Chapitre 5.

Bella

Je le déteste. Je m’en fiche pas mal de ce que les gens peuvent penser de moi. Ce que je ne supporte pas, c’est Julian et sa supériorité. Je n’ai pas dit mon dernier mot O’Donnel. En rentrant chez moi je ne trouve pas Jo. Il m’a juste laissé un mot disant qu’il avait des « trucs » à faire et que je ne devais pas l’attendre pour manger. Je ne l’aurais pas attendu de toute façon, lui ne m’attend jamais. Je me fais donc un sandwich, ce sera bien assez pour ce soir. Ensuite, je vais me coucher.

Le lendemain matin, je peine à me lever, la pluie m’a fait passer une nuit horrible. Le pire c’est que ça continue. Je déteste la pluie ! J’enfile rapidement des vêtements et vais boire un jus d’orange dans la cuisine. Toujours aucune trace de mon frère, je compte bien lui demander des comptes ce soir. En attendant, je monte dans ma voiture -enfin nettoyée- et prend la route du lycée.  Personne ne reparle des affiches qui étaient placardées un peu partout hier. Tant mieux je suis d’une humeur massacrante. Le premier qui me reparle de ce baiser je l’envoie dans le mur.

En cours de français, notre classe est mélangée à celle de Paul, Val et Gaby. Nos professeurs veulent que nous réalisions un projet tous ensemble. Ça me rend de meilleure humeur de savoir que Julia et moi allons passer l’heure avec notre bande au complet. Je redeviens grognon quand je vois Julian et ses amis entrer dans la classe.

- Je me demande pour quel projet ils nous ont mélangés, s’interroge Gaby.

- On n’est pas assez bien pour vous ? je plaisante.

- Il est clair que vous êtes inférieurs ! s’exclame Paul avec une voix d’aristocrate. Baisez ma main, paysanne !

Je lui donne un coup de coude en éclatant de rire. Qu’il est bête ! Je sens, dans mon dos, des yeux me fusiller. Je ne me retourne pas, je sais très bien que c’est ce malade d’O’Donnel ! Nos professeurs entrent dans la salle, obligeant Paul à calmer son fou rire. Ils nous expliquent qu’on va passer un petit moment ensemble pour créer une pièce de théâtre. Par conséquent il fallait qu’on apprenne à se connaître, et pour cela ils vont nous mettre par groupe de deux. Ce travail, noté, consiste à présenter sous son meilleur aspect notre binôme. Génial… Je prie pour être avec un de mes amis. Nos professeurs nomment les binômes progressivement.

- Bella Mc’Carter et…

Petit silence.

- … Julian O’Donnel !

Traîtres de profs ! Je croyais que vous étiez de mon côté ! Ils ont annoncé ça comme si je venais de gagner au loto.

Alors que je lutte pour ne pas m’étouffer avec ma propre salive, Julian est en train de rire aux éclats derrière moi. Je lui ordonne de se taire sinon je lui coupe la langue. Il n’y a qu’une personne que je ne supporte pas, une seule ! Et je me la coltine pour un devoir en binôme ! Julia essaye de me fait relativiser en me disant qu’ainsi je connaîtrai mieux Julian. Mais je ne veux pas le connaître « mieux » ! Si possible, j’aimerais que notre rencontre ne soit jamais arrivée. Je traine des pieds en sortant de la salle, soudain j’aperçois mon cauchemar qui arrive vers moi. Je salue mes amis et cours jusqu'à ma voiture. Si je parle à Julian, je vais m’énerver et je refuse de lui faire ce plaisir. J’allais monter dans ma voiture, lorsqu’une main attrape ma portière, m'empêchant de m’enfuir. Loupé!

- Qu’est-ce que tu veux O’Donnel ? Je demande en me retournant lentement.

- Pour le travail, chez moi, samedi, 14h ? Je t’enverrai mon adresse.

- T’as pas mon numéro.

- J’ai des contacts, réplique-t-il avec un clin d’œil.

Je lève les yeux au ciel et entre dans ma voiture sans lui donner de réponse. Quand j’arrive chez moi, rien, pas un bruit, toujours pas de grand frère bruyant et immature. Qu’est-ce qu’il fou ? J’essaie de l’appeler mais il ne me répond pas. Je laisse donc un message : « Hey Jo c’est moi, tu sais, ta petite sœur qui commence à s’impatienter. Rappelles- moi ! ».

Le frère surprotecteur qu’est le mien ne me laisserait jamais plus d’une journée seule. Il lui est forcément arrivé quelque chose. J’entreprends de passer au peigne fin sa chambre afin de trouver un quelconque indice qui m’aiderait à savoir ce qui est arrivé à Jordan. Je suis dégoutée du bordel qui se trouve dans cette pièce. Des parts de pizza trainent sous le lit, une gaufre entamée a été abandonnée sur sa table de nuit, des caleçons sales, évidemment, trainent un peu partout et son bureau, n’en parlons pas. En fouillant les poches d’un de ses jeans je tombe sur un bout de papier froissé. Merde de merde ! Quel con ! Je cours dans ma chambre et me débarrasse de mon pull afin d’enfiler à la place un débardeur noir et ma veste en cuir assortie. Mais quel con ! Je file au sous-sol et m’équipe de deux neuf millimètres, ce sera suffisant. Je prends aussi deux canifs et les cale chacun dans une bottine, c’est parti. Trois choses : séduction, neutralisation, cassage de gueulisation. Je me répète cela tout en grillant feux rouges, stop, et toute autre merde qui pourrait me ralentir.  C’est vraiment une sale journée ! J’entre, je détruis tout ce qui se trouve sur mon passage, je récupère Jo et je me tire !

Julian

C’est vraiment l’ironie d’être le binôme de Bella. Elle, elle voit ça comme une punition, ce qui me fait vraiment rire. Après avoir fixé le jour et l’heure à laquelle on se verra, je rentre chez moi avec Alex, Adrian et Théo. Ils passent le plus clair de leur temps dans ma maison, sérieusement ! Tout comme le reste de la bande qui se compose d’Hugo et Tareck, le cousin de Gabrielle.

Dans notre gang il n’y a pas de filles, c’est beaucoup plus efficace sans. Vous imaginez une nana perchée sur des hauts talons qui essaye de se battre? Impossible. Les filles n’ont pas leur place dans ce milieu, elles sont trop fragiles. Franchement, si Bella savait ne serait-ce que la moitié de ce qu’on fait dans notre gang, elle prendrait ses jambes à son coup. J’aimerais beaucoup voir sa réaction.

- Salut les gars !

Tareck est affalé dans mon canapé.

- On a un problème, dit-il très sérieusement.

Aie… Tareck n’a peur de rien, et pour lui, Il n’y a jamais de problèmes, que des solutions. J’ai un mauvais pressentiment.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demande Adrian inquiet.

Adrian est toujours inquiet. Pour tout et n’importe quoi, ses sentiments se lisent sur son visage, c’est un vrai livre ouvert.

- C’est Hugo. Les Ragers l’ont avec un membre des Red Demons.

- Quoi ? Comment ? s’énerve Théo.

Théo est vraiment très impulsif. Il s’énerve incroyablement vite.

-Qu’est-ce qu’on vient foutre avec les Red Demons ? demande Alex.

Et Alex… C’est le mec cool. Il ne s’énerve jamais. Ou presque. Mais il lui en faut beaucoup.

- Les Ragers veulent quelque chose, ils ont laissé un mot. Et ils veulent notre aide. Je ne sais pas après quoi ils courent, mais le parrain des Red Demons et le nôtre ont refusés de collaborer avec celui des Ragers. Voilà le résultat, reprend Tareck.

- On y va, j'ordonne.

Je vais faire la peau à ces enfoirés. On ne s’en prend pas un l’un des nôtres gratuitement ! Une fois armés Alex, Théo, Adrian et moi sommes partis d’un pas rapide. Tareck est resté au cas ou le coup de téléphone que nous attendons du Parrain arrive.

Nous sommes arrivés très rapidement au QG des Ragers. C’est une petite cabane dans les bois très bien camouflée, à l’abris des regards. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent de leurs prisonniers ici, c’est une partie du bois complètement déserte. La porte en bois est gardée par deux Ragers assez costauds. D’ici nous pouvons entendre des gémissements de douleurs provenant de l’intérieur. J’ignore ce qu’ils font là-dedans, mais nous devons vite sortir Hugo de cette galère! Les Ragers ne sont ni patients, ni délicats, ni gentils. Le but est de récupérer Hugo, l’autre mec, on s’en fou . Son gang va bien venir le chercher à un moment ou un autre. D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à moi, je l’embarquerai pour l’interroger à mon tour, les Red Demons ont des secrets que j’aimerais bien connaître. Ce sera pour plus tard… Je fais un signe de tête à Théo et Alex qui rampent entre les buissons. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nos deux amis ont neutralisé les deux Ragers. Ces deux là étaient surement forts mais ils n’avaient rien dans la cervelle, c’était presque trop facile. Adrian et moi rejoignons Alex et Théo et nous écoutons les voix à l’intérieur.

- Tu vas nous la donner ! crie une voix à l’intérieur.

Une détonation me fait alors sursauter. Il est temps d’intervenir et j’espère pour eux que ce n’est pas Hugo qui a été touché. J’entre en donnant un coup d’épaule et la porte s’ouvre brutalement. Trois paires d’yeux menaçants se posent sur nous puis trois flingues. Ils n’ont pas l’air très contents de nous voir. Adrian et moi sortons alors notre Glock 17 en réponse.

Je ne connais pas ces mecs, ce sont surement de jeunes recrues et les supérieurs sont restés tranquillement dans l’ombre. Ils se doutaient qu’on allait venir et que ça allait être leur fête, mais je ne comprends pas pourquoi on est associés aux Red Demons ? La porte du QG claque à cause du vent puis se ferme bruyamment. Hugo est sur une chaise, avec quelques bleus sur visage. À côté de lui j’aperçois un autre homme que je ne reconnais pas tout de suite à cause de l’état dans lequel il est. Bordel ils l’ont bien amoché ! C’est le boss des Red Demons. Qu’est-ce qu’il fou là lui aussi ? Il saigne de la jambe, ça devait être ça le coup de feu. Je me rends alors compte que c’est à lui que Bella me fait penser . Bella… Ce n’est pas le moment de penser à elle. Je me concentre sur nos ennemis.

- Relâchez Hugo, hurle Adrian.

- Dans tes rêves ouais ! Barrez-vous, aboie une des recrues.

- Ne m’oblige pas à me fâcher, dis-je.

- Sinon quoi ? me provoque-t-il.

- Sinon on te défonce ta sale gueule, s’emporte Théo.

- Faites un pas et je fais sauter la cervelle aux deux !

Qu’il fasse sauter la cervelle au Red Demons s’il veut, mais il ne touchera pas à Hugo. La recrue se tourne vers le Red Demons et lui hurle :

- Pour la dernière fois, où est-elle, enculé ?

J’examine rapidement la situation : deux homme dans un coin chacun, un autre qui s’excite sur le Red Demons, Hugo en face de nous… Je fais un signe de tête à Adrian pour lui dire qu’on va devoir être rapides. Alors qu’on allait attaquer, la porte en bois est violemment propulsée contre le mur en face de nous, nous faisant tous sursauter.

- On va faire vite et bien, je veux mon frère et je le veux maintenant ! Le premier qui bouge n’a plus de tête.

Je rêve ! Bella est devant moi, un neuf millimètre à la main, et elle est super sexy. Mais qu’est-ce qu’elle fou là ? Son frère ? Elle est entièrement vêtue de noir, les cheveux mouillés par la pluie, le regard sombre et dangereux… Ce n’est quand même pas la sœur du boss des Red Demon ? Elle fait partie du gang ? Impossible… Et pourtant, ça en a tout l’air. Est-ce possible que je me sois autant trompé sur une personne ? Je savais que Bella était une emmerdeuse idiote et dangereuse mais pas à ce point. Bella dans le gang ennemi… Petite sœur du boss en plus ! Comment ai-je fait pour ne pas la reconnaître? Et comment peut-elle ne pas me connaître ? C’est insultant !

- Julian ? s’étonne-t-elle.

- Comme on se retrouve ma belle, dis-je amusé.

- Dites-le si on vous dérange, intervient la recrue numéro un. Bella Mc’Carter tu tombes à pique, c’est justement toi qu’on voulait.

- C’est toi qui as touché à mon frère ?

- On t’avait dit de venir de ton plein gré. Si tu viens avec nous tout ira…

Il n’a pas le temps de finir sa phrase, Bella  lui tire une balle dans la jambe et il s’effondre par terre en hurlant de douleur. Les recrues numéro deux et trois se ruent sur Bella qui les esquive tout en sortant une autre arme à feu. Elle tire sur la recrue numéro trois et envoi un canif dans l’épaule du numéro deux. Elle a maîtrisé la situation en deux minutes top chrono, pendant que nous, hommes virils, la regardions les bras ballants et la bouche ouverte. Voir Bella comme ça c’est… Excitant. Elle se hâte de détacher son frère et je m’occupe à mon tour d’Hugo. Avant de sortir, dark Bella pointe son arme sur la recrue numéro une avant de lui ordonner :

- Tu diras à ton boss que je l’emmerde, jamais je ne reviendrai et s’il touche encore une fois à ceux qui me sont chers, je m’occuperai personnellement de lui. Oh mais attends… que je suis bête, tu vas mourir.

Et elle tire. Sans remord, sans hésitation. Elle fait un rapide garrot à son frère avec sa ceinture puis l’aide à marcher. Elle le fait monter sur son Augusta et me jette un dernier coup d’œil avant de repartir aussi vite qu’elle est arrivée. Elle m’a impressionné aujourd’hui. Je découvre une nouvelle facette d’elle, ça rend le jeu plus intéressant . Cette fille est pleine de surprises et elle m’attire de plus en plus.

Nous rentrons à notre tour puis nous avons soigné Hugo qui est allé se reposer. Ce qui compte c’est qu’il soit sain et sauf.

- Alors ? demande Tareck pendant qu’on s’effondre tous sur le divan.

- Ils avaient Jordan, le boss des Red Demons, répond Adrian.

- Il y avait aussi Bella Mc’Carter, dis-je.

- Vraiment ? Pourquoi ?

- C’est sa sœur. Elle les a mis à l’amende un par un. On n’a rien vu venir. Franchement c’est un démon, raconte Théo.

- Mais qu’est-ce qu’ils nous voulaient ?

- À nous, rien. Ils la voulaient elle, je grogne.

La vrai question est pourquoi?

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