❀ Chapitre 34 - La dernière ligne droite ❀

Jordan réagit mieux que je ne l'aurais imaginé. Sa nouvelle condition ne semble pas l'importuner plus que cela. Cependant, il lui est arrivé de m'appeler lorsqu'il avait besoin que je l'aide à reprendre son apparence humaine. Il ne semble toujours pas avoir trouvé son ancrage mais j'ai confiance en lui et sais qu'il y parviendra prochainement. Ses progrès sont sans appel.

Je le rejoins d'ailleurs chez lui pour un autre cours particulier avant l'examen que je vais passer en sciences dans les jours à venir.

Derek a insisté pour m'emmener, ravi que je passe la nuit chez son meilleur ami. Il ne cesse de chantonner des airs guillerets dans la voiture depuis que nous sommes partis.

J'essaie de prendre sur moi pour ne pas lui envoyer un coup sur la truffe pour le faire taire. Heureusement, il finit par se garer devant le bâtiment qui m'est de plus en plus familier au fur et à mesure que j'y retourne. Je prends mon sac et ouvre la portière, pressée de me sauver.

— Tu n'oublies pas quelque chose ? me stoppe-t-il.

— Je viens de prendre mon sac, j'ai ma tête donc non. lui assuré-je.

— Et le bisou ? me réclame-t-il boudeur.

— Sérieusement Derek ? Mais je ne suis plus une enfant ! m'exclamé-je.

— Même. Je veux mon bisou, insiste-t-il, têtu.

Comment fait Emma pour le supporter s'il lui réclame sans cesse des bisous ?

— Tu sais que t'es chiant ? soufflé-je.

Il me tend sa joue, ne relevant même pas ce que je viens de dire. C'est qu'il s'obstine !

Je laisse claquer un bisou sur sa joue rapidement, pressée d'en finir.

— C'était pas si difficile que ça tu vois ! me dit-il, satisfait.

— La ramène pas trop le louveteau... pesté-je en m'extirpant finalement de son véhicule.

— Hors de ma vue Madelon, tu vas être en retard ! s'impatiente-t-il.

Je claque la portière derrière moi.

— Ça va j'y vais... C'est toi qui risques d'être en retard avec ton date en compagnie d'Emma, moi je le suis déjà à cause de toi. réponds-je malicieuse.

— Ça te plait de savoir que tu es attendue ? bougonne-t-il alors que je fais le tour de la voiture.

— Ça fait toujours plaisir de se sentir désirée, pouffé-je.

Il ne se cache pas pour lever les yeux au ciel.

— Comment Jordan fait pour te supporter sincèrement ? me taquine-t-il.

— Oh crois-moi tu serais surpris... laissé-je planer en m'éloignant vers l'immeuble.

— Pas de bêtises Madison, je le saurai de toute façon !

Je lui fais un clin d'oeil plein de sous-entendus. Il bout de rage et ressert ses mains autour du volant.

— Ne t'en fais pas, nous te demanderons ton avis pour le prénom de notre enfant ! lancé-je blagueuse.

J'appuie sur le bouton à côté du nom de l'adjoint du shérif pour signaler ma présence. La porte se déverrouille quelques instants plus tard, me permettant de pénétrer enfin dans l'immeuble. Alors que la lourde porte se referme derrière mon passage, j'observe Derek démarrer un peu plus rageusement que la moyenne et s'éloigner à vive allure.

Bien qu'il aimerait qu'une relation entre moi et son meilleur ami voit le jour, il ne supporte pas lorsque je lui parle de ce genre de choses. Je dois l'avouer, connaissant son côté très protecteur, j'en profite pour l'agacer dès que l'occasion se présente.

Cette fois-ci je décide de prendre les escaliers. Un peu de sport ne me fera pas de mal et cet effort me permettra de conserver mes jambes bien galbées.

J'arrive au septième étage au pas de course et à peine essoufflée. Je peux être fière de moi !

Je m'enfonce dans le couloir et avance d'une démarche assurée vers son appartement. J'aurais presque l'impression d'être chez moi tellement je m'y sens bien. Je finis par me planter devant chez lui et frappe.

Il m'ouvre, très heureux de m'accueillir pour ce dernier cours en sciences. Je lui adresse un sourire franc, ravie à l'idée de le retrouver.

Je retire mes chaussures et dépose mon manteau en fourrure sur la patère de l'entrée. Il referme derrière moi et emmène mon sac dans le salon. Je le suis de près et me laisse finalement retomber mollement dans le canapé.

— Tu souhaites boire quelque chose ?

— Oui je veux bien.

— J'ai de l'Ice-Tea, du jus d'abricot ou je peux te préparer un chocolat chaud si tu préfères.

— Je vais partir sur la première proposition, merci.

— J'arrive, je ramène les boissons. me prévient-il.

En l'attendant, je sors mes cours pour ne pas perdre trop de temps.

Il revient avec un jus d'abricot pour lui et avec mon verre d'Ice-Tea dans les mains quelques instants plus tard.

Il me le tend et dépose le sien sur la table basse.

Je bois quelques gorgées et place mon verre à côté du sien.

Je suis fin prête et en bonnes conditions pour démarrer les révisions.

J'apprécie la douceur et la pédagogie dont fait preuve Jordan pour m'expliquer les différentes notions. On ne peut pas dire qu'il ait la meilleure élève qui soit. Je le contrains à répéter plusieurs fois. Je me sens un peu honteuse de ne pas apparaître comme intelligente à ses yeux. Il ne m'en a jamais fait la remarque mais j'aurais aimé qu'il me voit d'une autre façon. Le fait que je sois capitaine des cheerleaders doit beaucoup me desservir et il doit très certainement m'assimiler au genre de fille superficielle.

Il se rend compte rapidement que je ne suis plus les informations qu'il me donne pour faciliter ma compréhension.

Ma gorge est douloureuse face aux larmes que je tente de refouler du mieux que je peux.

— Il y a quelque chose qui te tracasse ? s'enquiert-il.

— Tu me trouves bête ? me risqué-je.

— Pardon ? me répond-il surpris.

— Tu me considères comme la fille superficielle par excellence ? continué-je.

— Ne dis pas de sottises Madi'. Tu as des difficultés en sciences mais ça n'est pas pour autant que tu dois te dire que tu n'es pas intelligente. Tout le monde a des points faibles. Et puis je ne vois pas pourquoi je te trouverais superficielle. Tu es une merveilleuse jeune fille cultivée avec qui j'apprécie de parler de sujets divers et variés. C'est normal de douter mais je peux te l'assurer, tu es parfaite à mes yeux.

— Merci de te montrer si rassurant face à mes insécurités. Cette fille dont tu m'as parlé et qui fait battre ton coeur est bien chanceuse... marmonné-je en baissant le nez.

Je n'aurais jamais imaginé que le dire à voix haute apparaîtrait comme un couinement plaintif. Pour le coup, je me sens encore plus honteuse. Il va penser maintenant que je suis jalouse et que je lui demande ouvertement de sortir avec moi...

— Oui, justement à ce propos... commence-t-il.

Mon coeur se serre et est prêt à sortir de ma poitrine. Je place ma main dessus pour l'en empêcher du mieux que je peux.

— J'aurais dû t'en parler depuis plusieurs jours maintenant. J'ai peur que tu t'énerves et que cette déclaration brise notre amitié à jamais mais je ne me sens plus capable de te le cacher plus longtemps...

Mes yeux s'humidifient dangereusement. Cela va se révéler plus dur que je ne l'imaginais...

J'avale difficilement ma salive, tentant tant bien que mal de me préparer à ses révélations qui vont me déchirer le coeur.

— Regarde-moi Madison, me demande-t-il.

Je le fixe de mes yeux embués.

— J'ai un truc dans l'oeil, lui mentis-je.

Ses sourcils se froncent. Il caresse ma joue tendrement et reprend finalement, ne se souciant pas plus que cela que mon coeur s'arrête.

— Cette fameuse jeune fille qui me plait dont je te parlais, c'est toi...

— Pardon ? beuglé-je.

— Madison je suis désolé. Je ne pensais pas que tu te fâcherais en apprenant que j'ai des sentiments pour toi. s'excuse-t-il piteux.

Mon coeur bat à tout rompre dans mes oreilles désormais.

— Oh mon dieu j'y crois pas ! m'exclamé-je avant de poser mes lèvres violemment contre les siennes.

Jordan bascule suite au choc et se retrouve allongé sur le canapé, les quatre fers en l'air. M'ayant entraînée dans sa chute, il me rattrape par la taille au dernier moment. Je me retrouve à califourchon sur lui et approche mon visage du sien à nouveau. Ses mains remontent sur mes joues. Il les caresse à l'aide de ses pouces. Nous échangeons un regard brûlant. Nos souffles s'entremêlent. S'il savait à quel point j'ai attendu ce moment sans y croire...

Il rompt l'espace entre nos lèvres et reprend notre baiser, au moment où nous nous étions arrêtés. Je savoure sa douceur et l'instant présent en y répondant avec plaisir.

Je n'ai pour ainsi dire plus conscience de ce qui nous entoure.

La sonnerie de mon portable nous ramène à la réalité.

Je me redresse et finis par décrocher, agacée.

— Oui Brady ?

— Je te dérange ? me demande-t-il aussitôt.

— J'étais en pleine révision mais dis-moi ? inventé-je.

Ça n'est pas le moment qu'il apprenne que j'étais sur l'adjoint du shérif en train de le bécoter...

— Je me disais que ça pourrait être sympa de faire une fête prochainement, tu en penses quoi ?

— Oui je suis partante. Quelle serait l'occasion ?

— Ta liberté ?

— Ça serait génial en effet ! m'exclamé-je.

— Tu pourrais même inviter ton officier si tu y tiens, ajoute-t-il.

— C'est une excellente idée Brady, je valide !

— Ça me fait plaisir que tu aimes.

— Je vais reprendre mes cours de sciences si ça ne te dérange pas et on se tient au courant, ça te va ?

— Oui pas de problème, je ne voulais pas t'embêter.

— Tu ne m'embêtes jamais mon kiwi. Je te fais des bisous et te dis à bientôt.

— Bisous chouchou et à bientôt.

Je raccroche et repose mon portable sur la table basse.

Jordan s'est redressé lui aussi et m'observe les bras croisés.

— Qu'est-ce-que tu as ? l'interrogé-je.

— Ton kiwi ? Vraiment ? marmonne-t-il, la mine contrariée.

— C'est le surnom que je donne à Brady depuis des années oui. lui expliqué-je en saisissant une de ses mains pour la placer entre les miennes.

— Moi tu ne me donnes pas de nom affectueux, bougonne-t-il.

— C'est pas vrai ça mon abricot...

Ses prunelles s'éclairent à l'entente du dernier mot que je viens de prononcer. Il relève le nez fièrement et me dévisage, les yeux brillants de bonheur.

— Tu m'as appelé mon abricot... répète-t-il, ravi.

— Tu aimes ? lui demandé-je, attendrie.

— Beaucoup, me certifie-t-il.

Je remonte une de mes mains et viens caresser sa joue tendrement.

— Tu es mignon quand tu es jaloux, prononcé-je avant de lui faire un bisou sur le nez.

Ses joues se colorent immédiatement d'une jolie teinte rosée qui fait fondre mon coeur comme neige au soleil.

Très câlin, il enroule ses bras autour de ma taille, m'attirant en douceur contre lui. Il niche son visage dans mon cou et y dépose ses lèvres tendrement. Les sentir ainsi sur ma peau m'arrache quelques frissons.

— Tu me rends fou, murmure-t-il dans le creux de mon oreille.

Je souris, ravie de l'entendre s'ouvrir autant à moi. Mes mains finissent par remonter dans sa nuque de sorte à ce que je puisse la caresser du bout des doigts.

Nous n'avons aucune notion du temps, si bien que lorsque l'horloge de son séjour indique les dix-neuf heures passées, nous tombons de haut.

— Tu souhaites manger quelque chose en particulier ? m'interroge-t-il.

— Je n'ai pas de préférences et toi ?

— Je pense partir dans ce cas sur des burgers maison et des frites si ça te va ?

— Tout me va ne t'en fais pas. Je vais t'aider à préparer le repas. dis-je en me relevant de ses genoux.

— Tu es l'invitée Madison, je peux très bien m'en occuper seul...

— Je tiens à t'aider petit coeur, laisse-moi le faire au moins une fois, lui intimé-je.

— Juste cette fois-ci alors... Tu es ma princesse, je veux prendre soin de toi, m'accorde-t-il.

Je lui souris et l'entraîne par la main dans la cuisine. Nous commençons à préparer le dîner en silence. Il vient de temps à autre regarder ce que je fais en posant ses mains sur ma taille, encourageant.

Je suis fière de parvenir à accepter cette proximité entre nous. Jamais je n'aurais cru que je pourrais être à l'aise si vite en compagnie d'un homme, surtout après tout ce que j'ai vécu. Je fais pleinement confiance à Jordan et sais qu'il n'abusera jamais de moi ou ne fera jamais de gestes déplacés si je ne le souhaite pas.

Très vite, nous passons à table et commençons à manger. C'est délicieux. Je savoure chaque bouchée. Même si le repas reste simple, Jordan s'est surpassé ce soir.

Nous nous redressons au même moment et nous dirigeons vers l'évier pour faire la vaisselle. Plus vite nous aurons terminé, plus vite nous pourrons nous coucher.

Je ne sais d'ailleurs pas si Jordan va vouloir que nous dormions ensemble.

Après nous être brossés les dents et mis en pyjama chacun notre tour, je retourne dans le salon, prête à dormir sur le canapé.

— Qu'est-ce-que tu fais Madison ? Tu as oublié quelque chose ? me demande Jordan de sa chambre.

— Non du tout. Je vais juste arranger le divan avant de dormir. Tu aurais une couverture à me prêter ?

— Tu ne souhaites pas passer la nuit avec moi ? s'étonne-t-il.

Je fronce les sourcils.

Ai-je bien entendu ?

— On ne fera que dormir hein, se rattrape-t-il en voyant ma surprise.

— Tu es prêt à me faire venir dans ton lit ? répété-je pour être sûre d'avoir bien compris.

— Bien sûr. Enfin si tu le veux aussi ?

— Je n'y vois aucun problème ne t'en fais pas. réponds-je, soulagée.

Il me fait signe de le rejoindre. Je romps l'espace entre nous et pénètre timidement à nouveau dans sa chambre. Il referme la porte et s'installe sous les couvertures. Après avoir retiré mes chaussons, je l'imite.

Il me fixe en mordillant sa lèvre nerveusement. Il finit par m'ouvrir ses bras, m'encourageant finalement à venir m'y blottir.

Je ne me fais pas prier et m'y réfugie, câline.

Il éteint la lumière, prêt à se mettre en conditions pour trouver le sommeil.

— Bonne nuit princesse, me dit-il en déposant un doux baiser sur mon front.

— Bonne nuit mon abricot, murmuré-je aux anges. 

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