Chapitre 2 - Cheryl

Fin d'après-midi, l'agence m'a contacté pour me proposer un contrat avec un client qui désire réserver mes services pour la nuit. Heureusement que j'ai fait du shopping avec Luna !

J'aime nos moments de complicités. Elle est ma seule amie, et je ne la remplacerai pour rien au monde.

Quand j'ai débarqué dans ce pays auquel je ne connaissais rien, c'est elle qui m'a sorti de la rue où je frôlais les murs, la crainte que ces hommes m'utilisent à nouveau comme tant d'autres. Grâce à Luna, j'ai pu découvrir que tous n'étaient pas vils, que certains avaient du respect pour la femme. Elle m'a permis d'être embauché sur son lieu de travail de l'époque ; un bar. Je suis devenue serveuse tout comme elle. En parallèle, elle faisait des études afin d'obtenir son diplôme en vue du métier qu'elle visait. Elle désire un jour pouvoir bâtir un endroit où les enfants, de tout âge, puissent élire domicile et grandir sereinement.

Orpheline, elle a été placée depuis son plus jeune âge et a été ballottée de famille d'accueil en famille d'accueil. Ce n'est pas une période dont elle parle beaucoup, tant elle en a souffert de ne pas être encadrée comme une gamine aurait dû l'être. Beaucoup exploitent les plus démunis et vulnérables malheureusement. Profitant de ce qu'ils soient seuls, sans n'avoir aucune échappatoire où se diriger. Luna s'est ouverte à moi afin de m'aider à en faire de même avec elle et me conseiller. Elle a une force d'esprit et de caractère que je ne possédais pas, il y a cinq ans. J'étais un agneau égaré, elle m'a permis de me recentrer et de me fixer des objectifs.

Si j'ai atterri dans une agence, voilà deux ans à présent, c'est parce qu'une femme m'a accosté. Elle avait vu en moi un certain potentiel. J'étais sceptique au début. Quelqu'un comme moi, sans aucun diplôme en poche, travaillant au noir, que pouvais-je lui apporter ? Elle m'a proposé de visiter son entreprise et m'a permis de prendre mes propres décisions, d'emprunter le chemin que je voulais. Jamais encore je n'avais eu un tel pouvoir sur moi. Cela m'a forgé.

J'ai le choix à présent de dire non. Ce qu'on m'avait toujours refusé. Car même si le bar dans lequel je bossais m'offrait une petite paie pour subvenir à mes besoins, certains hommes avaient les mains baladeuses et je détestais ne pas pouvoir m'y soustraire.

Aujourd'hui, c'est différent. C'est moi qui décide. En tout point.

Je ne me vois pas faire autre chose. Et ça paie bien. De plus, même si cela ne se remarque pas à l'œil nu, c'est un métier respecté. Certes, être Escort peut faire grincer des dents. Si ça ne plaît pas, les gens n'ont qu'à regarder ailleurs !

Le terme « Escort » désigne le plus souvent un service d'accompagnement – ce que je fais la plupart du temps – qui, généralement, est associé à des activités sexuelles. Cependant, me donner à un client ne se fait pas toujours. Quand mon agence me propose un contrat, je l'étudie en profondeur. Je ne suis pas une prostituée, mais une accompagnatrice. Bien que le travail d'une call-girl soit avant tout à caractère sexuel, tous les clients ne louent pas ses services exclusivement pour le sexe. Certains n'en veulent pas du tout. D'autres le font pour des motifs sociaux, comme la présence à une réception, ou simplement pour avoir une compagnie.

Le client contact l'agence, annonce ce qu'il attend. L'agence le conseil, propose des modèles et vérifie la disponibilité de celui choisi. C'est également eux qui organisent les rendez-vous de manière professionnelle et discrète après avoir sollicité la call-girl.

Rien n'est dans l'obligation, et c'est cela aussi, que j'aime.

Ce soir, c'est à caractère sexuel. Je connais le client, et je le sais très respectueux. Il est de passage en ville et désire se distraire après une journée lourde de réunions sans fin.

La première fois qu'il a fait appel à mes services, c'était pour seulement boire un verre en charmante compagnie. Il m'a tout de suite mise à l'aise. On s'est revu à plusieurs reprises, toujours dans un beau cadre et je l'ai aidé à se détendre. Un jour, quand il a sollicité un autre contrat avec un petit plus, j'ai accepté. Depuis, de temps en temps, je lui offre des entrevues plus... poussées. Avec lui, je sais que je ne crains rien, il m'a toujours respecté. Il est même à la limite de me demander s'il peut faire ceci ou cela. Il n'agit jamais sans mon accord.

Je n'ouvre pas les cuisses pour tous, et jamais dès le premier rendez-vous. Un certain lien doit s'établir. Si je sens un poids sur ma poitrine après une première rencontre, je ferme les vannes et refuse de le revoir. Je ne me mets jamais en danger. C'est comme je dis, et pas autrement.

Ce n'est pas un métier facile, mais c'est le mien. Celui que j'ai choisi. Je rencontre toujours mes clients dans un certain cadre. Jamais chez eux, même si je le pourrais, ou dans mon appartement. C'est une clause non négociable.

Ce soir par exemple, c'est au The Hotel que je dois retrouver mon client, situé au centre de Bruxelles. Celui où Mathieu, le client que je vois de temps en temps, fait halte à chacune de ses visites. Il vit en France et se déplace régulièrement en Belgique pour affaires.

Je m'installe au bar, comme chaque fois que je viens en ces lieux. C'est un peu un rituel, et je commande un cocktail fruité. Je préfère le vin rouge, mais seulement en certaines occasions. C'est ici que Mathieu doit me rejoindre. La réception l'a prévenu de mon arrivée. Il ne va pas tarder. En attendant, je sirote ma boisson que j'accueille avec délice.

Il y a quelques clients autour de moi auxquels je ne fais pas attention. Un autre se place au bout du comptoir. Machinalement, mon regard se dirige un court instant vers lui. Subitement, mon cœur fait un bond dans ma poitrine.

Je tente de ne pas montrer que je suis surprise, mais l'apercevoir à quelques mètres de moi me chamboule complètement que ça doit clairement se remarquer sur mon visage.

Lui.

Cet homme.

Celui que j'ai croisé à la soirée caritative.

Que fait-il là ? Ça ne peut être qu'un hasard qu'on soit au même endroit !

Nos regards s'accrochent comme la dernière fois et j'ai du mal à m'en défaire, comme aimanté.

Il m'adresse un petit sourire qui me perturbe un peu plus. Je me mordille un instant la lèvre inférieure et reporte mon attention sur ma boisson. Je tente de calmer mon rythme cardiaque, en vain.

Lorsqu'il se lève, je perçois ses mouvements et mon cœur s'emballe davantage. Il fait un pas vers moi. Heureusement, à ce moment-là, Mathieu entre dans mon champ de vision et m'offre, à son tour, un doux sourire.

— Bonsoir, Cheryl.

— Mathieu. Bonsoir.

Il s'installe près de moi après m'avoir baisé la joue. L'inconnu se rassoit, mais son attention est toujours tournée vers moi. Je détourne le mien sur mon client pour ne plus me focaliser sur ce type.

— Je suis heureux de te revoir.

— Moi également, Mathieu. As-tu fait bon voyage ?

— Oui, je te remercie.

A son tour, il commande un verre et nous discutons de banalités, comme souvent. Il aime prendre de mes nouvelles, même si je ne lui raconte rien de personnel. Contrairement à lui qui m'explique certains faits de sa vie. Je l'écoute avec attention. Cela aussi fait partie de mon travail ; s'intéresser au client. Ce n'est pas vraiment difficile avec Mathieu tant sa compagnie est très agréable.

Lorsque nous finissons notre verre, il me propose de nous rendre dans sa suite. Je le suis, ravie de me soustraire au regard si intense de cet inconnu qui n'a pas quitté son tabouret.

Quelques minutes plus tard, on se retrouve dans la chambre que Mathieu a réservée. Il m'attire dans ses bras et me caresse tendrement la joue.

— Tu es sûre que ça ne te dérange pas ce qu'on s'apprête à faire ?

Qu'il est adorable ! Encore une fois, il s'assure que je le veux bien. A mon tour, j'effleure sa pommette avec douceur.

— Je suis là pour satisfaire tes désirs. Si je n'en avais pas envie, je ne serais pas près de toi en ce moment même.

— Je ne souhaite te forcer en rien.

— Ce n'est pas le cas.

Il penche son visage vers le mien que je tourne et il m'embrasse la joue. Jamais la bouche. C'est une autre de mes clauses qu'il a toujours respectés, même si parfois, il essaie de tenter d'effleurer mes lèvres. Les siennes descendent sur ma gorge où il dépose une pluie de baisers.

L'une de ses mains glisse dans mes cheveux tandis que la seconde abaisse la bretelle de ma robe. Je m'attelle à déboutonner sa chemise. On se déshabille mutuellement et délicatement, il m'allonge sur le lit. Il se place au-dessus de moi et ancre son regard vert dans le mien.

— Tu ne peux pas savoir comme j'aime ta compagnie...

Je lui souris et glisse mes doigts dans ses mèches.

En douceur, il parsème ma peau de baisers, de caresses, élevant mon plaisir. Ce n'est pas l'apothéose, mais ça fait du bien qu'un homme vénère mon corps comme il le fait. Il est si respectueux et désireux de me donner du plaisir ! Et il s'y applique bien.

Mon souffle s'accélère et lorsqu'il entre en moi – aprèsavoir mis un préservatif – jene pense plus à rien. Seulement au fait d'accepter ce qu'il m'offre et de luien retourner tout autant.

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Bonjour à tous !

Voici le second chapitre, j'espère qu'il vous plaira autant que le premier. Pour l'instant, je pose les bases, mais je peux vous assurer qu'il y aura pas mal de rebondissements^^

N'hésitez pas à me laisser votre avis.

Des bisous

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