Chapitre 3

Jordan

Celle-là alors ! Rien ne rentrera jamais dans sa petite tête d'huître desséchée. Combien de fois lui ai-je dit d’arrêter de se mettre dans des histoires? Mais non ! Quand il y a une bagarre, on peut être sûr que Bella est dans les parages. Ca ne lui suffit pas de faire partie d’un gang ? Il faut encore qu’elle se fasse sans cesse des ennemis. Un jour ça finira mal pour elle, elle n’aura pas toujours de la chance.

- Il y a un problème ? demande-t-elle innocemment.

- Non aucun, ma petite sœur passe son temps à se battre mais tout va bien.

- C’est lui qui a commencé ! D’accord, j’aurais dû regarder où j’allais, ça aurait évité que mon assiette se renverse sur ses vêtement, mais j’allais m’excuser et lui il m’a insultée! Tu me connais, je suis restée calme et polie.

- Vraiment ? Calme et polie sont deux adjectifs qui ne te définissent vraiment pas..

 Elle prend un air outré

- Du coup, je lui ai mis l’assiette de Julia dans le visage, mais il a vraiment été vulgaire !

- Bella, tu manies les armes comme personne et tu es incapable de tenir un plateau droit ?

- Attends, ce n’est pas fini. Ensuite il a vandalisé ma voiture ! Tu imagines ? Il a vandalisé mon bébé ! C’était clairement une déclaration de guerre! Je n’allais pas lui dire « allez, on oublie, viens manger à la maison, c’est soirée couscous ! ». Franchement ! Heureusement que j’avais mon couteau suisse !

- Quoi ? Tu ne lui as rien fait j’espère, dis-je affolé.

- Bien sûr que non, c’était juste une menace, je ne suis pas folle !

Ça j’en doute…

- Pourquoi est-ce que tu te promènes avec un couteau suisse d’abord ? Et si le directeur avait appris ce que tu as fait ?

- Pourquoi ? Pour ce genre de situation, répond-elle naturellement. T’en fais pas, je le cache dans ma botte, et je fais très attention. Je te l’ai déjà dit, je ne suis pas folle.

- Si ! Tu es complètement tarée ! Pourquoi tu ne te promenerai pas avec un revolver aussi ?

- J’y ai pensé mais c’est interdit.

- Vraiment ? Et un couteau c’est autorisé peut-être ?

- Suisse! C’est un couteau suisse ! C’est comme un porte clé, m’assure-t-elle.

- Bella…

Je soupire.

- Tu ne me changeras pas.

Elle me fait un clin d’œil puis se dirige vers les escaliers en marbre.

- Tu aurais quand même pu te disputer avec quelqu’un d’autre que Julian O’Donnel, gémis-je.

- Qu’est-ce que vous avez tous avec ce mec? C’est un abruti!  Il n’a vraiment rien de spécial !

Mais bien sûr… Julian O’Donnel est quelqu’un de tout à fait banal, un monsieur tout le monde! Ce n’est jamais que le boss des Hed Fire, gang très dangereux qui pourrait devenir un ennemi sérieux. C’est vraiment une personne banale. Bella a vraiment le don pour nous fourrer dans des situations impossibles.


Bella

Mon frère dramatise toujours. C’est vrai quoi, on parle de Julian O’Donnel, pas de Ben Laden, la comparaison serait vraiment ridicule! Peut-être qu’il fait partit d’un gang, mais Moi aussi. Il ne me fait pas peur et si une guerre a éclaté entre nous, c’est entièrement sa faute. Il faut que je nettoie ma voiture mais cette journée m’a épuisée moralement, je verrai ça plus tard, en attendant, je demanderai à Jo de m’emmener en cours. En revanche, il faut que je réfléchisse à une vengeance. C’est primordial. Je ne vais certainement pas le laisser s’en sortir comme ça. Après tout, je suis Bella Mc’Carter, j’ai une réputation à tenir.

J’ai réfléchi pendant le repas, et je me suis finalement décidée. Je vais faire un coup classique et lui rendre la monnaie de sa pièce. Le tout est de se venger, pas de rajouter de l’huile sur le feu. Je tiens ma résolution première : je veux passer une bonne année scolaire.

Le lendemain, je me réveille avant même que mon réveil ne le fasse, je saute de mon lit et m’empresse de m’habiller après quoi je dévale les escaliers.

- Déjà prête ? s’étonne Jo en train de déjeuner.

- Oui ! On part dans dix minutes !

- On ? répète-t-il en me regardant, suspicieux.

- Oui ! Toi, ta voiture et moi !

- Bella ! Tu ne peux pas prendre le bus comme tout le monde ?

- Tu sais bien que je déteste prendre le bus.

- Alors demande à Julia de t’emmener.

- Non, je veux que ce soit toi. En plus je dois me faire discrète. Arriver avec Julia, c’est comme si un orchestre nous suivait. S’il te plait ! Allez ! Bouges-toi, enfile une veste et on y va !

Jo grogne, me crie dessus mais cède et va s’habille. Jo vient seulement d’ouvrir sa porte tandis que je suis déjà assise, attachée, prête à ce qu’il démarre. Ce qu’il est lent!

-Alors c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

- La ferme Bella ! Si t’es pas contente vas-y à pieds.

- Ho ça va ! Ce que tu es grognon tête de flan. Qu’est-ce que tu as ?

- Je n’ai rien eu à manger ce matin, on a plus rien et ça me met de mauvaise humeur. Je déteste les céréales.

- Écoutes, tu m’emmènes et ce soir je me charge des courses, ça te va gros bébé ?

- Mmh…

- Parfait ! Bon, accélères maintenant, c’est une six-cent dix chevaux que tu as, pas une Clio trois-cent six !

On démarre enfin et Jo me dépose au lycée rapidement. Une fois arrivée, je le remercie et claque la portière.

Quand mes amis me rejoignent je leur explique ce que je compte faire pour me venger. Je n’arrive pas à cesser de sourire, c’est pour cela que j’ai fuis Julian toute la journée, sinon il se serait douté de quelque chose. Je n’ai pas vraiment le profil d’une jeune innocente qui sourit parce qu’elle est heureuse de vivre. Ce n’était vraiment pas compliqué d’éviter O’Donnel, si une bande de groupies courait dans un sens, c’est qu’il fallait que j’aille à l’opposé.

Pour quitter le cours, nous avons prétexté, Julia et moi, être malades; le professeur a fait semblant de nous croire et nous a laissé sortir. Nous retrouvons Gaby, Val et Paul dans le couloir comme convenu. Nous nous rendons alors sur le parking et mettons mon plan à exécution. Gaby et Paul surveillent les environs, quand à Val il occupe le surveillant qui contrôle l'entrée et les sorties. Nous devons faire vite. Je cherche une moto noir, très belle… je la trouve très facilement. Elle est vraiment magnifique. Ca va presque me faire de la peine de la décorer.

Il a vandalisé ma voiture, à ses risques et périls. Moi aussi, j’ai un sens artistique très développé. Julian a une magnifique MV Agusta F4 1000 Senna noire. Elle est vraiment superbe. Pas une rayure, pas une bosse, elle brille. Je suis jalouse. Sérieusement, j’hésite une seconde à la lui voler. Mais ça ne servirait a rien, j’ai presque la même. Elle n’est pas aussi belle mais je l’adore. Dommage, quelque chose de très fâcheux va arriver à cette petite merveille. A mon tour je lui laisse un petit mot que j’épingle avec mon couteau suisse sur sa selle. Ensuite je crève ses pneus puis j’accroche, au guidon, des rubans roses à paillettes qu’on trouve sur les tricycles pour les petites filles. Avec le klaxon qui va avec. Il va avoir du travail mister bad boy! Une fois le travail terminé, mes amis et moi retournons dans les couloirs, pile quand la cloche sonne. Je croise Julian pour la première fois de la journée et je ne peux m’empêcher d’afficher un grand sourire. Lui, il me dévisage comme si j’étais devenue folle. Le jeu commence.


Julian

Cette journée s’est passée étrangement bien. Je m’attendais à ce que Bella se venge mais je ne l’ai même pas vue de la journée. Tant mieux. J’imagine qu’elle a compris que l’ennemi était trop fort. Mon sourire disparaît quand je la croise, en fin de journée, un rictus mauvais traversant son visage de petit démon. Qu’est-ce qu’elle prépare? Ça ne me plait pas! Qu’est-ce qu’elle a fait? Taguer mon casier? Trop classique. Menacer ma copine? Déjà fait. Lancer des rumeurs? Inutile. Alors que j’étais en pleine réflexion, je vois Adrian courir vers moi, complètement paniqué.

- Gros, je ne sais pas qui c’est, mais tu devrais voir ça…

- Qui ? De quoi tu parles ?

- De la personne qui a touché à ta moto, répond-il.

Je me mets à ricaner, conscient que personne ne serait assez inconscient pour toucher à ce que j’ai de plus important. Quand je croise le regard de certains élèves, je me fige. Oh non… Elle n’aurait pas fait ça! Mon sang bouillonne, je suis en colère. Je pousse mon meilleur ami et me précipite dehors. Une horde de lycéens semble captivée par quelque chose. Pas la peine d’être Einstein pour comprendre. En me voyant arriver, les élèves se décalent, conscients qu’il ne vaut mieux pas m’approcher vu l’état dans lequel je suis déjà. Ils ont sûrement peur que je ne m’énerve sur eux, ils ont raison. Je manque de faire un arrêt cardiaque quand je vois l’état de ma précieuse… Elle a osé. Je m’approche et contemple mon Agusta avec horreur. C’est pas vrai ! Je vais la tuer. Bella Mc’Carter vient de passer tout en haut de ma lise « personnes à tuer par strangulation ». Oui, cette liste existe réellement. J’arrache le mot sur ma selle et le lis : « Sans rancune. Tu ne sais pas qui je suis vraiment et dans quoi tu t’es embarqué. Saches que tu ne me fais pas peur Julian O’Donnel. Qui que tu sois, tu ne me fais pas peur. B ».

Je lâche un ricanement nerveux. Croit-elle me faire peu ? À mon avis elle ne sait pas non plus dans quoi elle vient de s’embarquer. Elle va connaître le vrai Julian O’Donnel et il ne va pas lui plaire. Je vais lui donner des tas de raisons de me craindre. Je chiffonne le papier, le jette et cherche Bella dans la foule. Elle est en face de moi, un sourire en coin collé aux lèvres. Je traverse la foule qui s’écarte, quand Bella remarque le regard noir que je lui lance, elle prend la fuite. Je lui cours après et lui attrape le bras pour qu’elle se retourne.

- Tu vas le payer, très cher.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles…

Elle prend une voix mielleuse, insupportable. Ma mâchoire se crispe. Reste calme.

- Je mettrai toute mon énergie à te détruire à petit feu. Tu ne sais pas encore ce que le mot souffrance veut dire, crois-moi.

Je vois quelque chose s’éteindre dans son regard. Quand elle me répond, c’est d’une voix tremblante.

- J’ai déjà connu tout ça. La seule souffrance que tu pourras m’infliger, c’est d’arracher mon cœur.

Elle reprend son sourire faux.

- Sinon, j’aime beaucoup ta moto, très classe, les froufrous c’est pour exprimer une orientation sexuelle particulière ?

Je la saisis par les poignets, espérant les décrocher au passage. Mais un bus arrive et je ne sais comment, Bella réussit à se libérer et à sauter à l’intérieur. Prisonnier de son regard envoûtant, je n’étais plus conscient de ce que je faisais et cette sorcière m’a échappé.

Fou de rage, je donne un coup de pied dans la poubelle à côté de moi qui se renverse bruyamment. S’il le faut, j’arracherai ton cœur, sois en sûre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top