Chapitre 8
Yukino
Bien qu'arrivés en retard, notre professeur ne nous refuse pas l'accès pour autant. Heureux de nous voir revenir main dans la main, il s'empresse de nous demander de nous asseoir.
Et c'est reparti pour un tour...
- Oh donc entre vous, commence Kayano avant de se faire couper par Nagisa.
- Tu vas mieux Yukino ?
- Non, répondis je en levant les yeux au ciel, et oui merci.
- Dommage, soupire mon amie, mais il n'empêche que vous vous tenez toujours la main, remarque t'elle en ricanant.
- Gnegnegne.
- Ta répartie est excellente, vraiment, se moque Karma. Mais j'en ai une meilleure, dit il avant de déposer un baiser sur ma joue.
Il est pas sérieux ?
Je sens mes joues rosir sous la gêne, et je tousse peu discrètement pour faire passer ma gêne et m'empêcher de faire une tête bizarre. Le bruit d'un flash retenti quand même, et sans tourner la tête je sais déjà qui est derrière l'objectif.
- Nan mais toi, lui criais-je, t'es vraiment pas possible !
Rio se contente de rire et la classe reprend le travail après nous avoir bien fait comprendre qu'on a pas fini d'en entendre parler.
Maudit soit Karma.
- Comme je le disais à vos camarades, la semaine prochaine nous partons en voyage à Kyoto !
Puisque notre but principal lors de ce voyage reste de tuer notre professeur, les missions que j'ai effectué là bas me reviennent en tête, avec tout les endroits que j'ai utilisé pour me cacher. Des plans se forment naturellement dans mon esprit, et je m'oblige à me reconcentrer sur l'instant présent.
Ça promet d'être marrant...
Étant donné que mes supérieurs ont décidés que je ne mènerai aucune autre mission tant que celle ci n'est pas réussie, je suis tranquille et ne risque plus d'être appelée en urgence comme la dernière fois. Au grand soulagement de tout le monde, moi y compris.
******
Le jour-J est arrivé et impatients, nous nous pressons tous sur le quai pour voir arriver notre train. Tournant la tête, j'aperçois mon voisin qui se prend la tête avec des élèves du bâtiment principal. En une semaine, peu de choses ont changé si ce n'est que môsieur me taquine bien plus que nécessaire, même si ouais, j'avoue que je cherche un peu.
Je ne me comporte pas de la même manière avec lui, et j'en prends conscience petit à petit. J'aimerais bien continuer à me voiler la face mais bon, ça m'a travaillée une bonne partie de la semaine. On a passé la plupart de notre temps libre ensemble que ce soit pour qu'il m'aide à rattraper des cours ou simplement pour jouer aux jeux vidéos.
Étrangement, on se ressemble plus que je ne le pensais, et je n'ai toujours pas décidé si c'est une bonne ou mauvaise chose.
Toujours se souvenir que ce petit être est dangereux.
D'autant plus que je vais me retrouver avec lui pendant une semaine de plus, avec les groupes que nos professeurs ont formé. Nagisa, Kayano, Kansaki, Rio, Sugino et nous deux en formons un, et nous nous sommes donnés la mission implicite de réussir à faire admettre à Nagisa et Kayano leurs sentiments communs. Je sens que ça va être marrant, étant donné qu'ils sont tout sauf au courant.
- Le train arrive, mettez vous par groupes, nous demande mon frère.
Nous nous avançons vers la seconde classe sous les moqueries des élèves de l'établissement principal, et nous installons tranquillement.
- Puisque ça risque d'être long, ça vous dit un action ou vérité ?
- Jamais quand c'est toi qui propose Rio.
- Aller, nous supplie t'elle. Ça va être marrant.
- Surtout pour toi, saleté...
- Je commence. Ça vous va comme ça ?
- Très bien, capitule Nagisa pour nous tous, en sachant bien qu'elle ne nous aurait pas lâchés avant que nous n'ayons acceptés.
Elle jubile et nous soupirons en cœur, amusés.
- Rio, commence Karma, action ou vérité ?
- Action !
- Tu vois le couloir ?
- Oui ?
- Tu vois les imbéciles du bâtiment principal de l'autre côté?
- Hum ?
- Tu vois les pétards dans ton sac ?
- Le nouveau prototype d'Itona qui se déclenche à distance, sourit elle de manière diabolique.
Rio se lève en prétextant vouloir aller aux toilettes, et nous la suivons tous du regard. Discrètement, en rentrant dans un serveur de la première classe, elle fait tomber son sac à main et du maquillage s'éparpille sur le sol. Mais c'est qu'elle a de sacrées bonnes idées quand elle veut.
Karma ricane quand les fameux pétards sont envoyés dans la cabine où les imbéciles en question sont entassés. Nous recommençons à parler pour ne pas paraître trop suspects, mais gardons les oreilles tendues. Rio revient quelques minutes plus tard, un sourire vainqueur sur les lèvres.
- Prêts ? A la une, à la deux...
Plusieurs petites explosions retentissent dans le wagon attaché au nôtre, et nous nous retenons de ne pas rire. Certains élèves sortent en courant vers les toilettes dont l'entrée est visible à travers une vitre, et ça devient de plus en plus dur de nous contenir. Il lancent des regards assassins vers nous, comme si ça ne pouvait être personne d'autre.
Bon, pour le coup ils ont pas tord.
Mais ça fait du bien d'avoir une petite revanche.
- Quel dommage que vous deviez rester debout en attendant qu'ils aient fini de fouiller le wagon, commence Karma. Alors que nous, on peut se prélasser sur nos banquettes comme les bons petits déchets que nous sommes.
Il les cherche intentionnellement en leur tirant la langue, et s'esclaffe quand quelqu'un l'insulte et tombe nez à nez avec mon frère.
Le reste de notre classe ne manque pas de se moquer d'eux quand ils nous accusent alors que voyons, tout le monde sait que les pétards ne se déclenchent pas à distance. Après ce petit incident, nous reprenons la suite du jeu comme si rien ne s'était passé.
- Kayano, action ou vérité ?
- Vérité.
- Dis nous le nom de la personne que tu aimes, demande Rio, un sourire entendu sur le visage.
Elle rougit et se cache dans ses cheveux avant de prononcer un nom tellement vite que personne ne comprends ce qu'elle vient de dire.
- On a rien entendu, remarque Sugino.
- C'est votre problème, rétorque t'elle en tirant la langue. Nagisa, action ou vérité ?
- Euh... action.
- Je réclame un câlin pour les sévices moraux qu'ils me font subir !
Nous rigolons en cœur, et bien que gêné, notre ami aux cheveux bleus ne se gêne pas pour exécuter son gage.
- Karma, action ou vérité ?
- Action.
- Embrasse Yukino.
Je manque de m'étouffer avec ma salive.
- Objection !
Je tente de me défendre, mais ils ne me laissent pas en placer une et Karma me fait un petit bisou sur le front.
- Mais- oh et puis zut, je grommele, sous le sourire entendu des sept autres personnes présentes.
- Yukino-chan, action ou vérité ?
- Action, répondis je sans réfléchir, sachant bien que vérité était de loin la pire option possible avec Karma.
- Alors, répond t'il en souriant, si sa majesté Yuki-chan a l'obligeance de déposer son royal postérieur sur les cuisses de l'un des gentlemans présents dans ce groupe, nous en serions honorés.
- Qu'est ce que quoi ?
Je cligne des yeux et m'aperçois bien vite qu'en plus de m'avoir appelé princesse, il est foutrement sérieux.
Je pense bien à me défiler pendant un temps, mais en voyant que ces petits salauds n'attendent que ça, je soupire et me résigne. Puisque môsieur voulait que quelqu'un me supporte pour le reste du trajet, et bien c'est lui qui va se coltiner mon poids.
Après avoir inspiré un bon coup, je me décale et m'assieds sur lui de profil pour faciliter le reste de la conversation. Tout allait bien jusqu'à ce qu'il passe ses bras autour de moi et cale mon visage entre son torse et son cou. Tout mon corps se tend, et mon cœur bat bien trop vite pour ma propre survie. Et malgré l'assurance qu'il affiche, le sien n'en mène pas large non plus.
Les autres s'éclatent et nous prennent en photo sous tous les angles possibles et imaginables, alors que nos levons les yeux au ciel.
- Kanzaki, action ou vérité ?
- Vérité.
- Aimes tu quelqu'un ?
- Euh... il se pourrait que...
Nous rigolons devant sa gêne plus qu'apparente, et malgré moi, mes yeux commence à se fermer. La fatigue me frappe d'un coup, et je suis tellement bien dans les bras de Karma que tout mon corps se détend tout seul.
Karma
Un poids plus important s'appuie sur moi, et je remarque bien vite que la petite Yukino s'est endormie. Je souris malgré moi, ce que ne manque pas de remarquer une certaine personne.
- Si mignonne, n'est-elle pas ?
Nous nous sourions de manière entendue, et notre groupe ricane. C'est évidemment à ce moment là que la déléguée décide de venir.
- Oh ho, venez voir par ici...
La moitié de la classe s'approche de nous, et je soupire lourdement. Nos professeurs se rapprochent aussi par la même occasion, et tout le monde leur fait un chemin vers nous.
- Et merde, je jure, si bas que personne ne m'a entendu.
Quel plaisir.
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