Un nouveau souffle
Un grand merci à mes co-auteurs kacchan et F. pour leur aide et leur inspiration !
Pour Deku. Love you <3
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POV KATSUKI :
L'amour, c'te merde. Au fond, c'est juste une putain de douleur qui attend son heure pour vous exploser en pleine gueule.
Et les explosions, ça me connait. Sans déconner, c'est carrément toute ma vie. Explosion, c'est mon tempérament condensé en un mot. Faut croire que la seule qui pouvait me démolir porte un nom que je ne peux toujours pas prononcer sans souffrir. Du moins, plus depuis notre rupture, depuis que j'ai merdé en beauté. J'ai tout foutu en l'air et je me suis débrouillé pour qu'il me largue avant d'avoir à m'y coller. En gros, j'ai déconné et j'ai fait ce que je fais de mieux, j'ai tout fait péter.
Il existe combien de façons de dire qu'on a complètement foiré ? Sérieux, ça me saoule de chercher une définition à ce qui me déglingue.
—Tu t'amènes ?
Ça c'est Eijiro qui me sort de mes pensées, de cette pseudo déprime que je me trimballe comme un connard de boulet depuis bientôt deux mois.
—Ouais, je grogne, mains dans les poches.
Ça me fait royalement chier de me pointer ici pour une fête qui m'inspire autant qu'un animal crevé sur la route.
J'entre dans l'appart miteux de Denki poussé par Eijiro qui en avait marre de me voir loquer dans notre appartement. L'atmosphère est déjà saturée de fumée et d'effluves d'alcool. La musique résonne entre les murs étroits et je reconnais quelques têtes. On se fraie un chemin jusqu'à la cuisine et je prends le verre qu'Eijiro me tend avant d'en boire une grande gorgée.
- Putain, mais t'a mis quoi dedans ? je m'étouffe à moitié en l'assassinant du regard. Tu sais que whisky coca ça veut généralement dire qu'il y a du coca avec ?
Ça fait quelques temps qu'il n'en a plus rien à battre de me voir m'enflammer pour un rien et ça aussi ça me les brise.
- Chut, bois.
- T'es sérieux là ? je hurle tout en lui mettant un coup dans le bras.
Mais son esprit est déjà ailleurs. Ce con matte une meuf qui vient d'entrer dans la cuisine, autant dire que je l'ai perdu. Relou. Je me déplace entre les corps qui se tortillent en tentant lamentablement de danser dans le peu d'espace disponible du salon, et je réussis enfin à sortir sur le balcon.
Quelques invités sont venus prendre l'air et Kyoka fume une clope tout en discutant avec Momo. Je sirote mon verre tranquillement, en paix, me demandant bien ce que je suis venu foutre ici. J'ai juste fini par céder pour qu'Ejiro arrête de me casser les couilles mais j'ai pas envie d'être avec tous ces gens qui font la fête et qui essayent de pécho. J'ai pas la tête à ça.
J'ai eu personne depuis Izuku et je ne veux personne. Pathétique ? Peut-être.
Je regarde mon foutu verre une seconde, fais tourner son contenu avant de jeter un regard à la nuit trahie par les lumières de la ville. J'ai pas vraiment la tête à boire. La seule gorgée que je me suis enfilé me donne déjà envie de vomir une salve de ressentiments. Pathétique ? Surement en fait.
Allez tous vous faire foutre.
- Aaaaah ! Un peu d'air, j'en peux plus ! s'écrie Mina en arrivant sur le balcon.
Elle a l'air en nage, totalement essoufflée. Je suppose qu'elle était en train de danser. Elle salue les filles et se retourne vers moi.
- Aaah, le beau et ténébreux, mais inaccessiblement gay, Katsuki... Tu viens danser après ?
- Non.
- Pourquoi ? Tous les gays kiffent danser !
Elle affiche une petite moue que la plupart des gens trouveraient sûrement adorable, mais qui me donne juste envie de frapper sa tête contre la rambarde. Qui a dit que j'étais la plupart des gens ?
- Je crois pas, non, je lui lance sans détour.
J'aperçois Kyoka jeter un coup d'œil dans ma direction. Je peux littéralement la voir calculer que l'état d'ébriété de Mina additionné à son franc parler la met en danger face à un Katsuki qui sort de son appart pour la première fois depuis deux mois. Tel un grizzly après une hibernation, c'est vraiment pas le moment de me faire chier.
Elle regarde Momo, lance un petit regard vers nous et elles finissent toutes les deux par nous rejoindre.
- Mina, il parait que tu fais des super cocktails, tu veux bien m'en faire un ? demande Momo avec douceur.
- Ouuuuuuuuuuuaiiiiiiiiiiiiiiis, crit-elle tout en passant les portes fenêtres qui mènent au salon
- Ça faisait longtemps, me dit Kyoka en se tournant vers moi
- Ouais.... j'étais pas trop d'humeur.
- Ouais, mais ça fait longtemps quand même.
- Tch.
Eijiro aussi m'avait dit que c'était mauvais de me complaire dans cette léthargie, qu'il fallait que je me bouge un peu, voir des gens. Mais j'aime pas les gens.
- Tu veux discuter ? demande-t-elle.
- Y a pas grand chose à dire.
Momo fait mine de vouloir poser sa main sur mon épaule, mais je la foudroie du regard et elle finit par attrapper celle de Kyoka, qui la serre en retour.
- Désolée, me dit Kyoka. Je sais que c'est pas facile...
Je hausse les épaules. C'est une soirée bordel, pourquoi on parle de ça ? Je me suis plaint ? J'ai pleurniché dans leurs jupons à la con ? Non ! Alors elles peuvent bien me lâcher avec leurs regards larmoyants.
Soudain, la musique s'arrête. On se regarde tous les trois un instant et Pikachu déboule du salon, cherchant apparemment quelqu'un.
- Kyoka ! Heu... j'ai un peu trébuché sur les câbles de tes amplis et j'ai tout débranché... tu peux venir m'aider ?
Mais alors lui, quel boulet. Ils rejoignent tous les lieux de l'accident, me laissant enfin seul sur le balcon. La paix. J'aurais vraiment pas dû me pointer ici.
Je reste là à mater aigrement mon breuvage sans le boire jusqu'à ce que la musique se relance sous les acclamations générales. Faut que je me bouge. J'en ai marre de cette apathie de merde. Je finis par me décider à retourner à l'intérieur pour tenter d'abandonner discrètement mon verre sur un meuble au hasard. Au pire, je serais assez sobre pour ramener Eijiro sur mon dos. Faut bien servir à quelque chose. Et il m'en devra une, ce qui n'est pas négligeable.
Je le croise justement dans la cuisine en train de draguer la meuf de tout à l'heure. Je les calcule pas. Je remplis un verre de coca en ignorant sciemment le whisky. Je m'apprête à interrompre Eijiro pour lui dire une connerie embarrassante devant sa cible, mais à travers la porte ouverte de la cuisine, je vois Deku rentrer dans le salon.
Je me fige. Mon cœur cogne fort contre mes côtes et je serre mon poing libre. Je ne l'ai pas revu depuis qu'il m'a remis un sac plein de mes affaires juste avant de me claquer la porte de son appart à la gueule. Je ne l'ai pas revu autrement qu'en larmes.
On pourrait croire que certaines douleurs s'estompent. N'est-ce pas le foutu devoir du temps de nous faire passer à autre chose ? Combien de fois vais-je devoir crever de sa présence ? De son absence ? Vais-je perdre mon souffle chaque fois que je le croise ? Sérieux, ça me bousille. Et c'est quoi de ce putain d'étau qui me broie la poitrine ?
L'amour, c'te merde. On s'est bien foutu de notre gueule en nous vendant du rêve. Dire qu'avant lui, j'y avais jamais cru. Tch.
Et voilà qu'il se ramène avec de grands yeux verts et ses allures de nerd. Merde, il m'a manqué. Ça fait un mal de chien. J'essaie de me détourner et c'est là que je remarque son connard de collègue entrer après lui. Je le savais. JE LE SAVAIS ! Je sens une prise forte sur mon poignet. J'avais même pas réalisé que j'étais prêt à bondir. Eijiro a vraiment le don de réagir au quart de tour. Je vais finir par croire qu'il est branché sur mes humeurs.
- Bro, ça va ?
- Lâche-moi ! je hurle, les tripes en vrac.
Explosif, c'est le moins qu'on puisse dire. Je suis à deux doigts de tout faire sauter. Je déteste ce mec ! Ce putain de Shoto de mes deux !
- Non ! m'arrête Eijiro en resserrant sa prise mortelle sur mon bras.
Je tire sur mon poignet pour me libérer, mais Eijiro ne lâche rien.
Le regard de Deku se plante enfin dans le mien. Ce foutu poignard où déjà les larmes s'esquissent et s'aiguisent. J'y lis autant de surprise que de douleur, dans ses putains d'yeux si immenses qu'on pourrait s'y noyer.
J'ai envie de hurler. Deux mois sans le voir, sans le toucher, sans goûter sa peau. Deux mois de silence et d'abattement, tout ça pour le voir se ramener avec celui qui m'a complètement fait péter les plombs ? Je suis trop con. Voilà seulement que je capte que j'ai peut-être balancé mon mec dans les bras de cet abruti de double-face.
Hors de question, putain. Je vais le fumer, cet enflure. Depuis quand Izuku l'invite même à une fête ? La moitié des tocards du coin sont des potes qu'on a en commun ! Shoto n'a rien à foutre ici, à piétiner dans notre monde en se donnant le droit de s'y faire une place.
Sérieux Deku, me dis pas ce branleur en à aussi une dans tes draps...
L'idée m'enrage tellement que je pourrais bien faire une connerie. Merde, fini de s'apitoyer. Terminé. Je réalise enfin que depuis tout ce temps, je veux qu'une seule chose. Je m'en tape si ce Shoto est dans le paysage, parce qu'il va disparaître. Je vais le récupérer, mon nerd. Ce soir. Et je vais plus le laisser partir. Je vais lui offrir tout ce qu'il mérite et plus encore. Tout ce qu'il veut, tout ce que je peux. Il n'aura plus envie de se barrer, jamais. Je vais lui donner ce qu'il y a de meilleur dans la vie, c'est à dire moi.
Une froide résolution s'empare de moi, faisant concurrence à la rage. Je dois trouver le moyen de mettre au feu ces derniers mois et je dois le trouver ce soir. Ouais, je vais récupérer mon nerd. Hors de question que je passe une putain de nuit supplémentaire sans lui.
Eijiro semble aussitôt se rendre compte que la colère qui m'animait quelques secondes auparavant est sous contrôle et sa prise se desserre.
-Tu veux qu'on rentre ?
-Non, lâche-moi. Je vais aller récupérer ce qui m'appartient.
Il jauge mon regard en un instant et apparemment, ce qu'il y voit le convainc. Il me lâche.
- Si tu sais où tu vas, go ! m'encourage-t-il avec un sourire carnassier que je lui rends largement. Mais fais pas tout péter, Bro. Tu le regretteras.
-T'inquiète, tête d'ortie, j'compte pas me mettre Deku à dos, je me moque avant de me détourner de lui. Va rejoindre ta meuf avant qu'elle s'imagine que t'es trop pédé pour la sauter.
-Ho merde ! Putain, si je perds ce coup là, ce sera ta faute, enfoiré d'explosif instable...
Son baragouin me fait marrer et je le regarde à peine me lâcher pour rejoindre sa conquète.
Et toi, Izuku, je pense en observant les nouveaux arrivants depuis la cuisine, si tu crois que je vais rester là sans rien faire, à te regarder m'oublier dans les bras d'un autre, tu te le fourres profond.
Mon Deku semble sur le point de partir, mais double-face lui dit quelque chose qui chasse une partie de son inquiétude. Je ne sais pas si je pourrais rester calme très longtemps si l'autre connard se permet ce genre de choses. Et qu'est-ce qu'il a bien pu lui dire, bordel ?
Merde, faut que je garde mon sang froid, j'pourrais pas l'aborder si je m'enflamme. Je passe une main dans mes cheveux en essayant de ne pas les arracher au passage. Même si j'en crève d'envie. Je serre et desserre les poings. C'est pas cette tête de nœud bicolore qui va gagner. Je suis le putain de numéro un d'Izuku et je compte bien le rester.
Je m'astreins douloureusement au calme. Si je pète un câble là, maintenant, tout de suite, je n'aurais aucune chance, ça va trop lui rappeler les derniers jours d'enfer qu'on a passé ensemble. Il faut que j'arrête de me sentir menacé par l'autre énergumène et que je lui rappelle pourquoi il m'aime. Car il m'aime encore, c'est sûr. Je ne peux pas être le seul à ressentir ça. C'est lui le putain de sensible qui pleure devant des fucking émissions romantique à la noix. Alors si je souffre, il souffre encore plus, si je pleure, il pleure encore plus et si je l'aime, il m'aime encore plus.
Je ne bouge pas et sirote mon coca sous la surveillance peu discrète d'Eijiro qui me jette des coups d'œil toutes les deux secondes. C'est pas comme ça qui va pécho, ce con. Mais je sais que c'est pour se tenir prêt à intervenir au besoin. Tch. Faut toujours qu'il joue au héro celui-là.
Deku et face-de-cul saluent nos amis dans le salon et j'attends impatiemment leur arrivée dans la cuisine. Quand ils s'amènent enfin, je m'approche d'un pas assuré. Je ne veux plus regretter. Je passerais pas à côté de "nous". Ma détermination semble un peu apeurer Izuku alors que son collègue me toise avec son air de con estampillé "connard sur mesure". Je lui fais même pas l'honneur de le regarder. Mes yeux sont plantés dans ceux de Deku.
- Salut, Deku.
Et si mon bide se tord, si mon cœur fout le camp, si mes poumons se rabougrissent rien qu'en lui faisant face, peu importe, c'est entre moi et moi-même. Et peut-être Izuku s'il n'a pas oublié comment j'agis chaque fois que je suis trop fébrile pour penser clairement.
- Salut Kac...tsuki, répond-t-il d'un air sombre.
Il tente de me contourner, de fuir la conversation, mais je me déplace légèrement pour lui signifier que j'ai pas encore fini.
- T'es venu accompagné ? je continue comme si de rien était alors qu'en réalité, je voudrais attrapper l'autre face de con, le coller au mur et lui demander s'il a osé poser ses mains sur le corps de mon mec.
Shoto tourne légèrement la tête et je vois son œil bleu me toiser froidement. Deku se fige et se tourne également, mais sans me faire tout à fait face. Je sais qu'il m'aime encore, qu'il a mal autant que moi, sinon il ne se défendrait pas de ma présence en essayant de la calfeutrer derrière cette mauvaise parodie d'indifférence. Je peux presque goûter sa douleur, elle ressemble coup pour coup à la mienne.
- Tu connais Shoto, c'est mon ami.
Je tente un sourire, mais je suis certain qu'il est féroce. Difficile de contrôler cette joie cruelle qui m'envahit. Donc ce Shoto n'est qu'un "ami". Bien. Ceci dit, maintenant que j'y pense, ça aurait été sacrément jouissif de rappeler à Deku qu'on est fait l'un pour l'autre et qu'il choisisse de larguer ce salopard pour moi.
- Bien sûr, je réponds en tentant de ne pas sonner trop menaçant. Comment vas-tu, Shoto ?
Ma voix est un ton trop bas, trop sinistre, mais il faut que je m'efforce à lui parler. Si j'ignore cet imbécile, Deku va se braquer.
- Hm, répond l'autre tâche.
Enfin, si on peut qualifier ce bruit de "réponse".
Ils passent leur chemin pour se rendre au comptoir de la cuisine où tous les verres et les boissons s'entassent dans un sacré bordel. Deku s'empare de deux verres qui ont l'air propres et j'en profite pour me placer de nouveau dans son passage. Je me dépêche de finir mon coca et quand il se retourne pour chercher les boissons, je fais mine d'en faire tout autant.
— À quoi tu joues ? me demande Shoto.
L'agacement lui file vraiment une tête de con. Je souris, satisfait. Deku mérite au moins un mec capable d'être beau en toutes circonstances.
— Moi ? Rien, je cherche le "colac".
Je leur montre mon verre vide et Deku hausse les épaules. Il remplit leurs verres de bière et tend le sien à Shoto. Ensemble, ils s'éloignent pour retourner au salon. Ma gorge se serre. Je déteste qu'il m'ignore. Même pas en rêve je vais le laisser se désintéresser de moi. Il va me voir, il ne verra bientôt plus rien d'autre.
Je ne le lâche pas du regard quand il aperçoit Ochako dans le salon. Elle lui saute littéralement au cou. Est-ce que la fucking main de Shoto est dans le dos de Deku. "Amis" huh ? Toute ma jalousie refait surface. Ça me bouffe les tripes et déglingue mon foutu cœur en cage. C'est amer et infect. C'est une putain de flaque de nitro et j'ai très envie de la lui cracher sur la gueule. Alors durant ces quelques mois, je n'ai pas du tout évolué, c'est ça ?
Dès l'instant où j'ai entendu son prénom, entendu la façon dont Deku le prononçait, avec cette pseudo admiration à la con, j'ai voué une haine brûlante à ce mec. Et ça ne s'est pas arrangé quand je l'ai rencontré.
Il posait un regard émerveillé sur mon mec. Il ne souriait qu'à lui. N'ouvrait quasiment jamais la bouche sauf si c'était pour lui parler. Ça me rendait fou. J'étais persuadé qu'il se passait un truc entre eux. J'étais persuadé que Deku tomberait amoureux de ce crétin et qu'il me quitterait. C'est l'excuse de merde que je me suis trouvé pour faire de sa vie un enfer.
Et je voulais qu'il comprenne, putain. Je voulais qu'il voit dans ma colère cette peur qui me rongeait les viscères. Je voulais qu'il sache sans que j'ai à le dire, parce qu'il est censé me connaître par cœur, non ? Il est censé savoir quand je crève d'entendre le prénom d'un autre sur sa langue. Il est censé voir dans ma rage tout ce que je dis pas. J'avais juste besoin qu'il me rattrape, qu'il s'accroche et me prouve que je délirais complètement. Mais il a simplement baissé les bras et j'y ai vu la preuve qu'il ne m'aimait peut-être pas tant que ça.
Je sais que je suis injuste. Je sais que je déconne complètement. J'ai tellement merdé.
Chaque broutille était un motif de dispute. Je lui reprochais tout et n'importe quoi et ma foutue fierté m'empêchait d'avouer ce que je ressentais vraiment. Et plus j'agissais comme ça, plus il se rapprochait de cet abruti de Shoto. J'étais incapable de contrôler mes sentiments. Toute cette peur et cette colère ont fini par faire exploser notre couple, voler en éclat le bonheur que j'aurais jamais cru obtenir un jour. Et c'est ma faute. Je sais que c'est ma faute.
J'étais trop con. Pourtant je savais que face-de-cul ne valait pas mieux que moi, loin de là. Je savais que Deku m'aimait et personne d'autre. Et dire qu'il aurait suffi que j'ouvre ma sale bouche pour lui demander de me rassurer. Et dire que ce con l'aurait fait. Bien sûr qu'il l'aurait fait.
Pourquoi je tergiverse comme un débile depuis vingt plombes? J'ai déjà perdu assez de temps. Il est juste là. Il n'y a que quelques mètres qui nous séparent. J'inspire profondément, serre et desserre les dents, pose mon verre vide et me décide à rejoindre les autres.
Plus j'avance, plus je remarque qu'Izuku me regarde du coin de l'œil. Ce constat me fait jubiler. J'affiche un rictus satisfait. Comment j'ai pu croire qu'il y avait quelqu'un d'autre? Il réagit à ma présence comme si j'étais ce fichu soleil auquel il ne peut pas échapper. Mon cœur se rengorge de fierté et d'assurance alors même que je me place un pas derrière lui. Assez proche pour qu'il m'entende, assez loin pour qu'il se sente frustré.
-T'as pas recoupé tes cheveux, je lui murmure bassement en frôlant les mèches plus longues qui caressent doucement sa nuque.
Ils frissonnent imperceptiblement et mon sourire s'agrandit. Autour de nous les jeunes parlent, crient pour certains, rient à en perdre l'équilibre pour d'autres, pourtant, en quelques mots, je viens de nous créer une bulle un peu à part, un refuge un peu fragile.
Je rapproche ma bouche de son oreille sans relever sa tension apparente.
-Ça te va bien, je continue sur un ton feutré d'envie.
Je l'entend déglutir et mon ventre bouillonne de plaisir. Il a toujours eu la bonne longueur pour mes mains avides et je viens justement de le lui rappeler. Je pince l'une de ses mèches, tire légèrement dessus juste pour appuyer mon propos et il chasse mon geste en tournant le menton pour me fusiller du regard.
-À quoi tu joues ? me demande-t-il discrètement pour ne pas attirer l'attention.
Sans perdre mon sourire en coin, je lui montre mes paumes en signe de reddition.
-Qui te dit que c'est un jeu? je demande en envahissant totalement son espace. Peut-être que je te trouve à mon goût et que j'ai envie de te le dire.
Mon cœur bat à tout rompre, ma peau me démange de toucher la sienne. Son odeur me fait limite fermer les paupières de plaisir. Je me rapproche encore plus si c'est possible et pose presque ma bouche sur le lobe de son oreille.
-Peut-être que j'ai plus aucun contrôle sur ma langue dès que t'es dans les parages, I-zu-ku.
Son regard se trouble à ma façon de prononcer son prénom et il recule gauchement. Il secoue doucement la tête sans parvenir à dissiper ni sa rougeur ni le voile flou qui recouvre ses yeux magnifiques. Il se détourne à nouveau. Il se frotte inconsciemment la nuque comme pour chasser une impression alors que je réfléchis déjà à mon prochain coup. Je vois Shoto qui me fixe et je me demande s'il va prendre le risque d'intervenir.
Izuku prend part à une conversation dont je me fous royalement et avance pour s'éloigner de moi.Je contre attaque en me mettant juste à côté, entre lui et son connard de collègue.
-Mais toi tu assures tout le temps, Deku ! s'émerveille Ochako comme s'il était la réincarnation du Messie. Je sais pas comment tu fais pour tout gérer comme ça !
Ce qu'elle peut être cruche. Boire ne lui réussit pas des masses. Mon petit nerd hausse les épaules d'embarras et s'apprête à se réfugier dans sa bière. Ma main me prend de cours pour aller se poser sur le dessus de son verre et il n'est pas assez rapide pour l'éviter. Ses lèvres me frôlent et il sursaute comme si je l'avais brûlé, manquant de faire tomber son breuvage.
-Qu'est ce que tu fous! je lui reproche en le retenant in-extremis, me vidant la moitié de sa boisson sur la main.
-Qu'est-ce que moi je fais? répète-t-il, ahuri, le haut des pommettes rouges.
C'qu'il est mignon quand il rougit. Irrésistible. Je le contemple une seconde, abasourdi, avant de secouer les doigts pour virer l'excès d'alcool.
-Je peux savoir ce qui t'a pris? demande-t-il d'une voix sourde.
Il est en colère. Evidemment. Mais pas seulement. Il a mal aussi. Dans son regard embué, la peur se dispute à la douleur et à cette étincelle d'espoir qui n'appartient qu'à moi.
-T'enflamme pas, Deku, je lâche en lui offrant mon plus beau sourire. Je voulais juste que tu sois sobres, tu sais, pour quand tu vas me ramener chez toi.
-De... c'est... de quoi tu parles ? bafouille-t-il, offensé, en trébuchant en arrière, alors que quelques regards interloqués se tournent vers nous.
Je le rattrape par le poignet sans réfléchir, sans faire attention à ce qu'il se passe autour. Il se détache brusquement et m'échappe. Sans attendre, il part se réfugier dans la cuisine et je l'y suis. Une main se pose sur mon épaule pour me retenir, mais je jette un regard d'avertissement à double-face tout en passant en force. Personne n'a intérêt à se mettre au travers de mon chemin. Quelques personnes s'écartent sur mon passage, se tenant loin du drama tout en tendant une oreille indiscrète.
J'entre dans la cuisine et comme toujours, Eijiro n'est jamais loin. Il se débrouille pour faire sortir les curieux afin de nous laisser un peu d'intimité. Putain ce mec, c'est vraiment le meilleur.
-Ne fais pas ça ! m'ordonne Izuku en se retournant si vivement qu'il manque de me heurter dans la manœuvre.
-Fais pas quoi ? je demande, le cœur en vrac.
Mes nerfs me tiraillent. Je le veux tellement que je suis à deux doigts de lui sauter dessus sans lui demander son avis.
-Ça !
-Ça quoi, Deku? va falloir être plus précis, je souffle à un murmure de son visage.
-Comme si on était encore ensemble, Bakugou ! crache-t-il, excédé, en jetant un rapide coup d'œil à la porte béante comme s'il regrettait déjà son éclat.
Je déteste qu'il m'appelle comme ça. Je me fous des autres, du monde, je veux qu'il ne regarde que moi. Je me rapproche et accapare de nouveau toute son attention. Et sans les voir, je sais que ses poings sont serrés. Combien de fois avons-nous été si proches de nous détruire tout en étant à des kilomètres de nous rattraper ? Trop, sans doute.
-Et si j'en ai envie? j'insiste, défiant, dans une tension qui a depuis longtemps dépassé la sienne.
-Si toi tu en as envie? C'est toujours une question de toi, hein? Tu te demandes pas ce que les autres ressentent, parce que c'est toi, toi et encore toi !
-Pourquoi tu réagis comme si c'était moi qui t'avais largué ? je gronde dangereusement.
Son regard se trouble, devient vitreux. Son souffle se coupe une seconde, puis deux. Je sais que c'est un coup bas. Je sais que j'ai cherché cette rupture, que je l'ai voulu et que j'ai été presque soulagé quand il l'a brandit comme un putain d'étendar face à une guerre que j'étais seul à mener dans ma foutue caboche. Mais je dois gagner cette fois, je dois le récupérer. Je me ferais pardonner mille fois pour ça, dès que je l'aurais entre les bras. En attendant, tous les coups sont permis.
- Tu préfères que je fasse comme toi ? je réclame en avançant pour le faire reculer. Que je passe à autre chose?
-J'ai pas, je... A-arrête, essaie-t-il du bout des lèvres, les larmes aux yeux. Pourquoi tu me fais ça? T'as pas le droit de faire ça... d'agir comme si... De...
Sa voix n'est qu'un murmure à un souffle de s'éteindre.
-Ça te paraît si impensable qu'il n'y ai que toi qui me fasse bander, Izuku ? Peut-être que je suis infoutu de désirer quelqu'un d'autre, t'en dis quoi, hein? Peut-être que je ne pense pas qu'à moi, moi, moi, mais à toi, toi et putain de toi. T'y a pensé à ça, Deku ?
-C'est pas vrai, refuse-t-il en secouant la tête, son dos heurtant le comptoir de la cuisine. C'est pas vrai, répète-t-il, essoufflé et perdu. T'étais infect, Kat... Kacchan... tu me détestes...
-Tch.
Il tremble et Dieu, qu'il est beau. Parfait. Comment peut-il croire un instant que je puisse le haïr ?
-Dis-moi ce que je dois faire, Deku, je murmure sur sa joue, dans le creux de son oreille,nos torses affolés presque accolés ensemble.
-Te joue pas de moi...
Je le fais taire en fondant sur ses lèvres entrouvertes. Je retiens à peine un grognement en retrouvant sa langue. J'aime lui voler ses airs timides, son souffle perdu, ses gémissements.
-Putain...c'que t'es bon..., je grogne entre deux coups de langues en attrapant sa nuque pour approfondir notre baiser.
Nos torses sont pressés, je sens son cœur battre au diapason du mien. Même si ses mains ne me touchent pas, sa bouche, elle, me répond par instinct, cherche la mienne, s'y abreuve.
-Deku, je m'essouffle en infligeant de petites morsures affamées sur ses lèvres.
Enfin ses mains me cherchent, hésitent, s'agrippent à mon tee-shirt alors qu'il délaisse un geignement proche du miaulement. J'adore l'entendre gémir pour moi. Je suis raide dingue de sa capacité d'abandon, de sa fébrilité maladive, de ses empoignades nécessiteuses. Je suis à deux doigts de sombrer totalement.
Mais pas maintenant.
-Deku, je répète gravement en l'embrassant.
Faut que je me calme avant de le dévorer sur place.
Je dépose un dernier baiser humide sur ses lèvres malmenées et plante mon regard ivre de lui dans le sien tout aussi grisé. Nos respirations superficielles se confondent sur nos bouches entrouvertes. C'que je l'aime, putain. Faut que je lui laisse le choix. Faut que ça vienne de lui et qu'il ne puisse pas me le reprocher demain. Faut que je la joue serré si je veux pas me retrouver à ne porter que des regrets. Je veux qu'il me choisisse en toute conscience.
Je laisse mes lèvres traîner au coin des siennes avant de fondre sur sa joue, son oreille, le creux dessous. Il vibre et sa poigne sur mon maillot se resserre.
-Voilà ce que je fais, je murmure bassement. Voilà ce que je veux. La balle est dans ton camp, Izuku... Tu sais où me trouver.
Je recule assez pour le dévisager. Il déglutit, paumé.
-Ma seule condition, c'est de pas boire, je susurre en laissant traîner mes doigts sur sa mâchoire. Je veux être la seule raison de ton ivresse, Deku. Si tu t'y tiens, j'suis tout à toi.
Il me regarde sans un mot et j'ai peur. J'ai peur d'être allé trop loin. J'ai peur qu'il comprenne que je ne suis qu'un connard de manipulateur qui ferait à peu près n'importe quoi pour graver mon nom sur son coeur.
Je recule d'un pas sans le quitter des yeux et sa poigne sur mes fringues se détend.
Je quitte la cuisine en le laissant planté là, essayant de pas me retourner même si j'en crève d'envie. J'ai l'impression de faire une connerie, comme si je jouais ma dernière carte. Ça déglingue un peu plus mon coeur déjà pas mal en branle.
Fais pas le con, Deku. Rattrape moi. Toi et moi, c'est viscéral.
J'ai a peine le temps de m'éloigner de la cuisine que je sens des doigts glacés s'enrouler sur mon bras. Je sais immédiatement qu'ils n'appartiennent pas à celui que j'espère.
-Je sais pas ce que tu fabriques, mais..., commence Shoto alors que je lui fais face brutalement.
Pas lui, putain. Je vais l'éclater s'il insiste. Tête-de-con se tait aussitôt devant mon regard de tueur qui passe de sa main sur ma peau bouillante de rage à ses connards d'yeux bipolaires. Ma menace ne peut pas être plus clair. S'il se magne pas de me lâcher, je vais le cramer. Pour qui il se prend, l'abruti?
-T'as des penchants suicidaires ? je lui demande si froidement que sa main semble chaude à côté.
Il affiche un air suffisant, l'enfoiré. Il sait que si je débloque maintenant, je vais foutre en l'air ma seule chance de récupérer mon nerd. Connard.
-Arrête de le blesser, me dit il juste avant de me lâcher et de se retourner comme s'il ne prenait pas mes menaces de mort au sérieux.
Si mon amour ne dépendait pas de ma capacité à me contenir, je lui referais sa face de blaireau jusqu'à ce que même son empreinte dentaire ne suffise plus à identifier son foutu cadavre. Je serre tellement les poings que mon sang cesse d'y circuler. Mes jointures blanchissent et il me faut tout mon self-contrôle pour pas céder à mes pulsions meurtrières.
J'inspire profondément et m'étonne à peine de voir Eijiro me détailler comme s'il allait intervenir. Crétin. Je lui fais un vague signe du menton avant d'aller me perdre quelque part loin de l'objet de toute cette rage. Un homicide, ça ferait quand même sacrément tâche dans mon CV.
Une heure.
Ça fait une heure que j'ai exposé mon ultimatum de merde à Deku. En attendant, j'ai fait semblant de m'intéresser à cette fête, de m'y fondre. J'ai fait semblant d'être cool, d'écouter les conversations. J'ai même participé à certaines et je suis pas fichu de me souvenir de ce que j'ai dit, putain. Je le cherche partout. Je l'ai vu avec un foutu verre à la main et je sais pas. Je sais pas si c'est de l'alcool. Je sais pas si c'est sa réponse. Je sais pas ce qui m'a pris. J'aurais dû saisir ce que je voulais tant que je le pouvais.
Parce que s'il décide que je n'en vaut pas le coup, ce sera fini pour de bon, et je peux pas l'accepter. Je peux pas admettre qu'il se remette de nous. Parce que moi j'en suis pas capable. Parce que sans lui, il n'y a rien devant moi. Parce que depuis que c'est fini, l'avenir est devenu plus instable que mon caractère à la con.
-Qu'est ce que tu fous, Bro ? me demande Eijiro comme s'il craignait de me voir exploser à tout moment.
Et peut-être qu'il a raison de le craindre. Peut-être que j'attends que ça, d'exploser à la face du monde, d'éclater comme une foutue bombe.
-T'as l'air à deux doigts de...
-Je sais, putain! je l'agresse en le fusillant du regard. Tu veux pas juste arrêter me materner comme si j'étais ton morveux ?
-Wow, te dégoupille pas, crétin de grenade, ton nerd te regarde comme si t'étais la huitième merveille du monde. C'est pas ce que tu voulais?
-C'est vrai? je demande en me calmant instantanément, râlant de voir le sourire de mon idiot de pote s'agrandir moqueusement.
-T'en doutes vraiment? Merde, il t'a enroulé autour de son petit doigt, hein?
-Tu veux que je te fasse avaler tes dents, abruti? Dis moi plutôt de quoi il a l'air...
Mon baragouin sonne ridicule à mes propres oreilles, mais je préfère l'ignorer, avide de la réponse de ce débile qui me sert de meilleur ami.
-Il a l'air... heu... de venir par ici. Je te laisse !
-Qu-quoi? He ! Saloperie...
Une main frôle le dessus de la mienne et je me tourne pour chuter aussitôt dans le regard de Deku. Mon coeur s'emballe et l'espoir éclot comme un millier de bulles de champagne dans mon poitrail à l'agonie. Sans m'adresser un mot, il se mord la lèvre et ses doigts s'attardent un moment sur les miens. Je les saisis rapidement et n'attends pas pour l'entraîner d'autorité à l'écart.
Dès qu'on atteint l'obscurité du couloir qui mène à l'entrée, Izuku m'arrête et se jette quasiment sur mes lèvres. Je me retrouve plaqué au mur et retiens de justesse un geignement en enserrant sa taille entre mes bras trop possessifs. Il ne goûte pas l'alcool, juste le sucre et cette excitation maladive qui fait foutrement bien écho à la mienne.
J'oublie cette dernière heure, ces derniers mois et toutes ces fichues semaines où j'ai dû réapprendre à respirer loin lui.
-T'as fait... le bon choix, je lui grogne en continuant à malmener ses lèvres. Je vais être... si bien... pour toi...
Ses baisers se font affamés et mon coeur jubile.
-Ramène-moi... chez toi..., je geins en renforçant ma poigne autour de son corps.
Il acquiesce, mais peine à décrocher. Ses baisers sont totalement désordonnés, comme s'il ne savait plus quoi faire ni comment. C'est tellement bon que ça m'étouffe à moitié dans le plaisir.
-Deku ? je soupir gravement, victime de ses morsures insatiables.
-Hum?
Ça résonne comme un gémissement qui descend droit dans mon aine.
-Je... c'est... chez toi? j'essaie en perdant la raison même de mes propre mots.
Il s'éloigne et je ne sais plus pourquoi, alors je tente de le rapprocher. Deku tiens bon et m'offre un sourire doux, presque timide. Sa main se glisse dans la mienne et je le laisse entrecroiser nos doigts pour nous entraîner loin d'ici.
Une porte qui claque, une lumière qui clignote, une autre porte, le parfum pollué du quartier au plein cœur de la nuit. Quelques voitures, quelques phares, quelques sons alentours et le murmure du vent qui voyage avec nous. Mais je ne vois que lui, sa main dans la mienne, son sourire hésitant, notre empressement à nous retrouver. Deku me regarde comme si j'allais disparaître. Je crois que je fais exactement pareil. On est sacrément foutu.
Quand on atteint enfin son bâtiment, il freine légèrement. Est-ce qu'il regrette déjà ? J'ai peur de parler, peur de le provoquer et de tout foutre en l'air. Mais il ne me lâche pas, pas encore, pas jusqu'à ce que l'on atteigne la porte de son appartement.
Après avoir grimpé les 3 étages de son petit immeuble avec l'empressement significatif de l'envie qui monte en chacun de nous, il sort ses clefs d'une main tremblante puis finit par ouvrir la porte. Nous entrons rapidement à l'intérieur de son appartement et alors qu'il ferme la porte derrière lui, je n'attends pas pour le plaquer contre le bois brun, glissant immédiatement ma cuisse contre son entre-jambe. Je l'entends gémir immédiatement et je voudrais sortir les crocs pour les planter dans la chair qui se présente à moi sous ces cheveux verts. Je colle nos corps l'un contre l'autre. Je sais que nous pourrions de suite aller dans sa chambre, mais le trajet a été difficile et mon corps à besoin de son contact plus que tout au monde à cet instant.
Je glisse ma langue sur son lobe d'oreille et je sens ses jambes trembler. Je prends alors l'une d'elle et la soulève le long de ma hanche, le maintenant fermement tout en me plaquant contre lui.
Il glisse ses doigts fins dans mes cheveux et son souffle est saccadé.
— Hum... kacchan... geint-il au creux de mon oreille.
Et ce son est le plus doux que je puisse entendre.
— Oui...?
— S'il te plait...
Il ne finit pas sa phrase, à mon avis trop perdu dans tout ce qu'il pourrait me supplier de faire. Alors je me positionne différemment et soulève ses deux cuisses pour qu'il vienne s'enrouler autour de ma taille.
— Je..., commence-t-il
— T'inquiète, le nerd, je sais toujours où c'est, je murmure gravement en le portant vers sa chambre.
Le long du trajet jusqu'à sa chambre, nous ne cessons nos baisers passionnés et brûlants, complètement incapables de nous lâcher après une si longue séparation. Je me rends compte à cet instant à quel point le manque me faisait souffrir, je m'étais fait petit à petit à cette brûlure mais maintenant qu'elle était apaisée je ne la laisserais plus se réinstaller dans mon être.
Je pousse la porte de sa chambre du pied et entre à l'intérieur rapidement. Une fois près du lit, je me penche pour déposer le nerd dessus et en profite immédiatement pour coller nos deux corps à l'horizontal, toujours coincé dans ce besoin irrépressible de le sentir contre moi.
Non, c'est encore plus qu'un besoin, c'est une pulsion primaire. Mon corps réagit instinctivement à mes désirs. C'est elle qui m'a guidée jusque dans cette chambre aux multiples souvenirs, c'est elle qui me pousse à désormais caresser le corps du nerd avec nécessité. C'est elle qui me commande de l'embrasser, le toucher... Et je me réjoui de lui obéir. Je n'ai qu'une chose en tête : reprendre ma place aux yeux du Nerd.
Mon corps s'enflamme et mon bassin entre ses cuisses se met déjà à onduler. Je le vois tourner la tête sur le côté en se mordant la lèvre. La lumière de la lune passant à travers ses volets ne me fait rien perdre du spectacle de son visage rougissant.
Tout en continuant à laisser mon corps montrer ma faim insatiable, je me gave du spectacle qu'offre son visage. Il n'ose pas me regarder, il fuit mon regard et je sais pourquoi. Il a encore peur de s'y perdre. Peur du moment où il réalisera qu'il m'appartient quoi qu'il fasse.
Parce que ce moment sera intense et beaucoup trop fort. On le sait tous les deux.
Alors je plonge mon visage dans son cou pour lui offrir une courte accalmie et lèche sa peau, les muscles tendus sous sa mâchoire. Il a un goût sucré, comme une putain de friandise. Je descends vers son épaule et commence alors à le mordiller. La pression de mes dents pinçant sa chair fait s'échapper un gémissement de plaisir d'entre ses lèvres. Et lorsque je m'éloigne il en émet un autre de frustration. Je suis satisfait de le voir dans cet état. Je me redresse alors et retire mon T-shirt lentement, juste assez pour qu'il ose tourner la tête et qu'il m'observe. Et je vois ses yeux se focaliser sur mon corps pour continuer de fuir mon regard. Je le laisse échapper à l'évidence pour le moment.
Je recule alors et vais me mettre debout devant le lit. Il ne semble pas comprendre alors je lui fais un geste de l'index signifiant "viens à moi". Doucement il s'exécute, toujours la tête un peu basse. Arrivé à mon niveau je saisis une de ses mains et viens la poser sur ma côte, la faisant remonter le long de mon pec, le forçant à se redresser. Je viens alors glisser mes doigts dans sa tignasse et viens rapprocher son visage de mon torse.
Je connais Deku. Je sais ce qu'il aime. Et je sais ce qu'il veut. Il a besoin de moi. Besoin qu'on prenne soin de lui. Je le dirige donc naturellement vers mon pec' et il vient y frotter son visage, retrouver la chaleur de mon corps. C'est si bon. Si agréable de sentir sa peau douce contre moi. Je pourrais exploser de ce que les cons appellent le bonheur à cet instant. Juste ça... mais je veux bien plus. Evidemment.
Et mon envie grandit quand il dépose naturellement des baisers sur ma peau, avant de venir lécher mon téton avec envie. Je caresse ses cheveux et maintiens sa tête contre moi pendant qu'il satisfait son envie primaire. Et alors je prononce ces mots qui m'avaient tant manqués.
— Tu aimes ça baby boy ?
Je le sens alors faire oui de la tête sans me lâcher, mais je tire légèrement sur ses cheveux pour qu'il se détache de l'objet de son plaisir.
— Deku...
Je le vois trembler légèrement, puis doucement il relève son visage vers le mien. Très lentement. Jusqu'à ce que nos regards se croisent enfin. Et mon corps est de nouveau transpercé d'une putain de lame de part et d'autre.
— J'aime ça Kacchan... me dit-il, sur un ton de perdition, me faisant perdre la tête, le regard hagard et plein d'envie.
Alors je relâche sa chevelure et le laisse venir sucer mon autre téton avidement. Il le lèche, l'embrasse, le mord. Il retrouve mon corps avec la passion d'avant et c'est si putain de bandant.
Pendant que mon Deku se régale de mon corps, je défais doucement ma ceinture et les boutons de mon jean. Je caresse ses cheveux et susurre.
— Tu sais ce que j'aimerais voir dans ta jolie bouche baby boy ?
Ses billes émeraudes se tournent alors vers moi et il me fait un signe positif de la tête avant de venir se mettre à 4 pattes devant mon boxer tendu. Il vient alors y frotter son visage, me montrant comme tout ça lui avait manqué... vraiment manqué. Je plonge alors la main dans mon boxer et en sors mon membre tendu et humide. Immédiatement il vient le lécher de tout son long, continuant de me regarder. Maintenant que nos yeux s'étaient attrapés, ils avaient du mal à se lâcher, d'autant que la vue de ses yeux brillants et sa langue tendue lui donnait un air de débauche qui me captivait. Je me repais de le voir dans cette position face à moi, et je sais qu'il y trouve une place unique, dans laquelle il se sent bien, et qu'il ne trouve avec personne d'autre que moi.
Pas même l'autre abruti de double-face. Une place importante.
Parce que là, devant moi, à quatre pattes et les pupilles brouillées par le désir, il sait qu'il me satisfait et que je le trouve encore plus merveilleux. Il sait que rien ne compte plus au monde en cet instant que l'envie de lui. De le sentir. Le voir. Le toucher. Il sait que même si on dirait que je domine... c'est lui qui me domine. Pleinement.
Je ne suis qu'un pantin manipulé par son regard et son corps, par son souffle, par ses gémissements, la cambrure de son dos... Je ne suis qu'une poupée de chiffon que les sentiments pour ces grands yeux verts ramollissent encore plus. Il est ma faiblesse, ma kryptonite... et pourtant je suis bien plus fort que ce bouffon de Superman.
Je me perds à le sentir, le contempler, l'admirer. Je me perds à me dire que je suis là, devant lui, complètement fou de le vouloir à ce point. Complètement dingue de désir...
Puis, sentant sûrement dans mon regard que la passion est en train de dévorer mon âme, il vient glisser sa bouche chaude autour de ma hampe, alors que je lâche un râle de plaisir.
Bordel, ça a toujours été aussi bon le sexe avec lui ?
Mes hanches commencent à faire des vas et vient et je le sens m'avaler avec envie. J'ai chaud, si chaud. Je me consume un peu plus quand je m'enfonce dans sa bouche puis me retire d'un coup, nous reliant ainsi par un filet de bave. J'ai toujours trouvé ça très sexy, puis je le reprends sans attendre, accélérant mes coups de reins.
Je l'entends gémir de plus en plus fort et lever à nouveau les yeux vers moi. Ses yeux verts dans lequel je perds la putain d'âme que je pensais avoir déjà perdu. Des bruits obscènes se font entendre au fur et à mesure que je me repais de lui.
Je maintiens sa tête au plus près, l'empêchant parfois de respirer avant de lui permettre de reprendre son souffle... et à chaque fois il revient un peu plus à la charge sur ma queue, l'avalant comme si sans ça il n'était plus complet.
Voilà, je le retrouve, je nous retrouve.Nous et notre besoin viscéral d'être ensemble, se complétant affreusement, beaucoup trop.
Haletant, je finis par me reculer et je vais m'installer sur le haut du lit, remontant les oreillers contre le mur et m'asseyant, le dos droit, le regard porté sur Deku qui s'est tourné vers moi.
Je me penche vers sa table de nuit et ouvre le premier placard. Ca n'a pas bougé... je récupère le tube de lubrifiant, l'ouvre et demande à Deku de venir jusqu'à moi une nouvelle fois. Ce qu'il fait lentement mais sensuellement, je tends alors le flacon vers lui et il tend la main, paume levée vers moi. Je dépose alors une dose de lubrifiant sur sa paume puis repose le flacon. Je le vois rougir avant de refermer ses doigts autour de mon membre déjà bien humide de sa salive et commence à l'enduire de cette texture légèrement froide mais qui pourtant m'embrase.
Et alors que je reprends le petit tube pour en mettre dans ma propre main, je lui demande de retirer ses vêtements pour moi.
Le voilà donc debout, à côté du lit, pendant que je me caresse doucement, il se déshabille un peu gauchement pour se retrouver en boxer All-Might.
Retrouvant sa timidité, il tente de se cacher à moitié.
-Tch... je fais, de manière assez explicite en le regardant.
Il inspire alors un grand coup et baisse son dernier vêtement jusqu'à le retirer complètement, avant de se cacher pudiquement derrière ses mains. Il rougit et bien que j'adore les couleurs que prennent ses joues, je hais cette gêne qui se lit sur son visage et qui me remémore notre séparation.
- Pas de ça avec moi Deku, jt'e connais par coeur, j'ai tellement invoqué ton corps dans mes rêves ces derniers temps que je pourrais en dessiner les contours.
Son rougissement persiste mais cette fois la raison est plus flatteuse. Il se détend et me laisse redécouvrir son corps un court instant avant de retrouver sa place au-dessus de moi. Il s'installe les jambes écartées de part et d'autre de mes cuisses, je le regarde certainement avec mon air carnassier vu la faim qu'il déclenche en moi quand il commence à timidement onduler son bassin contre le mien. Je sens nos sexes glisser l'un contre l'autre alors que le plaisir fait doucement s'évanouir la timidité dans les gestes du nerd.
Puis il m'observe avec douceur.
— Tu... as eu d'autres aventures depuis...? demande-t-il, un peu inquiet pour la suite.
— Non. Aucune... impossible... tu es le seul à me faire bander
— hum...je... moi non plus...
Il semble rassuré et se penche alors vers moi pour m'embrasser, saisissant au même moment mon sexe pour le glisser contre ses fesses, ondulant pour l'instant dessus et lubrifiant son anus que je sens déjà prêt à m'accueuillir.
Nos langues se cherchent et se trouvent, mes mains parcourent son corps un peu rebondis à certains endroits, ses fesses charnues, j'agrippe ses poignées d'amour et griffe son dos, ce qui le fait se cambrer un peu plus et l'excite assez pour me pousser à commencer à entrer en lui... sans plus de préparation.
Ce qui m'excite énormément.
Il éloigne son visage et essaye de me regarder dans les yeux tout en plissant les siens et en essayant de se détendre. Je caresse ses joues tachetées et ses lèvres de mon pouce.
— Tu as faim dis donc...?
— Hum... Oui Kacchan... dit-il alors que je commence à le pénétrer, ne forçant pas afin de ne pas lui faire mal.
J'adore l'entendre m'appeler Kacchan. C'est à nous. A moi. Je préfère mille fois l'entendre gémir ce surnom que m'appeler froidement "Katsuki" comme il l'a fait plus tôt dans la journée. Je veux qu'il m'appelle encore Kacchan. Demain. Après-demain. Toute la putain de vie.
Et alors que je le contemple encore, je me sens entrer en lui plus rapidement, ce qui me fait grogner de plaisir.
— Putain...
J'ai pas le temps de lui dire comme il est chaud qu'il replonge sa langue dans ma bouche, comme pour se donner le courage d'aller plus loin. Je m'enfonce alors un peu plus et le fait gémir. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si simple après quelques mois, mais un sentiment de bien-être s'empare de moi alors que je le vois rejeter sa tête en arrière.
Puis il se remet à onduler du bassin et c'est si bon, j'agrippe ses hanches et suit le mouvement avec lui tout en m'enfonçant de plus en plus. Il pousse ses petits cris, de plus en plus fort, et je voudrais que tout le quartier l'entende tellement c'est excitant.
Nos deux corps claquant l'un contre l'autre me donnent de plus en plus chaud. Je le vois se pencher en arrière, resserrant un peu son corps autour de mon membre. Il est si canon, c'est indécent.
Je glisse alors légèrement plus bas pour me retrouver plus en position allongée. Il se penche à nouveau sur moi et continue les vas et vient entamés, de plus en plus vite, de plus en plus fort.
Ses gémissements s'accentuent au même rythme et moi je grogne. Il n'est plus là le deku timide et hésitant. Là je n'ai plus qu'un Deku désireux et excité, un Deku qui retrouve le plaisir de me sentir en lui. Plaisir qu'il ne trouvera nul part ailleurs.
Je le vois glisser ses mains sur mon torse pour arriver à mes tétons qu'il pince, me faisant grimacer d'un mélange de douleur et de plaisir. J'aime quand il fait ça et il le sait, mais surtout il a pris l'habitude de le faire quand il ne maitrise plus son plaisir, ce qui me rend toujours plus fou.
Je l'entends murmurer "Kacchan" de plus en plus fort et je vois son regard perdu, perdu dans un moment intense entre lui et moi. Un moment unique, à nous. Ces moments où ils se donne et où je ne suis qu'à lui, comme il n'est qu'à moi.
J'agrippe alors ses hanches et le pénètre sans m'arrêter, le faisant gémir toujours plus fort, la tête renversée, les mains sur mon torse.
Et dans un cri de soulagement je le vois et le sens venir sur moi, recevant son sperme chaud sur mon ventre alors que je ne m'arrête pas de le prendre. Essoufflé et tentant de s'en remettre, il me dit de manière saccadée :
— Ka...kacchan... s'il te plait... sur moi...
Comprenant son envie je me redresse alors et à la force de mes bras et de mes cuisses, inverse nos places en le basculant sur le côté après m'être retiré rapidement. Je me mets alors à genoux au-dessus de lui, les jambes de part et d'autre de son corps et continue de me toucher rapidement.
— Tu aimes toujours ça baby boy ? dis-je, dans un halètement annonçant de manière certaine l'approche de ma jouissance.
— Oui Kacchan, toujours... me répond-il dans un gémissement.
Son regard à ce moment est si puissant que je me sens venir et plonge mes yeux dans les siens avant de me laisser aller, jouissant sur son visage et son corps dans un râle de plaisir.
Puis je m'écroule contre lui, le visage dans son cou, tentant de me reprendre.
Je le sens me serrer dans ses bras et respirer fort lui aussi. Il gémit légèrement, mais je sais que c'est de joie. Et moi je grogne légèrement en retour.
Je me sens si bien. Si complet.
Une fois mes esprits retrouvés je me relève et essuie doucement son visage du liquide encore chaud sur ses joues. Puis je lui fais doucement lécher mes doigts, ce qui le fait rougir. Je me penche ensuite pour l'embrasser sur le front et m'allonger à ses côtés. Il se met dos à moi et se positionne en petite cuillère dans mes bras qui l'enlacent.
Je caresse délicatement ses cheveux et sans un mot, bercé par sa respiration, m'endors à ses côtés.
POV DEKU :
Je me réveille et me recroqueville doucement, m'attendant à sentir les bras de Kacchan se resserrer autour de moi. Mais personne ne se trouve dans mon dos. Je me retourne : Le lit est vide.
Je suis trop bête, J'ai laissé Kacchan revenir ici, je m'étais promis de ne pas faire ça.
Les souvenirs d'hier me remontent en tête. Il est juste venu profiter de moi et il est parti. Les larmes inondent instantanément mes yeux alors que la douleur me frappe l'estomac comme une batte frappe dans une balle. J'en ai le souffle coupé.
Me séparer de lui, je savais que c'était la bonne décision, mais c'était tellement douloureux. Pourquoi il me fait cet effet ? pourquoi j'aime un connard pareil ? Pourquoi j'ai cédé hier ? Qu'est-ce qui m'a pris...
Personne n'aurait parié que deux individus aussi différents que nous puissent se plaire mais la force de notre attirance était telle qu'aucune barrière au monde ne semblait capable de la contenir. Et c'est pour ça que j'avais pris la décision de ne plus le voir. Sa présence était un poison pour moi et j'avais perdu d'avance, j'avais perdu au moment même où j'avais décidé de rester à cette soirée. Et il le savait, il en avait joué, sachant que je ne pourrais jamais décliner son offre, il m'a même forcé à en prendre la décision tellement il était sûr de lui... à moins qu'il en soit lui-même victime. Peut-être a-t-il ressenti le coup de poignard dans son ventre quand nos regards se sont croisés. Soudain, l'idée qu'il peut être en train de m'attendre dans le salon me traverse l'esprit. Je me redresse rapidement.
La faible lueure d'un stupide espoir nait en moi et je me lève, je frissonne au contact de l'air froid contre ma peau et attrappe le t-shirt d'hier qui traîne au sol. Je sors de ma chambre en titubant et regarde partout dans l'unique autre pièce de mon petit appartement, mais il n'y a plus la moindre trace de Katsuki. Et mon cœur se serre à nouveau, encore plus fort que la première fois.
Je retourne m'enfouir sous ma couette, je n'ai absolument pas la force de lutter, alors je laisse place au ressentiment.
Je suis le pire "idiot sentimental" ainsi qu'il m'appelait, il m'avait pourtant prévenu qu'il ne croyait pas à l'amour. J'avais cru le changer, était-ce une illusion ? Pourtant, petit à petit, il avait baissé sa garde, j'avais eu le droit a des sourires, des signes d'affections qu'il prétendait ne pas être capable d'avoir, le titre de petit ami avait succédé à celui de plan cul alors que le besoin de se voir dépassait les frontières du lit...
Il avait pris un petit peu plus de place chaque jour dans ma vie jusqu'à ce qu'il devienne essentiel à mon bonheur. Alors que c'est arrivé, alors que je me levais le matin sans savoir comment je ferais sans lui, tout a explosé. C'est le terme, celui qui le caractérise le mieux. Sans crier gare, il entrait dans des colères incontrôlables qui me broyaient l'estomac et me laissaient en miettes.
Je ne comprenais pas, qu'avais-je fais pour le décevoir ainsi ? Je culpabilisais et Shoto et Ochako me répétaient sans cesse que je n'avais rien fait, que ce n'était pas moi, que Katsuki était qu'un connard égoïste.
Je tremblais de peur quand il rentrait dans notre appart, me demandant ce qui allait déclencher la prochaine crise. Essayant inlassablement de savoir quelle était la vraie raison de sa colère, mais quand je cherchais, son visage s'assombrissait et alors il plongeait dans un mutisme qui me glaçait le sang. Cette situation s'est étirée sur des semaines entières avant que mes amis ne puissent plus supporter de me voir ainsi et me mettent brutalement face à la vérité.
J'ai dû me résigner, j'ai réuni toutes les forces qui me restaient et j'ai demandé à Katsuki de partir. Il n'a rien dit, peut être que c'était simplement ça qu'il cherchait, à me faire rompre pour ne pas avoir à le faire. Et si c'était le cas, c'était si cruel, égoïste et injuste, parce que malgré tout ça, je ne pouvais pas m'empêcher de l'aimer encore.
Je me tourne et me retourne dans le lit et ferme les yeux, essayant de me rendormir, de faire un rêve dans lequel Katsuki serait resté ce matin, ou mieux, un rêve dans lequel il ne serait jamais parti. Mes larmes se tarissent alors que je me retrouve dans les bras d'un Kacchan bougon mais aimant, qui cache un sourire dans mes boucles en râlant parce que j'ai besoin d'affection mais qui se perd quand même dans une étreinte emplie de tendresse...
Je suis de nouveau tiré de mon sommeil par des bruits bien trop proches et soudain la porte de ma chambre s'ouvre. Je contemple bouche bée Kacchan, torse nu, une spatule à la main.
- Oï ! T'es réveillé ? J'ai fait le p'tit dej.
Je frotte mes yeux avec mes poings, juste pour être sûr que ce n'était pas un mirage. Je m'étais sans doute rendormi.
- Bon si t'arrives pas à te lever...
Il se dirige vers moi et à peine ai-je le temps de protester que je me retrouve sur son épaule musclée, il me dépose délicatement sur la chaise de la cuisine.
- Qu'est ce que tu fais ? demandè-je bouche bée, encore incertain que ce ne soit pas un rêve.
-Le petit dej', ça se voit pas ?
Je fronce les sourcils et me tortille sur ma chaise, mal à l'aise à cause du contact de ma peau nue contre la matière froide de mon assise. J'esquisse un mouvement pour me relever.
-Tu crois aller où comme ça ? grogne-t-il
-J'ai pas de sous vêtements, avoué-je rougissant
- C'est comme ça que t'es le plus beau, réplique mon cuisinier.
J'ouvre la bouche pour protester mais je ne me sens pas en état. En moins de 24h mes émotions ont fait tellement de montagnes russes que je suis perdu.
- Hum ceci dit, si tu restes comme ça, c'est toi qui va finir en petit dej... finit par déclarer Kacchan, avant de me faire signe de patienter.
Il disparaît et revient avec un boxer et un jogging, il me tend la main et je l'attrappe étonné. Il tire juste assez fort pour me faire descendre de ma chaise, puis m'attire à lui dans un geste un peu brutal. Je le sens inspirer fort dans mon cou et attrapper mes fesses dans ses deux grandes mains. Mon sexe tressaute contre lui.
- Vite, habille-toi parce que je vais pas tenir plus de 30 secondes, susurre-t-il à mon oreille avant de s'écarter et me mettre les vêtements qu'il est allé me chercher entre les mains.
Je suis complètement perdu, je ne comprend pas bien ce qu'il se passe et je suis un peu excité ce qui ne m'aide certainement pas à réfléchir clairement. J'enfile mon boxer et mon jogging avant de me rassoir et il dépose devant nous une grande assiette de pancakes avec des fraises. Je suis sûr que je n'ai pas ce qu'il faut dans mes placards pour cuisiner ça. Il m'observe.
- Tu manges pas ?
- Si, si, je suis juste un peu... heu... décontenancé.
Il prend sa fourchette et son couteau. Découpe un morceau de pancake, le trempe dans la flaque de sirop d'érable qu'il a mit dans l'assiette et le porte à ma bouche. Je me mords la lèvre, hésite, puis ouvre la bouche. Il avance délicatement le morceau de pancake entre mes lèvres. Oh mon dieu, c'est tout bonnement délicieux. J'avale ma bouchée et ne peux m'empêcher de demander "encore" timidement et soudain c'est comme si tous ces mois d'horreur avaient disparu, je suis propulsé dans le passé, au début de notre relation, quand tout était beau, simple et parfait.
Il me sourit, l'air fier de lui avant de me tendre un autre morceau du bout de sa fourchette. J'avale un deuxième succulent morceau de pancake sucré, moelleux et humide.
- Je peux goûter ? demande-t-il.
- heu... oui ?
Je ne comprends pas sa demande, l'assiette est pleine, c'est lui qui a les couverts... mais il se lève avec un regard carnassier et la seconde qui suit sa langue est dans ma bouche, à la recherche du goût du sirop d'érable.
Un filet de salive nous relie quand il s'éloigne, je ne veux pas qu'il arrête de m'embrasser, je suis en train de replonger et à cet instant ça m'est égal, rien n'a plus d'importance, j'en veux juste encore un peu. Il tend son bras vers la table sans me quitter des yeux et attrappe une fraise, me faisant languir un peu, la bouche légèrement entrouverte, quémandant silencieusement ses lèvres. Il fait glisser le fruit entre mes lèvres encore humides, les écartant un peu. La glissant plus loin puis la faisant ressortir un peu. Je frotte ma langue contre la texture du fruit et je peux déjà me sentir humidifier mon boxer tout propre. Comment faisait-il pour rendre tout ça tellement sexy.
Son regard est brûlant sur moi, appréciant le spectacle de mon abandon ou plutôt de mon incapacité à ne pas réagir à chacun de ses gestes, chacune de ses émotions me transperce comme si elle passait d'abord à travers moi avant de le toucher.
- Tu es indécent, tu devrais te promener avec un panneau "interdit aux -16 ans" sur toi, chuchote-t-il avant de manger la fraise qu'il a frotté langoureusement contre mes lèvres.
Une lueur de lucidité traverse mon esprit à cet instant, je dois arrêter ça, maintenant, avant de souffrir un peu plus. Là j'en ai pour quoi, quelques jours à pleurer ? Mais si je le laisse me nourrir, s'il me parle en souriant pendant le petit déjeuner, ça va durer des semaines. Chaque minute de présence est une heure de plus à souffrir de son absence.
Il se penche vers moi et je glisse ma main entre nos deux bouches, résolu.
- Katsuki... Le sexe, c'est ... tout ce qui t'intéresse alors ? et...
Il prend un pas de recul. Le fait que je l'appelle soudain par son prénom semble l'énerver.
- Qu'est-ce que tu racontes ? demande-t-il soudain.
Je baisse les yeux, les larmes montent.
- Je pense que rien de tout ceci n'est une bonne idée...
Ses yeux se voilent et l'illusion se brise alors que le présent se rappelle à nous, nous rappelle que ce n'est pas un matin joyeux où on se réveille l'un près de l'autre, c'est une erreur qu'on commet avec son ex. Il déglutit et je pourrais presque croire qu'il panique. Je tente de mettre un peu de distance entre nous mais il attrape mon bras.
- Ce n'était pas que le cul...
- Kacchan, tu ne peux pas venir prendre ce qui t'amuse, je ne survivrais pas à une nouvelle rupture, à tes crises, je ne peux pas. J'ai peur. Tu m'as fait mal tu comprends ? dis-je baissant la tête pour ne plus voir ses yeux,de peur de perdre toute résolution en croisant son regard.
- Je ne suis pas venu te faire du mal Deku, dit-il en passant sa main sous mon menton pour le relever.
Son autre main se glisse dans la mienne pour la serrer, mais le reste de son corps se ferme et là c'est de nouveau le mur froid qui est là, seulement, il semble lutter pour ne pas se faire engloutir. Il ouvre sa bouche mais aucun son ne sort et moi je ne sais pas ce qu'il a enfoui en lui et qui semble si dur, mais je prie pour qu'il arrive enfin à sortir un mot. Juste un petit mot qui expliquerait tout, qui nous délivrerait.
- C'est ma faute, ce qui s'est passé, ce gachi, c'est ma putain de fierté, ma jalousie et ce crétin de double-face
- Shoto ? Qu'est-ce que...
- Laisse-moi finir, dit-il d'un ton ferme. C'est pas facile à avouer ce bordel. J'ai préféré tout foutre en l'air entre nous pour ne pas le dire. Alors je le dis maintenant. J'ai eu peur que tu partes, j'ai eu peur que tu tombes amoureux d'un autre, Je sais que je le montre pas, j'ai besoin que tu me rassures, que tu me rattrappes quand je doute, quand je perds pied et que je suis trop fier pour montrer mes faiblesses.
- Kacchan...; ma gorge se serre. Je ne savais pas.
- Je sais, bordel, j'ai rien dit.
- Si tu avais parlé...
- Putain, je sais, j'ai été con, je t'ai poussé à bout juste pour que... je sais même pas ce que j'attendais et peu importe
- Je m'en veux de rien avoir vu... compris...
- Arrête !
- Non, je te connais, je pensais savoir lire à travers tout ce que les autres prennent pour de l'orgueil et de la suffisance. Je sais qu'au fond tu n'es pas comme ça, pas avec moi en tout cas. Tu savais être attentionné, je me sentais en sécurité et important. Et j'aurais dû savoir que si tu réagissais comme ça, c'était pas pour me blesser...
- Tu vas pas t'excuser ?! Tais-toi. Bon sang t'es vraiment irrécupérable, heureusement que je suis là. T'es putain de parfait, ok ? J'arrive pas à croire que tu existes vraiment et que j'ai failli te laisser partir.
Mon coeur bat trop fort, on était en train de se remettre ensemble ou je rêvais ? J'avais besoin que ce soit plus clair, parce que j'arrivais pas à y croire.
- Failli ?
- Ce n'était pas clair ? Je te veux... non, j'ai besoin de toi, ces deux derniers mois, ma vie défilait devant mes yeux et j'avais même pas envie d'être là pour la voir. Je pensais juste à toi et j'ai cru devenir fou. Hier soir, c'est Eijiro qui m'a forcé à sortir parce qu'il s'inquiétait. Quand je t'ai vu, j'ai juste compris que tout ça n'avait plus aucun sens sans toi, je veux dire, la vie. Bordel, je suis resté seul si longtemps et je pensais que c'était bien. Je croyais que j'avais tout ce que je voulais et tu débarque et tout est bouleversé, je vois des trucs qui existaient pas, je comprends les textes de merde des chansons d'amour mais putain. T'as foutu quoi ? Tu m'a complètement déglingué. Et j'ai juste envie de te dire de foutre encore mon monde en l'air s'il te plait.
Je ne peux que sourire face à ce discours si tordu qui lui ressemble tellement. Je pose mes deux mains sur ses joues et il ferme les yeux à ce contact.
Les secondes défilent, pendant lesquelles je me rends compte à quel point on a été stupides tous les deux.
A quel point on ne peut pas se passer de l'autre. A quel point l'univers peut tenter de nous séparer, tout nous ramène à l'autre depuis toujours. A quel point je suis fou de lui... et lui de moi. Je veux le voir cuisiner tous les matins pour moi, sentir sa peau nue tous les soirs contre la mienne. Je veux le rassurer, l'aider à avancer, être là pour lui à chaque instant. Je veux être plus fort pour supporter la puissance de notre amour et tout ce qu'il menace de cramer autour de lui. Je veux être celui qui le verra sourire. Et surtout je veux qu'il soit le seul qui me fasse ressentir toutes ces émotions aussi folles qu'uniques.
Je dépose mes lèvres sur les siennes me promettant de ne plus jamais le laisser partir, lui et son goût de fraise.
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