/32/ Douce amertume
“ i'm not ready for the truth ”
“ je ne suis pas prête pour la vérité ”
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5 décembre 2017
PDV de Jess
— Mon premier bisou était avec un ami du collège. Tout le monde était en couple à l'époque et j'étais si triste de n'avoir jamais embrassé quelqu'un que mon voisin de maths s'était porté volontaire. Je n'en garde pas un très bon souvenir.
Je regarde le visage dégoûté d'Ivy avant de me mettre à rigoler. Elle me lance son chiffon sale au visage et mon rire redouble lorsqu'elle me rate.
— Ne te moque pas, je suis certaine que le tien ne doit pas être ouf non plus.
Après avoir plongé mon éponge humide dans la bassine remplie d'eau et de savon, je relève les yeux vers ma brune tout en nettoyant la dernière table.
— J'avoue que je ne m'en rappelle pas trop, je crois que c'était une blonde ou peut être une brune. Je ne m'en souviens plus, je dis en haussant les épaules. Elle était plus âgée que moi et pensait certainement m'apprendre la vie, la pauvre, elle avait si tort.
Je n'ai qu'un faible souvenir de cette fille, le baiser n'était pas mémorable tout comme mon année de troisième. Je sais que c'est seulement à partir du lycée, que je me suis forgé une vraie réputation. C'est aussi là que j'ai rencontré Anatalia, ma première crush et première fois.
Et oui, qui a dit que personne ne finissait pas sortir avec son crush ?
J'en garde un plutôt bon souvenir même si comme toutes les premières fois, ce n'était pas la meilleure performance. Nous avons couché plusieurs fois ensemble et à la fin de l'année, elle est partie à l'université. Je ne l'ai jamais revu.
— À quoi tu penses ?, demande la brune face à moi en penchant sa tête vers la gauche.
— T'es ma première vraie copine, j'affirme en levant les sourcils.
Elle tressaille, resserrant son éponge dans sa main comme si elle voulait s'assurer que mes paroles sont bien réelles. Elle finit par baisser les yeux alors qu'un léger sourire se dessine à la commisure de ses lèvres.
— Il y a donc finalement quelque chose que j'ai fait et que tu n'as jamais fait, remarque-t-elle en mordant sa lèvre inférieur, inconsciemment.
Cet acte me fait déglutir difficilement tandis que j'essaye de retirer toutes les images perverses qu'il me procure.
— Ah oui, le Thomas qui me fait concurrence, je blague amèrement.
Son rire emplit la pièce et ce simple son détend légèrement mes muscles tendus.
— Tu n'as rien à craindre, je ne compte pas partir de si tôt.
Je lève les yeux en l'air puis termine d'essuyer la dernière table du réfectoire à l'aide de mon chiffon.
— Je ne sais rien de lui alors si, j'ai toutes les raisons de me sentir en danger.
Après la prononciation de ma phrase, je me pince les lèvres, gêné.
Est-ce que je fais une crise de jalousie à cause d'un garçon dont je ne connais que le nom et qui doit être à des kilomètres d'ici ?
Je passe ma main derrière ma nuque en fixant la table terne sous mes yeux.
— C'est vrai qu'il embrasse bien d'après mes souvenirs, chuchote-t-elle, un rictus mesquin au coin de la bouche.
Je l'observe, surpris et lâche mon chiffon pour m'avancer vers elle. Je prends un air de défi avant d'ajouter :
— Mieux que moi ?
Son regard se perd dans le mien tandis qu'une lueur de défi y passe également.
— Je sais pas, il avait cette façon de le faire qui me faisait tourner la tête, comme si mon esprit s'échappait...
Elle n'a pas le temps de finir sa phrase, je l'attrape par l'arrière des cuisses, et après l'avoir soulevé je la pose, rapidement mais avec délicatesse, sur la table derrière elle.
Ma bouche trouve tout aussi rapidement la sienne et je soupire de satisfaction quand nos lèvres se touchent. J'ai l'impression d'avoir quotidiennement besoin de la toucher, l'avoir près de moi. Comme si elle allait disparaître.
Elle sourit en prolongeant le baiser et noue ses bras autour de mon cou alors que mes mains gagnent sa taille fine. Je ne veux jamais la lâcher, elle a pris une place tellement importante dans mon cœur. C'est comme si on était destinés à nous rencontrer et à ne plus jamais se quitter.
Je l'empêche de reprendre son souffle en posant mes mains sur ses joues. Je veux que ça dure des années, l'éternité.
L'embrasser en ayant conscience de ce que je ressens pour elle, rend le moment mille fois plus intense. Ivy est ce genre de personnes qui dégage un charme naturel. Un charme auquel on ne peut pas résister. Elle voit le bien, même là où il y en a pas. Ou dans mon cas, là où il est bien caché.
Elle me rend meilleur. Elle me donne envie d'être meilleur.
Et je ne pourrais jamais assez la remercier pour m'avoir fait voir le monde différemment. Tout n'est pas noir, tout n'est pas blanc, c'est un tableau nuancé de gris et c'est à nous de décider s'il on souhaite qu'il soit clair ou sombre.
— Je pourrais passer ma journée à t'embrasser, murmure-t-elle entre deux baisers.
Mes lèvres frôlent les siennes tandis qu'un sourire se dessine sur mon visage.
— Je ne t'embrasserai jamais, dis-je en imitant sa voix douce.
Elle rejette la tête en arrière en rigolant.
— Ce que je peux dire des choses débiles parfois.
J'hoche de la tête puis ramène la sienne vers moi en attaquant sa lèvre inférieur avec mes dents.
— J'ai envie de te déshabiller là tout de suite, susurré-je en re-plaquant nos bouches ensemble.
Nos baisers deviennent plus sauvages et alors qu'elle passe ses mains sous mon T-shirt, un raclement de gorge nous fait sursauter.
Je me sépare d'Ivy sous le regard désapouvateur du cuisinier en charge de nous surveiller.
— Dégagez de ma vue avant que je vous rajoute des heures de nettoyage !
J'attrape Ivy par la main et me met à courir à travers les différents couloirs.
On s'arrête, tous les deux essoufflés face aux douches et je me pince les lèvres pour m'empêcher de rigoler. C'était officiellement notre dernière heure de nettoyage pour le coup mémorable qu'on avait fait à Parker.
— Sa tête était incroyable, rigole ma brune en soufflant, manquant d'air.
J'acquiesce en l'observant. Je n'arrive toujours pas à me rendre compte que cette magnifique créature est à moi.
Elle me sort de mes pensées en plaçant ses mains sur mon torse.
— Bon alors, tu me déshabilles ou pas ?, chuchote-t-elle contre mon oreille.
Je plisse les yeux, reculant jusqu'à ouvrir la porte des douches avec mon dos.
C'est l'heure d'aller se laver...
¤¤¤
— Aujourd'hui, j'aimerai tester une nouvelle technique d'hypnose avec toi, annonce Keples en préparant son matériel.
— Je suis prête à tout pour retrouver ma mémoire, avoue ma brune en hochant de la tête.
C'est sa quatrième séance et même si elle se rappelle de plus en plus de choses, c'est toujours le trou noir pour un moment en particulier. Elle se rappelle désormais distinctement du bal et de la soirée. Néanmoins le moment entre son réveil et l'arrivée de la police reste encore une part d'ombre.
Je sais que ça l'inquiète énormément même si elle ne dit rien. Se rappeler de tout sauf le seul vrai instant qui compte doit être frustrant. Mais parfois, la vérité est mieux oublier.
Et si ce qu'elle découvrait la traumatiser ou pire, lui faisait tout oublier jusqu'à son propre nom ?
Je secoue la tête pour chasser ses horribles pensées, tout va bien se passer. Pourquoi s'imaginer directement au pire, hein ?
La trentenaire sort une télécommande de son sac et intime à ma copine de s'asseoir sur la chaise préparée.
— Puisque nos séances habituelles ne sont toujours pas concluante, on va essayer quelque chose de nouveau. Je te laisse t'installer, j'aimerai que tu restes en retrait pour cette fois. Je dois être la seule à lui parler.
Je croise le regard d'Ivy, qui me sourit faiblement puis j'hoche de la tête en direction de Keples et m'appuie contre le mur, près de la sortie.
La spécialiste se place face à Ivy et prend la parole :
— Alors, commençons. Place tes mains sur la table et dans une d'entre-elles attrape la télécommande.
Ivy lui obéit et prend l'objet dans la main droite.
— Tu vas fermer mes yeux, imaginer qu'il y a une télévision en face de toi. Une télé qui contient tous tes souvenirs avec Blue et cette télécommande que tu tiens, te permet de pouvoir visionner celui que tu souhaites. Tu comprends ?
La brune acquiesce après avoir fermé les yeux et respire calmement.
— Très bien, allume la télévision et choisis une chaîne.
Elle s'exécute, appuyant sur un bouton de la télécommande.
— Décris moi ce que tu vois.
— C'était mon premier jour au collège, Blue et moi étions perdues dans un des grands bâtiments et elle riait comme une folle alors que j'étais complètement paniquée.
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres et ce simple geste me fait faire de même. Elle a quand même connu des bons moments malgré toutes les merdes qui lui sont tombées dessus.
— D'accord, tu peux changer de chaîne.
Ses sourcils se froncent et une grimace s'installe sur ses belles lèvres.
— Que vois-tu cette fois ?
— Je suis dans ma chambre, dit-elle la lèvres tremblante. Blue vient d'y rentrer alors que je tente désespérément de lisser le pli de ma robe noire. Je sais à quel point ma mère déteste quand mes habits soient froissés.
Je l'observe, le cœur serré sous ces révélations.
— Elle ne voudrait pas que ma robe soit froissée pour son enterrement. Je ne peux pas lui faire ça mais ce pli ne veut pas s'en aller et je ne sais pas quoi faire.
Elle commence à sangloter et l'envie de la prendre dans mes bras me démangent de plus en plus.
— Et puis le collier que papa m'a offert et tout emmeler et je n'aurais pas le temps de le défaire avant la cérémonie. En plus, je suis certaine que Cody doit me détester. Si seulement, je ne les avais pas appelés ce soir-là, ils n'auraient jamais eu cet accident.
Je place mes mains derrière moi pour m'empêcher de faire une bêtise. Entendre cette histoire me broie les entrailles, je sais ce que ça fait de se sentir coupable. J'ai l'impression de me reconnaître en elle, mais la différence est qu'elle n'y est pour rien. Elle n'aurait pas pu empêcher l'accident, moi si.
Keples écrit dans son cahier après m'avoir jeté un coup d'œil puis demande à Ivy de changer de souvenirs, ça ne sert à rien de s'attarder sur des moments compliqués.
— Il y en a tellement, je ne sais pas lequel choisir, soupire-t-elle en appuyant sur plusieurs touches en même temps.
— Prends celui qui vient.
J'aimerais tellement savoir ce qui passe dans sa tête à cet instant.
Que voit-elle ? Que ressent-elle ?
Pourrais-je revoir ma sœur et Josh, si j'étais moi aussi plongé dans mes souvenirs ? Pourrais-je revoir tous nos moments ensembles ? Tous ces moments dont je n'ai pas assez profité.
Je me reconcentre sur Ivy en dégloutissant, je crois non. Non, je n'aimerais pas être plongé dans cette illusion. Ils sont morts, et ressaser mes erreurs ne les fera pas revenir.
C'est fou, à chaque fois que je pense à Josh, mes cicatrices me brûlent comme si elles jubilaient de me voir souffrir.
Les paupières de ma brune tressaillent tandis qu'elle resserre la télécommande dans sa main.
— Un cri vient de me réveiller, murmure-t-elle, il vient d'en bas. Je n'ai pas envie de descendre, mais j'ai peur que Blue fasse une bêtise. Parker a quand même essayé de la violer.
Mon corps se fige, Ivy ne m'en a jamais parlé. Parker descend encore dans mon estime, déjà qu'il n'était pas bien haut. Cette révélation me donne une raison de plus pour lui casser la gueule.
— Je regrette de n'avoir rien pris pour me défendre quand je descend les escaliers. Et si c'était un cambrioleur ?
J'observe la peur s'immiscée sur son visage alors que ses tics d'angoisse s'emparent d'elle. Ses doigts s'entremêlent et son pied frappe frénétiquement sur le sol.
— Il n'y a qu'une petit lumière pour éclairer la pièce, mais je distingue déjà le sang sur le carrelage. Je ne veux pas voir ça, dit-elle en secouant la tête. Je ne veux pas savoir.
Mon dos se décolle du mur et je tente de m'approcher de la table où elles sont installées, cependant, Keples m'arrête d'un signe de la main. Elle hoche négativement de la tête.
— Non...non, je ne veux pas savoir la vérité. Je ne suis pas prête pour la vérité, sortez-moi de là, sanglote-t-elle.
— Faîtes là sortir, j'ajoute en dévisageant les larmes de ma copine.
Keples m'ignore en laissant Ivy délirée sous mes yeux. Elle attrape la télécommande et essaye de changer de souvenirs.
— Ça ne marche pas ! Pourquoi ça ne marche pas !? Oh mon dieu, c'est toi ! Hurle-t-elle en se débattant dans le vide.
— Ivy calme toi, respire et décris moi ce que tu vois.
Néanmoins, Ivy n'en fait qu'à sa tête et continue à gesticuler, apeurée par quelque chose dans sa tête.
— Comment t'as pu faire ça ! Comment t'as pu !, crie-t-elle à s'en déchirer les poumons.
J'aimerais faire quelque chose. Je devrais faire quelque chose.
Ivy continue de se battre dans sa tête quand tout d'un coup elle se met à convulser. Elle tombe à terre et je me précipite pour la rattraper. Je regarde désespérément Keples qui se poste à côté de moi en inspirant.
Je parie qu'elle n'a jamais fait face à une situation comme celle-ci. Elle a poussé Ivy à aller plus loin et maintenant elle est de nouveau bloquée dans sa tête.
Alors que je compte prendre la parole pour la rassurer, la trentenaire me devance et attrape la main de la brune.
— Ça aller Ivy, ce n'est qu'une mauvaise passe. Respire comme moi, je sais que tu m'entends, inspire et expire, déclare-t-elle en inspirant et soufflant fort par la bouche.
Je prends l'autre main d'Ivy et la sers fort également pour lui prouver que je ne la lâche pas. Je reste près d'elle, avec elle.
— C'est ça, imagines-toi que ce n'est qu'un rêve. Reprends ta respiration, et laisse toi guider par ce qu'il te montre.
Sa respiration redevient régulière et lorsqu'elle rouvre enfin les yeux, un soupir s'échappe de mes lèvres alors que mon cœur se deserre progressivement.
Keples m'offre un signe de tête, se rassoit et attrape son carnet pour y noter je ne sais quoi. On a eu chaud mais elle a géré.
Mes bras encerclent ma brune pendant que je la serre le plus fort possible dans mes bras, je ne veux vraiment plus la lâcher. Sa tête se pose sur mon épaule et elle soupire en passant elle aussi ses bras autour de mon cou.
J'ai eu tellement peur. Je suis désormais soulagé mais c'est de courte durée puisque quand mon regard croise celui d'Ivy, je sais.
Je sais qu'elle sait...
❝ We were too close to the stars,
I never knew somebody like you, somebody ❞
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[Song : Refletions, The Neighbourhood]
BONJOUR VOUS !❤️
J'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous a plu ! J'ai eu du mal à l'écrire pour être honnête avec vous, c'est une des raisons de ma grande absence....
Enfin bref, Ivy sait la vérité et vous vous la découvrirez dès le prochain chapitre !
Je ne vais pas m'attarder parce que je n'ai pas grand chose à dire à part merci à vous de faire vivre cette histoire !!! Plus de 40K vues c'est incroyable, et ça me fait chaud au cœur !!!
Également, n'oubliez pas d'aller choisir l'histoire que vous souhaitez lire à la fin de BP (partie : J'AI BESOIN DE VOUS ;) )
Je vous aime fort, à très vite !!
ET BONNES VACANCES À TOUT CEUX QUI LE SONT !!! ET BON LUNDI À CEUX QUI TRAVAILLENT, ON PENSE À VOUS ❤️❤️❤️
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