Incurable
-Madame, je suis vraiment désolé mais nous ne pouvons rien faire pour votre fils.
-Comment ça ?! Vous êtes médecin enfin ! Faites votre travail !
Les cris de ma mère traverse mon esprit comme des flèches en plein cœur, et je ne fais rien pour les arrêter. J'écoute juste. J'écoute sans vraiment entendre. Je sais juste qu'elle cri. Comme toujours. Soit elle cri, soit elle pleure, parfois même les deux en même temps.
...Et c'est toujours de ma faute.
Je ne peux rien faire. Rien du tout.
Mes mains passent sur mon visage comme pour me faire disparaitre. Je vois le médecin à travers, essayer de lui faire comprendre ce qu'elle ne veut pas entendre.
"Votre fils est malade; Il ne veut pas se laisser aider; On ne peut rien pour lui; Il ne sera jamais guéri..."
J'entends tout. Tout. Absolument tout. Mais je ne suis pas là, non, mon corps et mon esprit sont à part. Je ne réagis plus à ce qu'on peut dire sur moi, je le sais, je ne suis pas comme eux. Je ne les comprends pas, et ils ne me comprennent.
Pourtant...Je ne demande pas à l'être. Je veux juste être tranquille, seul. Qu'elle arrête de chercher l'impossible !
Ca ne sert à rien !
-M.Beck ? Je relève la tête lentement.
-Oui ?
-Je suis désolé, mais notre établissement ne peux rien pour vous, vous ne faites pas d'effort, mais vous n'empirer pas non plus. Notre médecine ne peut rien pour des cas comme vous.
-Je...Je comprends, merci qu-
-Non ! Vous êtes des incapables ! Partons d'ici mon chéri !
Elle attrape mon bras et me traîne vers la sortie.
Je pourrais facilement me libérer de son emprise, mais je n'en ai pas l'envie, je me laisse faire depuis si longtemps que c'est devenu une habitude.
J'ai plus du tout envie de me battre, c'est plus facile comme ça.
Je monte inconsciemment dans la voiture, n'ayant plus la mienne depuis...Je sais plus depuis quand, mais c'est pas grave. Ce n'est pas important.
Je m'attache écoutant d'une oreille la voix de crécelle de ma mère. C'est comme une chanson mal reprise qui tourne en boucle dans votre tête, et ça ne ressort jamais et se coince dans votre cerveau jusqu'à votre mort. Même dans la nuit elle est encore là.
J'ai 38 ans, mais avec elle, c'est comme si j'en avais 30 en moins.
Elle me prends pour un enfant qui ne peut pas se prendre en charge et vivre tout seul.
Mais c'est tout ce que je veux, être seul, et qu'on me laisse tranquille dans ma bulle.
Elle ne veut pas comprendre, elle ne veut jamais rien comprendre.
Je ne peux même plus faire mes propres choix...
Mais ce n'est pas dérangeant, ce n'est pas grave, elle s'occupe, et je peux me laisser aller, sans avoir à réfléchir.
Les médecins ont dit que c'était une mauvaise idée, mais leurs paroles s'écrasent sur nous comme une tomate lancée sur un mur. Ca explose, ça laisse des tâches, mais ca ne blesse pas.
Je suis juste malade. Et incurable.
Et je m'y suis fait. Ce n'est plus moi au contrôle de toute façon.
Une fois arrivé, on descends. Je vois du coin de l'œil le regard accusateur du voisin et de sa femme. Je sais qu'ils pensent que je suis fou, et ils n'ont pas tort. Mais il pense aussi que ma mère est un peu trop...Protectrice et tout aussi folle que moi pour s'occuper d'un homme de mon âge.
Je les dégoute, tous, tous ceux du quartier, de la ville, du monde.
Je ne suis pas comme eux. Et ça les dérangent.
Moi aussi. J'aimerais bien être comme eux.
Je soupire longuement, ce sourire à l'envers toujours gravé aussi profond sur ma façade comme sur mon cœur, le pas lourd et las jusqu'au refuge.
Je n'écoute toujours pas et monte en direction de ma chambre. Elle ne dit plus rien, puis hurle, je ressens sa peine, ses pleurs, mais je ne peux plus rien y faire.
Je suis déjà au fond de l'eau, et la surface n'est même plus visible, depuis des années.
Personne ne peut me sauver, c'est trop tard.
Je me jette sur mon lit blanc, tout est gris, blanc, ou noir ici, dans mon monde. Rien ne déroge à la règle. Je serre les draps, pour me sentir un peut plus en vie.
Mais je sais très bien que non.
Je veux juste...
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