❀ Chapitre 4 - La rentrée ❀

Cela fait maintenant quelques jours que nous sommes revenus de notre séjour aux Hamptons.

Le père d'Allison se gare devant le lycée pour que nous puissions avoir le moins de chemin à faire. Les petites attentions dont il fait preuve à notre égard me touche. Après lui avoir promis de rester sur nos gardes face aux créatures surnaturelles, nous nous extirpons de son véhicule et claquons la portière.

La vie ici semble déjà avoir repris son cours. Les lycéens marchent tranquillement dans la même direction et rentrent en enfilade, tel des automates, après s'être essuyés le dessous des chaussures, dans l'enceinte de notre établissement. Le froid, presque polaire, ainsi que la neige, ne nous quittent pas depuis le début de l'hiver. Il y a des saisons particulièrement rudes certaines années et je peux vous confirmer que nous en vivons une en ce moment même. Cependant, pour amener un peu de gaieté et de chaleur à ces jours éreintants et sans fins, quelques rayons de soleil percent le ciel de temps à autre.

Allison et moi-même attendons quelques minutes avant d'entrer à notre tour dans ce lieu de brouhaha intempestif. Nos deux semaines de vacances sont bel et bien derrière nous.

Nous rejoignons notre salle de cours en conversant de choses et d'autres. Comme à notre habitude, nous nous installons dans les derniers rangs et réservons une place pour Malia. À notre grande surprise, de nouvelles têtes paraissent à leur tour et prennent place à différentes paillasses.

— Un, deux, un, deux ! M'entendez-vous bande d'incapables ? S'écrie le coach Finstock dans le micro en le tapotant avec son index pour s'assurer qu'il fonctionne.

Allison et moi-même nous regardons, totalement atterrées. Cet homme ne cessera de nous surprendre encore et toujours.

— Oui Bobby, le haut-parleur est allumé, intervient la secrétaire en se raclant la gorge, gênée.

— Bien. Certains d'entre vous ont peut-être remarqué la présence de nouveaux énergumènes dans l'établissement ? Je vous prie de bien vouloir les accueillir gentiment, reprend-il d'un ton on ne peut plus sérieux.

Non, nous n'avions pas remarqué coach...

Il semble contrarié de n'entendre aucune réponse de notre part.

— Mais vous êtes sûre que ça marche Gisèle ? Je n'entends rien, dit-il en perdant légèrement patience.

— Oui Bobby. Comme je vous l'ai dit, le micro est allumé mais les élèves ne peuvent pas vous répondre, lui explique-t-elle certainement légèrement en retrait.

— Ah ces inventions... On se demande ce qui peut se passer dans la tête de certaines personnes... râle-t-il.

— Vous souhaitiez peut-être ajouter quelque chose à l'attention de nos étudiants ? S'enquiert-elle pour changer de sujet.

— Ah oui, c'est vrai. Où avais-je la tête ? Ces ornithorynques dont je vous parlais il y a quelques instants sont présents dans le cadre d'un échange, conclut-il avant de faire retentir son sifflet juste à côté du haut-parleur.

Nos pauvres oreilles. L'année risque d'être longue... Nous l'entendons rigoler tel un démon qui renaît de ses cendres. Gisèle, plus agacée que jamais, ô que je la comprends, lui coupe le sifflet en éteignant l'interrupteur permettant la diffusion des annonces.

Le retour au calme est particulièrement apprécié.

Malia en profite, malgré elle, pour faire une entrée remarquée en se prenant les pieds dans un cartable, posé à terre, situé près de la porte. Elle s'emporte contre son propriétaire qui a fait une tentative d'assassinat envers sa personne selon ses dires. Le pauvre jeune homme bafouille des milliers d'excuses en rougissant au fur et à mesure que l'émotion le gagne.

— Honteux ! S'exclame-t-elle d'une voix tonitruante.

Les nouveaux élèves la dévisagent, apeurés. C'est vrai qu'elle peut être impressionnante quand elle s'y met.

Elle nous rejoint en quelques enjambées alors qu'un silence de mort plane dans notre salle. Elle ne semble pas le remarquer et s'installe tranquillement à côté de moi. Elle sort ses affaires en chantonnant gaiement, comme si l'évènement qui s'était déroulé il y a quelques minutes était déjà loin derrière elle.

Monsieur Yukimura, notre professeur d'histoire et de géographie, fait irruption à son tour dans la classe, sa sacoche en cuir à la main. D'une allure nonchalante, il parcourt les derniers mètres qui le séparent de son bureau et y dépose délicatement ses affaires.

 Puis, rapidement, il balaye la salle du regard avant de prendre enfin la parole. 

— Bonjour à toutes et à tous. J'espère que vous avez passé de bonnes vacances et que vous revenez en pleine forme ? nous demande-t-il, un sourire ancré sur le visage.

— Oui Monsieur Yukimura, mais vous m'avez manqué ! lui répond Malia, la voix emplie de sincérité.

Quelques élèves pouffent. Après les avoir fusillés du regard, elle leur tire la langue, mécontente.

— C'est très gentil de votre part Malia, reprend notre intervenant, touché par les mots de son élève.

Elle regarde les quelques camarades moqueurs avec un air fier et menaçant à la fois, prête à en découdre si une remarque venait à fuser.

— Mais je vous en prie, dit-elle, la poitrine bombée vers l'avant.

Il lui adresse un sourire bienveillant.

— Je tenais à souhaiter la bienvenue aux élèves fraîchement arrivés dans le cadre d'un échange inter-lycées. J'espère que vous les intégrerez prestement parmi vous, continue-t-il.

— Monsieur, ils peuvent venir se présenter en quelques mots devant nous ? quémande un élève prénommé Stiles, très intéressé.

Fils du shérif de Beacon Hills, petite bourgade proche de Los Angeles, il est connu dans le lycée pour son intelligence ainsi que pour son espièglerie.

Ses amis, qui le côtoient tous les jours, connaissent d'autres facettes de sa personnalité. Ils peuvent toujours compter sur lui et son sarcasme légendaire, peu importe la situation. Pour les aider, les protéger ou bien les sauver, il n'hésite pas à mettre sa propre vie en jeu. Muni de sa batte de baseball, qui ne le quitte jamais, il brave tous les dangers et s'attaque aux créatures surnaturelles ayant pour seul objectif de faire du mal à ceux qu'il aime.

— C'est une excellente suggestion, monsieur Stilinski. Je vous laisse venir tour à tour au tableau, impose Monsieur Yukimura aux nouveaux en accompagnant ses paroles d'un geste de la main.

C'est ainsi que nous avons fait la connaissance de Keïla et de Jasmine, venant du Québec, d'Emma et de Léonie, arrivant tout juste de France, et enfin d'Hayleen, Océane et Justin, débarquant du Nevada, un État voisin de la Californie, connu surtout pour Las Vegas, la ville aux mille casinos.

À travers leurs discours, nous avions pu sentir l'angoisse s'emparer de leur personne, au fur et à mesure qu'ils parlaient. Certains d'entre eux se détachaient cependant, apparaissant plus à l'aise pour prendre la parole en public.

Une fois les présentations faites, le cours avait pu commencer. Monsieur Yukimura nous avait raconté comment notre pays fonctionnait depuis les années 1945. Il avait tout d'abord retracé les différents mandats et les différents présidents pour que nous puissions comprendre le contexte et pour quelles raisons, tel ou tel choix était fait plutôt qu'un autre. Notre intervenant avait un réel talent pour captiver son auditoire. Les nouveaux élèves grattaient férocement sur le papier, ayant peur d'oublier ne serait-ce qu'un détail. Malia, quant à elle, préférait regarder les oiseaux voler dans le ciel.

La sonnerie annonçant le repas du midi retentit. Nous nous levons tous et rangeons nos affaires, telles des marionnettes contrôlées par une force invisible. 

Notre professeur nous souhaite un bon appétit avant que nous ne courions tous vers le self.

Malia pousse sauvagement les élèves se trouvant sur son passage, plus affamée que jamais. Allison et moi-même nous nous faufilons rapidement avant que l'espace laissé par notre meilleure amie ne se referme sur nous. Certains nous dévisagent, d'autres préfèrent jouer l'indifférence, de peur de représailles.

Après avoir pris un plateau, je réfléchis, dubitative, à l'entrée que je pourrais prendre.

Je me laisse finalement tentée par une salade exotique comprenant du surimi, une sauce blanche ainsi que quelques morceaux d'ananas. Je poursuis mon chemin en choisissant du jambalaya aux crevettes en guise de plat principal.Les nouveaux ne seront pas déçus. Il s'agit d'une spécialité emblématique de la Louisiane. Enfin, je prends une part de cheesecake avant de rejoindre mes meilleurs amis à notre table habituelle. 

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