Chapitre XVI

De : Jean

15/06/2018, 10h56

Rejoins-moi au café de d'habitude ce midi, je ne pourrai pas être chez Christian au dîner... j'ai des affaires à régler.

Lisant à nouveau le message, Aaron patientait à la petite table du café en question et cherchait du regard une touffe châtain dans les environs. Il était soulagé de pouvoir enfin revoir son meilleur ami, après plusieurs mois de disparition. Tout le monde avait même commencé à le croire mort. Mais il y a quelques semaines, il était de nouveau entré en contact avec lui et Christian. Il sourit légèrement. Il savait dans quel genre de milieu avait été ses deux meilleurs amis, mais il savait aussi que cela n'avait jamais été leur choix. Alors savoir qu'ils s'en étaient sortis tous les deux vivants lui mettait du baume au cœur. Un homme s'assit en face de lui, le sortant de ses pensées, et plongea ses magnifiques yeux vert forêt dans les siens.

— Ça faisait longtemps, Aaron.

— Je n'ai pas eu l'occasion de revenir depuis l'anniversaire de Alexei. Et tu avais disparu... Tu vas bien ?

— Mon père a refait surface. J'ai réussi à m'en débarrasser mais... j'ai été gravement blessé. M'enfin, après un mois de soins, je suis de retour, il ne me reste qu'une petite chose à régler.

— Ça ne concernerait pas le beau brun avec qui tu as dansé à la fête, souffla le roux alors qu'un petit sourire moqueur naissait sur le coin de ses lèvres.

Jean lui répondit par un regard complice avant d'appeler un serveur pour commander des cafés. Le jeune avocat en profita pour le détailler rapidement, remarquant que même si elles étaient presque toutes masquées, son corps portait encore les traces de l'épreuve qu'il avait traversé. 

—Alors, pourquoi voulais-tu nous voir ?

— Regarde.

Aaron n'avait pas le courage de s'engager dans un long discours, il préféra donc déverrouiller son téléphone et lui montrer la photo qui faisait office de fond d'écran depuis la veille. Hugo, le visage blasé, avec son string.

— Pas mal, siffla le plus vieux des deux hommes, qui c'est ?

— Il s'appelle Hugo. Je l'ai rencontré au bal de promo... c'était mon plan cul.

— Était, releva le châtain en buvant une gorgée de son espresso.

— Là est tout le problème. Son père est expert dans une de mes affaires, il ne peut pas me voir. En plus d'être homophobe... il nous a vu déjeuner ensemble, rien de bien suspect, mais il a carrément aggripé Hugo pour l'obliger à le suivre... j'ai rien pu faire... et... dans son dernier message il ne voulait plus qu'on se voit.

La moue dubitative de Jean attira son attention. Il indiqua au plus vieux de lui faire part de son avis mais ce dernier se contenta d'un petit signe négatif de la tête avant de finir sa tasse.

— Qu'est-ce que je dois faire ?

— Depuis quand tu te soucis d'un plan cul ?

— Je ne ressens rien pour lui. Je suis juste inquiet.

— À d'autres, souffla le châtain en levant ses yeux émeraude au ciel, qu'as-tu déjà fait ?

— Je n'ai pas arrêté de lui envoyer des messages mais il m'ignore, je pense même qu'il m'a bloqué. Sinon... je... j'ai publié une nouvelle vidéo sur ma chaîne. Je sais qu'il la suit. Il devrait comprendre le sous-entendu de la chanson.

— Il ne te reste plus qu'à aller le chercher chez lui s'il ne réagit toujours pas. Très efficace comme technique parfois.

À la tête surprise que tira le roux en relevant les yeux vers lui, Jean ne put retenir un éclat de rire avant de reprendre plus sérieusement :

— Je sais que tu ne veux plus avoir à subir la même chose mais...

— Je ne veux plus être amoureux, le coupa Aaron, alors ne finis pas ta phrase. 

— J'en connais un qui disait la même chose. Je m'apprête à le rejoindre pour, je l'espère, passer le reste de mes jours à ses côtés. L'amour ça ne se contrôle pas, Aaron, et tu es déjà amoureux, vu ta tête quand tu en parles...

— Je ne suis pas...

— Je suis ton meilleur ami, je te connais comme ma poche. Tu n'es plus le jeune garçon de l'époque, puis qu'est-ce que tu risquerais avec quelqu'un comme lui ?. Christian te dira exactement la même chose, tu sais ?

L'avocat serra les poings et avala son café d'une traite, l'esprit embrouillé. Lui amoureux ? Non... il était inquiet, frustré et en colère mais pas amoureux. Ce qu'il y avait entre Hugo et lui était purement sexuel et... pourquoi se battait-il pour le récupérer dans ce cas ? Simplement parce que son père ne lui inspirait pas confiance, oui, il s'agissait simplement de cela. Pas de l'amour. De l'inquiétude pour un ami avec avantages...

— Je vais devoir y aller, reprit Jean, le sortant de ses pensées.

— Je comprends... Merci pour tes conseils.

— C'est normal, babe, rigola le plus vieux avant de déposer un baiser affectif sur son front, ne reste pas accrocher au passé, ok ? Ou alors je m'occuperai personnellement de ton cas.

— Tu ne me fait plus peur, tête de con.

— C'est ça ! N'hésites pas à passer au club, j'adorerais rencontrer ce petit homme !

Aaron pouffa légèrement en regardant le châtain s'éloigner dans la rue. Il n'était certainement pas convaincu par ce qu'il lui avait dit sur ses sentiments mais les différentes idées qu'il lui avait donné pour reconquérir Hugo n'étaient pas mauvaises.

~~~

— Bonjour, Prince.

Aaron sourit au blond qui venait de lui ouvrir la porte, habillé d'un slim en cuir et d'une chemise blanche assez transparente.

— Bonjour, Alexei. Comment vas-tu ?

— Bien, et vous ?

— Ça pourrait être mieux, répondit-il en entrant dans le spacieux appartement après que Alexei l'y ait invité.

— Christan est dans son bureau, je vous laisse le rejoindre le temps que je finisse le dîner. 

Le nouvel avocat ne put retenir un petit rire en croisant l'espiéglerie dans  les yeux vairons de son aîné avant de s'éloigner dans le couloir. Il frappa deux coups secs à la porte du bureau et attendit que l'autorisation d'entrer lui soit donnée.

— Viens, Aaron.

Il ouvrit le battant de bois et sourit à l'homme châtain qui le regardait, ses yeux vert clair prenant une lueur joyeuse en le voyant.

— Que me vaut ta visite, babe ?

— Vous avez tous décidé de m'appeler ainsi aujourd'hui ?

— Si Prince est ton surnom pour les petits soumis du club, tu restes babe pour Jean et moi. Surtout pour moi, en fait.

— Un garçon que j'ai rencontré. Il ne veut plus me parler et...

— Oh… Aaron se soucie que quelqu'un ne veuille plus parler, le coupa Christian avec un sourire moqueur.

— Je ne suis pas amoureux ! Juste inquiet !

— À d'autres, trancha la voix grave de Christian alors que la porte grinçait derrière eux, es-tu aveugle ? Je te connais mieux que personne, et laisse-moi te dire que ce garçon ne te laisse pas si indifférent que tu veux le faire croire. Oui, Alexei ?

— Monsieur... le dîner est prêt.

— Merci, mon ange, nous arrivons, répondit le trentenaire avec un petit sourire pour son mari, je suis certain que Jean t'a fait le même discours que moi.

Aaron ne répondit rien, tournant le regard vers le sol. Ses yeux se rempliront peu à peu de larmes. Amoureux ? Lui ? Il refusait de l'admettre. Il s'était juré de ne plus tomber amoureux, plus jamais. Plus depuis son premier et dernier amour. Il se mordit la lèvre. Depuis combien de temps n'avait-il pas pensé à lui ?

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