9
° Daliya °
Je passe de moins en moins de temps à la maison. J’ai pardonné à Lyn, mais ça fait mal. Je la sens malheureuse, mais je n’y peux rien. J’ai besoin de temps pour que tout redevienne comme avant.
Je partage mon temps entre Derek, Ruby, Luis et Chris. Ce sont ces amis sur lesquels je peux compter. Quand je leur ai demandé de ne pas me parler de Lyn, ils ne m’ont même pas posé de question, ils ont juste acquiescé. Je les sentais curieux, mais je ne me sentais pas d'humeur a les expliquer ce qui se passe.
De plus, Paul et moi sommes en froid. Tout ça à cause de Lyn, ou du moins a cause de la situation. Il veut qu’elle et moi fassions la paix. Mais à force de me parler d’elle, j’ai répondu durement et je lui ai raccroché au nez. Depuis, entre nous c’est aussi glacial que le vent du grand nord. Nos conversations ne se résument plus qu’à quelques mots et seulement par sms. Il me manque, nos conversations me manquent, sa voix me manque.Tout chez lui me manque.J’ai envie qu’il me prenne et qu’il me fasse sentir que je suis unique et spéciale. Je donnerais tout pour revenir en arrière.
Aujourd'hui c'est le dernier cours de rattrapage pour Comptabilité nationale, et pour une fois j’ai envie de rentrer à la maison. Je sors donc de la salleet prends mon téléphone pour appeler papa. Quelqu’un me toucha l’épaule et m'arrêta dans mon mouvement, c’était Ivan.
—Hello Daliya
—Hello Ivan, ça va ?
—Je vais bien et toi ?
—Ca peut aller.
—Tu as terminé pour aujourd’hui ?
—Oui et toi ?
—Oui. Je vais voir ta sœur. Je te dépose ? me proposa-t- il.
—Je ne veux pas te déranger.
—Tu ne me déranges pas. Allez viens. Ma voiture est dans l’autre parking.
Il me prit par le bras et me poussa doucement vers la sortie.
Arrivés près de la voiture, Il m’ouvrit la porte.
Quel gentleman celui-là!
Je monte en pensant que ma sœur a vraiment la chance de l’avoir dans sa vie.
—Alors c’est pour quand tes vacances ? me demanda-t- il en engageant la conversation.
—Dans quatre jours. Il ne me reste juste qu’un examen. Et toi ?
—J’ai terminé aujourd’hui, mais je ne suis pas encore en vacances.
Je le regarde d'un air étonné en demandant:
—Pourquoi ? Tu as un devoir à remettre ?
—Non. Ta sœur termine demain. Donc je le serai aussi demain.
—Aww, que c’est chou !
—Arrêtes de te moquer de moi.
—Je ne me moque pas, fis-je tout en riant.
Il avait le sourire aux lèvres, comme c’est mignon.
—Alors, tu comptes faire quoi pour les vacances ?
—Je pars dans deux semaines. dit-il en soupirant.
—Ah, c’est bien.
Je ne sais pas trop comment prendre cette mine tristounette.
—Non, ce n’est pas bien.
—Pourquoi ?
—Je vais passer mes vacances sans elle. Au téléphone se ne sera pas pareil.
—Je ne te le fais pas dire.
Ma situation actuelle me permettait de le comprendre. La distance involontaire entre Paul et moi me tracassait.
—En tout cas, profite de tes deux semaines.
—C’est ce que je vais faire, mais…
—Mais quoi ? en l’encourageant à parler.
—J’ai peur de la perdre.
—Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu ne vas pas la perdre.
—Je ne veux pas qu’elle rencontre quelqu’un d’autre. Parfois je sens que je ne suis pas à la hauteur. Tu sais par rapport à l’écart d’âge et tout.
—Ne te fais pas de souci pour ça. Ce n’est pas un problème pour elle.
—Vraiment ?
—Vraiment.
Ouf! J’ai réussi à débiter ce mensonge sans m’étouffer. Quand je pense à tous les efforts que Lyn a fait pour l’éviter. Elle a toujours eu des problèmes avec la différence d’âge entre eux. Mais à force de lui parler, ses sentiments ont pris le dessus, sans qu'elle cesse pour autant de tout remettre en question.
Une fois arriver à la maison je remarque que papa n’est pas là. Étant donné que la chambre de ma sœur se trouve avant la mienne, je m'arrête au haut de l'escalier, je le salue et il me fait un sourire. Juste avant que je pénètre dans ma chambre, je vois qu’il hésite un peu, je reviens sur mes pas et d’un signe la tête je l’invite à parler.
—Je ne sais pas pourquoi tu es fâché contre elle, mais cela l’atteint physiquement. Tu lui manques Daliya.
Puis, sans me laisser le temps de répondre, il rentre précipitamment dans la chambre. C'est en trainant des pieds que je me dirige vers ma chambre avant de m'affaler sur le lit. Il n'y a qu'une chose à faire, je prends mon téléphone et j'appelle Paul. Après la troisième sonnerie, il décroche mais ne dit mot.
-Hello Paul
-Hello Daliya
-Ça va ?
-Ca va et toi?
-Ca va
-OK
-J’en ai marre Paul. Cela ne peut pas continuer ainsi.
-Qu’est-ce qui ne peut pas continuer ainsi ?
-Nous
-Ah
-Je suis désolée pour la dernière fois. Je n’aurais pas dû réagir ainsi. Je te présente mes excuses. Je te promets que cela n’arrivera plus.
-Vraiment? Es-tu sincère?
-Oui, je le suis Paul.
-Cela ne m'a vraiment pas fait plaisir. Es-ce que tu sais ce que j'ai ressenti quand tu m'a raccroché au nez ?
-Je...
-Non tu ne sais pas, m'interrompit-il. J'avais l'impression que ce que je te disais n'avais pas d'importance. J'avais comme l'impression que je ne compte pas pour toi.
-Non Paul ce n'est pas ça. Je sais que j'ai merdé. Mais je me sentais coupable. Je sais que je dois pardonner, et quand tu m'as dit tout ça je me suis rendu compte que tout ça avait trop duré. Je me sentais toute chose et j'avais l'impression d'être une mauvaise personne. Quelle personne normale ferait souffrir sa sœur comme ça ?
-Je ne te blâme pas ma chérie, on est humain après tout. On fait des erreurs et on apprend. Ta sœur t'a fait souffrir, tu l'a fait souffrir en retour. Mais cela ne fait pas de toi, ni de Lyn des mauvaises personnes. D'accord ?
-D'accord. Tu me manques.
-Tu me manques aussi. J'accepte tes excuses. Avec ta sœur tout va bien maintenant ?
-Oui, on a du mal à s’entendre à nouveau, mais tout va bien maintenant.
-Je suis content, c'est normal. Comme je te le répète souvent : la famille, c’est important.
-Oui, super important. On peut se voir ?
-Je vais avec Paola à Kokoye. Tu veux te joindre à nous ?
-Elle ne va rien dire ?
-Arrêtes, tu sais bien que ma fille t’aime bien.
-Alors c’est d’accord. Je vais me préparer.
-Juste avant, et tes examens ?
-J’ai le dernier dans quatre jours. Donc je peux sortir.
-Ok, je serai là dans moins de 45 minutes.
-Je t’aime Paul
-Je t’aime Daliya, à tout de suite.
Je raccroche, satisfaite de la tournure des évènements, j’ai fait une entorse à la vérité. Ma sœur et moi, on n’est pas encore en bon terme mais c’est pour bientôt. J’ai mieux à faire. Je veux en mettre plein la vue à Paul et je n'ai plus que 30 minutes pour me preparer.
***
Je suis sur un petit nuage. La soirée a dépassé mes attentes, la fille de Paul est charmante et bien élevée. Ce qui m’a un tantinet intimidé, c’est quand elle a proposé à son père de nous laisser seuls quelques minutes pour un moment câlin.
Quatres jours après notre sortie à Kokoye, je suis enfin en vacances. Et pour célébrer la fin de l’année académique, j’ai passé une journée détente et relaxation avec Paul. Après une demi-journée au spa, on a passé le reste de l’après-midi chez lui ensuite il m'a ramenée. Une fois le moteur éteins, j’embrasse Paul une dernière fois puis je descends de la voiture. Je remarque alors que ma sœur venait de descendre de la voiture d’Ivan pour rentrer elle aussi. Ils ont été à la plage eux, et ma sœur semble rayonnante.
Je rentre derrière elle. Après un salut de la main à Ivan, je rentre puis je monte dans ma chambre. Et me voilà étallée sur mon lit une heure plus tard, encore sur un petit nuage à repenser à ma journée de rêve. Je sors de ma rêverie quand ma porte s’ouvre sur Lyn. Elle a le visage défait et les yeux rouges. Je panique d'un coup.
—Lyn qu’est-ce que tu as ?
—Tu es monté sur facebook ?
—Non, pourquoi ?
—Daniel est mort, on l’a poignardé.
—Quoi ?!
—Dix coups de couteau. Près de chez lui.
Ce n’est pas vrai, non, non, non. Pas Daniel, pas lui.
Ma sœur s’avança vers moi et se jetta dans mes bras. De chaudes larmes coulaient le long de mes joues.
Pourquoi ? Mais Pourquoi ?
Je ne connaissais pas Daniel depuis longtemps mais notre passion commune pour le chant nous avait rapprochés. Je ne suis même pas en mesure de poser des questions pour en savoir plus. Un nœud s'est formé dans ma gorge et les mots ne veulent pas sortir de ma bouche. Je ne saurais dire à quel moment on s’est endormi toutes les deux.
Je fus reveillée je ne sais combien d'heures plus tard quand quelque chose se glissa dans mon lit. Avant même d'ouvrir les yeux, je savais déjà qui c'était. J'ouvris les yeux et je regardai Matt. Silencieusement je le remerciai de sa présence à nos côtés.
Le changement dans la respiration de Lyn m'indiqua qu'elle s'était réveillée. Elle leva la tête et souris timidement à Matt. Je me lève et me repositionne de l'autre côté de Matt. Il s'arrange et nos deux têtes se retrouvent sur ses épaules. Aucun d'entre nous ne dis mot.
En ce moment même nous avions tous en tête les moments passés avec Daniel.
—Il me manque déjà. dit Lyn d’une petite voix teintée de douleur.
Combien de temps est-ce qu’on est resté ainsi enlacé tous les trois? Je ne saurais le dire.
Daniel était pour Lyn un mentor et un ami qu’elle aidait souvent à la fac. Ayant tous deux des aptitudes culturelles très prononcées, ils organisaient la plupart du temps les activités et les sorties pour les étudiants. En fait, on avait perdu plus que ami, on avait perdu un leader et un grand motivateur.
***
Près d’un mois s’est écoulé et la douleur de la perte de Daniel n’a pas disparu. Elle a diminué mais elle reste bien présente.
Le seul point positif du dernier mois c’est qu’on s’est réconcilié Lyn et moi; ce n’est pas comme avant, mais on se retrouve petit à petit. Je sais que Lyn aimerait que ça change, mais je laisse tout simplement le temps faire son travail.
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