Votre rencontre
_Dr Takami !
J'accours auprès des infirmiers qui emmènent un jeune homme inconscient en salle d'opération. Un seul coup d'œil sur son corps m'apportent deux informations: c'est un héros et il est salement amoché. La plus grande partie de son costume est recouvert de sang et j'aperçois ici et là des blessures qui ont l'air plutôt grave. Je laisse les infirmiers faire leur chemin et vais me préparer dans la salle adjacente à celle où je sauves des vies.
Penchée au dessus du corps inanimé, je contemple l'étendue des dégâts. Puis, prête à commencer, j'ajuste la lumière au-dessus de ma tête pour éclairer la blessure que j'ai jugé la plus importante et la plus urgente à soigner: une énorme plaie ouverte au niveau de l'abdomen.
_Ciseaux, dis-je en tendant la main vers une jeune femme qui me les donne.
Je découpe le costume noir et orange sur toute la longueur du torse et essuie le sang pour y voir un peu plus clair. J'écartes la peau et remarque que quelque chose est planté dans la paroi de son estomac. J'aspire le sang et identifie le petit bout de métal comme étant un débris de bombe ou de grenade. Je stoppe d'un coup mes mouvements et relève la tête pour regarder les personnes qui m'assistent dans l'opération.
_Appelez les démineurs.
Le personnel me lance un regard d'incompréhension.
_Vous voyez ce morceau de fer ? Ça provient sûrement d'une grenade. Et vous savez ce qu'il peut y avoir à l'intérieur ? Une puce explosive.
_D'accord, je les appelle, me réponds un homme, comprenant parfaitement la gravité de la situation.
Il s'éloigne du groupe et prend le téléphone accroché au mur pour appeler les professionnels qui nous aideront à poursuivre notre opération.
_Ils arriveront dans une heure.
_Il n'a pas une heure. Ok, je veux que vous sortiez.
_Quoi ? Mais pourquoi ?
_On ne va pas vous laissez terminer l'opération toute seule ! Je sais que vous êtes une prodigue mais quand même !
_Je ne veux pas m'attribuer toute la gloire, si c'est ce à quoi vous pensez... Rien ne garantit que mon jugement soit le bon. Mais pour ne pas prendre de risques, je préfère vous mettre en sécurité. Il vaut mieux deux morts que douze.
_Vous êtes sûre ? Vous vous en sortirez ?
_Oui, ne vous inquiétez pas. Si j'ai besoin d'aide ou que vous voyez que je galère, n'hésitez pas à revenir, dis-je en souriant derrière mon masque chirurgical.
La salle se vide alors, et je me retrouve seule avec le blond. Je m'assure quand même que tout le monde soit bien dans la salle au-dessus de la salle d'opération, afin qu'ils puissent assister à l'opération par la vitre et ainsi pouvoir rapidement intervenir en cas de besoin. J'inspire un grand coup et retire délicatement le corps étranger. Si j'ai vu juste, un seul petit faux mouvement et tout explose. Les progrès technologiques peuvent impressionnants et révolutionnaires, mais je ne vois pas en quoi mettre une bombe dans une bombe est un exploit. Ça ne fait mettre plus en péril la vie des gens. A croire que l'humanité cherche à se détruire eux-même.
En extirpant l'intrus, je remarque que je tremble légèrement. Malgré ce que je laisse paraître, j'ai terriblement peur. Je n'ai que 19 ans après tout. Très jeune, je me suis passionnée pour le corps humain et j'ai vite assimilé les notions de la chirurgie. Au lieu d'aller au lycée, je me suis inscrite dans une fac de médecine où j'ai suivie un programme spécial me permettant d'apprendre plus rapidement les dix années d'études normalement prévues. J'ai bossé non-stop pendant trois ans, sans sortir le soir, en se levant tôt le matin et avec très peu de pauses. Mais mes notes élevées ont su épater mes profs et prouver que j'avais ma place dans les écoles supérieures malgré mon jeune âge. Je suis entrée dans la vie active en début d'année et j'ai eu la chance de m'occuper d'une dizaine de patients depuis.
Ce serait vraiment dommage de mourir maintenant. Je ne veux pas que l'argent que papa a investit dans mes études n'ait servit à rien, surtout que je débute à peine ma carrière.
Ça y est ! Je dépose calmement le morceau dans une coupelle et éloigne le chariot le plus loin possible de moi. Je referme ensuite l'estomac et la peau à l'aide d'un fil et d'une aiguille. Je soupire de soulagement et m'attaque à une blessure au torse. Rien de bien compliqué, il suffit juste de vérifier qu'aucun éclat de bombe ne soit logé dans le cœur ou le poumon mais comme la plaie est plus petite que celle de l'abdomen, j'ai bon espoir. Alors que je trifouille dans le pectoral du jeune homme, les machines se mettent à s'affoler. D'incessants "bip" emplissent la pièce, faisant monter un sentiment de panique en moi.
Non, non, non, ne meurs pas !
En trois mois de travail, aucun de mes patients n'a été aussi près de la mort. Et je suis terrifiée à l'idée de perdre celui-ci. Certes, ce sont des choses qui arrivent et cela fait partie du métier mais c'est toujours éprouvant lorsqu'une personne qu'on a essayé de sauver ne survit pas.
Je lâche mes outils et commence à lui faire un massage cardiaque. Je suis obligée de me pencher sur son corps pour pouvoir mettre tout mon poids sur sa cage thoracique. Je suis en train d'exercer des pulsions sur lui quand du sang se mets à gicler de la blessure ouverte dont j'étais en train de m'occuper.
_Ah ! Merde !
L'hémoglobine m'a éclaté à la figure, me forçant à fermer un œil pour pouvoir continuer correctement. Les portes s'ouvrent soudainement et les douze personnes présentes précédemment sont de retour pour m'aider. Ensemble, nous arrivons à arrêter l'hémorragie et à sauver le jeune héro. Nous nettoyons rapidement tout le sang et nous terminons l'opération avec succès.
~~~~
Appuyée contre le comptoir de l'accueil, je libère mes (l/c) (c/c) de mon chouchou en soufflant. J'ai encore du sang séché sur le visage et dans ma chevelure, si bien que n'importe quel enfant qui me verrait maintenant partirait en courant. Mes coéquipiers viennent me féliciter en me donnant une tape dans le dos avant de repartir faire leur boulot. Seule (p/a) reste avec moi et nous en profitons pour papoter un peu.
_Tu as été fantastique, comme toujours !
_Arrêtes de me flatter, je pourrais y prendre goût, répondai-je en rigolant.
_Ouais m'enfin là, tu fais plus peur qu'autre chose. Le point positif, c'est que t'as pas besoin de chercher un costume pour Halloween !
_Mais t'as pas fini ? C'est pas bien de se moquer des plus jeunes que soit !
Nous éclatons de rire. (P/a) m'avait tout de suite pris sous son aile à mon arrivée. Notre différence d'âge nous a plus rapprochées qu'autre chose. La sagesse de la trentenaire s'associe à merveille avec la fraicheur de ma jeunesse. Nous formons le duo parfait. Toutefois, nous ne nous parlons qu'au boulot. C'est en partie dû au fait que j'aime me retrouver seule et au calme après une journée de travail, généralement assez intense.
_On ne sait toujours pas qui c'est ?, demandai-je en parlant de mon patient.
_Non, il n'a jamais été vu dans le Sud et les infos du Nord vont mettre un peu de temps à arriver donc, sauf s'il se réveille d'ici là, on va devoir attendre pour connaître l'identité du beau blond que tu as opéré.
Je pouffe de rire. Je reconnais bien là le caractère de (p/a). Toujours à tourner autour des hommes. Pourtant elle est mariée et très heureuse ! Mais ça ne l'empêche pas de lorgner sur tous les mâles de l'hôpital. Ses petites manies pour attirer l'attention sur elle me font toujours rire. Son jeu préféré: attirer un homme dans ses filets et l'envoûter pour ensuite le repousser en jouant la carte du mariage.
_Vous l'avez mis dans quel chambre ?
_La 205.
_Ok, je vais prendre une douche et j'irais le voir.
Je lui envoie un baiser avec la main en faisant un clin d'œil avant de partir me débarbouiller.
~~~~
Quelques jours ont passés depuis l'opération. Je passe souvent dans la chambre de mon patient pour voir s'il est sortit de son sommeil et pour m'assurer que ses blessures cicatrisent bien.
Comme d'habitude, je rédige un petit compte-rendu sur sa fiche rangée au bord de son lit. Je me dirige à présent vers la sortie lorsque j'entends un changement de respiration. Il a inspiré plus profondément et a émit un petit son. Je m'approche de lui et constate qu'il est train de se réveiller. Je recule de quelques pas, fiche en main, et attends patiemment qu'il soit pleinement conscient. Il ouvre un œil, puis deux, cligne des paupières quelques instants puis se redresse d'un coup.
_Le vilain !
_Oula, doucement !
Je me précipite vers lui et le maintiens assis en remontant son lit pour le mettre dans une position plus confortable. Je l'aide doucement à se poser sur le matelas relevé. Il grimace un peu puis pose ses deux pupilles rouges sur moi. Je lui offre un sourire rassurant et m'éloigne un peu pour ne pas l'oppresser.
_Où est-ce que je suis ? Et le vilain ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tout le monde va bien ? Et Europa, elle est où ?
Il te lance un regard perdu, en quête de réponse. Je souris avant de répondre:
_Eh bien, sur ce point là, je n'en sais pas plus que vous. D'après les informations que j'ai là, vous auriez passé la frontière Nord-Sud en volant avant de vous écraser sur le sol Sudiste. Vous avez été emmenés à l'hôpital où je vous ai opérer et sauvé. Vous êtes resté quatre jours inconscient.
_Je suis dans le Sud ?
Il regarde par la fenêtre de sa chambre et retrouve les petits bâtiments spécifiques du Sud. Il y a cinq ans, le Japon a été divisé en deux à cause des divergences politiques. Hiro Saito et Kane Maruyama voulaient tous les deux diriger le pays. Alors, d'un commun accord, ils ont décidé d'établir une frontière coupant Tokyo en deux et le transformant en seul point de passage entre le Nord et le Sud. Afin d'être sûrs que les habitants ne passe pas la limite par inadvertance, un mur à été construit. Et il faut bien admettre que la partie du Japon de Saito est plus florissante que celle de Maruyama. Le Sud ne baigne pas dans la pauvreté mais il est beaucoup moins riche que le Nord.
Le jeune homme semble se perdre dans ses pensées. J'attend quelques minutes avant de décider de rompre le silence.
_Hum, excusez moi, mais comme vous venez du Nord, nous n'avons aucune information vous concernant. Puis-je vous poser quelques questions ?
_Oh oui, bien sûr.
_Merci. Votre nom, prénom et votre âge, s'il vous plait.
_Katsuki Bakugo. J'ai 22 ans.
Je prend soin d'écrire ce qu'il me dicte sur la fiche.
_Votre nom de héro et votre alter ?
_Euh, j'ai toujours pas de nom de héro...
_Comment on vous appelle alors ?
_Juste Bakugo.
_D'accord.
_Et mon alter, c'est Explosion.
_Dernière chose: avez-vous des problèmes de santé quelconques ? Des allergies ou des choses que nous devons savoir ?
_Non.
_Très bien. Merci d'avoir répondu à mes questions, je vais vous laisser vous reposer. Je reviendrai tout à l'heure pour voir l'état de vos blessures. Vous avez la télé à disposition.
_Attendez ! Combien de temps je vais rester ici ?
_Le temps qu'il faudra à votre corps pour se rétablir.
_D'accord... Eh bien, à tout à l'heure, Dr... ?
_Oh ! Je suis désolée, j'ai complètement oublié de me présenter ! Je suis le Dr Takami, à votre service, dis-je en faisant une courbette.
Je ne sais pas trop pourquoi je me suis permis de faire ça, balayant ainsi le professionnalisme. Peut-être est-ce notre maigre différence d'âge ou le fait qu'il paraisse vraiment paumé, réveillant un sentiment d'empathie en moi ? Nul ne le sait. Toujours est-il que je sors de sa chambre avec un petit sourire aux lèvres.
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