Tome 2 - Love 22
Sésame ouvre, moi !
¤ ¤ ¤ ¤
Ce moment à deux, dans la salle de bains, avait été terriblement sensuel, et à la fois tendre et chargé d'émotions. Il était censé nous aider à déstresser et au contraire, il m'avait prouvé à quel point j'aimais cette femme, et à quel point, j'étais un putain de chanceux. L'ouverture imminente des portes de l'école allait être un tournant dans notre vie. Notre avenir nous tendait les bras et j'avais la trouille. Oh, pas d'avoir pris la mauvaise décision en ne retournant pas à la fac, ni celle de nous engager dans cette folle aventure, ni celle de vivre tout ça avec ma Lola, ni...
Ni quoi en fait ? Je flippe, alors que je vais avoir, tout ce dont j'ai envie...
Je suis dans la voiture de Fred avec ma sœur, leurs deux gamins et la femme de ma vie. Tout le monde est heureux, souriant, discute, rigole...
Alors pourquoi je stresse ?
— Ça va, mec ?
— Hum...
— On ne dirait pas !
Je lui montre mes mains qui tremblent sans que je n'arrive à les contrôler.
— Je stresse comme un malade, et je ne sais même pas pourquoi !
— La peur de l'engagement ! Je connais ça.
— Comment ça ?
— J'étais dans le même état que toi, le jour de mon mariage avec ta sœur. Et pourtant, c'était ce que je désirais le plus au monde.
— Je vois ce que tu veux dire.
— C'est un moment charnière de votre vie, tu laisses derrière toi, tes années d'insouciances sans responsabilités, avant de pouvoir basculer dans le monde des adultes, avec une structure à gérer. Ce n'est pas rien Camille. Tu te rends compte, de tout ce que tu as accompli et pris comme décisions, depuis deux mois ?
— C'est vrai que ça a été intense...
— Et tu t'es mis la pression, parce que tu veux que tout soit parfait, et surtout, tu espères avoir pris les bonnes décisions, pour votre avenir, pour...
— Putain mec, ce n'est pas garagiste que tu aurais dû être Fred, mais psy. N'est-ce pas Freud ?
— C'est ça fous-toi de ma gueule ! En attendant, tu ne trembles plus et tu recommences à me chambrer !
— Tu es trop fort mec ! lui concédé-je en lui tapant dans l'épaule avec un demi-sourire.
— Disons qu'à ton âge, moi aussi j'ai dû prendre des décisions importantes, et j'aurais bien aimé avoir quelqu'un à mes côtés, pour me conseiller et me dire si j'avais raison ou tort.
— Tu les regrettes ?
— Pas le moins du monde ! m'avoue-t-il en regardant Pauline dans son rétroviseur.
— C'est ce que je vois, souris-je. Merci Fred d'être là pour moi, pour nous, pour...
— Vous voir heureux est tout ce qui compte. Et puis toi en costard, oh putain, ça n'a pas de prix ! se fout-il de ma gueule à son tour.
Je jette un regard à ma tenue, vérifie que tous les boutons de la chemise blanche sont bien fermés, et attachés comme il le faut, — Jules avec Jules et César avec César —, et puis je repense au moment où Lola les a attachés un à un, quand elle a fait le nœud de la cravate, sur lequel je tire, tant il m'étouffe.
Je lance un regard à travers le miroir de courtoisie, et c'est le visage tout souriant de ma Lola qui m'accueille... Putain, j'aurais préféré qu'elle m'attache autrement et au regard de Lola, je sais qu'elle pense à la même chose que moi, alors que je lisse, de haut en bas, ma cravate grise brillante. Je me vois bien lui attacher les poignets avec, lui bander les yeux...
— Tiens, tu vas être beau, en costard avec une trique d'enfer, face aux gamins et leurs parents, se bidonne-t-il en me regardant me mordre la lèvre, tout en ne lâchant pas des yeux ma Lola.
— Tu me fais chier Fred !
— Tonton ! me réprimande Violette. Tu ne dois pas dire « fais chier » !
— Et toi ? Tu n'es pas censée le répéter jeune fille, fais-je semblant de la gronder.
— Je sais tonton.
— Tu le sais, mais tu le fais, quand même ?
— Toi aussi tu le sais tonton, et pourtant, tu le dis quand même, me répond-elle avec aplomb en croisant ses bras.
— Ne cherche pas mec, même à cet âge, c'est déjà une petite femme !
— C'est ça papa, s'enthousiasme-t-elle, je suis une vraie femme, comme maman et tatie Lola, s'amuse-t-elle en se tortillant sur le siège arrière du monospace de Fred.
Violette tape dans les mains de nos deux femmes, et elles rigolent toutes les trois, sous le regard de Loïs, qui a l'air de les trouver bizarres. Leurs rires finissent de me détendre en me prouvant que j'ai pris la bonne décision. Car nous voir tous ensemble me comble, surtout quand je croise le regard aimant de ma Lola. Fred s'arrête non loin de la grille, pour nous faire descendre, avant d'aller garer la voiture au parking. Il y a déjà beaucoup de monde agglutiné devant l'entrée de l'école, alors que les portes ne doivent officiellement ouvrir, qu'à dix-neuf heures. Nous nous approchons de Léon et Hortense, qui se sont mis sur leur trente-et-un, eux aussi.
— Ah vous voilà enfin !
— Nous ne sommes pas en retard pourtant.
— Ne cherche même pas à comprendre Camille, il est tout le temps comme ça, quand il stresse.
— Léon, ça va aller ! Tu as fait un boulot de dingue, tenté-je de le rassurer.
C'est un comble tout de même.
— Justement, je veux que tout soit parfait !
— Et ça le sera, le calme sa femme en lui crochetant le bras.
Fred nous a rejoints, alors que nous discutons avec Phil et Charly. Mais nous devons les abandonner, tous les quatre avant de suivre Léon et Hortense, comme ils nous l'ont demandé à l'instant. Nous contournons l'enceinte de l'école, avant de nous retrouver devant une porte, dont je ne connaissais pas l'existence.
— Tu crois qu'on vient faire quoi ? questionné-je Lola en restant un peu en retrait.
— Je suppose que l'on va rejoindre le reste de l'équipe.
Léon ouvre la vieille porte en bois, qui grince, de ne pas servir souvent, et nous indique :
— Allez suivez-nous, et arrêtez de faire cette tête, on dirait qu'on vous mène à l'échafaud !
— Hum... Pas loin ! Et ce n'est pas ce long couloir sombre, qui va arranger les choses, ajouté-je en grimaçant.
Je resserre contre mon corps, celui de Lola, qui me regarde d'un air paniqué.
— Si tu voulais nous faire flipper Léon, c'est réussi !
— Allons détendez-vous ! Que voulez-vous qu'ils vous arrivent ?
Avec l'imagination débordante, dont nous faisons preuve tous les deux, ce n'est pas ce genre de phrase qui va nous rassurer, au contraire même. Des tas d'idées, plus glauques et macabres, les unes que les autres, me viennent à l'esprit. Aussi, quand nous arrivons dans la grande salle du réfectoire où nous avons prévu un buffet, Lola et moi, nous respirons. J'attrape une petite bouteille d'eau au passage, avant de la tendre à Lola qui ne se fait pas prier pour boire, avant de me la rendre pour que je termine les trente centilitres restants en deux gorgées tant le stress me serre et m'assèche la gorge.
— Ça va mieux, se moque Léon qui nous fait face.
— J'aurai préféré un whisky, mais je ferais avec !
— À partir de maintenant, on ne rigole plus ! nous informe Léon avec son air sérieux et froid.
— C'est vrai que jusque-là, c'était la franche rigolade ! répliqué-je sans pouvoir retenir mes mots.
— Gamin ! me réprimande-t-il en fronçant les sourcils.
Hortense se rapproche de nous, après avoir réajusté le nœud de cravate de son mari, elle vient resserrer le mien, sous le regard amusé de Lola, qui déchante vite, quand Hortense replace sa broche, plus haut encore sur l'ouverture, plus du tout plongeante, de son chemisier.
— Voilà, là vous êtes parfaits.
— Mais où est le reste de l'équipe ?
— Dehors ! Chut maintenant, tonne Léon.
Quand Léon ouvre les deux grandes portes de l'entrée, j'ai l'impression d'être un gladiateur, qu'on mène aux arènes, pour livrer la bataille de sa vie. Nous le suivons vers le perron, poussés légèrement par Hortense, qui essaye de nous rassurer avec un beau sourire. Léon fait un signe de la main vers le maire, qui ouvre les grilles, permettant à la cinquantaine de personnes de rentrer dans la cour. Nous restons un peu en arrière, pour détailler les personnes, qui s'avancent vers nous. Je repère tout de suite Pauline et sa tribu accompagnée de nos amis, en même temps que Lola, qui me décoche un clin d'œil et un sourire. Puis je continue de balayer la cour, et sur un côté, je retrouve le reste de l'équipe.
— Nous ne devrions pas être avec eux ? soufflé-je à Lola.
— C'est ce que je pensais aussi.
— Chut ! nous intime Hortense en mettant son doigt sur sa bouche.
Putain, j'ai l'impression d'avoir six ans et d'être à la rentrée de primaire, dans cette petite cour qui peinait à accueillir, tous les parents qui étaient présents pour leurs enfants.
Sauf moi...
C'est Pauline, qui rentrait en première au lycée cette année-là, qui était à mes côtés. Elle avait tout d'une petite maman avec moi. Et même si notre différence d'âge était importante, — neuf ans tout de même —, nous étions très complices.
— Mon amour ?
— Hum...
— Léon va prendre la parole, me chuchote Lola, pour éviter de se faire choper par les deux anciens profs.
D'ailleurs, il vient de nous regarder affectueusement, avant de reprendre son air sérieux, avant de faire face aux personnes présentes. Léon commence son discours, et tout le monde se tait, tant sa voix porte et impressionne.
« Mesdames, Messieurs, chers enfants...
Nous sommes heureux de vous accueillir à l'ouverture des portes de la « Maison de la Jeunesse ».
Pour ceux qui ne nous connaissent pas, — et ils sont rares —, je me présente : Léon Flovis de Longuet, et voici ma charmante épouse Hortense ».
À l'entente de son nom complet, nous restons stupéfaits avec Lola, Léon ne nous ayant jamais parlé de ce nom à particule. Mais les questions seront pour plus tard, vu que Léon reprend son discours.
« Certains d'entre vous, on grandit entre ses quatre murs, et maintenant, ce sont vos enfants, et même, petits enfants qui pourront profiter de cet accueil.
J'aurais l'immense honneur d'en être le directeur et mon épouse, l'administratrice. Cette maison a pour but d'aider les enfants en leur apportant soutien, connaissances et savoirs, aux travers d'aide aux devoirs, de pédagogie, de jeux, de sport, de théâtre et de musique.
Cette mission a été mise en place pour les trois communes qui sont : Saint-Amian, Arvert et Frupan-sur-sole.
Et c'est grâce aussi aux trois maires de ces communes que nous sommes réunis ce soir.
Laissez-moi maintenant vous présenter notre comptable, qui s'occupera de tout ce qui touchera au droit et à la comptabilité, et voici l'équipe qui encadrera les enfants, qui nous seront confiés. Elle se compose de quatre animateurs, d'une éducatrice jeune enfant, deux assistantes maternelles et de ces deux jeunes gens, Lola et Camille, qui se trouvent à nos côtés, et sans qui toute cette aventure n'aurait sans doute, jamais vu le jour ».
— Lola, Camille, approchez-vous, s'il vous plaît, nous enjoins Léon en nous faisant signe de la main.
Je suis complètement largué par tout ce qui se passe, alors je regarde Lola, mais elle l'est tout autant que moi. Mon regard cherche ma sœur et Fred, pour voir s'ils comprennent ce qui est en train de se passer, mais pour toute réponse, Pauline hausse les épaules, tandis que Fred lève son pouce en l'air pour nous encourager, quant à Phil, il imite un boxeur donnant des coups de poing imaginaires, avant de monter sur un ring. Et c'est exactement comme ça que je me sens, juste avant un match, quand on jauge l'adversaire, quand on est porté par le public...
— Je vous présente, les nouveaux propriétaires de la maison de la jeunesse. Grâce au BAFA qu'ils ont passé cet été, ils occuperont dans un premier temps, les fonctions d'animateurs et d'aide au soutien scolaire, pour ensuite prendre nos places de directeur et d'administrateur, quand ils auront obtenu leur BAFD, c'est-à-dire, le brevet d'aptitude aux fonctions de directeur.
— Léon, tonné-je.
— Ah oui, j'allais oublier de vous dire, qu'ils n'étaient pas au courant de cette annonce, d'où leur manque évident de réactions. Un peu de soutien peut-être ? invite-t-il les parents de se manifester.
Léon et Hortense commencent à applaudir et ils sont suivis par toutes les personnes présentes. Lola et moi restons plantés là, sans trop savoir quoi faire ou dire. Elle doit sentir la colère monter en moi, alors elle s'avance d'un pas vers le perron, me tend la main, tout en me montrant sa détermination en attendant ma décision.
Alors comme c'est nous deux, envers et contre tout, j'attrape sa main et nous nous avançons ensemble.
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Fred a encore eu les bons mots pour rassurer notre Cam' totalement flippé ! 🤗👍😉
C'est sûr que de voir Camille en costard, ça n'arrive pas tous les jours, mais je peux vous assurer qu'il est beau comme tout.🤵⭐👍
Léon est un cachottier, sur bien des points, son nom, ses motivations et la donation qu'il veut à tout prix faire à Camille et Lola, quitte à les mettre devant le fait accompli. 😳😳🧐😱
Lola et Camille vont-ils accepter que Léon et Hortense leur lèguent la grande bâtisse accueillant l'école ? 🤔🧐😳😲
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On se retrouve sur la planète #wattpad pour répondre à vos commentaires ou pour vous lire à mon tour 📚...
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Bonne soirée et gros bisous mes Cam'Love 😘😍
Kty. Auteure 🌸💖
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