11 ans et 6 mois (2/2)
Salut tout le monde ! J'ai le regret de vous annoncer que ce chapitre est le dernier de cette fanfic. Je dis "regret" car ce n'est pas ce qui était initialement prévu. Il devait me rester 3 chapitres à écrire après celui-ci, mais j'ai décidé de m'arrêter ici (du moins, pour l'instant). Je ne veux pas vous faire attendre en vain, et je n'ai toujours pas retrouvé la motivation d'écrire. La fin de ce chapitre me satisfait, donc elle sera aussi la fin de cette fanfic. Je vais lui mettre le statut de "Terminée", mais rien n'empêche que je la continue si le cœur m'en dit. Donc si vous trouvez que certaines intrigues ou autres indices sont incomplets, c'est tout à fait normal. Anyways, je m'excuse une dernière fois de l'attente entre les chapitres, de ma démotivation et de mon abandon de cette histoire, et vous souhaite une bonne lecture ! A la prochaine !
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Après sept mois à rester à la maison, il est bientôt temps que je reprenne ma vie là où je l'ai laissée. Il me reste deux semaines d'arrêt avant de retourner au travail. Qu'est-ce que mes collègues me manquent ! Malgré ma santé retrouvée, je ne vois pas beaucoup de monde, hormis Kat, Akiro et de temps en temps, Eiji. J'ai retrouvé ma joie et mon envie de vivre. Je ne fais presque plus de cauchemars, ni d'attaques de panique. J'ai encore quelques nausées et j'ai l'impression que mon ventre gonfle parfois, mais à part ça, tout va bien ! Je commence à en avoir marre de rester enfermée dans mes quatre murs et j'ai de plus en plus besoin de sortir. Alors je profite de devoir emmener et rechercher Akiro tous les jours et je sors à la moindre petite course que je dois faire. Quand j'y pense, ça me fait marrer de voir à quel point j'ai changé en quelques semaines.
Aujourd'hui encore, ça n'y rate pas, je dois aller acheter deux-trois trucs pour le dîner de ce soir. Je me prépare rapidement et me rends dans la petite supérette non loin de chez moi. Je passe dans les différents rayons, à la recherche des produits dont j'ai besoin, quand je sens une personne dans mon dos. Méfiante, je me retourne doucement, pour découvrir une femme à la peau et la chevelure rose, accompagnée d'un homme aux énormes coudes.
_(T/p) !, s'exclame Mina en écartant ses bras pour m'accueillir dedans.
_Hey !, je dis en acceptant volontiers ce contact.
_Ça fait longtemps ! Comment tu vas ?
Je ne les ai pas revu depuis l'attaque. Ça me fait du bien de les retrouver.
_Je vais beaucoup mieux ! Et vous, comment vous allez ?
_On va bien !, me répond Hanta avec un grand sourire.
_J'ai l'impression que quelque chose a changé chez toi..., me dit la rose en m'examinant. Je sais ! Tu as grossi !
_Mina ! Ne lui dis pas ça ! Je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose qu'elle veuille entendre après sa dépression..., lui chuchote le noir, mais pas assez discrètement pour que je ne l'entende pas.
_Pardon ! Je ne voulais pas le dire méchamment ! Ça te va bien en fait !
_Ne t'inquiètes pas, mon poids est le dernier de mes préoccupations, je la rassure.
Malgré ce que je viens de dire, sa remarque m'intrigue. Je n'ai pourtant pas énormément mangé ces derniers temps. J'ai certes retrouver mon appétit d'antan, mais je ne pense être devenue plus gourmande qu'avant. Il faudra que je pense à me peser en rentrant. M'enfin, c'est peut-être dû à mon ventre gonflé ?
Nous changeons de sujet et discutons pendant encore quelques minutes avant de nous séparer et de continuer nos courses chacun de notre côté. Une fois tous ce qu'il me faut dans mon panier, je passe en caisse et rentre chez moi.
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Quelques jours plus tard
Je gare la voiture sur le parking. Je reprends soudain conscience de la réalité. Je ne sais pas comment j'ai fait pour arriver là. Je ne me souviens pas être sortie de la maison, d'être montée dans mon véhicule et d'avoir rouler jusqu'ici. C'est comme si... comme si ce n'est pas réellement moi qui contrôle mon corps, comme s'il bouge de lui-même et que je ne suis que spectatrice de tout ça. J'arrive à bouger mes bras et mes jambes à ma volonté, mais on dirait qu'une autre personne, une entité, est en cohabitation avec moi dans mon corps et qu'il force pour en prendre les commandes. C'est une sensation assez étrange... Et j'ai beau le vouloir de toutes mes forces, je n'arrive pas à reprendre le plein contrôle.
Alors que j'essaie de comprendre ce qu'il se passe, mon corps se met à bouger. Il sort de la voiture, la verrouille et se dirige vers l'entrée d'un énorme bâtiment. Deux personnes se tiennent bien droite devant les portes. On dirait des gardes... ? ou des vigiles ? Mes jambes se dirigent vers eux et me font passer devant eux. Mes lèvres murmurent un simple « bonjour » à leur intention avant que mes pieds n'entrent dans le couloir derrière les portes.
Mon corps semble savoir ce qu'il veut, ce qu'il a à faire dans cet endroit que je ne reconnais pas. Il me dirige vers le comptoir de l'accueil, derrière lequel une femme d'âge mûr tape énergiquement sur son clavier.
_Bonjour, que puis-je faire pour vous ?, me demande-t-elle en relevant les yeux vers moi.
_Bonjour, je souhaiterais rendre visite à quelqu'un.
Les mots sont sortis de ma bouche sans que je n'aie un quelconque contrôle sur eux. Qui est-ce que je peux bien vouloir voir ? Je ne reconnais pas cet endroit, ce qui ne me donne aucun indice sur ce que je fais là.
_Oui, bien sûr ! Qui est-ce ?
_Shigaraki.
Shigaraki ? Je croyais qu'il travaillait. Pourquoi serait-il là ? Et pourquoi y serait-il en tant que "résident" ? Il partage un appartement avec l'ex-ligue et, aux dernières nouvelles, il n'avait pas prévu de déménager.
_Puis-je savoir pourquoi vous voulez le voir ?, me demande-t-elle, suspicieuse.
_Je suis sa cousine, et il a pris quelque chose qui m'appartient. Je voudrais simplement qu'il me dise où est-ce qu'il l'a mis pour que je puisse le récupérer.
_D'accord. Je vais d'abord devoir prendre votre nom et votre pièce d'identité, s'il vous plait.
_Sakura Shigaraki, je lui réponds, les mots sortants tous seuls.
La femme semble entrer les informations dans son ordinateur, puis elle me tend la main. La mienne se glisse dans ma poche et en sort une carte qu'elle donne à la gardienne. Elle vérifie le nom et la ressemblance avec la photo puis me la rend. Je réussis à y jeter un rapide coup d'œil avant que la carte ne retourne à sa place. Il y a une photo de moi, les cheveux lâchés et le visage fermé, à côté d'écritures indiquant mes noms et prénoms. Je peux clairement lire les noms que j'ai donné à la femme quelques instants plus tôt. C'est une fausse carte d'identité ? Pourquoi je ne me souviens pas de l'avoir faite ? Et pourquoi j'aurai besoin d'en faire une ? Je ne comprends absolument rien de ce qu'il se passe, et je commence à paniquer. Qui est-ce que je vais voir pour avoir besoin d'une fausse carte d'identité ?
_Je vais devoir vous fouiller, dit-elle, me faisant sortir de mes réflexions. Votre cousin a eu un peu trop de visites récemment, au vu de son statut. Apparemment, un autre membre de votre famille a eu besoin d'en découdre avec lui.
Elle se lève et s'approche de moi avec un détecteur de métaux. Elle m'ordonne d'écarter les bras et les jambes et mon corps s'exécute sans que je ne le lui ai demandé. Elle passe l'appareil à quelques centimètres de mes vêtements, puis me palpe entièrement.
_C'est bon, vous pouvez y aller ! Gaku va vous accompagner à sa cellule.
Je hoche la tête et la remercie avant de me tourner vers son collègue et de le saluer. Il s'engouffre dans couloir et mon corps le suit sans rechigner. Est-ce qu'elle a dit "cellule" ? Soudain, une évidence me frappe. Les gardes devant la porte, la gardienne à l'accueil, le fait qu'ils tous des armes et des matraques à leur ceinture... Cela saute aux yeux. Je suis dans une prison ! Mais qu'est-ce que je fais ici ? Cette situation commence à me taper sur le système. J'ai trop de questions qui restent sans réponse, et ça me frustre profondément.
Alors que mes jambes suivent toujours ce Gaku et passent devant de nombreuses portes fermées, mon cerveau commence petit à petit à rassembler les éléments dont je dispose : je viens rendre visite à un certain Shigaraki, qui serait le cousin de la personne que je prétends être et qui est donc en prison. Et d'après les dires de la gardienne, ce "cousin" serait assez dangereux. Je peux presque entendre mes pensées tellement elles sont nombreuses et désordonnées, lorsque tout s'arrête brusquement dans ma tête et qu'un visage précis m'apparait mentalement. Je crois que je sais ce que mon corps vient faire là, et si j'ai vu juste, il faut à tout prix que je l'empêche de faire ce pourquoi il est venu !
Le surveillant s'arrête devant une porte, l'ouvre et m'invite à entrer dedans. Il m'informe qu'il va chercher le prisonnier, puis me laisse seule dans la pièce. Cette dernière est divisée en deux par une vitre, une chaise posée de chaque côté. Une espèce de grande fenêtre orne le mur gauche, et je devine sans mal qu'il s'agit une vitre sans tain. Notre échange sera donc surveillé. Mon corps prend place sur la chaise de mon côté, attendant patiemment celui qu'il est venu voir.
Une porte s'ouvre de l'autre côté de la vitre, laissant entrer une personne assise dans une sorte de fauteuil roulant, poussé par Gaku. Il la place devant moi, de l'autre côté de la vitre, puis s'en va, fermant la porte derrière lui. L'homme en face de moi est maintenu sur son siège par des sangles, et une camisole l'empêche de bouger. Sa tête est masquée d'un tissu noir cousu à une sorte de cache-cou solide (dont des tuyaux en sortent, ressemblant vaguement à un masque à oxygène). Mon hypothèse se confirme alors. Je suis en face de All for One.
_Salut Sakura, comment tu vas ?, me demande-t-il avec un air de malice. C'est étrange la facilité que l'on a à deviner ses expressions faciales sans voir son visage.
Je fronce les sourcils. Il connait le faux nom que je me suis donné ? D'énormes doutes s'insinuent en moi. Est-ce que je suis vraiment dans mon corps, ou est-ce que, par je ne sais quel moyen, ma conscience est dans le corps d'une autre, dans le corps de cette Sakura ? Et qu'importe mon apparence, la plus grande question reste celle qui n'a pas eu de réponse : qu'est-ce que je fais ici ?
_Ça va bien. Et toi, comment tu vas mon cher cousin ?
_Excellement bien. Comme tu peux le voir, je dispose du plus grand confort. Puis-je te demander ce qu'il me vaut ta visite ?
_Il se trouve que tu m'avais emprunté quelque chose avant ton arrestation il y a de ça des années et j'aimerais le récupérer. Mais je ne l'ai pas trouvé chez toi, alors je te demande où est-ce que tu l'as mis ?
Je ne comprends absolument pas ce que je fais là. Pourquoi l'ennemi n°1 du Japon, voire peut-être du monde entier, m'aurait pris un objet à moi, simple civile que je suis. Et surtout, je ne souviens pas du tout lui avoir déjà parlé ou même l'avoir déjà vu en vrai. J'ai bien compris que toute cette histoire de cousins/cousines n'est qu'un prétexte pour lui rendre visite, mais je n'en comprends toujours pas la raison.
_Je te rendrais ton bien quand je sortirai d'ici.
_Autrement dit, jamais...
_Cela ne dépend que de toi, murmure-t-il si bas que je pense que les surveillants derrière la vitre sans tain ne l'ont pas entendu.
Mon visage affiche un sourire et fait un clin d'œil à All for One. On dirait qu'ils viennent de conclure un accord, mais lequel ? Ce ne serait quand même pas une tentative d'évasion, si ? Je sens la panique monter en moi tandis que je semble enfin comprendre ce qu'il se passe. Ce n'est pas possible, je dois sûrement être en train de rêver. Je ne peux pas libérer AFO, c'est impossible, inconcevable.
Mon corps se lève, signifiant que l'entretien est terminé. Il attends que Gaku vienne chercher le vilain pour sortir de la pièce et quitter la prison.
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Je me réveille tout doucement, les rayons de soleil venant caresser ma peau. J'ouvre lentement les yeux tandis que j'émerge de mon sommeil. A côté de moi est allongé Kat, ses pupilles rouges me regardant m'éveiller.
"Bien dormi ?", signe-t-il.
Ses appareils étant un peu imposants, il les enlève pour dormir et les remet quand il se lève, si bien que nos conversation du matin se font généralement en langue des signes.
"J'ai fait un rêve bizarre. J'ai rêvé que je libérais AFO."
Kat rit, se moquant de moi et m'embrasse sur le front avant de se lever. Il met ses appareils auditifs et se tourne vers moi.
_C'est quoi le programme de la journée ?
_Comme d'hab. Je vais sûrement aller rendre visite à Eijiro et je pense aller à l'hôpital pour leur dire que je reviens dans une semaine.
_Tu es sûre ? Tu as l'accord du psychologue ?
_Non, je ne lui pas demandé. Mais je vais mieux, je le sens. Et j'ai envie de reprendre ma vie d'avant.
_Tu as encore des nausées ?
_Oui, mais elles sont moins fréquentes, ça ira.
_D'accord, répond-il, peu convaincu.
Je me lève à mon tour et remarque que j'ai mal aux mains, plus précisément aux phalanges. Je les secoue un peu pour faire passer la douleur, pensant que j'ai sûrement dû dormir dans une mauvaise position.
Nous sortons de la chambre et je vais dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner tandis que Kat va réveiller notre petit bonhomme. J'allume la télé et tombe sur une chaine d'informations. C'est bizarre, il me semblait avoir regarder un film hier, avant d'éteindre. Je me concentre sur l'écran et vois que c'est en fait une édition spéciale, une de celles qu'ils diffusent en interrompant tous les programmes pour être sûrs que les citoyens soient au courant. Ce qui veut dire qu'il s'est passé quelque chose.
Je vois alors sur les images diffusées que la prison la plus sécurisée du Japon, le Tartare, a subit une attaque et que des prisonniers s'en sont échappé. Et parmi eux, All for One. J'ai soudainement la tête qui tourne et je dois m'agripper au canapé pour ne pas tomber. Ça ne peut pas être une coïncidence que j'ai rêvé de ça cette nuit. Est-ce que j'aurai fait une sorte de rêve prémonitoire ?
Kat descends les escaliers, Akiro dans les bras, les yeux rivés à l'écran.
_Merde. Faut que j'y aille !
Il me donne notre fils, s'habille en vitesse et part en lâchant un juron en regardant son téléphone.
Un peu sonnée par la nouvelle, j'installe Akiro à table et lui donne son verre de lait et ses gâteaux. Je le prépare ensuite et l'emmène à l'école avant de revenir à la maison. Je ne pourrai pas voir Eiji, il est sûrement occupé, et l'envie d'aller à l'hôpital a disparut. Je préfère rester en sécurité à la maison.
Je réalise alors un peu plus ce que cette évasion signifie. All for One sera en liberté, ainsi que tous les autres vilains. La criminalité va augmenter et avec ça, le boulot des héros. Kat sera moins présent, ce qui veut dire que je vais devoir jongler entre travail et maison pour remplir toutes mes tâches et m'occuper d'Akiro. Nous n'aurons plus de pauses, plus de congés et plus de vacances.
Prise d'un élan de colère, j'abaisse violemment mon poing sur le comptoir de la cuisine, avant de hurler de douleur. Je regarde ma main et la découvre en sang, trois lames de métal sortant de mes phalanges. Qu'est-ce que c'est que ça ?! Je passe un doigt sur l'une d'entre elle, pour m'assurer que c'est réel. Et ça l'est. Je tente de faire disparaitre les lames, et d'une simple pensée, elles rentrent dans ma main, ne laissant que des plaies ouvertes et sanglantes sur mes phalanges. Je regarde ma main dans tous les sens, d'un œil étrange. Je refais sortir les lames, complétement stupéfaite. J'ai un alter ?! Toutes ces années, j'avais un alter et je ne m'en jamais rendue compte ? Je fronce les sourcils, sceptique. D'où il peut bien venir ? Mon père peut voir 5 secondes dans le futur et ma mère a des ailes, comme Keigo. Aucun de leur alter ne pourrait former celui que j'ai, ce n'est génétiquement pas possible. Mon attention se concentre sur la télé restée allumée, et je comprends. Le seul moyen pour moi d'avoir un alter était d'aller AFO. Chose que je ne voulais absolument pas faire. Mais le voilà dehors et me voilà avec un alter. Est-ce que... est-ce que c'est moi qui l'ai libéré ? Mon rêve n'en était pas un ?!
Mes jambes ne me soutiennent plus et je m'écroule au sol. Je ne peux pas croire que c'est de ma faute, que tout ça est de ma responsabilité. Mon corps se met à trembler et les larmes coulent sur mes joues. Qu'est-ce que j'ai fait ?! A par mon rêve, je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé.
Paniquée, je me jette sur mon téléphone et compose le numéro de mon psychologue. Je demande à sa secrétaire de me caler un rendez-vous en urgence et, par chance, elle me répond qu'il est libre maintenant. Je prends mes clés de voiture et part en vitesse.
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La séance a duré deux heures. Dès qu'il a entendu la raison de ma venue, il a annulé ses rendez-vous de l'après-midi et s'est concentré sur moi. Quand j'ai eu fini de lui expliquer, il a jugé que la meilleure technique pour savoir ce qu'il s'était réellement passé était l'hypnose. Il m'a allongé sur le canapé, m'a fait fermé les yeux et m'a dit de me concentrer sur sa voix, puis je me suis endormie. A mon réveil, en voyant la tête qu'il faisait, j'ai su que j'avais vraiment libéré le plus grand vilain que toute l'Histoire n'ait jamais connu. Mais il m'a expliqué que ce n'était pas entièrement, voire pas du tout, de ma faute. J'ai été piégée. On ne sait comment, quelqu'un a contrôlé mon subconscient pour que mon corps obéisse à des ordres extérieurs. J'ai eu beau réfléchir, je ne vois pas qui aurait pu le faire, à part All for One lui-même, mais mon psychologue a écarter cette hypothèse, disant que c'était bien la première fois que je lui avais rendu visite.
Inquiète, je lui ai demandé ce qui allait m'arriver, du point de vue juridique, et il m'a conseillé d'aller au commissariat et de leur expliquer la situation, avec mon dossier psychologique et une lettre du psychologue en appui. Il a dit qu'au vu de ma condition, je ne devais pas avoir de répercussions, mais que la police me ferait peut-être évaluer par leur psychologue pour être sûrs.
Il va maintenant falloir que je l'annonce à Kat. Je redoute énormément sa réaction. Au-delà du fait que AFO est un puissant vilain et qu'il va donner du fil à retordre aux héros, mon mari a déjà été confronté à lui. Je sais que l'annonce de sa libération a fait remonter des souvenirs et des craintes, et je ne veux pas en rajouter une couche, mais je ne vais pas en avoir le choix.
Je passe le reste de la journée à me renseigner sur l'hypnose et à essayer de comprendre comment j'ai été amené à obéir aux ordres d'autrui. Et surtout, qui ? Qui aurait pu me les dicter. J'ai regardé dans mon téléphone, à la recherche d'indices, mais je n'ai rien trouvé. J'ai sûrement dû tout effacer avant de revenir à moi. Ou alors j'ai utilisé un autre téléphone que j'ai jeté par la suite. En réfléchissant aux dernières personnes que j'ai vue, j'en suis venue à la conclusion que c'était Giran ou le dealer. Ça ne pouvait définitivement pas être Touya. Il ne pourrait pas me faire ça. Je ne pense pas non plus que ce soit son contact. Le cramé a l'air de lui faire confiance, alors j'estime que je peux aussi. Il ne reste que le dealer. Mais je ne souviens pas qu'il ait dit une phrase bizarre, qui aurait déclenché tout ça. Mon psychologue m'a dit que pour que l'hypnose fasse effet, il faut un mot ou une phrase déclencheur, comme un bouton off qu'on pousserait sur on.
Je suis plongée dans mes réflexions quand j'entends la porte s'ouvrir. Mon petit blond se rue sur moi et me fait un câlin avant de partir rapidement dans sa chambre. Kat s'avance et m'embrasse furtivement avant de se déshabiller et de poser ses affaires. Il a l'air exténué. Il me fait un sourire puis s'affale dans le canapé. Je vais le rejoindre et me blottis contre lui. Il allume la télé et, après avoir vu que toutes les chaines de télé parlent de l'évasion du Tartare, met une émission humoristique en replay.
Il faut que je trouve le courage de lui dire. Je rassemble les mots que je vais utiliser et attends que ce soit la pub pour me lancer. Mais quand je me tourne vers lui, je vois que ses yeux sont fermés, et je me rends compte qu'il ronfle légèrement. Il a vraiment dû avoir une grosse journée. Je vais le laisser se reposer. Je tenterai de lui parler plus tard. Je l'embrasse et me lève pour préparer le dîner.
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Je débarrasse la table tandis que Kat prépare Akiro à aller au lit.
_Allez petit bonhomme, monte dans ta chambre. J'arrive dans cinq minutes pour te lire une histoire.
Mon fils sourit avant de monter les escaliers en courant. Mon mari m'aide à nettoyer la table, puis va dans la cuisine pour reposer le torchon. Il s'apprête à partir quand je l'arrête. C'est le moment. Il faut que je le fasse maintenant, ou je n'arriverai jamais à lui dire. Etrangement, je sens que si je ne le mets pas au courant, là, dans les secondes qui suivent, je ne serai jamais capable de le faire. Et alors, il le découvrira sûrement par quelqu'un d'autre, et la situation sera encore pire.
_Attends, Kat. Il faut que je te dise quelque chose, je lui dis en lui attrapant le poignet.
Il hoche la tête et se place devant moi, attendant que je me lance. Mais je ne sais pas comment commencer, comment lui annoncer ça. Mon regard est fuyant, je regarde partout dans la cuisine pour éviter de rencontrer ses iris rouges. Mon cœur s'affole, ma respiration s'accélère et je ne peux m'empêcher de me mordre la lèvre inférieur. Comment je suis censée lui dire ?
_Oï, (T/p), qu'est-ce qu'il se passe ? Tu sais que tu peux tout me dire, hein ?
Il prends mes mains, froides, dans les siennes, chaudes. Je baisse les yeux sur nos mains entremêlées. Cela me donne un peu de courage. Je prends une grande respiration et relève la tête. J'ai les larmes aux yeux, à cause du stress. Je regarde rapidement derrière moi, m'assurant qu'Akiro n'est pas dans les parages, et je me lance enfin.
_Tu sais, le cauchemar que j'ai fait cette nuit ? C'en n'était pas un. Je... j'ai vraiment libéré All for One.
Ses sourcils se froncent. Il me lance un regard d'incompréhension. Puis, voyant que je suis sérieuse, il réagit enfin.
_Quoi ?!, il s'exclame dans un mélange de surprise et de colère.
Je prends une nouvelle respiration et lui explique tout, essayant de calmer le tremblement dans ma voix tandis que les larmes coulent sur mes joues. A la fin de mon récit, je fixe mon regard dans le sien et vois une larme tomber de son œil, atterrissant directement sur le sol. Il pleure. Mon cœur se pince. Ce n'est pas ce que je voulais. Je ne voulais pas lui faire du mal, je ne voulais pas rendre sa liberté à AFO, je ne voulais pas être égoïste. Je ne voulais pas de tout cela.
Décontenancée, je me jette dans ses bras et pose sa tête sur mon épaule, le serrant de toutes mes forces.
_Je suis désolée. Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée...
Il serre mon corps contre le sien avant de se redresser et d'essuyer ses larmes. Il me regarde avec un regard rassurant avant de passer ses pouces sur mes joues pour effacer les coulées d'eau s'y trouvant.
_Tout va bien, c'est pas de ta faute, dit-il en chuchotant. C'est pas ta faute, tu m'entends ? C'est pas ta faute.
Je hoche la tête doucement, ne le croyant pas totalement. Même si mon corps était contrôlé et que je ne pouvais rien faire, c'est quand même mon corps qui est responsable de tout ça. Le mien, pas celui d'un autre. Je ne sais pas pourquoi All for One m'a choisis pour accomplir sa mission, mais ça a marché, il a réussis son coup. Il est libre.
Je laisse planer quelques secondes avant de lui annoncer la deuxième nouvelle.
_Ce n'est pas tout... J'ai un alter maintenant.
_Un alter ?
Je lâche sa main et ferme le poing. Je fais sortir mes lames de mes phalanges et je le regarde, redoutant encore une fois ce qu'il va dire, ce qu'il va faire. Il prend ma main entre ses doigts et passe son index sur une des lames. Puis il ancre ses yeux dans les miens.
_Je t'avais dit que je vous protègerai, toi et Akiro. Tu n'as pas besoin d'un alter.
Mon visage se crispe et mes yeux se remplissent une nouvelle fois de larmes. Kat soupire doucement, puis colle son front au mien, ses mains sur mes joues. Je place les miennes sur ses avant-bras et souffle doucement, relâchant un peu la pression.
_C'est pas grave. On sera deux à pouvoir protéger cette famille maintenant.
Je hoche la tête, légèrement rassurée.
_J'avais peur..., je lâche en murmurant.
_J'imagines.
_Non, pas de ça. De ta réaction. Avec tout ce que tu as vécu, et ce qui s'est passé dernièrement, je ne savais pas comment tu réagirais.
_Nous nous sommes mariés pour le meilleur et pour le pire. Alors je serais là pour le meilleur et pour le pire.
Je hoche une nouvelle fois la tête. Je suis si heureuse de l'avoir à mes côtés. Si heureuse qu'il me comprenne et qu'il me soutienne. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Je l'aime. Je l'aime plus que tout. Et je ferais tout, absolument tout pour ne pas le perdre.
Nous restons front contre front pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce que notre petit garçon viennent nous interrompre.
_Papa, tu viens quand ? J'en ai marre d'attendre, dit-il avec une voix plaintive.
Kat me regarde dans les yeux avant d'afficher un sourire sur son visage.
_On arrive, petit bonhomme.
Il me prends la main et me tire hors de la cuisine, à sa suite. Nous allons lire l'histoire à Akiro ensemble. Tout comme nous serons ensemble pour les naissances et les décès, pour les bonnes nouvelles comme pour les mauvaises, pour les heureux évènements comme pour les tristes. Ensemble, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
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