Sa sortie

Au fil des jours, je me suis rendue compte que Katsuki Bakugo n'était pas du tout comme je l'avais imaginé. A chaque fois que je rentrais dans sa chambre, je me prenais des réflexions ou des grognements en plein visage. Mais malgré le fait qu'il ne semblait pas apprécier ma présence, il insistait pour que je reste avec lui une heure ou deux, en quête d'un peu de compagnie dans ces longues heures à rester seul dans son lit. J'étais plutôt réticente au début, mais j'ai fini par accepter, contente de faire une petite pause dans ma grande journée, au grand détriment de (p/a).

J'ai ainsi appris qu'il veut devenir le numéro un mais qu'il doit pour ça attendre que la place se libère, et il m'a expliqué le combat auquel il participait avant d'atterrir dans le Sud. Quant à lui, il a appris de moi que je suis réputée malgré mon jeune âge et que je jongle entre boulot et appart'. Mais nous n'avons pas fait plus ample connaissance, la barrière patient/docteur nous ralentissant un peu. Toutefois, il adorait quand je lui racontais les opérations que j'effectuais. Il m'a même une fois demandé de lui raconter la sienne et je me suis exécutée en rigolant en repensant à ce moment.

Et aujourd'hui est le jour où M.Bakugo va retrouver sa liberté. Comme à mon habitude depuis maintenant trois semaines, j'entre dans sa chambre, cette fois plus heureuse que la journée précédente. Il le remarque tout de suite et ne manque de m'en faire part.

_Et bah alors ? Vous avez embrassé votre crush pour être dans un état pareil ?

_Non, pas du tout. J'ai votre autorisation de sortie !, dis-je en agitant une pochette.

_Oh. Je ne pensais pas que vous seriez aussi contente de me voir partir. J'en serais finalement venu à bout de vous, dit-il en souriant malicieusement.

_Arrêtez de dire n'importe quoi, répondais-je en rigolant. Et signez ça, dis-je en lui tendant une feuille et un stylo.

Il prends le soin de lire chaque ligne écrite avant d'apposer sa signature en bas de page et de me rendre le stylo. Je pose ensuite les papiers et me dirige vers l'armoire de la chambre pour prendre le costume du jeune héro.

_Hum, c'est tout ce qu'il reste de votre costume..., dis-je en le posant sur ses cuisses. J'ai dû le couper pour vous opérer mais il était de toute façon très mal en point à cause de l'explosion. Nous avons demandé au Nord de nous envoyer certains de vos vêtements mais ils ne sont toujours pas arrivés donc vous avez à présent trois solutions: sortir avec cette robe qui vous va à ravir, rester ici en attendant vos biens ou en prendre de notre réserve, en sachant que ce sont des vêtements de personnes décédées que nous avons bien sûr nettoyés et désinfectés.

_La troisième option, définitivement.

_D'accord. Je vais vous y amenez, que vous puissiez au moins les choisir. Oh ! Au fait, j'ai oublié de vous dire: quand vous serez chez vous, vous devrez prendre une semaine de repos, où vous devrez recommencer à bouger progressivement.

_Quoi ? Encore une semaine allongé ? Non merci, c'est bon, j'en ai ma claque. Je vais très bien en plus.

Il écarte la couverte et commence à se lever. Une douleur sourde s'éveille alors dans tout son corps et il grimace avant de se rasseoir sur le matelas.

_D'accord, je vais peut-être pas aussi bien que ça. ET ARRÊTEZ DE VOUS MOQUER !

Cette dernière phrase fait redoubler mon rire qui a commencé lorsque j'ai vu la tête que le blond tirait en se rendant compte qu'il n'était pas en si grande forme qu'avant. Je m'assieds à côté de lui et mets son bras gauche autour de mes épaules pour ensuite nous lever en même temps. Il s'appuie contre moi pour ne pas tomber et je mets un peu de temps à trouver mon équilibre sous son poids. Je l'emmène dans une petite pièce remplie d'armoires pleine à craquer de vêtements.

_Vous pouvez tenir debout tout seul ?

_Oui, ça va, je suis plus un gamin.

Il se détache doucement de moi et fais quelques pas avant de se stabiliser.

_Bon, voilà, à vous de choisir.

_Je me moque complètement de ce que je vais mettre. A vous l'honneur. Juste, mettez pas trois ans, s'il vous plait, il me faut juste des fringues, pas besoin de jouer les stylistes.

Je retiens la forte envie que j'ai de lui tirer la langue car, encore une fois, je me dois d'être professionnelle. Je lui sélectionne une tenue simple et je prends un bonnet en plus pour qu'il n'ait pas froid. Nous retournons ensuite dans la chambre 205 afin qu'il puisse se changer dans la salle de bains.

_Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à m'appeler.

_Y'aura pas besoin.

Je m'assieds sur le lit et attends qu'il ait fini. J'en profite pour répondre à quelques messages et consulter mes mails. Puis, comme il ne sort toujours pas de la salle d'eau, je m'autorises à regarder mon fil Instagram. Au bout d'un moment, je commence à m'inquiéter et je décide de toquer à la porte.

_Tout va bien ?

J'entends sa voix grave me répondre mais je n'arrive à comprendre ce qu'il dit.

_Parlez plus fort, je n'entends pas.

_J'ai dit que j'avais besoin d'aide !

J'entres alors dans la pièce et le trouve en caleçon, assis par terre.

_J'ai voulu mettre mes chaussettes et maintenant j'arrive plus à me lever, t'explique-t-il en boudant légèrement.

Je laisse échapper un petit rire et l'aide à s'asseoir sur les toilettes. Je prends ensuite le pantalon et commence à le lui enfiler quand je suis interrompue par une voix féminine.

_(T/P) ?

_Oui, je suis là !

J'ai tout de suite reconnue la voix de (p/a) et je suis donc sortie en prenant soin de fermer la porte pour éviter une crise de fangirlisme de la part de mon amie.

_Euh... hum... Je sais pas trop comment te dire ça en fait...

_Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

_(p/ex copain) est arrivé aux urgences tout à l'heure. Il a été renversé par un camion et... il n'a pas survécu.

_Quoi ?, dis-je dans un murmure.

Je sens les larmes monter mais je les empêche de couler. Je ne veux pas pleurer, pas au travail. (p/ex copain) et moi, nous avons eu une belle relation. Mais elle s'est vite finie car nous nous sommes rendus compte que nous nous voyons plus comme des frères et sœurs que comme un couple. Nous sommes donc restés en bon contact. Apprendre sa mort me fait un énorme choc. Mais pour je ne sais quelle raison, une seule question me taraude l'esprit.

_Il a été opéré ? Par qui ?

_Par le Dr Itoshi...

_C'est une blague ?!

Helen Itoshi est une excellente chirurgienne. Elle a une très bonne réputation et est connue dans tout l'hôpital. Alors quand je suis arrivée avec mon jeune âge et mon diplôme fraichement décroché, tout le monde a commencé à s'intéresser à moi, plus qu'à elle. Elle a toujours été jalouse de ça et me le fait payer quotidiennement. Mais ce ne sont que des phrases balancées à mon visage donc je les ignore et continue mon chemin comme si de rien n'était, comme on me l'a appris dans mon enfance. Mais en plus d'être mauvaise envers moi, elle adore les ragots et écoute chaque conversation qu'elle peut, avec une préférence pour celles que j'échange avec (p/a). Et notamment celle où je lui expliquais mon histoire avec (p/ex copain) après qu'il soit venu me rendre visite au travail.

Mes sentiments prennent alors le dessus sur la raison et je suis persuadée qu'elle a fait exprès de le laisser mourir, ou même pire, qu'elle l'a tué. Je secoue la tête pour me débarrasser de cette idée improbable, mais qui restera gravée dans mon esprit, et essuie mes yeux pour éviter que l'eau salée accumulée à l'intérieur ne dévale mes joues. J'affiche ensuite un sourire sur mon visage, remercie mon amie de m'avoir prévenue et retourne auprès du jeune homme pour l'aider à quitter cet endroit où je travaille depuis un certain moment maintenant. C'est la bonne nouvelle de la journée, il ne faut pas l'oublier !

Je termine donc de l'habiller avec les vêtements précédemment choisis et dans mon élan, je lui enfonce son bonnet sur la tête alors qu'il aurait pu le faire tout seul. Tout ceci se passe dans un lourd silence. Je pensais qu'il me demanderait pourquoi j'ai été dérangée mais il ne l'a pas fait et je lui en suis reconnaissante.

_Voilà ! Prêt à enfin revivre ?

_J'ai entendu la conversation que vous avez eu avec l'infirmière.

_Et ?, dis-je un peu sèchement.

_Vous n'avez pas pleuré. Il ne faut pas garder ses sentiments enfuis. Il faut les extérioriser pour pouvoir se sentir mieux ensuite.

_Vous êtes psy maintenant ?

_Non... Mais je sais d'expérience que ça n'amène rien de bon de tout garder pour soi.

_Et vous voulez que je fasse quoi ?! Que je m'écroule en larmes ? Là, tout ce que j'ai envie de faire, c'est de tuer cette Itoshi.

Soudain, des bras musclés m'entourent et m'attirent contre un torse. Sans que je ne m'en rende compte, je m'étais mise à pleurer et mon patient a décidé de me consoler. N'ayant pas la force de le repousser, autant mentalement que physiquement, je reste là à pleurer dans ses bras. Je finis par me calmer et le remercie. Je l'aide ensuite à se rendre à l'entrée de l'hôpital et l'installe dans une voiture qui l'amènera à la limite du Sud et lui permettra de rentrer chez lui. Je décide ensuite de prendre ma journée et rentre chez moi.

~~~~

Un soir, après une dure journée, alors que je vais bientôt fêter ma vingtième année, je me dis qu'aller boire une petite bière dans le bar du coin ne me fera pas de mal. Je m'assieds au bar et en commande une. Je tourne la tête pour regarder la déco fraichement refaite et mes yeux tombent sur Helen Itoshi. Même un an après l'incident, je pense toujours qu'elle a laissé mourir mon meilleur ami.

Une bouffée de rage monte alors en moi et une envie de la frapper me fait me lever de mon siège. Mais le barman me stoppe en me demandant si je veux toujours ma bière. Je réponds que oui et alors que j'allais me diriger vers la table de mon ennemie, je vois qu'elle est en compagnie d'une jeune femme. Ma conscience me rattrape bien vite en me disant que cette fille était sûrement le rencard d'Helen et qu'aucun rencard ne mérite d'être gâché, même pour la trentenaire que je haie tant. Je me rassied et essaie de penser à autre chose. Mais une sale idée naît dans ma tête: j'ai envie de les espionner.

Je change de place et me rapproche d'elles en m'asseyant à la table juste à côté. Elles ne semblent pas faire attention à moi. Je mets mon bonnet sur mes oreilles et mes lunettes de repos sur mon nez en guise de déguisement.

_T'es super comme fille, je suis contente de t'avoir rencontrer.

_Merci, c'est gentil. Mais je n'ai pas toujours été comme ça.

_Ah bon ?

_Oui, malheureusement. J'ai fait une erreur et ça m'a ouvert les yeux.

La jeune femme veut en savoir plus, son rencard l'a fortement intriguée, alors Helen continue.

_L'année dernière, un homme est arrivé aux urgences. Il s'était fait renversé par un camion. On l'a rapidement identifié comme étant l'ami de l'une de nos collègues et il a vite été décidé qu'elle ne soit pas mise au courant et que je me charge de l'opération. Le problème est que je détestais cette collègue et que j'ai vu une opportunité de le lui montrer. Je me suis mise à hésiter entre le sauver et le laisser mourir. Puis je me suis rappelé m'être engagé à sauver des vies et que je ne pouvais pas faire exception, et surtout pas pour mon intérêt personnel. Mais ces secondes de réflexion... Il a fait un arrêt cardiaque et on a pas réussit à le réanimer.

_Est-ce que tu t'en veux ?

_Oui, terriblement. Je sais pas ce qu'il m'a pris... Je m'en veux tellement... La... la collègue a mis des jours à s'en remettre, si elle s'en est vraiment remise...

_Ne t'en fais pas. C'est une bonne chose si tu regrettes. Tu n'es pas un monstre. Tu as juste hésiter, ça peut arriver à tout le monde.

_Pas dans ce métier, m'incrustais-je dans leur conversation.

Deux paires d'yeux se tournent vers moi. Je me lève lentement et verse le restant de ma bière sur les cuisses d'Helen, puis je tourne les talons, prête à partir.

_Attends, (T/P) ! Je suis désolée !

_Te fatigue pas. Tu as gagné de toute façon. J'ai déposé ma lettre de démission ce matin. Je m'en vais.

Je sors du bar et me dirige vers mon appart'. Quelques temps après l'incident, j'avais fait la demande d'autorisation de quitter le Sud et j'ai reçu les papiers hier soir. J'attends juste de fêter mon anniversaire avec mon père et ensuite plus rien ne me retiendra. Et ce sera alors un aller direct vers le Nord. 

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