CHAPITRE 4 - SHAME
Que le massacre à la Alexia commence.
Je le jauge et penche la tête sur le côté en plissant les yeux. Il ne tressaille pas, ne détourne pas le regard, se contente de me rendre la monnaie de ma pièce en attendant ce que j'ai à répondre en défense. N'importe quel autre prof n'aurait pas attendu que je lui réponde pour me mettre dehors. Mais il faut dire qu'il cherche du drama. Alors je vais lui en donner. Avec grand plaisir.
- Répétez un peu ce que vous venez de dire M. Nolan ?
L'ombre d'un sourire flotte sur ses lèvres.
- Sortez, Makaryan.
Ah, et il connait mon nom en plus ? Super.
- Pas de mademoiselle avant ? D'accord. Alors pas de monsieur devant Nolan non plus, je pense.
Il se penche un peu plus et l'odeur de son parfum masculin envahit mes narines.
- OK. Alors nous sommes quittes. Sors, maintenant.
- Non. Je ne prends pas d'ordres de toi, chéri. Si je veux sortir, je sortirai quand je veux, comme je veux... et avec qui je veux.
Des murmures se lèvent dans la salle pendant que M. Nolan se recule en retroussant les manches de sa chemise.
- Ça ne marche pas comme ça, chérie.
Brusquement, il s'approche de moi et me soulève comme un sac de patates par-dessus son épaule pour me jeter brusquement dehors. Je tombe lourdement sur le plancher en étouffant un juron pendant qu'il y a un silence de mort à l'intérieur de la classe. Mon sac à dos vient me rejoindre sur le sol et, tout juste avant de refermer la porte, il murmure:
- J'espère que ça te remet les idées en place. Quand je te dis de sortir, tu sors, mademoiselle Makaryan.
Il claque la porte sur moi pendant que je suis morte de honte. J'ai juste envie de rentrer six pieds sous terre, présentement. Jamais, un homme ne m'a parlé de la sorte. Jamais, un homme n'a osé me toucher d'une telle manière et me manquer de respect. Je suis respectée. Crainte. On ne me traite pas comme ça.
Je ravale les larmes de honte qui menacent de couler en me relevant brusquement et en rassemblant ce qui en reste de ma dignité pour attraper mon sac et me rendre à ma voiture dans le stationnement.
- Alex..
J'ignore même Jonathan qui s'inquiète de me voir partir de sitôt. Je suis dégoûtée de moi-même. Sincèrement. Habituellement, je ne baisse pas si rapidement les bras. Je riposte, je réplique, je sauve ma réputation. Mais dans le cas d'aujourd'hui... ma réputation s'est fait massacré, clair. Cet homme vient à peine d'arriver qu'il me pourrit la vie. Mais je ne le laisserai pas faire. Surtout pas. Juste... demain.
Je viens à peine d'ouvrir la portie de ma BMW que quelqu'un en claque la portière.
- Qu'est-ce que tu... ?
Je lève la tête pour toiser la personne qui ne me laisse pas partir, mais je reste scotchée à nouveau à ces mêmes yeux noirs de toute à l'heure. Il me sourit et passe ses doigts dans ses cheveux de jais pour les rediscipliner.
- Toi encore ? marmonné-je en levant les yeux au ciel.
- Oui, moi encore. Je me suis fait foutre dehors aussi.
Je ricane.
- Pas aussi violemment que moi, j'imagine.
- Non, en effet. On peut dire que le nouveau fait bien son travail, fait-il avec un sourire en coin que je trouve diablement sexy.
Parce que, oui, ce mec est diablement beau. Il est tout de noir vêtu et ses traits ciselés lui donnent un air mystérieux qui a le don d'attirer les filles comme les abeilles sur le miel. Mais il ne m'intéresse pas. Aucun d'eux ne m'intéresse. Il s'appuie contre mon capot et me fait signe de le rejoindre. J'hésite au début, mais il se fait insistant. Alors je cède à sa requête en me mettant à plusieurs pas de lui, anticipant le fait qu'il puisse me sauter dessus n'importe quand.
Il rit doucement en fixant ses bottes à motard aussi noires que ses prunelles. Puis, il lève son regard de braise vers le mien en soupirant.
- Bon, OK, j'avoue ne pas avoir été très cool toute à l'heure.
- Non ? Jure ?
Il lève les yeux au ciel devant mon sarcasme puis les plisse en me fixant intensément.
- Mais il faut dure que ta robe ne laisse pas trop imaginer ce qu'il peut y avoir en dessous...
- Pff... Qu'est-ce que tu veux Eidan ? je grogne.
- Qu'on recommence à zéro, dit-il, tout simplement.
Je hausse un sourcil, étonnée.
- Répète ? couiné-je.
- Tu m'as bien entendue, Alexia. Sincèrement, je n'ai pas été sympa. J'veux me racheter, ajoute-t-il en me tendant niaisément la main pour serrer la mienne. Bonjour, je m'appelle Eidan, et toi ?
Je reste figée un instant, mon cerveau manquant un peu d'air. Venant de lui et ayant pour base ce qu'il m'a fait en classe, je suis portée à croire que c'est forcément une ruse. Je croise les bras en rajustant mon sac à dos sur mon épaule.
- Et qu'est-ce qui me garantit que tu ne cherches rien d'autre que te racheter ?
Un autre sourire en coin avant de me couper le souffle avec un regard espiègle. Puis, il se lève de mon capot en m'imitant et en ajustant sa veste en cuir.
- Écoute, ma belle, je te fais une proposition. Si tu acceptes, tu es responsable, en partie, de la suite.
Vrai. Tellement vrai que, finalement, je sens que je peux peut-être lui faire un peu confiance. Mais je reste dubitative quand même pour lui montrer que je m'en fiche complètement que l'on recommence à zéro ou pas... malgré qu'en fait, ça peut promettre d'être amusant de le connaitre. D'apprendre à le connaitre. Ce badboy tout craché qui vient me proposer de passer du temps avec moi.
Il tapote sa montre en penchant la tête sur le côté. Au passage, une mèche trop longue de ses cheveux retombe sur ses yeux et je meurs d'envie de la replacer. Mais je reste tranquille.
- Alors ? Tu viens ?
Cette fois, c'est à mon tour de pencher la tête sur le côté.
- Je viens où ?
- T'asseoir derrière moi sur ma moto bien-sûr, réplique-t-il comme si c'était la chose la plus banale qui soit.
Il me devance jusqu'à sa moto et je barre rapidement ma voiture avant de courir pour le rattraper. J'aurais très bien pu l'envoyer balader, mais quelque chose me dit qu'il saura me sortir de la boite honte dans laquelle je suis encore prise présentement. L'épisode avec Jared ne s'oublie pas aussi facilement.
Je soupire de découragement avant de m'arrêter près de sa moto tout aussi noire que les yeux, les cheveux et les vêtements de son propriétaire. Je me tourne vers lui, découragée.
- Pourquoi tu l'as prise en noir ?
- J'ai du goût, disons.
- Mouais.
- Nan, pas de « mouais ». Tu embarques ou pas ? demande-t-il en me tendant un casque.
Je lui arrache des mains avec un regard courroucé et le mets avant d'attacher les sangles qui l'empêchent de tomber de ma tête. Pendant que je galère avec les fermetures, il embarque sur sa moto, attache son casque et fait rugir le moteur.
- T'inquiète, je ne mords pas, murmure-t-il avec un mini-sourire. Viens.
Pour la millième fois, je lève les yeux au ciel et m'assois difficilement derrière lui. Lorsqu'il fait vombrir le moteur une seconde fois, je sursaute et m'aggripe à sa taille de toutes mes forces.
- Où est-ce qu'on va ? demandé-je, mal assurée.
Il me fait un clin d'oeil avant d'enfiler ses lunettes de soleil.
- On va s'amuser.
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