Chapitre 7
Yukino
Après s'être assuré que je vais bien, Koro-sensei repart aussi vite qu'il est arrivé.
- Je voulais juste vérifier ta santé, mais tu as l'air en forme. Je vais vous laisser. Ne faites rien de bizarre, compris ?
- Yup. A demain nii-san.
Quand il referme la porte derrière lui, un soupir de soulagement m'échappe, en même temps que Karma. Nous sourions à cette constatation, et je finis par le mettre plus ou moins dehors.
- Il est tard, tu devrais rentrer.
- Mais...
Sa moue boudeuse a raison de moi et je souris franchement.
- Aller, on se verra demain.
Il soupire encore une fois puis finit par sourire, et se dirige vers la porte. Tadaomi, en bon grand frère qu'il est, a attendu que Karma parte en se mettant derrière la porte. Lorsqu'il s'aperçoit que je souris, il marque un temps d'arrêt.
- Yukino, tu...
Je lui tire la langue pour toute réponse et ferme la porte sur leurs nez à tous les deux. Épuisée, je retrouve mon lit avec plaisir et m'endors encore habillée, étalée en étoile.
*****
Un bruit sourd résonne contre la porte de mon appartement et me réveille en sursaut. Je m'empresse de maudire mentalement la personne qui dérange mon sommeil.
- Grouille toi Yukino-chan, les cours commencent dans trois minutes !
- Merde.
Je me prépare en vitesse, prends un pain au lait qui traîne, et sors précipitamment de mon appartement pour me retrouver devant un Karma hilare.
- T'as pas osé...
Sortant mon téléphone, je vérifie l'heure. Ce petit con m'a réveillée à six heures.
Chercherait-il à écourter sa durée de vie ?
- Reviens ici, je crie.
Il s'enfuit et je commence à le poursuivre, engageant une course endiablée dans le couloir. Jugeant qu'il vaut mieux ne pas entrer chez lui après m'avoir mise dans cet état, il prend la direction de la colline où se trouve notre classe. Je le suis en sortant de l'immeuble comme une furie.
- Si je t'attrape t'es un homme mort, Karma Akabane !
Son rire résonne dans la rue vide, et il accélère. Je le suis et tente de le rattraper, même si ça semble être peine perdue. Finalement le haut de la colline apparaît devant nous, et nous nous effondrons dans l'herbe.
- On a mit que dix minutes... de vrais fous.
- La faute à qui ?
Il se moque de moi, mais je finis bien vite par le rejoindre. Rire me fait du bien, et nous nous retrouvons tous deux étalés au sol, les yeux vers le ciel. Le soleil commence à pointer le bout de son nez, et nous assistons à une scène magnifique.
- C'est si beau, je murmure.
Il acquiesce et nous restons là pendant ce qui s'apparente à des heures. Aucun de nous ne veut briser la magie du moment, donc nous nous contentons de garder le silence. Au bout d'un certain temps, une silhouette cache le soleil.
- Vous faites quoi tous les deux ?
Le visage de Rio se dessine plus facilement à mesure qu'elle se décale du contre-jour.
- Qu'est ce que tu fais là aussi tôt toi ?
- Arrête de répondre à mes questions par d'autres questions, tu veux ? Je pourrais te poser la même en plus.
- Il m'a réveillée à six heures.
Je lance un regard assassin au boulet qui se tient à côté de moi, et il s'empresse de changer de sujet.
- Et toi Rio ?
- Disons que Koro-sensei nous a donné quelques photos... intéressantes...
Elle nous montre l'écran de son téléphone et il ne nous faut pas longtemps pour comprendre que notre professeur nous a en quelque sorte espionnés hier avant de rentrer. C'est pas vrai...
- Toute la classe a pu vous admirer... héhé.
D'un même mouvement, nous nous jetons sur elle pour supprimer les photos. Elle est plus rapide, et nous menace d'en publier d'autre qu'elle a personnellement pris si nous n'arrêtons pas.
- Un jour je te tuerais aussi, Rio...
Elle se moque de nous et de plus en plus de personnes commencent à arriver. Les cours commencent dans un quart d'heure, je ne m'étais pas aperçue que nous avions passés autant de temps allongés dans l'herbe. Même si ce n'est que pour nous embêter, le fait que certaines personnes nous prennent en photo pendant des moment que l'on ne veut partager avec d'autres m'énerve un peu. Irritée, je pars vers la forêt pour tenter de me relaxer.
- Tu fais quoi ?
- J'essaie de me poser au calme. Mais il semblerait que môsieur ne veuille pas me lâcher.
Il sourit et s'assoit à côté de moi en silence.
- Tu as souris hier. Vraiment, je veux dire.
Je savais qu'il me poserait des questions là dessus. Puisqu'il sera certainement amené à le savoir d'une façon ou d'une autre, je décide de me lancer. J'ai longtemps hésité à lui en parler, mais étant donné qu'il a bien voulu m'enseigner sans poser aucune questions sur mon passé, je peux bien lui raconter. Et puis, j'ai beau dire, il est quand même celui qui a réussi à me refaire sourire. Je soupire.
- Quand j'avais cinq ans, je vivais encore avec mes parents et mon frère. Ils travaillaient tard donc on se retrouvait souvent seuls à la maison. Un soir ils ne sont pas rentrés, et c'est pas faute de les avoir attendus. Les jours sont passés. Puis les mois.
Mes yeux se ferment.
- En bon frère qu'il est, Tadaomi a voulu subvenir à nos besoins seul. Mais il ne pouvait pas le faire, pas quand il étudiait à côté. J'ai rencontré Lovro à ce moment là. Il était le seul qui pouvait garantir sécurité et argent à mon frère, que ça soit pour les études ou pour garder un toit, donc je n'ai pas réfléchis bien longtemps.
Une larme unique coule sur ma joue.
- Je devais juste me consacrer entièrement à mon nouveau métier. Ça signifiait aussi devoir quitter mon frère. Je me suis enfuie un soir où il dormait, sans lui dire au revoir. Peut être que je pouvais aussi comprendre pourquoi nos parents nous ont quittés... c'est ce que je pensais.
Vide de toute émotion, je continue mon récit.
- Je ne l'avais plus revu depuis l'autre jour. La seule chose que je savais, c'est qu'il avait tout mis en œuvre pour me retrouver, et remonter la piste de cette rentrée d'argent qu'il avait tous les mois. Il est rentré dans les troupes d'élite pour avoir plus d'informations. Entre temps, j'ai su que nos parents s'étaient fait tués par d'autres assassins pour aucune raison particulière. Je n'ai jamais plus accepté de missions que pour tuer des ordures.
Une main se pose doucement contre mon dos, et je tourne la tête vers Karma.
- Depuis que nos parents nous ont abandonnés, je n'avais plus ris ou souris véritablement. Voilà. Tu connais tout.
Je fais mon possible pour garder un visage impassible, mais il n'est pas dupe. Ses bras passent autour de mon corps, et ce dernier réagit instinctivement. Ma tête se colle contre son torse et les larmes coulent contre mon grès. J'ai beau fermer les yeux le plus fort possible, elles trouvent quand même le chemin vers mes joues.
Pour pouvoir me rapprocher de lui, il passe l'un de ses bras sous mes genoux et m'assoit sur lui. Je me laisse faire, et mes mains agrippent son tee-shirt avec force. Mes larmes continuent de rouler en silence sur mon visage, et il ne dit rien de plus. Ses bras passent simplement autour de mon corps pour me communiquer son soutien.
Une dizaine de minutes passent, et je relève enfin la tête après m'être essuyée les yeux sur mes manches.
- Merci, dis je sincèrement.
Il me fait un sourire que je lui rends. Même si j'ai du mal à me l'avouer, pleurer m'a fait du bien. Je me relève difficilement de ses jambes, et nous retournons en classe. Mais il ne compte pas me laisser partir aussi facilement, il sent que je suis encore sensible, donc il attrape ma main. Je le laisse faire et la presse en retour avant de sortir de la forêt.
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