Si je devais écrire l'histoire de ma vie, je la décrirais pour l'instant comme entièrement ennuyeuse et sans intérêt. Dés l'âge de 2 ans, je faisais croire à tout le monde que je pouvais marcher uniquement qu'en touchant le mobilier ou les mur par un doigt. Je portais encore des couches en CP et j'avais une légère dyslexies : J'étais parfait, quoi !
Je vivais dans une famille merveilleuse. Une mère alcoolique fumeuse et vendeuse de cannabis qui rêvait de deux choses : Etre stérile et devenir une star du porno américain. Comme sa tentative d'avortement avait échoué, je n'étais pas désiré et cela en ressentait au niveau de mon éducation. Elle déposa finalement les armes quand j'atteignis mes 14 ans, juste avant de rentrer au collège. Elle s'en alla de la maison, sans un mot, me laissant seul. Tout ce que qu'elle me laissa, c'est une forte odeur d'alcool, de vomis et une petite plantation de cannabis "maison". Je retrouva tout de même ma mère quelques années plus tard, sur un site spécialisé en filmographie pornographique, dans un remake de Tintin intitulé "Les Bijoux de Castra molle". Par contre, et au contraire de ma mère, mon père n'avait laissé aucune trace de sa vie. Je ne l'avais jamais connu, et quand j'en avait parlé à ma mère, elle m'avait vaguement affirmé qu'il était mort en tant que soldat de la légion étrangère, une aventure d'un soir ou une relation tarifée.
Mon environnement aussi était un véritable jardin d'Eden : Un immeuble défraichi dans une banlieue abandonné. Le propriétaire était mort depuis des années, assassiné, et tous ses locataires l'avaient enterré discrètement et sommairement dans son jardin. Encore personne, de France et de Navarre, ne s'était rendu compte de sa disparition, ce qui permettait à tous ses locataire de vivre paisiblement sans payer de loyer. Tout le monde y trouvait son compte, permettant à chacun de faire ses petits trafiques. Au 1er étage, les Mamadou faisaient de la contrebande de Viagra et autres médicaments normalement acquis sous ordonnance, à prix discount. Au second, c'était moi, qui commençait la culture et la vente de cannabis, un business assez lucratif qui me faisait un petit pécule. Bien sûr, je faisais un prix d'ami à mes colocataires. Au 3eme, les turcs rackettaient dans d'autres quartiers de la ville, au 4eme, la famille roumaine écoulaient de fausse antiquités. Seules la personne du 5eme "travaillait", de telle sorte que le véritable locataire aujourd'hui mort, vive encore pour le reste du monde, le monde administratif surtout : C'était une personne que pratiquement personne ne voyait.
Tout cela n'était possible que dans une ville comme Sélestat, en Alsace. Une ville tout à fait charmante, 20000 habitants, élue ville la plus sportive par un hebdomadaire sportif national, grâce son équipe de handball, en division 1, et d'haltérophilie, talentueuses elle aussi. Mais aussi une ville avec la police la plus incompétente et la plus corrompue de tout l'Héxagone. Ils se laissaient corrompre facilement pour quelques centaines d'euros qu'ils venaient récupérer tous les mois lors de contrôle "inopiné". Et quand on avait besoin d'eux, ils faisaient la sourde oreille, ou pire, mettaient la victime en garde à vue. Ils s'amusaient à sifflait les filles, à humilier les poivraux errant dans la rue, à emmerder les pompiers,... .
Depuis le départ de ma mère, j'ai commençais mes études au collège des pauvres. Car il existait deux collèges ici : Un pour ceux qui pouvaient mettre la main au portefeuille et un pour ceux qui avaient les poches trouées. Le mien était gris, décrépis, sales, où les professeurs essayaient d'éduquer et de dresser des gamins qui s'en foutaient. C'est en 6eme que j'ai commencé à vendre de la drogue pour avoir de l'argent, pour vivre. J'ai eue des amis peu recommandables, et je suis devenu moi-même une petit frappe, rackettant, crachant, insultant pour finir avec une dizaine de punitions par semaine. Je jouais le jeux, parce que les collégiens formaient comme des meutes de loups. Dans ce cas-là, soit je devenais un dominateur, soit je faisais le dominé, et j'avais choisis mon camps, même si cela ne me plaisait guère. Mais je ne négligeais pas les études pour autant. Je voulais quand même sortir de cette mouise. Je n'étais pas très fort en maths et en physique, mais j'étais doué en français et en anglais. Je touchais surtout ma bille en sport, j'étais même le meilleur. Ce n'était quand même pas sans mal que je réussissais à trouver le chemin jusqu'au lycée. La plupart des mes "copains" s'étaient arrêté au brevet, le reste ayant déménagé ou ayant trouvé la porte de la prison, ou d'une centre éducatif. Le lycée technique de la ville était pour moi un nouveau départ, et je réussissais même à vendre ma drogue plus facilement qu'au collège, doublant ainsi mon chiffre d'affaire certains jours. J'avais toujours des difficultés avec la technique, et j'étais toujours fort en langue et en sport. Il fallait dire que j'avais acquis une corpulence adapté à cette discipline. Malheureusement, les filles n'étaient plus intéressé par les bad boys, surtout depuis qu'un serial violeur avait sévi dans l'établissement il y a quelques années....
Après un CAP électricien en poche, je quittai enfin l'école pour de bon, et je continuai mon petit trafique, tout en travaillant 4 heures par jours au noir comme "technicien logistique" au sein d'un supermarché. En faite, je récupérais et rangeais les cartons de produit dans l'entrepôt, et j'aidais à la mise en rayon avant l'ouverture. Avec mon petit trafiques, les allocs de ma mère absente et ce travail, j'arrivais à faire jusqu'à 2000 euros par mois, net d'impôts bien sûr.
Et puis un jour, juste avant ma majorité, je bichonnais mes plants de cannabis quand la police vinrent semer leurs grains de sels. Après avoir gentiment défoncé ma porte, les policiers m'ont menotté "Manu Militari" et ont fouillé l'appartement en quête de preuve. Et depuis, je croupis dans une cellule, en attendant l'interrogatoire. Je commençais à me remettre en question, en me demandant combien d'année de prison j'allais encaisser...