Trois ans plus tard: 8 ans et demi de relation (2/2)

Nous revoilà donc à la plage. Les garçons sont repartis dompter les vagues, les filles continuent de bavarder, Akiro joue sur le sable cette fois, habillé de sa sous-combi couleur peau, et je me baigne dans l'eau tiède. Allongée sur le dos, je me laisse porter par les vagues qui me balancent doucement de droite à gauche. Les oreilles en-dessous de la surface, je n'entends plus que les clapotis des vagues. Les yeux fermés, le soleil me réchauffant le visage, je suis à deux doigts de m'endormir. Je profite de ce moment de calme après les émotions d'hier. Je ne me préoccupe de rien, ni des gens autour, ni des... 

Je me retrouve soudainement la tête sous l'eau, mettant fin à cet instant de paix. Surprise, je me débats pour retourner à la surface, et je vois alors Kat avec un sourire satisfait collé sur le visage. D'humeur joueuse, et mécontente qu'il perturbe ma sieste, je l'arrose brutalement. Mais bien sûr, il s'y attendait et profite que je sois aveuglée par les gouttelettes pour se jeter sur moi et m'emprisonner la taille de ses bras robustes. Il me soulève légèrement et me plonge une nouvelle fois dans l'eau. Lorsque j'en ressors, je ne lui laisse pas le temps de réagir et l'agrippe à la nuque. Je baisse sa tête à hauteur de mes côtes et je commence à frotter fortement mon poing contre son crâne, chose qu'il déteste. Il se libère facilement et me prends dans ses bras, m'empêchant tout autre action désagréable pour lui. Je relève ma tête et pose mon menton sur son torse. Nous nous regardons quelques secondes, de l'amour et de l'amusement plein les yeux. Je me mets sur la pointe des pieds et nous nous embrassons.

_J'allais te proposer de prendre Akiro sur ma planche, dit-il après avoir détaché ses lèvres des miennes. 

_Ce n'est pas un peu dangereux ?, je demande en fronçant les sourcils.

_Un peu... mais je serai là en cas de besoin. Et si tu t'inquiètes pour son alter, nous savons désormais comment le "désempierrer". 

_T'es au courant que ce mot n'existe pas, hein ?, je dis avec un air de malice dans le regard. 

_Oui, je le sais bien, réplique-t-il. Mais il n'y a pas d'autre terme qui corresponde, alors j'en ai inventé un, ajoute-t-il en me faisant un clin d'œil. 

_D'accord, d'accord, je dis en rigolant. Je te laisse Akiro à une condition: tu m'apprends à surfer après. 

_Vendu !, s'écrie-t-il presque, visiblement heureux. 

Je le regarde courir vers son fils pour lui annoncer la nouvelle. Je me dirige à mon tour vers le sable et m'installe à côtés des filles. Je leur explique la situation et Mina semble tout de suite emballée. Il est donc convenu qu'elle et moi utilisons nos hommes comme professeurs et que Kyoka reste sur la plage pour surveiller Akiro. Ça me gêne un peu de la laisser avec une tâche qui n'est pas censée être la sienne, mais elle m'assure de toute façon, elle ne peut pas nous imiter,  ne voulant pas prendre de risque avec sa grossesse. 

Je passe les trois prochains quarts d'heure à discuter avec les filles et à regarder les surfeurs. Mon petit blond est sur le devant de la planche de Kat, ce dernier le tenant au niveau des côtes pour ne pas qu'il tombe. Cette position n'étant pas optimale pour correctement surfer, l'explosif ne peut pas vraiment faire de choses extraordinaires, mais le peu qu'ils font semble pleinement satisfaire le mini-Kat. Un sourire est plaqué sur ses lèvres et on peut entendre ses rires d'ici. 

Vient enfin mon tour. Mon mari dépose notre fils sur le bord de la plage tandis que je m'approche de lui en souriant. 

_Déjà, je vais t'apprendre les mouvements. 

Je hoche la tête et m'assieds sur la planche posée sur le sable. Kat me montre comment m'allonger, m'asseoir et me relever. Puis il m'amène dans l'eau et me laisse m'y habituer. Je répète les mouvements appris précédemment, puis mon mari me guide vers une petite vague et me donne des conseils avant qu'elle n'arrive. Lorsque la vague se trouve à moins de 10 mètres de moi, je me mets à ramer, qui me lève dès que je me sens un peu soulevée. J'arrive à tenir debout quelques secondes avant de tomber la tête la première dans l'eau. L'explosif me félicite et nous recommençons plusieurs fois, accompagnés de la bonne humeur et de la joie.

Ayant passé presque toute la journée à la plage, il est à présent temps de rentrer. Nous nous sommes rendus compte sur le chemin qu'Akiro ne nous avait pas écouté et était retourné jouer avec l'eau, si bien qu'il se retrouve à présent avec des morceaux de roche volcanique un peu partout sur le corps. Nous lui enlevons sa combi et mettons de l'eau à bouillir dans une casserole. Une fois qu'elle est prête, Kat en prend le manche, s'approche de son fils et lui jette l'eau sur lui, répandant du liquide brûlant partout par terre. Aussitôt, la pierre se défait et tombe au sol. 

_Rappelez vous de ne jamais faire ça devant Shoto, remarque Hanta. 

Même s'il le dit sérieusement, moi, Kat et Denki ne pouvons nous empêcher de laisser un petit rire s'échapper de nos lèvres. Nous acquiesçons quand même, assez d'accord avec le scotch sur pattes. 

La journée se termina tranquillement, chacun et chacune étant un peu fatigué des activités du jour. 

______

-Avant-dernier jour avant la fin des vacances-

C'est déjà bientôt le moment de rentrer au Japon. Nous avons passé d'excellentes vacances, surfant sur la plage, visitant les endroits emblématiques pas trop loin de notre localisation ou en profitant tout simplement du repos et du confort de notre logement. 

Pour fêter la fin de ces vacances, nous irons prendre un dernier repas dans un chic restaurant, puis nous regarderons le feux d'artifices programmé en l'honneur de tous les acteurs australiens qui ont percés dans le cinéma. Cela fait apparemment partie de leur tradition. 

Nous nous préparons donc, faisant d'abord nos valises pour être tranquille demain matin. Une fois tout le monde prêts, nous nous rendons à l'emplacement du resto, nous entrons et nous prenons nos commandes. 

_Alors, qu'avez-vous pensez de ce petit mois de repos ?, lance Eijiro.

_C'était super ! On recommence quand vous voulez !, s'exclame aussitôt Mina. 

_La prochaine fois, on pourra aller en France ?, demande Kyoka. J'ai entendu dire qu'ils ont la plus belle ville du monde. 

_Moi je veux aller au Mexique !, renchérit Denki.

_Et moi en Grèce, continue Hanta. 

_Pourquoi pas aller en Allemagne aussi ?, propose Kat. 

A les regarder proposer des destinations dans le monde et à les voir s'exciter comme ça, ils ressemblent d'avantage à des enfants qu'à des adultes. Mais c'est ce qui fait leur charme. Ils n'ont rien perdu de leur âme d'enfant, malgré leur métier qu'ils exercent et les grandes responsabilités que cela engendre. J'ai toujours pensé que les adultes étaient ennuyant et je m'étais résolue à passé ma vie à trainer avec des plus jeunes que moi pour pouvoir m'amuser et profiter, mais je suis contente de m'être trompée. Je n'échangerais mes amis, ou même ma vie en général, pour rien au monde. 

_Moi aussi, je veux repartir en vacances !, dit Akiro avec un sourire aux lèvres. 

C'est alors décidé : nous repartirons avec toute la clique l'année prochaine ! 

Les serveurs nous apportent nos commandes, interrompant brièvement notre conversation. Le repas se passe ensuite dans la bonne humeur, gardant l'ambiance qui a plané sur nous pendant la durée de ce congé. 

Environ une heure et demie plus tard, nous avons terminé le dîner, et il est à présent temps de nous rendre dans le parc où aura lieu le spectacle nocturne. Nous dépêchons de payer et de chercher l'emplacement du parc sur nos téléphones. Nous arrivons juste à temps avant que cela ne commence. Nous nous trouvons une place près de la balustrade, et Eijiro prend Akiro sur ses épaules. Les couples constituant notre groupe se rapprochent et se lovent dans les bras de l'autre, Kat et moi n'y échappant pas. Il se met dans mon dos et passe ses bras sur mes hanches, me dépose un baiser dans le cou et tourne son regard vers le ciel. 

Un petit point lumineux apparait alors dans la nuit, puis il s'étend et se transforme en une sorte de fleur rose, et une détonation se fait entendre quelques secondes après. La première fusée à été lancée, et d'autres suivent tout de suite après. La représentation continue, nous montrant de différentes couleurs et de différences formes d'explosions illuminées.  

J'ai  toujours aimé les feux d'artifices, j'ai toujours trouvé ça... hors du temps. Pendant environ vingt minutes, on peut laisser nos vies de côté et juste profiter d'un spectacle lumineux généralement époustouflant. Je me fais toujours envoutée par toutes ces couleurs et, même si c'est un peu bizarre, j'apprécie le bruit d'éclatement des feux. Ca me rappelle les basses et le tempo que l'on ressent dans tout son corps lors d'un concert. 

Alors que l'on sent que c'est bientôt la fin de la représentation, je me tourne vers mon mari, le sourire aux lèvres. 

_C'est magnifique, je dis en passant mes bras autour de son cou. Mais la vue que j'ai à présent est beaucoup plus belle, j'ajoute avec un regard et un sourire malicieux.

J'attends une réaction de sa part, mais elle ne vient pas. Du moins, pas celle que j'espérais. Au lieu de me faire son numéro de charmeur comme il le fait habituellement dans ces situations-là, il fronce les sourcils et me regarde droit dans les yeux, comme si je venais de lui annoncer une mauvaise nouvelle, ou que je lui avais fait une mauvaise surprise. 

_Kat ? Ca va ?, je lui demande, lui caressant la peau du bout du pouce, commençant à être inquiète. 

Quelques secondes passent avant qu'il ne me réponde : 

_Je... je ne t'entends pas, murmure-t-il si doucement que je peine à comprendre ce qu'il dit. 

_Oh, je disais que le feux d'artifice est magnifique, mais que tu l'es bien plus, je répète un peu plus fort. 

Le blond se contente de secouer la tête, les sourcils toujours froncés. Il ne m'a toujours pas entendu ? Les détonations des explosions s'amenuisent pourtant. Les gens commencent même à partir, atténuant le peu de brouhaha qui était présent. De plus en plus inquiète, je me mets sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille et je répète une nouvelle fois ma phrase de drague. Il se redresse et me regarde toujours avec cette expression d'incompréhension. Je fronce les sourcils à mon tour. Est-ce qu'il est... devenu sourd ? Je savais que cela pouvait arriver -la Bakusquad m'avait prévenue quelques années plus tôt, en m'expliquant que ce serait dû à son alter et au fait d'être très exposé aux explosions- mais je ne mettais jamais vraiment dit que ça allait vraiment se passer. 

J'aperçois du coin de l'œil Eijiro s'approchant de nous et je tourne la tête vers lui pour qu'il me vienne en aide, mais Kat me prend immédiatement la main, la pressant légèrement entre ses doigts, et me lançant un regard m'incitant à ne rien dire au rouge.

_Alors, comment vous avez trouvé le feux d'artifices ?, s'exclame-t-il en souriant, Akiro toujours sur ses épaules, jouant avec les cheveux colorés du héros. 

Seul le silence lui répond. Est-ce vraiment une bonne chose que cacher la nouvelle condition de Kat aux autres ? Il ne pourra pas faire semblent éternellement. Il y aura bien un moment où quelqu'un s'adressera directement à lui. 

Je sens que la main de mon amant est devenue toute moite. Il appréhende ce que je vais répondre, et il sait qu'il ne le comprendra pas. Je lance un regard à mon mari puis me tourne vers Eijiro, prête à lui répondre. Il semble alors comprendre que quelque chose ne va pas. Sa mine joyeuse se transforme en mine inquiète, comme la nôtre quelques instants plus tôt. Nos autres amis sont restés à l'arrière, attendant sûrement que nous revenons. 

_Il n'entend plus, je lâche d'un coup, comme une bombe. 

Les yeux rouges de Red Riot s'agrandissent et se plantent dans ceux de mon meilleur ami. Ce dernier comprend tout de suite que je lui dit ce qu'il se passait, et me lance un regarde de reproches. 

_Dé-so-lée, je dis en détachant bien les syllabes, espérant qu'il puisse lire sur mes lèvres. 

J'aimerais lui expliquer pourquoi j'ai fait ce choix, mais ce serait trop compliqué. 

_Mince..., murmure Eijiro. 

Un silence s'installe de nouveau, avant que je me rappelle qu'il y a bien un moyen de communiquer. Je lâche alors la main de Kat et me tourne vers lui, de façon à ce que j'entre entièrement dans son champ de vision. 

"On va trouver une solution", je lui dis en faisant des gestes avec mes mains. 

Il reste quelques secondes abasourdi avant de m'imiter.

"Tu connais le langage des signes ?", me demande-t-il en signant, étonné. 

"On l'a tous appris quand on a su que tu pouvais potentiellement perdre l'ouïe", lui répond Eijiro. "Tous nos camarades savent le parler."

"Je l'ai même appris à Akiro, même s'il ne le maîtrise pas encore bien", je signe en souriant. 

Le blond ne bouge plus, manifestement surpris. D'un coup, tous ses muscles se relâchent et une expression de tristesse et de reconnaissance apparait sur son visage. Je comprends qu'il s'apprête à pleurer et je le prends alors dans mes bras. Je suis quasiment sûre qu'il ne veut pas verser de larmes devant son meilleur ami, malgré qu'il n'y ait rien d'honteux là-dedans. Il enfuit sa tête dans mon cou et m'enserre de ses bras musclés. Nous restons dans cette position quelques minutes, le temps pour lui de se calmer. Entre temps, le reste du groupe nous a rejoint, en ayant sûrement marre de nous attendre, et le rouge leur a expliqué la situation. 

Kat met fin à notre étreinte, mais avant qu'il n'ait le temps de bien se redresser, j'approche ses lèvres des miennes et l'embrasse doucement, cherchant à le rassurer. Nous nous tournons ensuite vers nos amis. Chacun leur tour, ils montrent leur soutien à mon mari, en le prenant dans leur bras, ou en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. Akiro demande même à descendre d'Eijiro et s'approche de son père en signant maladroitement "Je t'aime papa". Touché par ce petit geste, l'explosif le soulève du sol et lui donne un bisou sur la joue. Lorsque son visage réapparait, un sourire y est affiché.  

"Qu'est-ce qu'on fait, du coup ? Notre vol est prévu pour demain", signe Hanta avec un visage un inquiet.

"On peut peut-être aller voir un médecin. Il te prescrira sûrement des appareils auditifs", dis-je en regardant Kat. "À moins que tu n'en veuilles pas ?"

"On ne change rien de nos plans", nous répond le blond en faisant attention à ne faire tomber Akiro. " Nous rentrons au Japon, et j'irai voir un médecin là-bas. Quelques heures de plus ou de moins ne changeront pas grand-chose ".

" Tu es sûr ?", réplique Denki. "Ça ne nous dérange pas. "

" Sûr et certain !"

Nous retournons donc à notre logement pour y passer notre dernière nuit. Tout le monde est dans sa chambre, prêts à s'endormir pr les quelques heures qu'il nous reste avant de repartir.

Je m'installe confortablement dans le lit avant de me tourner vers Kat.

"Ça va ?", je lui demande en langage des signes.

Je peux maintenir dire que je le connais assez pour savoir qu'il a caché ses vrais ressentiments jusque-là.

"Pour tout te dire, je ne sais pas... C'est une énorme changement et j'ai peur de ne pas m'y habituer. Il y a trop d'imprévus possible, je n'aime pas ça. Et si je suis trop sourd pour avoir des appareils ? Je ne pourrais plus être un héro, ce serait trop compliqué et dangereux de continuer. Mais dans ce cas, je ferais quoi ? J'ai toujours été formé a être un héro, et je ne sais faire que ça... ", me répond-il d'une traite.

Je mets un moment avant de vraiment comprendre tout ce qu'il m'a dit, mais je le rassure aussitôt après.

" Rien ne sert de se poser autant de questions pour le moment. Il vaut attendre l'avis médical. Et ne dis pas que tu n'es bon à rien. Tu es un excellent cuisinier, et je suis sûre que n'importe quel restaurant te recruterait tout de suite, rien pour une question de célébrité", je signe en souriant. "Même si je n'oublie pas ce repas désastreux que tu m'avais servi à notre deuxième rencard", j'ajoute avec un air malicieux.

" Je vais déjà dit que c'est parce que je stressais, tu ne vas quand même pas m'embêter avec ça jusqu'à la fin de m'a vie ?", me répond-il après avoir émis un petit rire.

"Hmm, je ne sais pas encore, mais je pense que tu connais déjà la réponse. "
Il me fait un doigt d'honneur tout en faisant un petit rictus. Je ris à mon tout avant de me blottir dans ses bras. Il en profite pour me caresser les cheveux et nous nous endormons dans cette position.

C'est sûr que c'est un grand changement, mais nous saurons nous adapter, comme nous l'avons toujours fait jusqu'à présent.

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