❀ Chapitre 31 - Le cours de sciences ❀
Jordan et moi sommes affalés sur son canapé en train de déguster ces petites merveilles. Sans l'ombre d'un doute, la framboise est l'un de mes fruits préférés.
Nous profitons également de cette vue à couper le souffle. Les rayons du soleil viennent chatouiller mes joues bien remplies. Ce moment en sa compagnie est si agréable... Je n'aurais pas pu demander mieux !
Il se rapproche davantage de moi, cherchant certainement cette proximité entre nos corps à tout prix. Hanche contre hanche, nous savourons chaque instant qui nous est accordé.
Ma tarte terminée, je repose l'assiette sur la petite table.
— Tu te sens bien ? me demande l'adjoint du shérif.
— Je nage en plein bonheur et toi ?
— J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé...
Je souris, ravie de sa réponse, et pose la tête contre son épaule, câline. Sa main vient s'enrouler autour de ma taille tendrement.
Plusieurs minutes passent avant qu'il ne se décide à reprendre la parole.
— Mes gestes ne te mettent pas mal à l'aise ? s'enquiert-il.
— Non, au contraire. Je suis même étonnée de ne pas avoir voulu te repousser... Après ce que j'ai vécu, je m'étais jurée de ne plus laisser un garçon m'approcher, me toucher, mais avec toi c'est différent. Je me sens en sécurité et je te fais confiance, me confié-je.
Ne recevant aucune réponse de sa part, je relève la tête. J'espère qu'il ne s'est pas endormi tout de même...
À la place, je découvre, stupéfaite, des larmes commencer à perler dans le coin de ses yeux. Je pivote sa tête doucement dans ma direction.
— J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? le questionné-je, anxieuse.
Ses prunelles vertes rencontrent les miennes. Ne m'y attendant pas encore une fois, mon coeur rate quelques battements.
Sa réponse continue à se faire attendre. J'ai peur de l'avoir déçu ou blessé...
— Non, du tout. Je suis juste ému et je me sens honoré. Si tu savais comme tes mots me font plaisir... m'explique-t-il.
Rassurée par ses dires, je dépose un tendre bisou sur sa joue.
— Remets-toi mon soleil, lui glissé-je dans le creux de l'oreille.
Je me redresse et débarrasse la petite table. Une fois dans la cuisine, je ne peux m'empêcher de faire la vaisselle. Il faut que je m'occupe l'esprit !
Je n'aurais jamais dû apprécier ce rapprochement entre nous. Qu'est-ce-qui cloche chez moi ? J'ai été abusée par cinq garçons il y a de cela quelques jours et pourtant, j'en viens à vouloir retourner dans ses bras.
Je le rejoins dans le salon, légèrement chancelante et troublée par tout ce que je peux ressentir à son égard.
Je me glisse à ses côtés en silence. Il semble perdu dans ses pensées et fixe l'horizon qui s'offre à lui.
Sa tête pivote dans ma direction, plus vite que je ne l'aurais imaginé.
Je détourne en vitesse le regard, comme si j'apercevais soudainement des petits oiseaux dans le ciel.
Pour la discrétion, on repassera je crois...
Le sentir m'observer à son tour ainsi me gêne de plus en plus. J'ai à nouveau cette impression que ce que j'ai subi est écrit sur chaque parcelle de ma peau visible. Mes mains se posent instinctivement sur mes avant-bras découverts.
— Tu as froid ?
Je sursaute et frissonne à l'entente du son de sa voix.
— Madi' ? insiste-t-il.
J'avale ma salive difficilement et me tourne pour lui faire face.
— Qu'est-ce-que tu as ? J'ai fait quelque chose de mal ? s'inquiète-t-il.
— Non non. Ça n'est pas toi. Je ne veux pas casser la bonne ambiance mais j'ai juste l'impression que je ne parviendrai jamais à m'en remettre... Sentir le regard de quelqu'un sur moi me rend terriblement mal à l'aise. Avant, j'aurais cherché à attirer l'attention sur moi presque par tous les moyens et j'aurais gloussé de contentement en remarquant que des personnes m'adulent, que je suis sympathique et j'en passe. Maintenant, c'est tout le contraire. J'aimerais me terrer dans le trou d'une souris pour toujours et être oubliée. Je ne suis même pas capable de rester juste à côté d'un garçon sans craindre de revivre ce cauchemar. Plus le temps passe et plus j'ai l'impression que je ne pourrai pas goûter au bonheur. Tu dois me trouver pitoyable, je vais me taire... finis-je, les larmes menaçant de sortir à tout moment.
— Au contraire, je te trouve très courageuse. Plusieurs jours ont passé et tu es toujours là, tu continues à te battre, tu essaies de t'en sortir. Beaucoup auraient baissé les bras et abandonné en vivant la même chose, pas toi. Tu n'as pas conscience de ta force...
Je ne peux pas retenir toute cette eau salée plus longtemps. Ses paroles me touchent en plein coeur.
Jordan semble jauger la situation.
Je me retrouve à sangloter contre lui lorsqu'il m'attire dans ses bras. Ses caresses délicates le long de mon dos tentent de m'apaiser.
— Je sais à quel point c'est difficile de se relever et je sais également à quel point il peut être difficile d'envisager à nouveau une certaine proximité envers la gente masculine. Néanmoins, je sais que tu finiras par y arriver, tu te rendras compte un beau jour de tout ce chemin parcouru, de tout ce que tu auras réussi à accomplir et tu arriveras à trouver ton âme soeur, même après avoir traversé l'Enfer...
Je me redresse légèrement. Nos regards se rencontrent. Le sien est d'une douceur incroyable. Le mien lui exprime toute ma reconnaissance. Il prend mon visage entre ses mains, essuyant mes larmes à l'aide de ses pouces. Tout ce chagrin accumulé depuis trop longtemps ne doit pas me rendre au summum de ma beauté mais je m'en fiche. Jordan ne semble ni dégoûté ni apeuré, c'est ce qui importe le plus. Il dépose un tendre baiser sur mon front et me fixe, les yeux remplis de bonté.
— Comment te sens-tu ? m'interroge-t-il, à l'écoute.
— Un petit peu mieux que tout à l'heure déjà... Je suis désolée, tu vas croire que je pleure constamment maintenant... m'excusé-je.
— Ce que je pense surtout c'est que tu as des moments où tout refait surface plus ou moins violemment et d'autres où tu arrives à passer au-dessus en pensant à autre chose. Tout le monde réagit comme toi, c'est humain. Même si tu ne m'as jamais vu perdre mes moyens devant toi, il m'arrive aussi de craquer de temps à autre lorsque trop de choses s'accumulent. m'assure-t-il.
— Merci pour tes mots si réconfortants. J'espère que tu voudras toujours de moi malgré tout ?
— Je ne compte pas te laisser tomber, tu peux être rassurée de ce côté-là. Je pense même pouvoir être à même de t'aider pour te reconstruire... me certifie-t-il.
— Et comment ? lui demandé-je, très intéressée.
— En te soutenant dans ton combat, en retrouvant ces connards pour que tu puisses tourner la page, en t'apportant tout mon amour et toute mon amitié, commence-t-il à me lister.
— Mais tu n'es pas au courant ? m'enquiers-je, surprise.
— De quoi ?
— Brady, mon meilleur ami, a intercepté une conversation l'autre soir. Je pensais que Derek t'en aurait parlé... Cora était en train de donner de l'argent aux cinq garçons qui m'ont agressée en leur disant qu'ils avaient fait du bon travail... lui expliqué-je.
— Mais pourquoi elle a fait ça cette greluche ? Elle est timbrée ! s'emporte-t-il.
— Apparemment elle voulait s'assurer que plus aucun garçon ne m'approcherait. Elle pensait que je serais tuée suite à cette violence... C'était une sorte de vengeance bien ficelée pour me punir de tout ce que je lui ai pris selon elle...
— Et Derek était au courant en plus ? s'offusque-t-il.
— Oui, et Peter et Kieran sont aussi dans la confidence. Nous avons décidé de garder le secret donc n'en veux pas à Derek. Il a fait ce qu'il pensait être le mieux. N'en parle pas toi non plus s'il te plaît... l'imploré-je.
— Promis je ne dirai rien. Je vais mener l'enquête de mon côté et remonter jusqu'à eux, ils vont regretter d'avoir croisé mon chemin... laisse-t-il siffler entre ses dents.
— Ne te mets pas en danger mon soleil, je ne me remettrais pas si je devais venir à te perdre...
— Ne t'en fais pas, je suis entraîné au combat. Des petits merdeux de pacotilles ne me font pas peur. Ils vont voir de quel bois je me chauffe... me promet-il.
— Jordan, tu m'inquiètes... me plains-je.
— Ne te tracasse pas, je sais ce que je fais... me rassure-t-il.
— Si tu le dis... marmonné-je, peu convaincue.
Il dépose un autre bisou sur ma tempe et passe un de ses bras autour de mes épaules.
Je crois que je commence à m'habituer à sa présence. Je n'ai pas peur du contact lorsqu'il s'agit de lui.
Je souris même niaisement. Il y a du progrès !
Heureusement que Derek, Peter et Malia ne sont pas là. Nous aurions certainement le droit à moultes réflexions concernant cette proximité qui s'instaure peu à peu entre nous.
Jordan se redresse pour pousser d'un revers de la main quelques documents et dossiers traînant sur la table basse.
Il se retourne ensuite vers moi et esquisse un sourire, presque machiavélique.
— Tu te sens prête mentalement à attaquer les sciences ?
— Bien évidemment, pour qui tu me prends ?! réponds-je, défiante.
— Parfait. Ça ne va pas être une partie de plaisir de m'entendre radoter si tu ne comprends pas de suite, me prévient-il.
— C'est gentil à toi de vouloir m'y préparer déjà, pouffé-je.
— Tu rigoleras moins d'ici quelques minutes, s'esclaffe-t-il.
Je lui tire la langue et me lève du canapé.
Il ne me pose pas de questions, se doutant que je vais chercher mes affaires pour plancher sur le sujet.
Pour une fois que je n'ai pas besoin de me justifier sans cesse... Il faut que j'en profite, c'est réellement appréciable.
Je ramène mon sac et sors tout ce dont nous allons avoir besoin.
Aussi surprenant que cela puisse être, j'ai hâte de passer du temps avec lui pour améliorer ces maudites notes !
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