Chapitre XXXVI
— Alors, je peux compter sur toi ce soir, Aaron ?
Le roux tourna la feuille du dossier qu'il lisait, réfléchissant à la proposition de son interlocuteur, avant de soupirer légèrement :
— Je ne sais pas si Hugo est prêt. Je comptais le présenter dans une soirée plus privée...
— Je me doute, babe, mais j'ai vraiment besoin que tu viennes. Mon barman est malade et même avec Jean pour le remplacer il y aura vraiment trop de monde. Tu n'auras qu'à le laisser avec nos soumis, il sera en sécurité.
— Mm... pourquoi tu fais des soirées comme celle-là aussi ? Je vais voir ça avec lui, ok ? Je t'envoie un message ce midi.
— Très bien... À plus tard alors, babe.
— Et arrêtes de m'appeler comme ça, grogna le roux au téléphone avant de raccrocher.
Il posa son portable et tourna son regard vers l'horloge en soufflant de nouveau. Dix heures seulement. Il se mordit la lèvre, hésitant quelques secondes, avant de reprendre son appareil et appeler un autre numéro.
— Oui, Prince, lui répondit une voix guillerette au bout de quelques tonalités.
— Un ami vient de m'appeler, il a besoin de moi ce soir dans son club, il n'a pas de barman.
— Oh, je vois, et donc, Prince ?
— J'aimerais lui rendre ce service, mais je ne veux pas te laisser seul. Et je n'avais pas prévu de t'emmener à cet endroit avant quelques temps.
— Pourquoi donc ? Je peux passer une nuit seul vous savez, si c'est ça qui vous gêne...
— Je ne veux pas te laisser seul alors que je vais aller sur Paris. Et puis... c'est un club BDSM.
Le silence qui suivit son annonce manqua de faire paniquer le plus vieux. Mais étrangement, son soumis demanda :
— Nous allons revoir Monsieur Jean et Aiden, Prince ?
— Oui...
— Il va falloir que vous m'appreniez comment me conduire... n'est-ce pas ?
— Exact. Je rentre de suite, tiens-toi prêt.
Il n'eut pas besoin d'entendre la réponse du plus jeune pour couper la conversation et se lever en fermant soigneusement son dossier. Il le glissa dans son sac et bloqua son après-midi ainsi que la journée du lendemain sur son emploi du temps en ligne. Son père le disputerai sûrement mais il n'en avait pas grand chose à faire. Après tout, il emmenait son affaire du moment avec lui, il travaillerai quand même. Il enfila rapidement sa veste de costume et quitta son bureau en marchant à vive allure, un grand sourire sur le visage.
Quand il poussa la porte de son appartement, le jeune avocat trouva Hugo, assis à genoux dans le salon et nu comme un ver. Il émit un grognement appréciateur en se débarrassant de sa veste sur le porte manteau et posa sa saccoche sur une des chaises hautes de l'îlot central avant de le rejoindre. Il flatta les cheveux bruns avant d'aller s'asseoir sur le canapé.
— Ce soir, je vais devoir servir les gens au bar avec Jean. Je ne comptais pas t'emmener de suite au club, alors que je n'ai pas véritablement travaillé cet aspect de ta formation. Il va falloir que tu sois exemplaire, compris ?
— Oui, Prince, souffla l'étudiant.
— Bien. Commençons. Premièrement, ne regarde aucun autre Dom dans les yeux. Tu leur dois le respect à eux aussi, expliqua Aaron en reprenant la lecture de son affaire, deuxièmement, je te garderais sûrement assis au bar, près de moi. Tu ne bougeras pas. Je n'ai pas envie de te perdre... Troisièmement, je vais te mettre un collier en plus du bracelet, il est hors de question que qui que ce soit te touche. Si c'est le cas, viens me voir ou si je suis occupé dis-le à Jean. Je pense que c'est tout. Des questions ?
— Oui, Prince. Comment dois-je appeler les autres dominants ?
— Monsieur. Ou maître si il l'exige, mais ils t'en feront part. Tu as les mêmes obligations envers eux, pour tout ce qui est protocolaire disons.
— J'ai compris, Prince. Prince, comme nous serons pris ce soir, pourrais-je... ?
— Tu peux profiter de tes trois heures.
Presque aussitôt, le plus jeune se leva et alla se lover contre lui dans le sofa en jetant un coup d'œil sur les feuilles que lisait Aaron. Ce dernier sourit largement et déposa un baiser sur sa tête avant de murmurer à son oreille :
— J'ai oublié de préciser. C'est déguisé ce soir...
— Déguisé ? Du genre ?
— Du genre comme on veut, tant qu'on se déguise. J'ai déjà le mien mais pour toi j'ai une autre idée. Il va falloir qu'on passe l'acheter.
— Si tu veux... on pourra manger en ville alors ? S'il te plait ?
— Oui. Tu me donnes mon téléphone, steup ? Il est dans ma veste.
Le brun hocha la tête et alla chercher le portable du plus grand. Ce dernier tapa rapidement un message dessus avant de tourner la tête vers le plus jeune.
— On y va tout de suite, laisse-moi juste le temps de finir ça...
~~~
Hugo lança un regard dubitatif en direction de son dominant et chuchota :
— Un mouton ? Sérieusement, Aaron ?
— Oui... je vais boucler tes cheveux, te mettre ces petites cornes, ces petites oreilles et cette délicieuse petite queue. De mouton.
— Et ces oreilles sont assorties à mes cheveux. C'est effrayant.
— Oui, rigola son aîné, avec ça tu mettras une chemise et un pantalon blanc. Ça fera ressortir ta queue.
— T'as déjà vu un mouton noir et blanc, toi ? Pourquoi je ne peux pas être un chat ? Allez !
— Non, petit agneau, on a pas le droit. Ni le loup... je risque de me faire taper sur les doigts sinon.
— Je comprends rien... mais soit, va pour le mouton... horrible berger.
— Hey ! Je suis un prince, moi, monsieur, s'indigna Aaron en rigolant avant d'embrasser son front et en mettant les articles dans le panier.
Le brun sourit et lui emboîta le pas. Il pensait que ce dernier allait vers la caisse du sex shop mais en fait il rejoignit un des vendeurs près d'une porte. Ils discutèrent à voix basse et l'homme leur ouvrit. Il les fit entrer dans une petite pièce ressemblant fortement à une bijouterie. Fortement puisque la plupart des bijoux ne se retrouvaient pas dans une véritable bijouterie.
— Que cherchez-vous précisément, Monsieur ?
— Un collier. Or et rubis. Ainsi que des piercings assortis pour les tétons, répondit Aaron.
Hugo manqua de s'étouffer en l'entendant formuler ses envies mais le vendeur lui se dirigea simplement vers plusieurs vitrines. Il sélectionna différents bijoux qu'il posa sur une table devant eux. Le roux les observa avec attention avant de montrer deux anneaux torsadés en or et parsemés d'éclats rouges, des rubis comme il l'avait demandé.
— Tu aimes bien ?
— Je... Ouais. Ils sont vraiment beaux...
— Parfait. Nous allons prendre ces piercings. Pour le collier...
L'avocat coula un regard en direction de son soumis qui fixait un ras-le-cou de soie blanche auquel était accroché un pendentif en or en forme de croix catholique. De petits rubis brillaient à chaque extrémité de cette dernière. Il sourit largement. C'était parfait pour lui. Il le désigna au vendeur qui prépara un paquet avec les deux avant de leur confier.
~~~
Hugo rentra dans l'appartement et prépara ses affaires, comme le lui avait demandé Aaron dans la voiture. Il avait dit devoir retourner à son bureau rapidement en le déposant après leur repas mais il avait gardé le sac du sex shop. Il était donc plongé dans la sélection de son pantalon pour la soirée quand il vit le roux apparaître dans le miroir. Ce dernier passa ses mains autour de son cou et ferma doucement le collier dans sa nuque en souriant.
— Il te va bien.
— Merci, Prince... Il est vraiment magnifique.
— Hugo. La fin de notre semaine approche...
— Je sais, Prince...
— Tu sais ce que tu veux faire, demanda l'avocat en caressant doucement ses cheveux et en tentant de masquer sa voix tremblante.
— Je pense que... mon choix se confirmera ce soir, répondit le jeune homme après une hésitation, je saurais si je pourrais supporter ça devant d'autres en plus d'ici.
— Je vois. J'aurais encore des choses à te dire, mais on verra ça plus tard.
Le brun hocha la tête et tenta de remettre de l'ordre dans ses cheveux avant de se tourner vers le plus vieux. Il lui montra son jean et demanda en faisant la moue :
— C'est pas terrible, je suppose ?
— Non, confirma-t-il avec un sourire, tes fesses ne méritent pas ça ! Fais-moi penser à faire une journée shopping si on reste ensemble. Mais pour ce soir je m'en suis occupé.
Le plus grand se tourna vers le lit et lui désigna deux sacs, celui du sex shop et l'autre d'une boutique de vêtements. Devant son regard interrogatif, il expliqua tout en sortant un pantalon et une chemise blancs :
— J'avais déjà prévu de te faire porter ça, je voulais faire une petite soirée avec des amis du club et ça me semblait parfait pour toi. Révéler sans te mettre mal à l'aise. Du coup, j'avais demandé à mon père d'en parler à son couturier pour qu'il puisse te les faire.
— Merci, s'exclama l'étudiant en s'accrochant à son cou, ce pour quoi il reçut une fessée avant que les bras musclés de son dominant ne se resserrent autour de lui.
— Je veux que tu sois parfait ce soir. Allez, enfile ça pendant que je prépare mes affaires.
Hugo hocha la tête et le relâcha pour enfiler les vêtements qu'il lui avait ramenés. En effet, ces derniers étaient parfaits pour lui. Le pantalon en cuir collait à ses jambes, leur donnait un peu plus de longueur, et il ne parlait pas de la manière dont il moulait ses fesses. Quant à la chemise, elle était un peu plus large et coupée dans un tissu léger qui laissait entrevoir sa peau blanche ainsi que ses tétons percés.
— Je ne peux pas mettre les anneaux, Prince ?
— Pas encore, mon agneau, tu n'as pas cicatrisé...
— Mm... D'accord.
— Et ne boutonne pas ta chemise aussi haut voyons...
Aaron s'approcha de lui et retira quelques boutons de la chemise de son délicieux agneau pour qu'elle soit ouverte au milieu de son torse. Il l'observa avec un sourire appréciateur avant de déposer un chaste baiser sur ses lèvres et de prendre leur affaires. Il enlaça sa taille avec un sourire et annonça :
— En route pour The Guardian club !
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