Chapitre XXVIII

— J'en ai marre, souffla Hugo en regardant l'écran de PC où se trouvait Charlie et Cléa, je ne trouve pas de boulot et je m'en veux de laisser Aaron payer des trucs pour moi...

— Tu as vraiment rien trouvé, demanda la rousse en souriant doucement pour tenter de le consoler.

— Non, absolument rien ! Et j'ai l'impression que j'ai fait le tour de la ville !

— Clémence peut se connecter, je l'ajoute, intervint Cléa, tu as essayé dans les bars ?

— Ouais... enfin... ceux que Aaron m'a conseillés, je ne suis pas allé dans tous.

— Salut les gueux ! Je suis là ! Alors, faites moi un point sur la situation, hurla Clémence en apparaissant dans un coin de l'écran 

— Hugo a toujours pas trouvé de boulot...

— La situation sexuelle et sentimentale, Cléa, la situation sexuelle et sentimentale. 

— Pitié, Clém', soupira le brun, je veux pas parler de ça, surtout qu'il n'y a rien à dire, on a rien fait depuis qu'il m'a ramené. Ça te va ?

— Vous vous êtes encore embrassés ?

— Tu l'as embrassé, s'exclama Charlie alors que Cléa ouvrait de grands yeux.

— Oui... on s'est embrassés une fois. C'était... super agréable. J'ai adoré l'embrasser… Les filles ? Je peux savoir pourquoi vous me regardez comme ça ?

— Tu aimes m'embrasser, petit agneau, souffla une voix près de son oreille. 

L'étudiant sentit le rouge lui monter aux joues et il comprit pourquoi ses amies avaient commencé à le regarder bizarrement. Il vit Clémence lever le pouce en l'air et Charlie hocher la tête avec un grand sourire appréciateur. Il coupa rapidement le micro du PC et se tourna vers son aîné en demandant :

— T'es là depuis longtemps ?

— Je dirais depuis l'étape de la vie sexuelle et sentimentale. T'es en manque ?

— Je te merde, pervers. Tu te sens capable de tenir une conversation sans sous-entendu ?

— Bien évidemment, répondit Aaron en s'asseyant près de lui sur le canapé. 

Hugo grommela un peu et réenclacha le microphone ainsi que le son. Il grimaça en entendant le petit cri de Clémence et le magnifique "putain, le con, pourquoi les mecs beau sont tous gays ?" de Cléa. Parfois ses amies le fatiguaient plus que le roux lui-même... Il toussota pour attirer leur attention et fit les présentations :

— Bon, les filles, je vous présente Aaron, Aaron, mes meilleures amies, Clémence, Cléa et Charlie.

— Enchantée, s'exclamèrent-elles en même temps.

— Merci de prendre soin de notre Gogo, reprit Cléa, et de l'avoir récupéré alors que nous n'étions pas là...

— Ce n'est pas un problème les filles, je suis certain que vous êtes des amies exceptionnelles... Et puis, c'est pas comme si ça me déplaisait de l'avoir avec moi, rigola le plus vieux alors que l'étudiant levait les yeux au ciel, je vais vous laisser discuter tranquillement, je dois prendre ma douche. Bébé. 

Aaron se leva, souriant en voyant le regard désespéré que lui lança Hugo en l'entendant l'appeler ainsi, puis il partit dans la salle de bain aux sons des cris hystériques que poussèrent ses amies. Le plus jeune renonça à les calmer, elles étaient surexcitées et ne cessaient de piallier, et au fond cela lui rappelait leur longues après-midi à boire un thé à l'Apple Garden ou à parler sur les chaises au premier étage de la cage d'escalier de leur ancien lycée.

— On dirait un petit couple, pouffa Cléa, t'es sûr que tu ne nous cache rien ?

— Il aime le BDSM ?

— Beeeeeep, déjà dit, réfuta Charlie en faisant la moue.

— Bon... Il refuse de m'embrasser depuis la fois dans sa voiture ? Je n'arrive pas à comprendre pourquoi… 

— Gogo, tu connais Pretty woman, rassure-moi ? Je n'ai pas loupé ça dans ton éducation !

— Non, Clém', tu n'as rien loupé, je connais Pretty woman, Viviane ne veut pas embrasser sans sentiments.

— Imagine, c'est peut être pareil pour lui, s'exclama son amie à la peau dorée alors que la brune hochait la tête. 

— Tu dois lui tirer les vers du nez, conclut Charlie en secouant ses boucles rousse, tu l'aimes non ?

— Je... Je sais pas, Hugo marqua un temps d'arrêt et se tourna vers la porte de la salle de bain avant de chuchoter, je crois...

— Alors va le chercher, souffla la voix calme de Cléa.

Il regarda ses amies hocher de la tête pour confirmer les dires de la plus veille de leur petit groupe et il poussa un long soupir. Ils échangèrent encore quelques ragots et le brun put avoir des nouvelles de sa petite sœur puisqu'elle était dans la même école que le frère de Clémence. Il fut soulagé de savoir que tout allait bien pour elle, même si elle avait l'air plus triste de son départ, il promit donc à la brunette de lui faire parvenir une lettre pour qu'elle puisse la lui transmettre. Il finit par raccrocher alors qu'un certain roux revenait dans la pièce, une serviette dans les cheveux et un simple jogging sur les hanches avec un marcel. Ses yeux dorés se posèrent sur lui et un joli sourire apparut de nouveau sur son visage.

— Qu'est-ce que tu regardes, gamin ?

— Il doit faire froid, t'as les tétons qui pointent.

Aaron leva un sourcil avant d'exploser de rire en voyant le visage extrêmement sérieux de son cadet. Il s'approcha du canapé et posa sa serviette sur sa tête pour l'embêter. Voir son visage en émerger avec une moue adorable le fit presque craquer. Un peu plus et il lui sautait dessus.

— Hé, Aaron... tu vas me faire signer un contrat ?

— Pourquoi tu demandes ça, demanda l'avocat en se levant pour aller à son piano.

— Aiden m'a parlé du fait que... tu étais... Je veux dire...

— Un Dom ? Ouais, mais je ne te ferais pas signer de contrat pour le moment. J'en n'ai jamais véritablement fait.

— Tu attends la bonne personne, chuchota l'étudiant.

Il n'eut aucune réponse, mais cela suffit à faire douloureusement battre son cœur. Il n'était pas assez important. Pas assez pour être embrassé, pas assez pour être son soumis. Il ne comprenait pas. Qu'est-ce qu'ils étaient à la fin ? Les larmes lui montèrent aux yeux et il s'enfuit rapidement dans la salle de bain en marmonnant qu'il allait se laver. Ses sentiments le prenaient à la gorge. Il avait affreusement mal à la poitrine, il souffrait de s'être cru spécial parce que Aaron l'avait laissé vivre avec lui et n'agissait plus comme un connard. 

Hugo regarda son reflet dans le miroir, grimaçant un peu en voyant le bleu au niveau de ses côtes, seule trace encore visible des coups de son père. Le reste était enfoui en lui, profondément, la douleur et l'humiliation qu'il avait ressenti mais aussi la peur... Il devrait peut-être en parler, un jour, cependant il ne s'en sentait pas encore capable. Il effleura du bout des doigts ses petits tétons rosés, rendus sensibles à cause de leur récente blessure, et souffla doucement pour ne pas gémir de douleur. Son corps était trop fin, trop petit, trop pâle. Il n'était pas attirant. Pas suffisamment pour Aaron, en tout cas.

— Fais-les percer.

Il sursauta violemment en entendant Aaron et se tourna vers la porte avec un cri très peu viril. Il tenta de répliquer quelque chose mais déjà son aîné était près de lui et essuyait les larmes le long de ses joues avant de reprendre :

— Désolé, je ne voulais pas paraître distant tout à l'heure. J'ai juste... pas l'habitude de ça. Tu me fais faire des trucs que j'ai jamais fait.

— Tu... tu veux pas de moi ?

— Si. Mais j'ai peur de t'avouer des choses sur moi dont j'ai honte, j'ai peur d'être blessé à nouveau. Et une relation BDSM, c'est avant tout basé sur la confiance...

Le brun renifla disgracieusement avant de chuchoter :

— Si j'ai bu comme un trou le soir du bal, c'est parce que ma petite amie m'avait largué la veille. Elle est en stage à Londres et elle est tombée amoureuse d'un autre gars. Alors j'étais triste, mes potes m'ont traîné au bal pour me changer les idées, et j'ai tisé pour oublier.

— Je suis un ancien toxico, confia le plus vieux en retour en le prenant dans ses bras, mais je suis pas prêt à t'en dire plus, c'est... trop dur.

— Tu me promets de me le dire ?

— Un jour, c'est promis.

— Alors je te fais confiance. 

Le roux fut quelque peu désarmé par la lueur déterminé qui brilla dans les yeux verts de son cadet. Un long soupir lui échappa et il tapa son front avec une chiquenaude bien placée avant de murmurer à son oreille : 

— Tu es une tête de mule, Hugo, une véritable tête de mule.

— C'est pour ça que tu me gardes, enflure.

— C'est la dernière fois que tu me parles comme ça.

— C'est ce qu'on verra, petit Prince, pouffa l'étudiant en se dégageant de ses bras, je vais me doucher.

— Hé. Je maintiens pour tes tétons. Fais-les percer, ça t'irait bien.

— Ça va pas faire trop... gay ?

— Ça va juste rendre une partie de ton corps que tu n'aimes plus attrayante. 

— Comment tu peux savoir que je n'aime plus cette partie de mon corps d'abord ?!

Aaron claqua sa langue contre son palais pour montrer son mécontentement, les sourcils froncés, et étrangement Hugo sentit le besoin de s'excuser immédiatement pour avoir crier. Et mentit aussi, parce qu'il était vrai qu'il avait du mal à regarder les zones de son corps que son père avait abîmées.

— Ne reste pas enfermé dans les cases, Hugo. Être gay, ça veut pas dire aimer les couleurs flashy, les piercings aux tétons, le maquillage, être efféminé et parler avec une voix aiguë. J'ai l'air de ressembler à ça ? Aiden a-t-il l'air de ressembler à ça ? On est pas des folles, tu sais, on est des hommes comme toi, on est simplement attiré par le même sexe. Je sais déceler quelqu'un de mal dans sa peau, je l'ai été, alors si je te conseille ça c'est pour que tu ailles mieux, pas pour que tu rentres plus dans cette petite case étriquée dans laquelle je suis, j'ai bien compris que tu étais bi.

— Je... Je suis désolé... Je ne voulais pas...

— Va te laver, je vais faire à manger. 

Le plus jeune ne put pas plus argumenter pour sa défense que son aîné disparaissait de la pièce en fermant la porte derrière lui.

Apparemment, leur relation avait encore des progrès à faire...

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