VISITE


julia avait passé la semaine, le mois, tout son temps, chaque nuit et jour, à tracasser. sa tête ne faisait que tourner et s'alourdir à la simple pensée de devoir faire face aux joueuses professionnelles du tournoi de londres. après toutes ces années de dur labeur et de concentration sur son rêve, elle se devait de ne pas le rater.

aujourd'hui, charles lui avait proposer de prendre une journée de congé et de l'accompagner à l'hôpital voir sa tante, elle qui suivait des traitements pour vaincre le cancer.

ils embarquèrent tout les deux dans la bagnole grise de charles. une délicate musique classique y jouait. elle s'était déjà retrouvée dans cette voiture, seulement dans un autre contexte, beaucoup plus particulier.

comment elle avait été saoule. comment ses lèvres avaient été proches des siennes...

— j'ai bien hâte que tu la rencontres. vous allez vous entendre à merveille. en plus, je déteste me l'avouer, mais j'ai besoin d'un certain...

— soutien moral?

— exactement, un soutien moral. il me semble que tout va mal de ces temps-ci. ses traitements ne font pas effet. je suis désolé de te faire vivre cette situation, mais j'ai vraiment...

— tu es drôle, tu sais? ça me fait énormément plaisir de venir avec toi. t'inquiète, tout ira bien, tu vas voir.

et même si charles était concentré sur la route qui défilait devant lui, il su que julia était la seule femme qui lui permettait d'être aussi vulnérable, de complètement s'accepter tel qu'il était.

— elle aussi a hâte de te rencontrer. je lui parle souvent de toi.

— ah oui? en bien ou en mal?

le petit sourire espiègle que julia lui offrit lui rappela le temps où leur relation était si simple, si légère. maintenant, cette époque n'est qu'un vent de nostalgie. le cœur de charles se resserrait à chaque occasion où il se rappelait qu'elle avait un petit copain qui l'attendait à la maison, qui devait lui cuisiner des repas, qui avait la chance de la serrer contre elle chaque soir avant de s'endormir, qui pouvait l'embrasser tant qu'il voulait...

— oh, tu sais... je lui ai simplement dit que j'étais meilleur au tennis que toi. c'est l'habitude, tu vois.

cette blague, qui durait depuis maintenant cinq mois, cette rivalité enfantine qu'ils avaient développée, plaisaient toujours autant à julia.


— oh c'est triste, coach. tu oses même mentir à ta chère tante. quel manque de respect!

ils éclatèrent de rire en débarquant de la voiture. la température extérieure s'annonçait mauvaise avec ses nuages gris. lorsqu'ils arrivèrent au seuil de la chambre, quelques rayons avaient transpercé le ciel.

charles y entra en premier, suivi de julia qui marchait sur ses talons, gênée. dans cette chambre, il n'y avait que deux dames assez âgées, une de moyenne taille aux longs cheveux gris et blancs qui dormait la bouche grandeouverte et une autre de petit taille au crâne chauve et malgré tout, au visage enjoué. celle-ci regardait la télévision. elle se retrouvait à être la marraine de charles.

— bon matin, meredith.

elle s'aperçut enfin de la présence de son neveu et de son invitée.

— oh, charles! comment vas-tu? viens me faire un câlin!

lorsque julia observa la dame, un détail la frappa en plein cœur; son manque de poils sur son corps était flagrant et d'énorme cernes pendaient sous ses petits yeux fatigués. elle détestait la voir sourire autant, comme si elle se forçait à cacher sa douleur devant un de ses êtres chers. mais comment une femme aussi belle et forte pouvait perdre autant?

charles donna une petit accolade à sa tante tandis que julia observa la scène, toujours étourdie par le choc.

— je vais bien, ma tante. je te présente julia.

la jeune femme s'approcha du lit pour lui présenter un sourire poli.

— bonjour, madame. heureuse de vous rencontrer.

— julia? la julia? enfin, je te rencontre! il était temps! approche mon enfant!

julia lui donna à son tour une accolade. il lui semblait qu'elle n'avait pas assez de force dans ses bras pour la prendre, mais la tante le fit quand même.

— charles m'a pourtant décrit comme la plus belle femme qu'il ai jamais vu, mais je ne m'attendais pas à recevoir la visite d'aphrodite ce matin!

— ma tante!

julia se retourna vers charles, surprise. lui, la regardait, les yeux brillant comme des constellations. son cœur battait tout doucement, épanoui devant son amour.

— c'est vrai?

il l'admira un moment de plus, les yeux plein d'espoir.

— oui. c'est vrai.

le cœur de julia fit un bond dans sa poitrine. elle dû utiliser toute la force qu'elle avait pour ne pas le prendre dans ses bras et l'embrasser. l'embrasser et enfouir sa main dans ses cheveux et sentir son odeur et...

— viens t'asseoir près de moi, mon enfant! parle-moi de toi! c'est si rare que qu'il y ai une célébrité dans ma chambre!

alors julia se tira une chaise et prit place près de la dame enjouée. charles se recula de la scène, les bras croisés derrière le dos.

— je crois que je vais aller voir ton infirmière, ma tante. vérifier tes tests de sang et tout le reste.

— vas-y, mon poussin! j'ai déjà de la compagnie, ici!

elle avait prononcé sa phrase en regardant julia avec une bonté pure.

— alors! julia, comment vas-tu?

— très bien. je dois m'entraîner très fort puisque je vais jouer à londres la semaine prochaine, et puis... c'est mon rêve. de gagner et de faire partie des meilleures. je dois absolument y arriver.

avec meredith, julia se sentait réellement écouté. son regard était si percuteur qu'elle avait l'impression qu'elle comprenait tout ce qu'elle lui disait.

— je vois ce que tu veux dire, mon ange. tout ce que je peux te conseiller, c'est suivre ta voie. regarde mon beau charles. il n'a pas toujours été si seul.

— ah bon?

— non. il a toujours voulu être coach de tennis, même lorsqu'il était tout petit. malheureusement, ses parents ont toujours souhaité qu'il soit médecin. lorsqu'il leur a annoncé, ils ne lui ont plus jamais reparler et le reste de la famille s'est retourné contre lui. sauf mon fils et moi. mon fils nous a malheureusement quitté, mais tu sais ce qui est beau, dans tout ça? c'est que, malgré toutes ces pertes, il est heureux aujourd'hui.

julia sourit à la tante. elle ne savait pas pourquoi elle lui racontait tout ça, mais elle adorait cela.

— aujourd'hui, il est fort et confiant, plus que jamais! et l'as-tu sincèrement regarder? il est un sacré bel homme, maintenant! oh oui, un vrai tombeur de ces dames! et tu sais, pourquoi? parce qu'il est bien dans son métier, il se sent à la bonne place. il a réellement réaliser son rêve. et il est aux anges avec toi! alors, tout ce que je peux te suggérer, c'est d'oublier tes peurs et de foncer. réaliser tes rêves est la plus belle chose qui puisse t'arriver. n'hésite pas. n'hésite plus à trouver ton bonheur. la vie est si courte, après tout.

julia se sentait mal de devoir la regarder parler de vivre une vie fabuleuse, elle qui se retrouverait probablement dans cet hôpital pour le restant de ses jours.

meredith aperçu ce sentiment dans son regard.

— ne t'en fait pas pour moi, mon ange. bientôt, je retrouverai ceux que j'aime, là-haut. j'ai vécu une vie très agréable, remplie d'embûches. j'ai aussi réalisé mes rêves. tout ira bien pour toi et moi, tu verras.

son sourire était si gentil que julia ne pu s'empêcher de laisser couler quelques larmes sur ses joues.

— tu souffres, julia. je le sens.

— quelque peu.

— voudrais-tu m'en faire part, mon enfant?

et puis, pourquoi pas?

vite avant que charles ne revienne.

— il y a ce garçon que j'aime. je l'aime de tout mon cœur. c'est réel, tout ça. je le ressens dans mon ventre, dans mon cœur et dans ma tête. pourtant, je suis dans une relation depuis 8 ans avec cet adorable garçon. il fait partie de ma vie depuis si longtemps, je...

— tu ne veux pas lui faire de mal. je vois très bien ce que tu ressens.

julia soupira un bon coup.

— et dis-moi, sans vouloir être indiscrète, est-ce que ce garçon qui fait battre ton cœur se trouve à être quelqu'un que nous connaissons toutes les deux?

julia n'arrivait pas à comprendre comment cette femme qu'elle venait à peine de rencontrer la connaissait déjà par cœur.

elle hocha tranquillement de la tête pour lui approuver qu'elles parlaient effectivement de charles.

— je devrais énormément me concentrer sur le tennis, mais je n'y arrive pas avec une tête aussi mêlée.

— regarde-moi dans les yeux, julia. si tu souhaites casser avec ce garçon, fais-le. tu n'es pas une mauvaise personne pour autant. tu ne souhaites que le meilleur pour toi et ton futur. certes, tu lui ferras beaucoup de mal, mais le bonheur qui t'attends après sera certainement plus beau que tout ce que tu auras vécu auparavant. je te l'assure. tu te dois d'essayer.

elle laissa les mots flotter dans sa tête. tout tournait dans la pièce.


— il ne faut jamais perdre courage, julia. jamais.

elle essuya ses larmes et reprit le contrôle de sa respiration. maintenant, c'était clair dans sa tête. rien n'allait l'arrêter. pas même son père, pas même marcus.

pas même elle-même.

— merci, meredith.

elle se leva pour aller retrouver charles et le vit, debout, les bras croisés, l'épaule appuyée sur le cadre de porte, un sourire tendre aux lèvres.

et puis, c'est en le voyant qu'elle réalisa que ce rêve qu'elle voulait à tout prix à réaliser, ce n'était pas celui de jouer à wimbledon. non. c'était celui de pouvoir le prendre dans ses bras et lui dire qu'elle l'aime.

c'est toi mon rêve.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top