s o t t o v o c e; murmuré
Le note tombe.
Dure, grave, emplie de confiance et de fierté, elle résonne dans la salle.
Soudainement, il est seul dans un monde uniquement composé de l'instrument; et de la douce mélodie qu'il produit.
Les notes se mouvent, créant quelque chose d'enchanteur, de captivant, et il écoute attentivement, la sérénité se lisant sur ses traits. Il lit à travers les touches, s'envole et imagine; la musique lui conte une histoire unique.
Il ferme les yeux, se laisse aller, ses doigts connaissant leur itinéraire sans aucune faille après une éternité d'entraînement. Ils le guident, ralentissent, accélèrent; ils sont lourds comme une ancre, puis soudainement légers comme une goutte de pluie coulant le long d'une fenêtre.
La mélodie s'enrichit, il frémit. Un univers de couleurs défile dans son esprit.
Voilà la péripétie principale de l'histoire que le piano lui conte. Il y met toute son âme, sentant des émotions exaltées gonfler dans sa poitrine et chasser tout doute hors de lui.
Ce monde sombre, pathétique et misérable ne lui appartient plus. Il est libre.
Cela lui monte à la tête, il exulte, ses doigts enchaînent des notes dans un rythme rapide, presque saccadé. Il s'emporte, laisse libre cours à la colère enfouie au fond de lui; aux profonds sentiments de regrets et d'incertitude qui le hantent.
Puis, après ce qui lui semble être une infime poignée de secondes, la dernière note vient achever le morceau. Il se rend compte qu'il retenait sa respiration et inspire, une vague de fierté le fait frissonner.
Yoongi ne vivait que pour le quatrième art, celui de la musique. Le plus beau à ses yeux, le seul auquel il semblait accorder de l'importance, également.
Mais peut-être était-ce aussi parce que c'était le seul qu'il pouvait apprécier.
La pièce dans laquelle le jeune homme était assis était plongée dans une obscurité pénétrante, on ne distinguait qu'à peine les touches immaculées du piano; mais cela ne le dérangeait pas. Après tout, avec ou sans lumière, la seule chose qu'il voyait était une nuance de couleur.
Noir.
Yoongi laissa ses doigts effleurer le piano puis lorsqu'il atteignit le capot de l'instrument dans un geste familier, il le rabattit doucement. Ses mains allèrent trouver le manche de métal froid posé à ses côtés.
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"Ne sois pas en retard, aujourd'hui ! Tu nous as déja fait le coup la dernière fois, Yoongi. Je sais que tu n'aimes pas l'hôpital, mais c'est une étape nécessaire."
Comme si poirauter devant ces types en blouse qui ne font que me répéter l'évidence en se paraphrasant les uns les autres permettrait de me soigner un jour.
"Rien ne va changer, Yoongi-ah. Je serai là pour toi, on se verra aussi souvent qu'avant."
C'est étrange, on dirait presque que vous vous êtes passés le mot pour me débiter exactement les mêmes mensonges, avant de disparaître et d'oublier que pendant que je deviens une anecdote pour vous, le silence avec lequel je vis devient de plus en plus assourdissant dans la pénombre.
"Yoongi..."
Je suis presque heureux de ne pas voir vos visages. La pitié suinte déjà de vos voix, vos visages doivent être hideux.
Mais écoutez, moi aussi, je me trouve pathétique. Je ne vais certainement pas vous empêcher de le faire.
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[une idée qui me trottait dans la tête depuis un bout de temps. inspiré par Page Turners, un de mes dramas préférés ♡]
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