'elle s'en est royalement battu les couilles, lui répond Adam d'un ton détaché.
Mes joues virent rouge pivoine en l'entendant énoncer cette vérité avec tant de nonchalance. Décidément, il a raison : il commence à me connaître un peu trop bien à mon goût, celui-là !
La réaction de mon épiderme me trahit de moi-même et Sarah claque sa langue contre son palais, agacée :
— Pff, t'es irrécupérable, franchement ! Et pourquoi t'as rien dit quand on est sortis de l'escape game, hein ?
— Je..., je balbutie. Vous aviez tous l'air si contents de manger des sushis, je voulais pas casser votre délire, moi !
— Bon, c'est pas la fin du monde, intervient Dorian. On a pas encore commandé, ni rien, on peut toujours chercher un autre resto...
J'hausse des sourcils surpris en voyant mes amis rassembler leurs affaires, déjà prêts à s'en aller, comme ça, et à bouleverser tous leurs plans juste à cause de ma personne.
— N-Non ! je m'exclame. C'est pas grave ! Je veux pas que vous vous priviez à cause de moi ! En plus, à cette heure-ci, ça va être compliqué de trouver un resto sans réservation...
— Bah au pire y'a toujours le McDo, ou on peut se faire un Kebab..., commence Adam.
— Mais non ! je m'agace. Vous aviez prévu ça, c'est moi qui ai pas été assez attentive, je vais assumer ma connerie ; je veux pas contrarier les plans de tout le monde ! Allez, s'il vous plaît...
Je me sens devenir de plus en plus écarlate, tandis que des larmes me montent aux yeux à l'idée d'être ainsi la source d'attention générale. L'impression, une fois de plus, de n'être qu'un boulet à la ramasse, en décalage complet avec les autres, s'empare de moi.
Pourquoi je peux pas être un peu plus normale, bordel ?
Sarah ouvre la bouche pour protester mais le chevelu, lui, se rassoit sans discuter.
— Okay, comme tu voudras.
— Mais Ad-, commence Sarah.
Celui-ci lui jette un regard appuyé :
— Nat a dit que ça la dérangeait pas. Arrête d'insister, Sarah ! (Il hausse les épaules : ) On va déjà voir ce qu'il y a au menu, on devrait bien trouver un truc pour lui plaire. Je suis assez calé en bouffe jap, je vais te conseiller, okay ?
Il tourne la tête vers moi et m'adresse un sourire réconfortant qui dissipe quelque peu mon malaise.
— Oui... D'accord. Au pire, je mangerais juste du riz, puis voilà ! Et franchement, même si je saute un repas, je vais pas en mourir, vu toute la graisse que j'ai en réserve !
J'illustre mon propos en pinçant la peau de mes bras ; j'ai dit ça pour détendre l'atmosphère, pourtant, les trois autres se contentent de me fixer sans réaction. Visiblement ennuyée, Sarah secoue la tête avant de lâcher :
— Bon, je vais aux toilettes, je reviens.
Dorian, Adam et moi la regardons s'en aller en silence et je finis par murmurer, attristée :
— Je crois que je l'ai fâchée...
— Mais non, t'inquiète. Ça lui passera ! me rassure Dorian. C'est juste qu'elle a consacré beaucoup de temps à organiser cette sortie, elle s'est mis une pression de dingue pour que tout soit parfait, donc l'idée qu'il y ait une ombre au tableau la contrarie. Déjà tout à l'heure elle culpabilisait grave à cause de ta crise d'angoisse...
— Mais elle y est pour rien !
— Je sais, je lui ai dit. Mais c'est Sarah... (Il hausse les épaules.) C'est un peu comme quand tu recommandes un film à quelqu'un et que tu te sens mal pendant les moments nuls, tu vois ? T'y es pour rien, c'est pas toi qui l'as réalisé, pourtant à cet instant t'as honte comme si t'étais responsable. Bah là c'est pareil...
Je secoue la tête, dépitée à l'idée de causer un tel trouble à mon amie, et me fais la promesse de lui dire plusieurs à quel point j'ai passé une super soirée une fois rentrée chez moi.
En attendant son retour, un serveur finit par nous apporter le menu ; Adam en place un entre nous deux et nous commençons à le scruter ensemble.
— Bon, du coup, t'as déjà essayé quoi ? me demande-t-il.
Je me racle la gorge, mal à l'aise, avant de confesser :
— En fait, j'ai dit que j'aimais pas la nourriture japonaise, mais la vérité c'est que j'en ai jamais vraiment goûté. J'ai des a priori, mais si ça se trouve, je vais peut-être aimer certains trucs...
— Okay, sourit-il sans me juger. C'est normal d'avoir des appréhensions quand on teste un truc qu'on connaît pas. Seulement, la nourriture jap est pas si exotique que ça, tu sais. Grosso modo, c'est juste du riz, des légumes, du poisson ou de la viande.
— Oui, mais bon, le poisson cru, c'est pas mon délire du tout ! Alors tu comprends bien que les sushis...
Il secoue la tête avant de m'interrompre :
— Il existe plein de saveurs différentes de sushi, Nat. La formule traditionnelle, c'est du thon ou du saumon cru, mais il y en a aussi à l'avocat, à l'omelette, au concombre... Et puis, la nourriture jap se limite pas aux sushis, hein. Regarde : t'as aussi des soupes, des salades, des yakitori... C'est des sortes de brochettes, c'est un peu l'équivalent de notre barbecue, tu vois ?
Tandis qu'il continue de m'expliquer le menu, Sarah finit par revenir et semble quelque peu calmée. Je lui adresse un faible sourire et décide de crever l'abcès tout de suite :
— Je suis désolée, Sarah. Je voulais pas que tu sois contrariée à cause de moi. Et si ça peut te rassurer, crise d'angoisse ou pas, je passe déjà une super soirée. Mais tu sais, t'avais pas besoin de te creuser autant la tête. Peu importe les activités qu'on aurait fait ce soir, la sortie aurait été super puisqu'on était ensemble.
Sarah, peu habituée à me voir exprimer ce que je ressens de manière aussi ouverte, écarquille des yeux surpris.
— Euh... Okay, bredouille-t-elle. Tant mieux, alors...
Finalement, le serveur nous apporte une feuille de commande ainsi qu'un crayon à papier, face auquel je fronce les sourcils sans comprendre.
Lorsque les autres m'ont parlé de formule à volonté, j'imaginais que nous aurions accès à un buffet ou un truc du genre, or à la place nous nous retrouvons avec ce papier auquel je n'y comprends rien.
— Euh, vous pigez quelque chose, vous ? Il faut être bac+7 pour commander ici, ou quoi ?
Mes complaintes déclenchent bien malgré moi l'hilarité de la table, aussi ne puis-je m'empêcher de continuer :
— Mais c'est vrai, merde ! C'est quoi, ce truc, au juste ?
Dépitée, je me mets à agiter la feuille de commande sous leurs nez. Adam, mi-amusé, mi-agacé, secoue la tête tout en m'expliquant :
— Les japonais à volonté, c'est pas comme les chinois ; ça fonctionne par round, tu vois ? Tu peux commander autant de trucs que tu veux, trois fois, et c'est tout. Mais si tu gaspilles la bouffe, ils te font payer un supplément, donc faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, miss gloutonne !
— Nianiania ! je lui tire la langue. Tu me conseilles quoi alors ?
— En entrée, prends des gyoza. C'est des sortes de raviolis, mi-cuits à la vapeur, mi-dorés. Et c'est une putain de tuerie !
Adam illustre son propos en embrassant le bout de ses doigts, m'arrachant un petit rire. Il continue de me conseiller ainsi et, à ma grande surprise, je dois reconnaître que je trouve tous les mets fort appétissants lorsque le serveur les dépose sur la table en s'exclamant :
— Et surtout... Bon appétit !
Finalement, le goût vient confirmer l'aspect général et, le temps d'un dîner, mes papilles se trouvent habitées d'un milliard de saveurs délicieuses jusqu'ici inconnues.
A tel point que je me vois obligée, une fois les deux premiers rounds terminés et mon ventre déjà bien arrondi sous ma robe, d'admettre à quel point j'avais tort concernant la nourriture japonaise.
— Meuf, tu kiffes même la sauce soja salée ! s'étonne Dorian en secouant la tête. Perso, je peux manger que la sucrée, la salée j'y arrive pas !
— Bah, c'est vrai que le goût était un peu bizarre au début, mais finalement j'aime bien ! je m'exclame. Je suis désolée, vous aviez raison : la bouffe jap, c'est trop bon ! Bon, par contre, manger avec des baguettes, c'est pas encore ça...
— Oh, t'inquiète, moi non plus j'ai jamais réussi. Sarah et Adam, vous gérez vachement bien, par contre !
Cette dernière fait mine de se recoiffer, satisfaite :
— Oh, bah ça... La classe, on l'a ou on l'a pas, hein !
Elle tend la main au chevelu qui répond mollement à son high five. Je sais d'expérience qu'il considère ça comme particulièrement débile, mais il prend sur lui pour faire plaisir à Sarah.
D'une manière générale, j'ai trouvé Adam beaucoup plus sociable et chaleureux qu'à l'ordinaire. Moi qui craignais, au vu de sa haine non dissimulée envers les sportifs en temps normal, qu'il tire la tronche ou réponde sèchement aux sollicitations de Dorian, il s'avère qu'au final, le courant a l'air de passer entre eux.
Il faut dire que le footeux s'est révélé beaucoup plus sympathique que ce que je croyais, et que tout mon ressentiment à l'idée qu'il m'ait un peu volé mon amie ces derniers jours a fini par s'envoler.
Si ça se trouve, le reste de sa bande d'amis sont tous aussi agréables que lui, pris individuellement ; peut-être est-ce simplement l'effet de groupe qui les rend aussi antipathiques en temps normal. Ou peut-être, encore une fois, ai-je simplement des a priori sur eux comme pour la nourriture japonaise.
Le serveur finit par nous apporter notre troisième round. Alors que Sarah, Dorian et moi nous retenons du mieux que nous pouvons de rire en l'entendant prononcer une énième fois son sempiternel "Et surtout... bon appétit !" dont il nous a abreuvé toute la soirée, je vois du coin de l'oeil Adam de plus en plus distrait par des vibrations incessantes sur son smartphone.
Piquée par la curiosité, j'étire le cou afin de lire par-dessus son épaule, mais Adam tressaille en me voyant faire.
— Hé, tu fais quoi ? me rabroue-t-il en cachant son écran.
— Oh, désolée, je m'excuse. C'est Fiona qui t'envoie des messages ?
Il marque une hésitation avant d'hocher la tête. A cet instant, j'ai beau savoir ma jalousie mal placée, je ne peux m'empêcher de me sentir agacée en me demandant si elle ne fait pas exprès de le harceler de la sorte pour le distraire alors qu'elle sait pertinemment qu'il se trouve en ma compagnie.
Agacement qui montre encore d'un cran quand Adam finit par se lever en s'excusant :
— Désolé, j'ai un coup de fil à passer. Je reviens.
C'est avec un pincement dans la poitrine que je le vois naviguer entre les chaises de la salle étroite jusqu'à sortir du restaurant. S'ensuivent alors plusieurs minutes où je tâche de suivre la conversation entre Sarah et Dorian, lesquels s'avèrent à présent lancés dans un débat pour savoir qui, des maki ou des california rolls, sont les meilleurs sushis.
Cependant, les voir tous les deux se chamailler, se tenir les mains, se toucher et se faire goûter mutuellement leur nourriture a, à ce moment précis, tendance à remuer le couteau dans la plaie béante ayant remplacé mon coeur.
Ne voulant pas ruiner l'ambiance, je finis par me rendre aux toilettes le temps de laisser passer ma contrariété. Ceux-ci se trouvant au-devant du restaurant, je peux apercevoir, avant d'y entrer, la silhouette d'Adam à travers la vitre. Ce dernier, une cigarette à la main, les sourcils froncés, semble assez énervé au vu de la manière dont sa bouche s'agite à toute vitesse dans son téléphone.
Une dispute ? je me demande, maudissant le léger espoir que je ressens à cette pensée.
Comme s'il sentait que je l'observe, il lève soudain les yeux et je frémis lorsque nos regards se croisent. Son mécontentement semble encore augmenter d'un cran et il détourne aussitôt le regard, donnant un coup de pied dans le vent tout en continuant de fulminer au téléphone.
Je secoue la tête en poussant la porte des toilettes, me sermonnant intérieurement à l'idée d'avoir pu me réjouir, ne serait-ce qu'un instant, du malheur de mon ami.
Je me suis promis de m'améliorer et d'être moins égoïste, pourtant.
Lorsque je sors, je constate en jetant un coup d'oeil par-delà la vitre qu'Adam a enfin raccroché, mais qu'il finit de fumer sa cigarette. Je sors le rejoindre afin de lui demander si tout va bien, même si sa mine renfrognée est sans équivoque.
— Il y a... Il y a un souci ? je m'enquiers d'une petite voix.
Il braque ses pupilles dans les miennes et déclare de but en blanc :
— Je vais rentrer. Fiona a besoin de moi.
Mon coeur se serre en l'entendant prononcer cette phrase d'un ton si implacable. Il est sérieux, là ? Alors oui, je sais que nous sommes la Saint-Valentin, et que Fiona est sa copine, mais quand même ! Il a promis de rester avec moi, ce non-rencard était son idée... J'ai refusé de voir Antoine à cause de lui ! Et maintenant, il va me laisser en plan juste parce qu'elle le lui ordonne ?
— Q-Quoi ? je bégaye malgré moi. Mais... T'avais promis de rester avec moi, ce soir, pour... Pour pas me laisser seule !
C'est plus fort que moi, je sens déjà les larmes me monter aux yeux et ma boule de chagrin étrangler ma gorge.
— C'est toi qui as eu cette idée..., je continue d'un ton accusateur. Et maintenant tu veux me laisser tomber ?
Mon chagrin ne l'émeut pas une seconde ; au contraire, même, Adam semble plus exaspéré qu'autre chose de m'entendre hoqueter.
— T'es pas le centre du monde, Nat, t'es au courant ? me lance-t-il d'un ton dur.
— Mais... Tu sais que c'est important, pour moi... Je t'ai dit que je voulais pas... Je voulais pas rester toute seule ce soir... Je sais pas ce qui se passe avec Fiona, mais ça peut sûrement attendre, non ?
Il me toise d'un regard dur :
— Non, ça peut pas attendre.
Cette fois, je n'arrive pas à retenir mes larmes ; je sais que ma réaction est disproportionnée et égoïste, toutefois je ne parviens pas à me contrôler.
— T'es sérieuse, tu vas pleurer pour ça ? s'agace-t-il. Rester seule le soir de la Saint-Valentin, c'est loin d'être le plus grand malheur de l'univers, hein, redescends un peu !
— Ça l'est pour moi ! je couine d'une petite voix. Parce que ça fait quinze ans que ça m'arrive ; or, pour une fois j'ai eu l'occasion d'avoir un vrai rencard, mais je l'ai refusé à cause de toi !
Il croise les bras sur son torse et rétorque entre ses dents :
— Oh et bien désolé d'avoir gâché ton "vrai rencard" avec le prince charmant Antoine ! Prince charmant qui a trop honte de toi pour assumer ses sentiments devant ses potes, j'te rappelle !
Je lui jette un regard noir :
— Comme c'est prévenant de ta part, à cause de mon Alzheimer précoce j'avais presque oublié, dis donc ! je siffle d'un ton sarcastique.
Je prends une grande inspiration et tâche d'expliquer plus calmement :
— Je disais pas ça pour te vexer, mais mets-toi à ma place deux minutes : j'ai refusé son invitation pour qu'on sorte ensemble ce soir, et maintenant tu veux me laisser en plan ! J'estime avoir le droit d'être fâchée et triste !
Adam secoue la tête, pas du tout ému par mes propos :
— Faut vraiment que t'apprennes à voir plus loin que le bout de ton nez, Nathalie, et que t'arrêtes de t'apitoyer sur ton sort à cause de petits tracas sans importance ! Franchement, je commence à en avoir ras-le-bol de subir tes états d'âme en permanence ! J'ai l'impression d'être ton putain de doudou sur pattes, à toujours devoir te rassurer et jouer les oreilles attentives ! Tout ça pour m'en prendre plein la gueule dès que je fais pas les choses exactement comme tu voudrais ! J'en ai marre de me plier en quatre à tes caprices, j'ai pas que ça à faire de ma vie, tu sais !
J'ai souvent entendu dire que les mots pouvaient blesser plus que les coups ; à cet instant précis, je peux attester de la véracité de ce dicton. J'enchérirais même en ajoutant que selon la personne qui les prononce, ces mots peuvent s'avérer tels des poignards plantés en plein dans votre coeur.
Depuis toute petite, j'ai l'habitude d'entendre les gens minimiser ou moquer mes émotions ; qu'il s'agisse de mes parents, de ma cousine, de profs ou d'autres membres de ma famille, on m'a souvent dit que je surréagissais, que "je m'en faisais une montagne", que j'étais une drama queen.
Alors, depuis le temps, ça ne devrait plus m'atteindre... Pourtant, là, je me sens blessée. Parce que c'est Adam qui vient de le faire, et que jusqu'à présent il était un des rares individus à toujours avoir pris mes peines au sérieux, même les plus dérisoires ou injustifiées.
Refusant pourtant de lui montrer que ses paroles m'ont touchée, j'opte à la place pour la colère et fronce les sourcils en lançant d'un ton sec :
— Bon eh bien, puisque c'est comme ça, moi et mes "états d'âme", on va te laisser tranquille, Adam ! Rassure-toi, je viendrais plus t'emmerder avec mes "tracas sans importance" ! Te voilà libéré de tes fonctions de "doudou sur pattes" ! Satisfait ?
Je tourne les talons sans attendre de réponse et regagne le restaurant d'un pas rapide. Au fond, une partie de moi espère qu'Adam va me rattraper, me dire qu'il est désolé, que ses mots ont dépassé sa pensée ; que ce n'est pas vraiment contre moi qu'il est énervé, mais contre Fiona avec qui il vient de se disputer...
Sauf que rien de tout ça ne se passe. Non, il me laisse retourner m'asseoir sans chercher à m'en empêcher et, lorsqu'il finit par revenir quelques minutes après moi, son expression s'avère toujours aussi renfrognée que lorsque je suis partie.
Je conserve la tête baissée, à jouer avec mes baguettes tandis qu'il explique brièvement aux deux autres les raisons de son départ précipité.
Je vois du coin de l'oeil le regard de Sarah osciller de lui à moi, néanmoins elle a la délicatesse de ne rien demander. Adam finit par lui faire la bise, puis à serrer la main à Dorian, avant de poser ses yeux sur moi, dans l'expectative.
Il attend probablement que je me lève pour lui dire au revoir, mais c'est au dessus de mes forces ; c'est pourquoi je me contente de marmonner du bout des lèvres :
— Bonne nuit, Adam.
Je vois à sa mâchoire contractée ainsi qu'à ses poings serrés que mon attitude le contrarie. Néanmoins, il ne dit rien et hoche simplement la tête en répondant sur le même ton :
— Merci, toi aussi, Nathalie.
J'attends qu'il se soit suffisamment éloigné pour enfin lever les yeux sur lui. Et, tandis que sa silhouette diminue, je songe avec dépit que je peux ajouter une nouvelle saveur à la liste découvertes ce soir lors de ce restaurant : celle, douce-amère, de la déception, de la solitude et, surtout... du gâchis.
Musique : Taylor Swift — You Belong With Me
https://youtu.be/LYyUr75fs_o
Hey ! Vous allez bien ? Je suis contente, j'ai réussi à respecter mon délai de 15 jours, cette fois-ci ! 😁
J'espère que le chapitre vous a plu. On continue la soirée du rencard, avec une petite sortie au resto... Vu que les resto sont fermés en ce moment, je me suis dit que j'allais nous faire vivre ça par procuration. 😆 En vrai, je ne suis pas du genre à aller au restaurant très souvent, mais bon, j'avoue que même à moi ça commence à me manquer. Et vous ?
Le chapitre est divisé en deux parties : la première, assez bon enfant et conviviale, où Nat exprime ses appréhensions à l'idée de manger de la nourriture qu'elle ne connaît pas. Comprenez-vous ses a priori ? Avez-vous déjà mangé de la nourriture jap ? Ceux qui me suivent sur Insta savent que perso, j'adore ça et que j'en cuisine régulièrement ! 😝
Comprenez-vous également la contrariété de Sarah à l'idée que la soirée ne se passe pas tout-à-fait comme elle l'avait imaginé ? J'ai essayé de donner un peu de consistance à Dorian, ici aussi. Que pensez-vous de lui jusqu'ici ? Et de leur couple à tous les deux ?
De ce cher Adam qui rassure et conseille Nat ? 😌
Ensuite, vient la deuxième partie, moins fun, tout de suite... 😅 Où Adam se fait bombarder de SMS de Fiona et finit par s'éclipser pour lui parler. A votre avis, Fiona fait-elle vraiment ça pour l'éloigner de Nat, comme celle-ci s'imagine ? Des idées de pourquoi Adam et elles se sont disputés ? 🤨
Comprenez-vous la réaction d'Adam qui décide de rentrer pour parler avec elle ? Ainsi que la déception de Nat ? Nat est un perso hypersensible, donc oui, elle surréagit beaucoup... Cela dit je trouve qu'Adam exagère également ici. Bref, leurs mots ont à tous les deux dépassé leurs pensées... Comprenez-vous leurs points de vue respectifs ? 😬
Des pronostics pour la suite ?
En attendant de vous lire, je vous fais des bisous et vous dis à bientôt pour la suite ! 😘
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