11 ans et 6 mois de relation (1/2)
Je me réveille en sursaut, transpirante, mes cheveux me collant au visage. L'heure sur mon réveil m'indique qu'il n'est que trois heures du matin. Je m'assure que je n'ai pas réveillé Kat, puis je sors du lit pour me rendre dans la salle de bains. Je passe un coup d'eau sur la figure et me regarde dans le miroir. Des cernes ont pris place sous mes yeux et mon teint s'est pâli, à presque en devenir blafard. Je ne dors presque plus depuis l'attaque de l'hôpital. Je fais tout le temps des cauchemars, où les héros n'arrivent pas à temps pour nous sauver, où Akiro meurt et je reste là à ne rien faire, où je ne suis que spectatrice de la scène et où je ne peux rien faire. Akiro en faisait aussi, mais il en fait moins depuis quelques temps. Il a réussi à passer outre, ce que moi je n'arrive pas à faire. Il n'a heureusement gardé aucune séquelle et aucune cicatrice de ses blessures.
Akiro a changé. Il n'est plus aussi explosif qu'avant. Il ne fait plus de crises ou de colères. Il est calme, parfois même trop. Il ne crie plus, et il lui arrive de parler tellement bas que l'on ne comprend pas ce qu'il dit. Ses rêves ont changés aussi. Il ne veux plus devenir un héro, même s'il ne sait pas encore quoi faire d'autre. Il ne regarde plus de documentaires sur les héros, et il a énormément de mal à lâcher son père quand il va travailler. Malgré qu'il ne l'ait pas montré lors de l'attaque ni même depuis, il a dû avoir très peur. Ça me fait tellement mal au cœur de le voir comme ça, je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir. Je sais que ce n'est pas de ma faute, ma famille et mes amis me le répètent bien assez, mais cette culpabilité ne veut pas me quitter.
Une nausée me prend soudainement, et je me précipite aux toilettes dans le couloir. Je n'arrive pas à temps et vomis sur le sol de la salle à manger. Les larmes me montent et je m'accroupis en passant mes mains dans les cheveux. Je m'assieds sur le sol et me laisse aller. Je me balance d'avant en arrière pour essayer de me calmer, mais rien n'y fait. J'entends des pas derrière moi mais ne me retourne pas. Je sais que j'ai réveillé Kat. Il pose sa main sur mon épaule et m'attire contre lui, ma tête s'enfouissant dans son cou. Nous restons quelques minutes sans bouger, j'arrive peu à peu à faire cesser mes larmes. Il place ses mains autour de mon visage et le relève, et essuie mes joues de ses pouces. Il m'embrasse le front et me reprend dans ses bras. Je l'aime tellement. Je ne peux pas imaginer ma vie sans lui. Je ne peux pas me passer de lui.
Nous nous levons et il va chercher la serpillière tandis que je prends un comprimé pour soulager mon estomac.
Les nausées arrivent souvent aussi, ces temps-ci. Elles arrivent sans prévenir, sans symptômes avant coureur : pas de mal d'estomac, pas de tête qui tourne, de déséquilibre. Mon psychologue dit que c'est dû à mes cauchemars et à mon mal-être.
Les seules fois où je sors de chez moi sont pour aller chez le psychologue, ou pour aller chercher Akiro à l'école quand Kat ne peut pas. Mon supérieur m'a mit en arrêt maladie avant même que je n'aille voir un spécialiste et m'a dit de prendre mon temps pour m'en remettre et revenir. Là aussi je m'en veux de ne pas pouvoir retourner travailler et aider mes collègues et patients. Je me trouve inutile et c'est tellement ridicule après ce que je viens de vivre. C'est normal, je le sais, mais je n'arrive pas à sortir la tête de l'eau.
Après m'être rincé la bouche, je retourne dans le salon et aide Kat à essorer la serpillière. Je lui embrasse la joue et me rends dans la salle de bains pour me brosser les dents et enlever ce goût infecte que j'ai dans la bouche. Sachant pertinemment que je n'arriverai pas à me rendormir, je me pose dans le canapé et allumé la télé. Environ une heure après, mes yeux se ferment et je replonge dans les bras de Morphée.
Je me réveille une seconde fois à cause de la lumière du soleil. La télé est éteinte et une couverture me recouvre jusqu'aux épaules. Je m'assieds, remerciant intérieurement mon mari pour ses intentions. Je baille à gorge déployée et me lève pour aller me préparer mon café. Je prends ensuite ma tasse et m'installe à la table, mon téléphone à la main. Je le déverrouille et affiche le contact de Touya sur l'écran.
Toutes mes matinées se ressemblent. Je m'attable et je fixe mon écran, me demandant si je dois le contacter ou non. L'idée d'avoir un alter ne m'as pas quitté depuis l'incident. Je sais que si je veux l'obtenir, je vais devoir passer par des chemins sombres et illégaux. Mais je ne peux pas laisser ce qu'il s'est passé se reproduire. Cela m'est tout simplement impossible.
Je prends une grande inspiration et je presse mon doigts sur la touche du téléphone. Ça fait six mois que j'hésite, je ne veux pas attendre plus longtemps. Je mets le haut-parleur et me réinstalle sur ma chaise. Les premières intonations se font entendre puis Touya décroche.
《_Salut !
_Salut... hum est-ce qu'on peut se voir ?
_Oui, j'ai bientôt fini ma journée. Y'a un problème ?
_OK, à tout à l'heure.》
Je raccroche et repose le téléphone sur la table. Je vais enfin le faire. Les larmes me montent mais je les essuie aussitôt en poussant un profond soupir. Comment ça va se passer ensuite ? Est-ce que je vais avoir le courage de lui demander ? Est-ce qu'il va vraiment pouvoir m'aider ? De toute la Shiggysquad, c'est lui que j'ai choisis pour lui exposer mon idée. Tomura et lui sont les seules personnes qui, je pense, seront les mieux à même de me conseiller, et je suis plus proche du cramé que du chef de la team.
L'alarme sur mon tel sonne et me sort de les pensées. Il est 12h30. Il faut que je mange. Si je n'avais pas ce rappel, je me serais sûrement rendu compte de l'heure bien trop tard. J'en ai une pour presque tout, c'en est presque déprimant. Je me lève et ouvre mon frigo, quasiment vide.
Merde, Kat n'a pas fait les courses.
Je souffle. Je suis sûre qu'il l'a fait exprès pour que je sorte. Et je n'ai pas envie de cuisiner... Ce n'est pas grave, je n'ai qu'à aller à la petite supérette pas loin dans ma rue. Je peux le faire. Un peu dépitée, je me revêtit du premier t-shirt et pantalon que je trouve, et arrange vite fait mes cheveux pour qu'ils soient un minimum présentable. Je prends un sac de course et ferme la maison avant d'aller chercher mon vélo dans le garage. Je lance un dernier regard à mon chez moi et je m'élance.
Arrivée à destination, je ne me laisse pas le temps de faire demi-tour et entre dans le magasin. Je circule rapidement entre les rayons pour ne prendre que l'essentiel et m'arrête dans le rayon des plats préparés. Je vais prendre des nouilles instantanées, je préfère partir sur une valeur sûre. Je me penche pour regarder les différentes saveurs disponibles et choisit les nouilles au boeuf.
_______
Je suis de nouveau dans le canapé, plongée dans mes pensées, me torturent les doigts en attendant Touya. J'appréhende tellement sa réaction que je m'en rends presque malade. Je n'ai d'ailleurs pas rejeté mon repas, ce qui pourrait être considéré comme un miracle.
La sonnette retentit soudainement. Je me lève rapidement et vais lui ouvrir la porte. Il m'accueille avec un sourire, mais sa mine se décompose quand il voit l'état dans lequel je suis. Je l'invite à l'intérieur en essayant d'ignorer son changement humeur et lui propose un café. Nous nous installons à la table, l'un en face de l'autre.
_Alors... Qu'est-ce qu'il se passe ?, me demande-t-il, soucieux.
Je laisse passer quelques secondes avant de lui répondre.
_Il me faut un alter, je lance de but en blanc.
Son visage se serait encore plus décomposé si cela avait été possible.
_C-comment ça ?, me demande-t-il en essayant de cacher sa surprise.
_Je ne peux pas protéger ma famille en restant comme ça, sans alter. Je l'ai compris à plusieurs moments de ma vie, et j'en suis arrivé à un point où ce n'est plus possible. Je ne peux plus me reposer sur Kat, il faut que je puisse intervenir moi aussi.
_Tu n'es pas une héroïne, c'est normal que tu dépendes des autres. Même ceux qui ont un alter, ils ne peuvent pas l'utiliser de toute façon. La loi l'interdit.
_Oui, je sais... mais je me sentirais plus forte et plus en sécurité si j'en avais un. Je sais que tu as des connaissances qui peuvent m'aider. S'il te plait, Touya. Je veux juste que tu me donnes des coordonnées, tu ne seras mêlé à rien d'autre, je te le promets.
Il prend sa tête dans ses mains et pousse un soupir. Un long silence s'installe durant lequel il semble réfléchir à ma demande. J'espère vraiment qu'il va accepter, je sais qu'il me guidera vers des personnes "de confiance" qui pourra répondre à mes besoins sans essayer de m'arnaquer. Et je pense assez bien le connaitre pour dire qu'il m'aidera même s'il n'est pas de mon avis.
_D'accord... mais je veux que tu me tiennes au courant de ce que tu fais. Je connais une personne, mais je sais aussi que ses amis ne sont pas très fréquentables et je ne voudrais pas que tu tombes sur quelqu'un de mal intentionné. Surtout que depuis que Toga a été arrêtée, c'est un peu la guerre parmi les vilains pour savoir qui va prendre sa place en tant que « grand vilain ». Alors fais attention, d'accord ?
Je hoche la tête. Cela me rassure aussi de pouvoir compter sur quelqu'un qui s'y connait dans le milieu, surtout que je n'ai pas prévu de parler de tout ça à Kat, du moins pas tout de suite.
Sur un post-it que je lui ai donné, il note un simple numéro et me dit qu'il préviendra ce contact que j'aurai besoin de ses services. Après cela, il quitte la maison, me laissant seule avec une détermination que je n'avais pas eue depuis de longs mois.
______
Le lendemain, je me sens beaucoup mieux, malgré mes nausées. Je me motive à faire le ménage, à cuisiner et même à m'habiller avec une tenue que je choisis plutôt que de prendre les premiers trucs qui me tombent sous la main. Après avoir terminé mon repas, je me décide à appeler le contact de Touya.
« _Qui est-ce ?, me demande une voix masculine.
_Bonjour. J'ai eu votre numéro par Tou-, euh je veux dire par Dab-, uhm... (je me râcle la gorge et recommence) Bonjour, j'ai eu votre numéro par Touya Todoroki.
_Ah, vous êtes la personne qui devait m'appeler ?
_Oui, c'est ça.
_Alors, de quoi vous vouliez me parler ?
_Euh, en fait, j'aurai besoin d'un alter.
_Oh, je vois. J'ai plusieurs options sous la main. Pour combien de temps voulez-vous bénéficier de cet alter ?
_Il me le faudrait de façon permanente...
_Ah... J'ai bien peur de ne pas pouvoir vous aider. Je ne peux que vous fournir des pilules pour avoir un alter temporairement, mais pas définitivement.
_Mince...
_Je connais quelqu'un qui a beaucoup de contacts et qui pourrais répondre à votre requête. Voulez-vous que je vous mette en relation ?
_Uhm, oui, j'aimerai bien.
_D'accord, je vais vous envoyer un message avec l'adresse d'un endroit où vous pourrez le retrouver. Vous n'aurez qu'à dire que vous venez de la part de Giran. Il comprendra que vous êtes une de mes clientes.
_D'accord, merci.
_En vous souhaitant une bonne journée ! »
Il raccroche, me laissant dans le silence de ma maison. Un sentiment étrange s'installe en moi. Je suis contente d'être bientôt capable d'aider ma famille, mais je sais aussi que ce que je fais n'est pas accepté par la société. Je pourrais aller en prison si je me faisais attraper. Ce qui m'étonne par contre, c'est que ces personnes me fassent « confiance ». Elles ne me connaissent pas mais vont m'aider. Je pourrais très bien être une policière qui chercher à les arrêter, mais parce que je suis passée par Touya, ils ne se méfient pas de moi. Il faut aussi dire que même si les avis sur l'ex-ligue ont changés, beaucoup restent contre eux. Peut-être que Giran et les autres se doutent que c'est moi, la femme de Dynamight, qui leur demande de l'aide ?
Quelques minutes après mon appel, je reçois un message d'un numéro non enregistré. Je l'ouvre et découvre l'adresse à laquelle je vais devoir me rendre. Mince, c'est assez loin quand même. C'est dans les bas quartiers, là où les héros se rendent le moins et où les vilains se développent le plus. Si Kat apprend que je me suis rendue là-bas, je vais me faire engueuler. Remarque, je vais de toute façon me faire réprimander quand il saura que j'ai un alter.
Giran ne m'ayant pas donner d'horaires, je ne sais pas trop quand je dois aller rendre visite à son contact. Je décide de me poser une heure ou deux, et d'y aller ensuite. De cette façon, le soleil descendra un peu dans le ciel et me permettra de passer un peu plus incognito dans le quartier. J'inspire un grand coup avant d'aller m'installer dans le canapé. J'allume la télé et finis par m'endormir.
A mon réveil, je réalise que j'ai dormi trois heures et que Kat et Akiro rentrent tous les deux dans une demi-heure environ. Je suis en retard ! Je me prépare à la hâte et monte en vitesse dans ma voiture après avoir laissé un mot sur le comptoir de la cuisine. Je rentre l'adresse dans mon GPS et je démarre en trombe, espérant ne pas croiser mon mari en chemin.
Après 45 minutes de route, j'arrive dans le quartier. Je tourne dans les rues à la recherche d'une place pour me garer. Je finis par en trouver une dans un parking public non loin de ma destination. Sans plus attendre, je sors du véhicule et prend le chemin menant à l'immeuble dans lequel je dois aller. Je ne suis pas très rassurée. Au fur et à mesure que je traverse les rues, je sens des regards sur moi. Les passants me dévisagent, comme s'ils sentaient, par je ne sais quel moyen, je ne m'appartiens pas à leur monde. Peut-être me reconnaissent-ils aussi ? Quoi qu'il en soit, j'accélère le pas et baisse la tête, essayant un minimum de passer inaperçu.
Mon téléphone vibre dans mes mains, m'indiquant que le GPS s'est éteint et que je suis arrivée. Face à moi se dresse un grand bâtiment, en bon état malgré les quelques défauts que l'on peut voir que les murs. J'entre et commence à monter les escaliers pour atteindre le 5e étage. Au bout de quelques minutes, je me trouve enfin devant la porte de l'appartement du contact de Giran. Sans me laisser le temps de changer d'avis, je toque trois fois à la porte en bois.
J'attends un long moment avant que celle-ci ne s'ouvre. Un homme assez grand et mince, brun au teint basané, s'appuie légèrement sur le mur de l'entrée. Il me regarde de haut en bas essayant sûrement de jauger la personne qu'il a en face de lui.
_T'es qui ?,me demande-t-il, méfiant.
_Je... Euh... C'est Giran qui m'envoie...
Un sourire apparait soudain sur son visage.
_Vas-y, entre, dit-il en s'écartant pour me laisser passer.
L'intérieur de l'appart' n'est pas très accueillant, mais ce n'est pas bordélique ou sale pour autant. Quelques affaires traînent par-ci par-là, mais à part ça, rien qui ne sorte de l'ordinaire. Cela m'étonne de voir à quel point je me suis trompée sur la personne qui va m'aider. Un peu malgré moi, je l'avais imaginé avec un physique repoussant, vivant dans un taudis et laissant supposer qu'il me voudrait du mal. Mais cet homme ne fait pas bien peur. Il peut facilement se glisser parmi les citoyens de la ville et je suis sûre qu'il pourrait même faire un bon ami.
Il m'invite à m'asseoir sur le canapé et m'offre un verre d'eau. On se présente rapidement avant de s'intéresser au vif du sujet.
_Alors, d'quelle pilule t'as b'soin ?, demande-t-il en ouvrant trois petites mallettes avec des cachets de différentes tailles et couleurs.
Il m'explique rapidement les propriétés de chacune. Je le laisse aller jusqu'au bout, ne voulant pas le couper dans son élan. Il a l'air plutôt content de m'aider, et je ne veux pas risquer de l'agacer. Malgré le fait qu'il soit d'apparence amical, je préfère ne pas oublier qu'il fait partie des vilains et qu'il deale ces médicaments.
Je lui expose ensuite mes intentions. A la fin de mon récit, je vois son visage se renfermer. Méfiante, je fronce les sourcils.
_Mince, j'vais pas pouvoir t'aider. J'n'ai pas c'genre d'marchandise, dit-il en mordillant son ongle de pouce. Hmm, laisse-moi réfléchir... (Quelques secondes s'écoulent avant qu'il ne reprenne :) Ouais, j'crois qu'y a qu'une solution à ton problème, et ça va pas t'plaire. Le seul qui puisse t'donner un alter d'façon permanente, c'est All for One.
Un silence pesant s'installe dans la pièce. Je ne peux décemment pas me tourner vers cet homme, c'est impossible ! Pas après tout le mal qu'il a fait !
Je pousse un soupir avant de me lever et de remercier le hors-la-loi qui m'a aidé. Je sors de l'immeuble et retourne à ma voiture, un peu dépitée. Je crois qu'il va falloir que je renonce à mon souhait... mais je n'ai aucun autre moyen de protéger ma famille... Je vais devoir le résoudre à rester passive...
Déçue, presque triste, je démarre le moteur et rentre chez moi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top