❀ Chapitre 5 - Un jour sans fin ❀
Ethan et Brady ont doublé, eux aussi, tous les élèves.
— Madi' je te renie, dit Brady, scandalisé, après avoir avisé mon plateau.
— Et pourquoi cette fois-ci ? quémandé-je en arquant un sourcil, habituée à ses réactions démesurées.
J'aurais pu faire semblant de bâiller également pour l'agacer. Je suis presque déçue de ma réaction. La prochaine fois, s'il y a, je n'y manquerai pas.
— Tu n'as même pas pris les ailes de poulet et les frites mayonnaise ! s'exclame-t-il, comme si j'avais commis un crime portant atteinte à la société.
Je me mords la lèvre, m'empêchant d'éclater de rire. Cela ne ferait qu'empirer les choses.
— Je fais attention à ma ligne et à ma santé en mangeant plus sain, moi, monsieur, me justifié-je, le nez relevé.
— Nous n'avons pas les mêmes valeurs, me répond-il l'air grave.
Ethan nous regarde tour à tour.
— Que vous êtes désespérants tous les deux, nous dit-il en secouant la tête.
— Je n'osais pas le dire, très cher ami, intervient Malia, en prenant un air important.
Brady et moi-même nous regardons, amusés. Malia a cette fâcheuse manie de toujours vouloir avoir le dernier mot ainsi qu'un avis sur tout.
Allison observe la scène sans piper mot.
— Malia, sois gentille, tais-toi, riposté-je taquine.
— Non mais l'entendez-vous ? s'enquiert-elle en prenant son auditoire à témoin.
— Elle n'a pas tort, me rejoint Brady, les yeux pétillants de malice.
— De mieux en mieux ! Si je dérange, ne vous gênez pas pour m'en faire part, s'insurge-t-elle.
— On te fait marcher, certifié-je, moqueuse.
— Connasse ! m'insulte-t-elle.
Elle porte une main à sa bouche, peu fière d'avoir été si grossière.
— Je suis désolée, je n'aurais pas dû te manquer de respect Madi', se confond-elle en excuses.
— Je te pardonne, lui souris-je, sincère.
— C'est quoi ton secret Madi' ? Tu la tortures ? Elle ne s'excuse jamais avec personne, s'interroge Ethan à voix haute, la mine blagueuse.
— Toi je vais te mordre tu feras moins le malin, le menace Malia, avec un air mauvais.
— N'oublie pas qu'une balle est vite partie, lui répond-il du tac au tac.
— M'en fiche, je suis plus rapide. Na ! s'écrie-t-elle, telle une enfant qui fait un caprice.
Ethan secoue la tête amusé, remarquant que Malia prend tout au premier degré.
Ayant tous terminé de manger, nous nous levons et allons déposer nos plateaux sur le tapis roulant les emmenant dans les cuisines.
Nous sortons un peu prendre l'air avant de reprendre les cours. Immaculée et magnifique, la neige crisse légèrement sous nos pas et agresse mes yeux de sa blancheur presque aveuglante. Son odeur froide et rafraichissante me donne toujours envie d'inspirer l'air vivifiant de cette saison. Éblouie et émerveillée, j'observe ce paysage à couper le souffle s'offrir à nous. D'immenses et majestueux séquoias recouverts de leurs plus beaux manteaux d'hiver nous encerclent, réconfortants. Nos pas nous guident finalement vers un endroit sec, légèrement en contrebas de notre lieu d'apprentissage. Nous descendons les quelques marches avant de nous accorder un peu de répit et de nous y asseoir une bonne fois pour toutes.
Le soleil de l'hiver apporte un peu de chaleur sur notre peau. Je ferme les yeux pour en profiter davantage. La luminosité tente de percer et éclaire l'intérieur de mes paupières, leur apportant une chaude teinte orangée. Je savoure ces quelques instants en me concentrant sur les rayons qui caressent en douceur mon visage et sur ces fourmillements qui remontent le long de mes bras. Je n'écoute plus mes meilleurs amis et me focalise sur ces sensations agréables.
Je n'ai pas le temps de profiter bien longtemps.
Je reçois en pleine tête une énorme boule de neige. Malia rit aux éclats, fière de la précision dont elle a fait preuve pour me viser.
Je bous littéralement sur place et me relève. Brady arque un sourcil de surprise.
Je me dirige vers un monticule de neige, sûrement créé pour dégager le chemin et diminuer le risque de chute des élèves. Je tente tant bien que mal de faire une boule de neige à la forme arrondie et me retourne vers ma meilleure amie qui s'esclaffe encore et toujours. Un sourire se dessine sur mon visage, laissant apparaître mes dents parfaitement blanches. Je l'envoie à mon tour dans la direction de Malia qui a encore la bouche ouverte. Elle reçoit quelques morceaux durcis sur la langue et arrête de se gausser aussitôt. Elle me fusille du regard sous l'hilarité générale.
— Œil pour œil, dent pour dent, dis-je en lui adressant un clin d'œil, fière de mon coup.
Keïla et Jasmine interrompent notre duel de regards.
Elles nous rejoignent pour nous demander où se trouve la salle dans laquelle a lieu notre cours de l'après-midi.
Je dois dire que je reste interdite face à l'amabilité de Malia. C'est un jour à marquer d'une pierre blanche.
— Si vous le souhaitez je peux vous accompagner ? propose-t-elle aux canadiennes.
— Si ça ne te dérange pas... commence Jasmine.
— Ça serait avec plaisir, continue Keïla, ravie de pouvoir faire connaissance avec une des doyennes de l'école, faisant presque partie intégrante des murs du lycée.
— Alors je vous invite à me suivre, conclut Malia d'un ton léger.
Elle saisit son sac à dos et le lance nonchalamment sur l'une de ses épaules. Elle nous contourne et ouvre la marche.
Malgré le fait qu'elles s'éloignent, je perçois des bribes de leur conversation. Malia est un vrai guide touristique. Elle ne cesse de parler et donne aux filles des détails, même futiles. Qui pourrait bien être intéressé par le fait que Théo ait donné un grand coup de poing dans le troisième casier situé juste à l'entrée du lycée, après avoir vu que Brady et moi-même nous embrassions langoureusement le mardi 3 septembre 2019 à 8h27 ?
Je ne peux m'empêcher de rire en entendant cette anecdote.
— Qu'est ce qui te fait rire ? me demande Allison, confuse d'avoir loupé un épisode.
Je lui explique ce que Malia vient de raconter, sur la confidence.
Moi qui pensais que Brady et Ethan allaient rigoler. C'est raté. Ça n'est pas dans leurs habitudes. Je suis étonnée. Ils s'adressent un regard qui se veut discret mais que j'intercepte.
— Les garçons on ne vous entend plus, vous ne rigolez pas ? s'enquiert ma meilleure amie, aussi surprise que moi.
— C'était censé être drôle ? lui aboie dessus Brady, piqué au vif.
— Nan mais ça va ? Tu te rends compte de comment tu lui parles ? la défends-je, scandalisée qu'il lui réponde de cette façon.
— Intervient celle qui m'a largué, poursuit-il avant de prendre son sac rageusement et de nous laisser en plan, suivi de près par Ethan.
Pour le coup je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part. À l'entendre, le choix de mettre un terme à notre relation ne vient que de moi. Je ne comprends plus rien. Cette décision ne semblait pas l'avoir dérangé lorsque nous avions échangé longuement à ce propos...
Allison semble tout aussi étonnée que moi quant à ce qui vient de se passer. Nous nous fixons, un air ahuri sur le visage.
— Mais quelle mouche l'a piqué ? finis-je par m'interroger à voix haute après quelques secondes de silence pesant.
— Figure-toi que je me posais la même question... me répond Allison, toujours aussi stupéfaite.
— C'est vraiment bizarre... J'essaierai de lui parler lorsqu'il se sera calmé pour essayer de comprendre... la préviens-je.
— Tu as raison, laisse-lui un peu de temps et tente de tirer cette situation au clair... approuve-t-elle.
La sonnerie annonçant la reprise des cours interrompt notre conversation.
— On ferait mieux d'y aller si on ne veut pas avoir un billet de retard, soufflé-je, peu motivée.
Allison et moi prenons notre sac de cours, que l'on pourrait presque assimiler à un sac à main de couleur noire en cuir souple.
Nous rejoignons notre salle de cours en silence, encore sonnées par ce qui vient de se passer quelques instants plus tôt.
Même si elle ne m'en parle pas, Allison doit être blessée. Ethan, son copain depuis un peu plus d'un an maintenant, n'a même pas pris sa défense face à la virulence des propos dont Brady a fait preuve à son égard. Il a même, semble-t-il, pris partie pour son meilleur ami en le suivant jusqu'à l'intérieur de notre établissement.
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