/31/ L'histoire de ma vie {1}
“ i'm not a person anymore, i'm a problem ”
“ je ne suis plus une personne mais un problème ”
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Flashback, 14 décembre 2016
PDV De Blue
[3 jours avant sa mort]
Mes talons aiguilles martèlent le sol des couloirs alors que je déambule avec frénésie dans ce lycée de merde. Heureusement que tout le monde est en cours, je ne supporte pas de voir leurs têtes. Plus d'un mois s'est déjà écoulé depuis ma dernière entrevue avec Matthew et les choses n'ont fait qu'empirer.
Je ne compte plus le nombre de relations que j'ai eu depuis qu'il m'a piétinée le cœur.
En parlant de relations, celles concernant mon entourage ceux sont également nettement dégradées.
Je passe désormais presque toute mes nuits chez Ivy, qui a la maison pour elle puisque son frère est en déplacement pendant les six mois qui viennent et que les disputes chez moi sont devenues invivables. De plus, c'est bien la seule qui me parle encore. Je crois que tout le lycée me hait pour mon coup de la dernière fois, mais je m'en fiche.
Ça ne m'atteint plus, enfin, c'est ce que j'essaye de me convaincre.
Je bifurque à droite, longeant les casiers métalliques, puis ouvre la première porte qui se trouve sur mon chemin.
Sans permission, je m'engage dans la pièce alors qu'il lève les yeux, surpris, vers moi.
Ma colère ne diminue pas et j'enfonce profondément mes ongles parfaitement manucurés dans la paume de mes mains.
Il faut dire que ces temps-ci, j'ai souvent des envies de meurtre.
— Blue ? Interroge-t-il, qu'est ce que tu fais là ?
— J'ai besoin de te parler, je dis en serrant les dents.
— Tout de suite ?
Je vois bien que je le dérange, à la vue du nombre de papier qui s'entasse sur son bureau en bois. Mais ça aussi je m'en fiche.
— Oui, tout de suite.
Mon ton est sec, cassant.
— Il faut le dire, je lâche, toujours debout face à lui.
Le fait qu'il soit assis, me rassure en quelque sorte. Je semble plus imposante, plus importante.
Il fronce, en premier lieu, les sourcils puis son regard change, se divisant en deux émotions distinctes.
La peur et l'espoir.
Je sais qu'il rêve d'être reconnu comme le fils légitime de mon père depuis beaucoup trop longtemps.
Mais cette histoire va faire polémique. L'image de mon géniteur va en prendre un sacré coup, sans parler de la mère de Theo, qui devra témoigner devant un juge si on doit aller jusqu'au tribunal.
Il ferme les yeux, pesant le pour et le contre puis finit par souffler :
— Je ne peux pas.
Mon sang se met à bouillir, je n'ai jamais été en colère contre Theo mais on peux y remédier.
— Comment ça tu ne sais pas !? Toi, tu t'enfoues ! T'es là, derrière ton bureau ou avec ton sifflet à la bouche, tranquille, alors que moi je suis dehors ! Dans les couloirs à me faire insulter.
Je serre fort la mâchoire pour retenir les larmes qui tentent d'inonder mon visage. Cette histoire me touche en plein cœur, le mitraillant de balles à chaque insulte, à chaque chuchotement.
— Je pensais que tout te passait au dessus.
Alors là, je vois clairement rouge. J'ai envie de l'étrangler.
— Mais ce n'est qu'une IMAGE ! Je hurle, ne me préoccupant pas des personnes qui pourraient m'entendre. Tu crois réellement que ça ne m'atteint pas mais merde je suis encore humaine. Ces rumeurs sur nous, elles sont tellement sales et dégradantes.
— Quelles rumeurs ?
— Arrête ne nier, je t'en prie !
Theo souffle en passant sa main sur ses yeux alors que je baisse les miens au sol. Je ne peux plus continuer à me faire insulter. J'ai beau avoir un seuil d'insensibilité élevé, leurs commentaires ne sont pas tendres.
« Blue se tape le prof pour avoir des bonnes notes. »
« Elle est tellement conne qu'elle doit passer sous le bureau pour avoir une chance d'obtenir son diplôme. »
« On m'a dit qu'ils étaient seuls dans le gymnase hier et qu'elle hurlait tellement fort que même une pute ne ferait pas mieux. »
« On m'a dit... »
Ces remarques me donnent la gerbe et je sais qu'il les entend aussi. Il les ignore parce que d'une certaine façon ça l'arrange, il peut enterrer son passé plus facilement. Ce n'est qu'une autre excuse pour cacher d'où il vient.
— Je ne peux quand même pas en parler, imagine les ennuis que l'on aurait.
— Alors tu préfères me laisser passer pour la salope de service ? Tu joues déjà tellement bien le rôle du demi-frère connard, j'avoue en lui offrant un sourire amer.
Il ouvre la bouche mais je l'empêche de protester en claquant brutalement la porte après être sortie. Je m'appuie contre le mur en fermant les yeux.
J'ai vraiment un karma de merde. Ils avaient donc raison, la roue tourne toujours. Sauf que là, elle est bien partie pour m'écraser.
Je soupire alors qu'un rire me fait rouvrir les yeux.
— Cette journée est définitivement pourrie, je soupire en me décollant du mur, prêt à partir.
— Hé ! Pas si vite ma belle, dit-il en m'attrapant l'avant bras.
Sa voix suave ranime mes nausées, cependant, je ne montre aucune résistance. Ça ne sert à rien.
— Est-ce que tu viens de sortir du bureau du coach ?, demande-t-il, de son sourire qui dévoile ses dents parfaites que j'aimerai exploser à coups de poing.
Je cligne plusieurs fois des yeux, surprise puis, me racle la gorge afin de reprendre contenance.
— Oui, j'avais une excuse à justifier.
Je ne sais même pas pourquoi je mens, avec toutes les rumeurs qui courent, ça ne sert plus à rien, puisque quoi que je fasse je passerais toujours pour la pute.
— Alors c'est finalement vrai, souffle-t-il, tu te tapes vraiment le prof de sport. Je ne croyais pas réellement à ces rumeurs puisqu'il est censé être ton demi-frère mais tu viens de me démontrer le contraire. Je me suis trompé sur toi, même la pire salope du monde a plus de dignité que toi.
Sa prise autour de mon bras me fait contracter la mâchoire. Je le déteste. Je le hais.
— Et même en étant la pire des salopes, je vaux toujours plus que toi, répliqué-je, sans aucuns remords.
Il serre si fort mon poignet que j'ai l'impression qu'il va me le briser. Un cri franchit tout de même mes lèvres alors que je me plie sous la douleur.
— Tu es si brisée et si forte en même temps Blue, c'en est magnifiquement douloureux.
Sans qu'il s'y attende, j'envoie mon genoux dans son entre-jambe ce qui lui fait lâcher sa poigne.
— Tu sais ce qui est magnifique aussi ? Te voir souffrir, je dis en le poussant pour qu'il tombe au sol. J'adore te blesser !
J'enfonce soudainement le talon de ma chaussure dans sa cuisse. Il serre les dents, retenant ses gémissements.
— Donc regarde moi bien dans les yeux, je ne t'aime pas. Je ne t'aimerai jamais et ne coucherai jamais avec toi. Rentres-toi bien ça dans la tête ou la prochaine fois, mon talon atterrira dans ton oeil et non ta cuisse.
Je replace mes cheveux telle une diva et lui envoie un dernier baiser de la main avant de tourner les talons, ne prêtant aucun regard vers la porte face à moi.
¤¤¤
Lorsque la sonnerie retentit, je range rapidement mes affaires et sors de la salle de chimie avant tous les autres élèves. Je descends les étages qui me séparent de la sortie et retrouve Ivy qui m'attend sur le parking.
Je soupire, expirant tout l'air que j'avais retenue dans ma poitrine lorsque j'arrive face à elle.
Aucunes insultes. Aucuns commentaires. Aucuns chuchotements.
Ça fait tellement de bien, c'est dans ces moments que l'on se rend compte qu'être normale est largement suffisant. J'ai toujours couru après la popularité et aujourd'hui ce succès m'enterre vivante, me laissant suffoquer tout doucement.
Ivy me sourit, et je passe mon bras autour de ses épaules alors que l'on commence à marcher pour aller chez moi. Elle engage la conversation sur le devoir que l'on doit faire mais je préfère l'admirer.
Elle n'a jamais cessé de m'impressionner et j'ai souvent pris sa facilité à pardonner comme une certaine forme de naïveté, mais aujourd'hui je comprends.
Sans elle, je serais sûrement seule, déchirée dans une famille brisée, harcelée pour mes choix sexuels ou jugée pour mon masque de pétasse.
Je lui suis éternellement reconnaissante, elle est mon pillier dans ce monde qui ne m'accepte plus et c'est tellement agréable d'avoir quelqu'un sur qui compter.
Après ma rupture avec Matthew et le début des disputes incessantes entre mes parents, j'ai tout avoué à Ivy. De mon nouveau demi-frère, Theo, à l'obsession malsaine de Parker, tout en passant par mon mal-être intérieur. Je lui ai tout dit. Et pas une seule seconde elle ne m'a jugée. Elle n'a pas été en colère, elle m'a écouté, elle m'a fait confiance.
Elle m'a soutenue, quand plus personne n'était là.
Et elle m'a surtout comprise.
C'est tout ce que je voulais, être comprise.
Tout d'un coup, je ressens une douleur au niveau de l'épaule et je me tourne vers Ivy, faussement offusquée.
— Aïe !, protesté-je en lui rendant son coup.
Elle me sourit, ses yeux pétillants de malice. J'adore ce regard, il me rend heureuse quand tout va mal.
— Tu ne m'écoutes pas, plaide-t-elle en levant les yeux, son sourire éclatant scotché aux lèvres.
— C'est parce que je connais la chanson, oh mon dieu, j'ai vu Thomas ce matin et il était si beau ! Comment c'est possible d'être aussi beau ? Il est pas humain, dis-je en imitant sa voix alors qu'elle me renvoie un coup dans l'épaule.
— C'est faux ! Et je ne parle même pas comme ça, râle-t-elle en se retenant de rire.
Je laisse le mien emplire les alentours et je me sens tellement bien à ce moment que j'aimerais qu'il dure éternellement.
Je suis enfin moi. Moi. Sans masque. Sans filtre. Sans artifice.
Si seulement je pouvais être moi-même devant tout le monde, les gens verraient à quel point je peux être gentille.
Ils verraient que je ne suis pas une salope sans cœur.
Nous arrivons rapidement dans mon quartier alors qu'Ivy enchaîne les blagues plus que nulles. Blagues nulles auxquelles je rigole à chaque fois.
Je reprends mon sérieux puis me tourne vers la jolie brune à mes côtés.
— Alors tu as ta robe pour vendredi soir ?, je lui demande en lui offrant mon plus beau sourire.
— Je l'ai reçu hier, dit-elle en frappant dans ses paumes de mains. Mais tu viens toujours, n'est-ce pas ?
— Ce n'est pas une bonne idée, Ivy, je soupire en évitant son regard.
— Si tu n'y vas pas, je n'y vais pas non plus, ajoute-t-elle naturellement alors que j'ouvre la bouche, surprise.
— Non ! Tu ne vas pas te priver de ta soirée avec Thomas juste pour moi.
— Thomas y survivra. Tu te rappelles notre promesse ? Les copines avant les copains, alors prépare la télé parce que je ramène la nourriture et les films.
Je lève les yeux en souriant mais proteste tout de même, en ouvrant mon portail en fer :
— Et si je t'accompagnais que tu profites un peu de ton copain et puis après on se fait cette soirée entre filles. Qu'en dis-tu ?
— Tu es sûre de vouloir y aller ? Tout le lycée sera présent et pis tu n'as rien à porter, réplique-t-elle, me faisant de nouveau rouler des yeux.
— Je suis Blue Johnson, j'ai toujours quelque chose à porter. Ne t'inquiète pas pour moi, d'ici peu, tu jalouseras ma robe en regrettant dans ton coin de m'avoir forcée à venir !
Je lui lance un clin d'oeil et ouvre la porte d'entrée alors que des cries résonnent déjà. Je ferme les yeux en inspirant pour me donner du courage. Nous y revoilà !
— Tu veux que je parte ?, intervient la voix de ma brune.
Elle me regarde avec tendresse et je n'arrive pas acquiescer. Elle devrait partir mais je suis égoïste. J'ai besoin de mon pillier.
— Non, reste avec moi s'il te plait.
Elle hoche de la tête tandis que je m'engage dans le couloir. J'ai le temps de voir ma mère brisée un vase avant de quitter le salon en larmes.
J'expire l'air présent dans mes poumons et monte les escaliers, suivit de près par Ivy, tentant désespérément de ne pas écouter les supplications de mon père envers ma mère.
Ça dure depuis si longtemps, et je n'arrive toujours pas à m'y faire.
C'est pourtant l'histoire de ma vie.
❝ but I wish I was dead,
every time I close my eyes, it's like a dark paradise ❞
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[Song : Dark Paradise, Lana Del Rey]
Heyyyy !!
J'espère que vous allez tous bien et que vous avez apprécié ce petit flashback !
Bon, j'suis pas super proud de ce chapitre et encore moins du temps que j'ai mis à l'écrire mais j'suis overbookée....so sorry...
La deuxième partie ne devrait pas mettre aussi longtemps à arriver et pis en plus je pars à Londres la semaine pro avec ses beautés (SnowWhite0810 et Sofia-Love05) so ready !!
Voilà pk je fais trop ma bilingue alors que non c'est faux mdrrr, bref, le chapitre n'est pas corrigé je le ferais plus tard parce que là j'suis en PLS...
Je deviens louche parce que je passe mon oral de TPE demain alors j'suis un peu en stress, pensez à moi demain 16h05 et priez pour que je ne bégaïe pas aussi mdrrr.
On retrouve vite et merci pour les 30K vous êtes les best !!!
Love love love ❤️❤️❤️
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